Exploration des lieux, recherche...

- Je... merci.

Yami fut ravie de la réponse de sa camarade. Elle n'aurait pas été plus gênée si on lui avait demandé de chanter sur une scène, et pourtant la réponse de sa camarade lui avait semblé très positive.

* J'ai bien fais d'oser, finalement ! *

Elle chassa alors son malaise et eut un sourire envers l'asiatique avant de se rasseoir. La jeune fille lui sourit aussi, d'un petit sourire modeste qui sembla étrangement familier à Yami.

* ...Elle me ressemble vraiment, après tout ! *

Elle décida de ne plus penser aux doutes qu'elle avait eu et observa l'asiatique prendre un livre qu'elle reconnut immédiatement.

- Tu étudies les runes ?

Elle était à présent excitée de pouvoir engager une conversation normale sur un sujet qu'elle connaissait.

- J'aime beaucoup ça ! C'est comme l'alphabet thébain, c'est passionnant. Et les kanjis aussi. C'est intéressant de voir comment les humains interprètent le monde autour d'eux pour créer des symboles, tu ne trouves pas ?

Oui, cela lui rappelait les kanjis. Mais si les runes étaient un alphabet, elle ne pouvait nier qu'elles lui donnaient un sentiment de nostalgie et de chaleur dont elle ne pouvait se passer. Cela lui rappelait son enfance, son apprentissage, sa passion pour l'écriture...

Elle se rendit soudain compte de son comportement et se mit à rougir.

- Oh j-je euh... pardon. Je ne parle pas autant d'habitude.

Et elle bégayait aussi d'ordinaire, avec les gens qu'elle ne connaissait pas. Mais elle voulait bien croire que ce défaut allait finir par disparaître.

- J-je j'espère que je ne t'embête pas trop...

Kizaki représentait l'archétype de l'asiatique : discrète, studieuse, et accessoirement dépourvue de charme. Et inconsciemment, Harel prenait conscience qu'elle avait construit son personnage sur ce modèle ... cela donnait à réfléchir. Parmi les recherches initiées par l'orpheline la plupart portée sur la magie, et bien peu sur la société japonaise de manière générale. Il était évident qu'elle avait commis une erreur en ne s'y attardant pas, mais c'était une façon de ne pas faire face à une réalité difficile à admettre. Elle était complètement étrangère à sa culture, c'était encore plus flagrant en présence d'une japonaise.

- Du tout, répondit Harel dont les muscles se détendirent ainsi que ses épaules qui perdirent de leur raideur, sa posture redresser devenant plus naturelle. Bien au contraire, ton approche des anciennes écritures est très intéressantes. Après tout l'écriture a évolué en même temps que les civilisations passant des dessins, à des symboles plus élaborés, puis aux lettres manuscrites. N'est-ce pas un tantinet différent pour les Kanjis issus du dialecte chinois qui conservent un caractère très anciens ? Poursuivit Harel sans oser croiser trop longtemps le regard de son interlocutrice.

Elle espérait qu'en approfondissant le sujet dans ce sens, sa cadette emprunterait son chemin afin de concentrer ses réflexions sur l'empire du milieu. Cela n'aurait rien de suspect au vue de leurs origines visiblement communes.

Pendant un instant, son sourire s'effaça au profit d'une grimace pensive :

- On m'a expliqué, il y a quelques années que la population asiatique ... à moins que ce ne soit chinoise ... , mais peu importe, comptait parmi les plus anciennes. Pourtant bien que leur société ait évolué, leur manière de décrire le monde, comme tu l'as fait remarqué, n'a pas changé. Est-ce révélateur d'un système de pensée traditionnelle qui résiste à la modernisation ?

Yami ouvrit des yeux si ronds qu'elle remercia le ciel qu'il fut peu probable que sa camarade ne les voit sous ses lunettes. Elle ne s'attendait certainement pas à ça. L'instant d'avant sa camarade était silencieuse, et à présent elle semblait avoir incité un débat.

Elle ne put s'empêcher de rire intérieurement. Hé bien, n'était-ce pas aussi ce qu'elle avait fait ? Alors que sa camarade souhaitait sans doute simplement lire, elle l'avait embêtée avec ses divagations... heureusement il semblait que la jeune fille ne lui en tenait pas rigueur, puisqu'elle avait répondu à ses idées par d'autres idées... ou plutôt... des questions ?

Visiblement, la personne qu'elle avait en face d'elle ne connaissait pas à proprement parler la population japonaise, et probablement pas asiatique non plus, considérant ses interrogations. Elle n'avait donc pas vécu en Asie, ni au Japon. Yami se serait normalement sentie embarrassée, car elle avait fondé tous ses espoirs sur cela, mais à présent qu'elle constatait que la jeune fille s'intéressait à ce qu'elle disait, elle réalisait qu'il pouvait en effet y avoir terrain d'entente. Elle pouvait lui dire ce qu'elle savait sur sa terre natale, puisqu'elle lui posait ces questions.

- Tout d'abord, je pense que si les chinois ont gardé les kanjis, c'est parce qu'ils sont extrêmement importants pour leur culture, pas seulement en tant qu'écriture. Durant l'époque "médiévale" chinoise -on pourrait l'appeler ainsi- la calligraphie faisait partie des trois arts sacrés. C'est pareil pour le Japon... savais-tu que certaines personnes considèrent « Le Dit du Genji » comme le plus vieux roman au monde ? Il se déroule à l'époque Heian, et le fait que le Genji, qui est un prince, sache tracer élégamment les signes est aussi important que sa capacité à faire de la poésie. Mais pour en revenir à ce que tu disais, il y a bien eu évolution : il existe un chinois plus simplifié par exemple. Les signes ont changé, mais ils ont gardé leur importance aux yeux des chinois. Quand au Japon, il y a un système très commode qui permet de lire les kanjis même quand on ne les connaît pas tous. Il y a eu beaucoup de simplification aussi. Les japonais sortent du lycée en connaissant au moins 2000 kanjis, on dit que c'est le minimum pour lire le journal... alors qu'en Chine, je crois que c'est 5000. De plus, si tu vas au Japon, tu constateras qu'il y a quand même beaucoup d'écriture « latine » ou de » romaji » partout. Les Japonais adoptent même beaucoup de mots de la langue anglaise, et ils sont très modernes...

Elle posa sa main sur son menton un instant.

- Pour la Chine, c'est plus compliqué... tu sais qu'ils sont devenus communistes pendant la Seconde Guerre mondiale, et franchement ça ne les a pas rendus gentils... enfin c'est une façon de parler, je pense à la manière dont ils appréhendent le monde du travail à l'heure actuelle par exemple... mais par contre, je peux t'assurer qu'à l'origine, ils étaient en avance sur nous, dans l'art et la manière de vivre, et en politique. Comme tu l'a dis, la population chinoise compte parmi les plus anciennes, et les chinois sont considérés comme les ancêtres des japonais. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il y a très longtemps -j'aime à citer la dynastie Tang-, les chinois passaient des examens impériaux littéraires pour accéder à des postes importants. J'ai lu que tout le monde en avait la possibilité, sauf les commerçants qui n'étaient pas très aimés... et ce type d'examen a perduré pendant plus de mille ans. C'était leur époque médiévale. Et nous qu'avions nous pendant ce temps ? Je ne pense pas qu'on puisse se vanter d'avoir eu la magnificence et l'organisation de l'Empire chinois à la même époque... j'aime particulièrement l'époque Tang car c'était une période d'évolution des femmes, ajouta-t-elle comme pour elle même, un sourire sur le visage. Cette conversation avait ranimée en elle des souvenirs.

- En fait, j'aime autant étudier la Chine que le Japon, mais il faudrait que j'ai plus de temps pour me renseigner. Oh !

De plus en plus d'idées lui venaient à présent, et lui rappelaient qu'elle avait laissé chez elle une montagne de livres qu'elle n'avait pas encore lus.

- Il y a aussi la Corée qui est extrêmement intéressante. Durant leur période médiévale, ils étaient semblables à la Chine. Je t'ai dis qu'en Chine, ils faisaient des études littéraires... en fait il étudiaient les œuvres de Confucius. Tu constateras que la figure majeure asiatique, c'est lui. On parle de confucianisme, même si ce n'est pas vraiment une religion. Bien sûr, il y en avait, comme le bouddhisme, le taoïsme...

Elle en vint à froncer les sourcils.

- S'il y a bien une chose que je peux te dire, c'est que par contre, les japonais sont superstitieux.

Elle venait d'y penser.

- Beaucoup de Japonais sont à la fois bouddhistes et shintoïstes. Certains ne croient même pas vraiment en ces choses, mais les petits rituels du Nouvel An ou ce genre de choses, ils ne les ratent jamais. Moi même, je n'y manquais pas quand j'étais petite. Enfin, il y a les histoires de monstres ou encore l'onmyoudo... la preuve ultime de l'existence de créatures magiques et de la magie elle-même. Beaucoup de japonais y croient.

Elle avait dit tant de choses et sans s'arrêter pour respirer qu'elle était essoufflée. Elle avait oublié comme c'était agréable de se rappeler à quel point elle aimait étudier la culture asiatique. Elle pensa à son erhu miniaturisé dans son sac et ressenti une intense envie de jouer.

* C'est peut-être mes origines, mais mon obsession est décidément dévorante...*

Elle réalisa qu'elle avait encore trop parlé et se mordit les lèvres.

- A-au fait je ne t'ai pas demandé ton nom ? Moi c'est Yami Kizaki. Mais tu peux m'appeler Yami.

Harel comprit qu'elle avait activé les bons leviers en repérant des regards insistant mirés dans leur direction que Kizaki ne sembla même pas percevoir. Happée par son discours passionné plus rien ne la perturbait. D'ailleurs, les échanges balbutiants des débuts étaient à présents remplacés par ce qui ressemblait à de la confiance. Malgré elle, l'aîné se laissa transporté par ces mots emprunt de ses origines. Sans doute Kizaki appréciait de rencontrer une camarade qui lui rappelait sa terre natale. Cependant, elle n'oublia pas les raisons de cette rencontre fortuite, seulement en apparence. Pour obtenir les informations, dont elle avait besoin, la concentration était de mise afin que sa manipulation conservasse un caractère efficace. Après tout, cet échange n'était qu'une façade pour préserver la nature de ses recherches. Pour des raisons personnelles, principalement de discrétion, l'orpheline ne voulait pas se répandre en explication, ni attisé l'intérêt, même innocent, de qui que ce fut.

Pour cela la facette de l'étudiante introverti qui ne riait jamais lui convenait parfaitement. La normalité à son point culminant n'attirait jamais les regards, et encore moins la curiosité. Elle n'était qu'une étudiante de 17 ans affectée par la disparition de ses parents. Sa solitude n'interpellait donc personne, pas plus que son désir d'en apprendre plus sur cette culture qu'ils n'avaient pas eu le temps de lui transmettre. Culture à laquelle aucun apprenti sorcier de Poudlard ne prêtait attention.

Sauf Yami Kizaki ! Sa cadette était comme une plante que l'on arrosait pas suffisamment, flétri. Dés qu'on lui accordait de l'attention, comme le tournesol qui s'épanouit tourné vers le soleil, elle révélait sa personnalité au contact de la seule présence bienveillante. Harel ne comprenait pas que l'on puisse être aussi naïve, elle qui ne se concentrait que sur les défauts d'autrui, mais cela l'arrangeait. La quatrième année en dissertant ainsi à propos de la civilisation asiatique venait de lui dévoiler l'étendue de ses connaissances.

- Tes connaissances ne semblent pas avoir de bornes, murmura Chaitan d'un ton admirative, n'osant toutefois, toujours pas croiser le regard de la Serdaigle, son regard sombre rivé sur ses doigts chamailleurs.

- A-au fait je ne t'ai pas demandé ton nom ? Moi c'est Yami Kizaki. Mais tu peux m'appeler Yami.

Harel n'eu pas de mal à afficher un grimace étonnée sur son visage d'une forme très particulière. L'adolescente avait grandit trop vite en se coupant de toute forme de relation précocement. Par conséquent, elle ne savait pas comment se conduisait les jeunes de son âge. Elle était surtout habitué aux présentation officielle au cours desquelles son identité était rarement déclinée. En faite, taire son patronyme était devenue une seconde nature. Elle en avait pris conscience lors d'un cours de Potion lorsque Omega, enseignant à l'époque où West n'était encore qu'un étudiant en pleine crise adolescente, lui avait demandé de son nom, et qu'elle s'était contentée d'ignorer la question. En revanche qu'était-elle supposée faire en présence d'une camarade ? D'autant qu'il subsistait le risque d'être démasquée.

- Enchantée Ya.... Yami, commença-t-elle en lui tendant une main timide en levant légèrement son visage. Je ... je m'appelle Harel Chaitan.

Les risques étaient mesurés puisque ni l'une ni l'autre ne fréquentaient beaucoup les autres étudiants. Au pire, la bleu et bronze aurait vaguement entendu son nom mentionné dans une conversation, cependant ça semblait peu probable. La serpentard ne côtoyait les Serdaigles qu'en cours durant lesquels elle n'adressait la parole à personne.

- Mon nom ... n'a rien de très ... japonais, et pourtant ..., la septième année s'interrompit au milieu de sa phrase, d'un doigt elle replaça ses lunettes sur son nez. Pour connaître autant de faits historiques et d'autres plus anecdotiques, as-tu vécu au Japon ?

Sa cadette avait abordé la Chine ainsi que la Corée de manière doct. Harel percevait la restitution d'informations dénichés dans différents ouvrages. C'était différent quant aux mœurs japonaises racontées sur un ton plus anecdotique. Son champ lexical empruntait alors un vocabulaire du quotidien, de celui qui restituait des expériences vécues de l'ordre de l'affectif, moins académiques.

- Tes connaissances ne semblent pas avoir de bornes.

Le visage de Yami devint rouge fuschia. Elle n'était pas habituée aux compliments, ou même aux simples observations en sa faveur.

* Je n'aurais peut-être pas dû en faire autant ! * songea-t-elle avec inquiétude. Il fallait croire qu'elle était capable d'être bavarde, elle aussi. Cela l’embarrassait plus qu'autre chose cependant.

* Je ne comprends pas ce qui m'arrive, qu'est-ce que ça signifie ? *

Elle se sentait à l'aise avec cette fille, probablement à cause de leurs origines communes. Pourtant elle ne pouvait pas chasser cet étrange sentiment de... déjà vu ? Comme si elle était de nouveau en présence de Riddle. Et elle ne savait pas si cela l'inquiétait ou au contraire... depuis quand les gens comme cette Serpentard taciturne lui semblaient-ils si intéressants ?

* Mais cette fille n'a rien à voir avec elle... *

...Alors pourquoi ces deux yeux noirs lui paraissaient-ils si familiers ? D'autant plus qu'ils fuyaient son regard. Ce n'était pas quelque chose que Riddle aurait fait.

- Enchantée Ya.... Yami. Je ... je m'appelle Harel Chaitan.

Elle avait enfin levé son visage.

- Mon nom ... n'a rien de très ... japonais, et pourtant …

Elle marqua une pause durant laquelle Yami ne put s'efforcer de froncer les sourcils. Effectivement, son nom n'avait rien de japonais et...

- Pour connaître autant de faits historiques et d'autres plus anecdotiques, as-tu vécu au Japon ?

Elle ne connaissait donc vraiment rien de leur culture commune. Ses parents ne lui en avaient-ils jamais parlé ? Mais ce serait sûrement très impoli de lui poser la question. Dans tous les cas, elle était dans l'impossibilité d'en savoir plus sur ses origines, et seul Yami pouvait l'aider. Cela la mettait en joie de se sentir enfin capable d'aider quelqu'un.

- Oui, j'ai vécu au Japon jusqu'à ce que j'ai sept ans... puis nous avons déménagé pour des raisons professionnelles.... je suis moitié anglaise. Ça a été... un sacré choc culturel pour moi.

Elle aurait aimé pouvoir expliquer à Harel à quel point les deux peuples qu'elle avait côtoyés étaient différents.

- Le Japon est l'un des endroits les plus sûrs au monde, et pour moi, c'est aussi l'un des endroits les plus inspirants... c'est parce qu'il m'a donné des valeurs fantastiques que j'ai été capable de m'en sortir... ma mère a aussi été attirée par ça à l'origine, et c'est pour ça qu'elle y est allée...

Elle ajouta avec un sourire :

- Quand j'ai découvert mes pouvoirs pour la première fois, j'avais peur... mais maintenant que j'en sais plus et que je les ai acceptés, je ne rêve que d'une chose, c'est de retourner au Japon : c'est un lieu imprégné de magie. J'ai un dictionnaire de youkai -les monstres japonais- qui, rien qu'à lui, m'a appris que c'était un lieu qui possédait ses propres créatures magiques. J'en connaissais quelques unes quand j'étais petite, mais il y en a vraiment énormément ! J'aimerais avoir aussi l'occasion d'étudier le chamanisme et l'onmyoudo... ce sont à mes yeux les preuves de la première manifestation de la magie là-bas. Et il y a sûrement encore des temples et des lieux historiques où je pourrais poser mes questions !

Oui. Le Japon était son rêve. On pouvait même aller jusqu'à dire que l'Asie était son rêve.

Le compliment de l'aîné provoqua une rougeur sur la peau pâle, de ne pas être assez exposée à la lumière extérieure, tandis que son identification ne causa aucune dissonance dans son attitude. Les sourcils ne cillèrent pas, ses prunelles ne dévièrent ni d'un côté ni de l'autre, sauf pour évacuer son embarras, sa respiration ne s'interrompit pas plus, et son corps ne fit aucun mouvement qui traduirait d'une prise de distance. Bien, si un doute c'était insinué chez la Serdaigle ce n'était rien de plus qu'une vague intuition, en conclut Harel. Sa réaction à son précédent compliment démontrant son peu d'aptitude à filtrer ses émotions, qui se manifestaient aussitôt ressenties. Cependant, les deux adolescentes avaient fréquenté la même école durant plusieurs années, aussi était-il plus que probable qu'elle se fût déjà croisées. La mémoire associative de sa cadette devenait donc son ennemie la moins prévisible.

Tout en écoutant la plus jeune poursuivre l'échange à partir de sa question, la plus âgée jeta des coups d'œil aux personnes qui les entouraient. Au bout d'une longue table; deux étudiants bûchaient imperturbables leur concentration les enfermant certainement dans une sorte de bulle hermétique au stimulus extérieurs en nombre. Quelques chaises plus loin, un groupe de garçons échangeaient de manière animée autour du sport sorcier par excellence : le Quidditch. D'après le visage courroucé de la discrète bibliothécaire, ce ne devait pas être le but de leur présence en ce lieu d'études, mais c'était ce qui les y maintenait. Si les étudiants consacraient autant d'enthousiasme à leurs études à n'en pas douter la moyenne de Poudlard grimperait de façon significative. Une autre table, plus petite, réunissait un groupe mixte plus studieux qui devait discuter dans le cadre de leur devoir commun, alors que deux tables plus loin deux étudiantes tombées en pâmoisons devant l'équipe masculine. En dehors de l'espace de travail, des silhouettes circulaient entre les nombreux rayons, des livres planants d'un bout à l'autre de l'immense salle à haut plafond.

A côté d'elle, la véritable Serdaigle recommençait à alimenter seule la conversation. Finalement, Kizaki n'était vraiment pas farouche, l'approche correctement abordé, et sa langue se déliait. La méfiance était un trait de caractère qui se développait au fil des rencontres, et Yami bien que timide ne semblait pas en avoir fait de mauvaises. Pourtant, Harel l'avait déjà aperçu en présence de Riddle. Combinaison surprenante, surtout de la part de l'italienne fidèle représentante de sa maison qui quittait sa retraite solitaire seulement par intérêt. Les concepts de relation et encore moins celui d'amitié ne devaient lui être familiers, alors pourquoi fréquentait-elle la métissé japonaise ? Il n'était pas facile de collecter des informations à propos de Valentina. Lorsque les deux vertes entraient en contact – en de rares occasions - il régnait une tension singulière largement alimentée par leurs méfiances respectives.

Mais, cela ne valait pas la peine de prendre ce risque. Les deux adolescentes se fréquentaient, c'était une certitude, cependant la nature de leurs échanges restait une énigme. Bien sûr, de la part de Riddle, il serait étonnant de découvrir un besoin de se livrer, pourtant on ne connaissait jamais assez autrui. L’italienne pouvait tout à fait montrer un visage en public très différent de celui au sein d’un cercle d'intimes. Et Kizaki ne semblait pas être une personne fourbe, mais à la timidité naïve capable d’amadouer le tempérament de la Serpentard. Aussi il n’était pas improbable qu’un lien même à l’état d’embryon naquit entre ces deux antithèses.

Suite à ce cheminement, Harel recentra son attention sur le seul discours de sa compatriote. Yami Kizaki était donc née sur l’île natale de leurs ascendants communs et y avait vécu jusqu’à l’âge de sept ans. Ce seul élément suffisait à confirmer le bien fondé de cette mascarade. C'était le moment de faire glisser le conversation sur les véritables raisons de cette rencontre, comme on verserait une dose de veritaserum dans une boisson à l'insu d'un interlocuteur qui ferait l'erreur de tourner le dos par excès de confiance.

- Tu en as de la chance, commença Harel ses prunelles brillantes d'envie, j'aimerai tellement connaître le Japon.

D'une main, elle poussa ses livres afin de pouvoir s'accouder sur la table, et posée rêveusement son menton sur sa paume. Elle pris toutefois soin de conserver la ligne de son buste droite.

- Est-ce que la communauté sorcière y est organisée comme la notre ? La questionna-t-elle, un sourire timide sur les lèvres, en sélectionnant le sujet qu'elle voulait aborder parmi tous ceux introduit dans le discours de son homologue.

Elle préférait éviter d'aborder le sujet des magies primitives, justement parce que cela la séduisait tout particulièrement. En un sens ça lui coûtait d'ignorer une telle opportunité, il était si rare de pouvoir entretenir ce genre de discussion avec des étudiants, mais ce n'était pas l'objet de sa présence. Cette Harel là n'était qu'une adolescentes qui souhaitait, à demi-mot, en apprendre plus sur ses origines. L'autre devrait se montrer discipliner pour parvenir à ses fins de la manière envisageait.

- Tu en as de la chance, j'aimerai tellement connaître le Japon.

Yami sourit, ravie de la tournure qu'avait pris la conversation. C'était la première fois qu'elle s'ouvrait autant sur ce qu'elle ressentait par rapport à son pays et à son passé. Bien sûr, cette période était plus qu'heureuse, mais elle n'avait jamais eu l'occasion de revenir dessus. Elle se rendait compte à présent que ces souvenirs lui faisaient oublier les difficultés de la vie qu'elle menait actuellement. Elle se sentait nettement de meilleure humeur.

Sa camarade semblait à présent avoir oublié la raison de sa présence, car elle poussa ses livres sans hésitation. La conversation n'allait pas s'arrêter là apparemment. Yami ne put s'empêcher de se tordre les mains de nervosité.

- Est-ce que la communauté sorcière y est organisée comme la notre ?

Intéressante question.

- Hé bien pour tout te dire, je suis née moldue, alors je n'ai pas vraiment de contacts... mais j'ai lu quelques livres. Les japonais sont plutôt... introvertis, tu vois ? Il existe de nombreuses familles qui ont de longues traditions de magie et qui sont connues, mais aussi d'autres qui se cachent et ne veulent pas s'impliquer dans une quelconque organisation... Ils ont leurs propres règles, leurs propres façons d'apprendre la magie aussi... Par exemple, on dit que des descendants d'Abe no Seimei - qui était un grand onmyouji - existeraient toujours, mais qu'ils ne veulent pas sortir de l'ombre. Il y a des familles répertoriées dont les parents travaillent et les enfants vont à l'école, d'autres qui se replient en autarcie car elles ont suffisamment d'argent pour n'avoir à s'occuper que d'elles-mêmes... d'autres sont très connues et doivent obligatoirement entretenir l'illusion de la "normalité", comme la famille de l'Empereur. On dit qu'il descend de la déesse du Soleil, ce que je ne peux pas confirmer, mais il y a indiscutablement des sorciers dans sa famille. Au final, comme chacun a sa propre façon de faire, il n'y a pas vraiment "d'organisation" à proprement parler. La seule chose par laquelle on peut les relier est leur fidélité à l'Empereur, comme tous les Japonais. Je pense qu'en cas d'urgence, il serait le seul à pouvoir les convoquer.

Sans aucun doute, si l'ordre émanait de l'Empereur, il n'y aurait pas de discussion. C'était ainsi que l'on voyait les choses... malheureusement.

- C'est vrai que c'est un peu dommage maintenant que j'y pense... mais ce n'est pas étonnant, les japonais vénèrent à la fois la tranquillité et l'intimité...

Elle-même avait des principes et des manières d'agir de façon à s'effacer et à rester silencieuse, la plupart du temps.

Avancement du RP:

Désolée !!! :fouet:

Un sourire étira les lèvres de Kizaki. Harel n'était pour ainsi pas habituée à inspirer ce type de réaction. Par ailleurs, ce n'était pas quelques chose à laquelle, la Serpentard était sensible. Si cela faisait plaisir à sa camarade bleu et bronze de conter ses souvenirs, alors ça leur éviterait à toutes deux des moments pénibles. A l'une de faire référence à des événements qu'elle préférait oublier ou ne pas partager et à l'autre de s'échiner à lui faire cracher le morceau.

Parce qu'il y avait pour l'orpheline deux moyens principaux pour parvenir à ses fins, que d'autre définirait simplement par : douce et forte. Selon ses propres valeurs morales, elle faisait référence à la manière sournoise relativement agréable si sa cible se prêtait au jeu ou acceptait de collaborer ou celle plus corrosive qui consistait à exiger des réponses par les moyens de pression à disposition. Dans un cas comme dans l'autre tout ce qui comptait pour son auteur c'était d'obtenir ce qu'elle voulait, aussi repartir bredouille n'était-il pas une option envisageable ; à moins que le renseignement nécessite, suivant sa préciosité et le détenteur, de la patience.

A n'en pas douter, elle avait une préférence pour ce genre de situation. Pas pour des raisons altruistes, surtout car elle en tirait un double bénéfice Elle sortirait de l'échange enrichit de nouvelles données et l'esprit épargné par une quelconque fatigue que provoquait la manipulation.

Son visage devint tout à coup plus concentré quand son interlocutrice entra dans le vif du sujet. Les mots s'écoulaient de la bouche tout à coup loquace de la japonaise. Harel écouta attentivement l'exposé de ces maigres connaissances visant à optimiser cette réponse somme toute approximative. Pourtant, pendant un instant, elle s'abandonna complètement au récit. Elle ne s'était jamais sentie véritablement anglaise depuis sa plus tendre enfance, mais sa différence n'avait pas d'origine. Ses parents l'avaient abandonné aux services de l'enfance anglais à un âge précoce aussi n'avait-elle aucune certitude quant à l'héritage culturelle qu'ils avaient pu lui transmettre ou non. Sa tendance à préserver sa tranquillité et à rester discrète remplissait, néanmoins, les critères japonais. Au moins, le jour où elle foulerait le sol nippon l'intégration ne serait pas un problème.

Cependant, malgré une culture encore très emprunte de magie selon les dires de la native, la communauté magique préservait son identité. Chaitan s'y attendait, mais aurait pour une fois appréciée de se tromper. La discrétion rendait plus difficile les recherches. Au prise avec ses conclusions, le silence qui s'installa lorsque le flot de paroles de tari, le regard sombre de la Serpentard sous couverture continuait de se perdre dans le vide.

Yami observait sa jeune camarade avec curiosité. Il paraissait à présent évident que Chaitan n'attendait que de l'écouter, mais elle était un peu gênée, malgré tout, de faire la conversation comme ça toute seule. Elle espérait ne pas avoir fatigué la jeune fille.

- Je suis désolée...je parle beaucoup, et je m'égare...

Et voilà qu'elle s'excusait à nouveau. Nerveusement, elle se mit à se tripoter ses doigts et baissa les yeux. Son esprit vira tout à coup dans une autre direction... comment se faisait-il que Chaitan lui pose autant de questions sur le Japon ? Pourquoi ses parents...

* On a dit que ce serait impoli de lui demander ! *

Yami se mordit cependant les lèvres. Elle ne pouvait s'empêcher d'être curieuse. Si elles étaient toutes les deux japonaises, était-ce possible qu'elles deviennent amies ? Sans compter que sa camarade portait l'uniforme des Serdaigle.

* Comment se fait-il que je ne l'ai jamais vue ? * se demanda Yami en fronçant les sourcils.

Elle avait une excellente mémoire, mais d'un autre côté, elle ne faisait pas toujours attention aux détails qui l'entouraient... il était donc possible qu'elle ne l'ait pas vue, d'autant qu'elles ne semblaient pas avoir le même âge.

- Excuse-moi de te demander ça mais... quel âge as-tu ? Je ne me souviens pas t'avoir déjà rencontré...tu es vraiment à Serdaigle...?

Pourtant, elle l'aurait quand même remarqué, s'il y avait une asiatique à Serdaigle, non ?

* Je suis sûre que... je l'aurais vue... *

Pourtant, son esprit était vide. Elle n'avait pas le moindre souvenir de l'avoir déjà aperçue dans leur salle commune.

* Ne sois pas stupide, tu aimes rester dans la salle commune toi, peut-être ? *

...Il y avait quand même quelque chose qui clochait. En observant l'expression de sa camarade, Yami décela les signes d'une intense concentration. C'était quand même dingue qu'elles se soient rencontrées à ce moment précis où, visiblement, Chaitan se posait des questions sur leur terre natale.

* ...Mais c'est toi qui l'a abordée, non ? *

Était-ce une coïncidence...? Ou bien... non.

Soudain, les lèvres de Yami s'étirèrent en sourire, et elle releva les yeux vers ceux de sa camarade.

- Non, en fait, peu importe. Excuse-moi. Y-a-t-il autre chose qui t'intéresses ?

Elle se fichait bien de savoir qui elle était. Quelle importance cela avait-il ? Elle appréciait d'être là, d'être avec elle, de lui parler, quelles que soient les intentions derrière tout cela. Pourquoi ne pas l'aider si c'était ce dont elle avait besoin ?

* Même si... * songea-t-elle, le cœur serré, * ce serait bien qu'on puisse devenir amies... *

* Valentina dirait que tu es stupide... * marmonna une voix dans sa tête, et pourtant elle sourit à nouveau.

Reprise du sujet:

RP privé avec Anushka Nossatchiov

La bibliothèque. Voilà un endroit où Marx se rendait qu'en de rares occasions. Non pas que le jeune Gryffondor n'apprécie de lire ou de se cultiver, mais plutôt parce que les gens qu'on y trouve sont d'un sérieux et d'un ennuis affligeant. De plus, les bouquins qui l'intéressaient, il les avait lu depuis un bon bout de temps déjà. Que faisait-il ici alors? Excellente question... Ah si! Ayant pour objectif tout récent de passer son permis de transplanage, puis que son âge le lui permettait, le jeune sorcier se devait de se renseigner sur la totalité du sujet. Et oui, quand Marx a une idée derrière la tête, il s'investit au grand complet dans son projet. Sans compter qu'il n'y connaissait absolument rien.

Il déambulait donc dans les rayons, scrutant les étagères pleines de livres, au point qu'elles semblaient prêtent à s'écrouler, et tous plus vieux les uns que les autres. Il n'y avait quasiment personne ce jour là. La collecte des ouvrages allait bon rythme. Le Né-Moldu avait déjà trouvé quatre des cinq registres que la documentaliste lui avait conseillé. Et il trouva finalement le dernier qu'il cherchait. Seulement le livre se trouvait sur une étagère basse, et une jeune fille aux cheveux blancs qui lui tournait le dos en bloquait l'accès inconsciemment avec ses jambes. Voulant éviter de lui adresser la parole, de peur de se retrouver impliqué dans une discussion à deux noises, Marx posa silencieusement ses bouquins sur la table. Puis, il se mit à quatre pattes derrière la sorcière pour tenter de récupérer le livre incognito. Une scène des plus pitoyable, il faut bien l'avouer... Il devait y avoir trois ou quatre élèves dans la bibliothèque ce jour là, et il fallait que l'un d'eux se trouve juste ici!!

Il parvint finalement à retirer l'ouvrage de sa geôlière de bois et de papier sans attirer l'attention sur lui. *Yes!!*, s'écria-t il pour lui-même. Puis il se redressa rapidement afin de mettre les voiles, mais sa tête vint heurter le postérieur de la jeune fille. Se rendant compte de la situation, et s'attendant au pire, Marx se tourna précipitamment pour ne pas croiser son regard, et commença à s'éloigner doucement, le visage déformé par une grimace de honte. Il chuchota bêtement:

- Excuse moi... Pas fait exprès...

RP privé avec Marx Rosenzwag

Le lieu le plus paisible de l'école. Anushka y passait la plupart de son temps depuis son arrivée à Poudlard. Elle s'y sentait bien et voulait lire le plus de livres possible, charmée par ces grandes étagères remplies de magnifiques et anciens bouquins. Même l'odeur était agréable.

Ce jour-là, la jeune fille trouva facilement les ouvrages qu'elle voulait, mettant juste un temps fou à les attraper à cause de sa très petite taille. Elle avait déjà une grande pile entre les mains alors qu'elle se hissait sur la pointe des pieds, cherchant à attraper un ouvrage qui avait l'air particulièrement intéressant. Les livres qu'elle avait sélectionné cette fois-ci parlaient surtout de la métamorphose, encore une fois des dragons mais aussi des créatures en général. Tandis qu'elle arrivait enfin à attraper le bouquin, elle sourit de contentement et le plaça en haut de sa pile. Soudain elle sentit quelque chose la percuter. Elle s'immobilisa, le rouge montant à ses joues. Anushka réagit finalement et se retourna brusquement, avant de tenter de ne pas faire tomber sa pile de livres qui oscillait dangereusement. La jeune fille observa le jeune homme qui se tenait devant elle, il semblait extrêmement gêné et elle crut à ses excuses. Elle s'appuya contre une des étagères pour que ses livres ne tombent pas tandis qu'il lui parlait.

"- Excuse moi... Pas fait exprès..."

Anushka hocha la tête, les joues toujours rosies par la gêne.

"Pas grave ça n'avait pas l'air d'être volontaire"

Une éternelle moue boudeuse au visage, elle tenta de se hisser sur la pointe des pieds pour voir son visage Elle observait attentivement le sorcier et soupira en voyant qu'il restait dos à elle. Elle détestait ne pas savoir quelque chose, hors de question qu'il parte comme ça.

"Par contre je n'aime pas trop parler à un mur, tu es.. ?"

Elle attendit sa réponse, se dévissant le cou en essayant de le regarder alors qu'il était dix fois plus grand qu'elle.

- Pas grave ça n'avait pas l'air d'être volontaire.

Et comment que ce n'était pas volontaire! Marx n'était pas du genre à chercher des ennuis, du moins de cette manière. En plus, il ne la connaissait même pas! Le Né-Moldu ne bougeait plus d'un poil, complètement figé suite à la réponse de la jeune fille. Il aurait voulu s'enfuir en courant, disparaitre dans un trou de souris. C'était typiquement le genre de situation qui le mettait très mal à l'aise, et il ne savait jamais comment s'en sortir de façon subtile et délicate. Le courageux lion n'était pas au rendez-vous. Et puis il avez autre chose à faire que poiroter ici comme un idiot.

- Par contre je n'aime pas trop parler à un mur, tu es.. ?

Le Gryffondor ne savait pas trop quoi faire. Elle ne savait pas à quoi il ressemblait, il pourrait donc s'enfuir en toute hâte sans qu'elle ne sâche jamais qui il était. Mais cela n'était pas correct... Il ne pouvait jeter la honte sur sa maison en agissant ainsi. Le Polonais amorça alors un lent demi-tour, pas à pas, les yeux fixaient sur ses chaussures. Une fois face à son interlocutrice, il releva la tête pour plonger son regard dans le sien. La jeune fille était d'une grande beauté, très pâle et avec des cheveux blancs, comme une poupée de porcelaine. Restant bouche bée devant la pureté qui se dégageait d'elle.

- Je... Je suis..., les joues du jeune homme s'empourprèrent face à l'impuissance qui s'était emparée de lui, Marx! Enchanté...

Il changea son livre de main pour la lui tendre brusquement, comme s'il avait oublier les bonnes manières. Bien qu'on ait vu mieux que serrer la main d'une jeune fille pour s'excuser et se présenter. Il restait là, immobile, la main tendue dans le vide. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, presque imperceptible. Il essayait, mais la singularité de sa situation l'en empêchait. Il parvint juste à bredouiller:

- Et toi? Qui... Qui es-tu?

Haussant un sourcil, Anushka gardait ses yeux fixés sur le Lion, attendant une quelconque réponse. A la place, le jeune homme restait immobile sans rien dire. Soupirant, la Russe, commençant à s'impatienter, tapota légèrement les livres avec ses doigts. Elle n'avait pas que ça à faire. C'était, certes, une situation on ne peut plus délicate mais autant régler ça en vitesse et sans poireauter dix mille ans dans la bibliothèque sans pouvoir lire. Elle était bien sûr gênée de la situation mais ne montrait pas la moindre once de son malaise. C'était une habitude qu'elle avait pris : être inexpressive. On la croyait souvent blasée à cause de ça. Voyant que le Gryffondor ne parlait toujours pas, elle hocha la tête en fronçant les sourcils. Il était devenu muet ou quoi ?

Cependant, au bout de quelques temps, il se retourna, plantant ses yeux dans les siens. Un léger sourire étira les lèvres d'Anushka. C'était pas trop tôt, il avait du comprendre qu'elle n'allait pas le pendre par les oreilles au plafond de la bibliothèque. La jeune fille devait se tordre le cou pour le regarder. Il était immense à côté d'elle. Son interlocuteur avait de courts cheveux bruns et des yeux marrons. Il était plutôt svelte et était plutôt plaisant à regarder. Elle soutint son regard comme elle avait l'habitude de le faire avec tout le monde, essayant d'analyser le jeune homme. Il tirait une drôle de tête en la regardant.

"- Je... Je suis...Marx! Enchanté... Et toi? Qui... Qui es-tu?

Anushka hocha la tête, il rougissait à vu d'oeil et était peut-être timide. En tout cas, il semblait extrêmement gêné. Lorsqu'il lui tendit la main, la Serpentard dégagea une de ses mains de sa pile de bouquins et serra sa main dix fois plus grande que la sienne enveloppée dans sa robe trop grande. C'était plutôt comique comme situation, aussi le sourire de la petite blonde s'agrandit. Elle devait paraître totalement idiote avec son sourire.

"Enchantée Marx. Je suis Anushka Nossatchiov"

Retirant doucement sa main de la sienne, la vert et argent tenait toujours ses livres d'une main et triturait sa chemise de l'autre, tic nerveux qu'elle avait depuis l'enfance, attendant que Marx parle ou s'en aille, le fixant toujours. C'était vraiment une drôle de situation.

- Enchantée Marx. Je suis Anushka Nossatchiov.

Le sourie et la sympathie de cette jeune sorcière mire immédiatement Marx à l'aise. Il se décontracta, et un franc sourire se dessina sur ses lèvres. Son teint recouvra sa pâleur initiale, ses épaules retombèrent, et un léger soupir se fit entendre. Il était tellement soulagé qu'elle le prenne ainsi!! Ce genre de pépin lui était déjà arrivé, et le Gryffondor s'était littéralement fait allumer par la jeune fille qui se croyait insultée par ce soit disant pervers qu'il n'était pas.

- J'ai cru que tu allais me descendre! C'est souvent comme ça que les minettes réagissent malheureusement, même quand c'est un accident.Heureusement, tu m'as l'air plus réfléchie que ça!

Le Né-Moldu avait parlé franchement, sans trop réfléchir, à tel point que ce qu'il venait de dire le choqua un petit peu. Il resta un instant silencieux, toujours tout sourire, à dévisager la petite blonde.Elle était vraiment toute petite. Si le rouge et ne l'avait pas croisé plusieurs fois au cours de ces dernières années à Poudlard, sans jamais savoir qui elle était, il aurait dit d'elle qu'elle était une deuxième ou troisième année. La jeune sorcière avait un physique vraiment peu commun. Elle semblait très faible, avec son teint pâle et ses cernes noires sous les yeux, sans parler de sa maigreur, plus ou moins camouflée sous des vêtements dans lesquels elle flottait. C'était assez déconcertant d'ailleurs.

- Tu es de Serpentard n'est-ce pas?

Le septième année croyait se souvenir que c'était le cas, mais n'en étant pas vraiment sur, il préféra le lui demander. Son attention se porta ensuite sur les livres qu'Anushka gardait dans ses bras. Certains lui rappelaient quelque chose, notamment par leurs couleurs et leur couverture. En les désignant un mouvement de tête dans leur direction, le garçon demanda avec un ton empreint de passion:

- De quels sujets traitent-ils?! Ce ne serait pas un bouquin sur les créatures magiques que tu tiens là?

- J'ai cru que tu allais me descendre! C'est souvent comme ça que les minettes réagissent malheureusement, même quand c'est un accident.Heureusement, tu m'as l'air plus réfléchie que ça!

Anushka haussa un sourcil, toujours un léger sourire presque imperceptible aux lèvres.

"Les minettes ? Mwh, disons que je préfère utiliser ma tête avant de tirer des conclusions hâtives. Si ça avait été volontaire oui tu aurais eu affaire à moi. Mais c'est pas le cas alors voilà, problème réglé."

La petite russe n'était pas le genre de personne qui se précipitait. Elle préférait analyser la situation et agir plutôt que riposter stupidement. Si on lui avait donné un cerveau ça n'était pas pour rien, autant l'utiliser. Anushka observa le rouge et or sans gêne. Il était vraiment immense. Enfin, c'était elle qui était minuscule, elle le savait mais à ses yeux c'était un géant. Il avait un air assez chaleureux aussi, surtout maintenant qu'il s'était détendu et qu'il arborait un grand sourire.

- Tu es de Serpentard n'est-ce pas?

La jeune fille soupira et posa sa pile de livres. C'était lourd et ce Marx avait envie de discuter apparemment. Elle hocha la tête en remontant les manches de sa robe de sorcière.

"Oui. Je viens d'arriver à Poudlard, ça doit se voir."

Anushka faisait référence à son léger accent qu'elle avait du mal à corriger. Son anglais était très bon mais les années à parler sa langue natale avaient laissé leurs marques.

- De quels sujets traitent-ils?! Ce ne serait pas un bouquin sur les créatures magiques que tu tiens là?

Son sourire s'accentua. Elle hocha à nouveau la tête.

"Je cherche de nouveaux ouvrages, j'adore les créatures magiques. Enfin.. Les dragons surtout, il faut que je l'admette."

Elle fit glisser doucement ses doigts sur la pile de livres avec un regard attendri. Les livres étaient ses meilleurs amis depuis sa plus douce enfance. Elle aimait tellement apprendre plus. Tout en dessous de la pile se trouvait un livre épais en cuir brun usé. C'était son carnet, son journal, qu'importe son nom : elle y notait tout ce qui l'intéressait, ses recherches et y dessinait même quelques croquis maladroits. C'était son "truc" d'exploratrice. Son regard s'attarda dessus avant de revenir au premier livre qu'elle ouvrit à une page destinée aux grands reptiles volants. Elle chassa Oscar qui posait ses pattes sur le livre. Ce chat était vraiment une plaie mais bon, elle l'aimait et elle caressa doucement sa petite tête toujours aussi concentrée sur son bouquin.

"Ils sont fabuleux. Tu aimes les créatures magiques ?"

Une légère étincelle de joie accompagna le grand sourire qu'elle adressa à Marx. Anushka soupira légèrement et son visage retrouva son calme placide habituel. Il fallait toujours qu'elle s'emballe quand il était question de ce sujet. Elle tapota ses doigts sur la table tout en les regardant. Faire la conversation était beaucoup plus difficile pour elle que ce qu'on pouvait le penser. Après chacun de ses propres mots, elle regrettait ses propos et voulait appuyer sur replay.

- Les minettes ? Mwh, disons que je préfère utiliser ma tête avant de tirer des conclusions hâtives. Si ça avait été volontaire oui tu aurais eu affaire à moi. Mais c'est pas le cas alors voilà, problème réglé.

Les épaules du jeune sorcier s'affaissèrent à ces mots, et le soupir de soulagement qu'il laissa échapper parla de lui même. Un rictus profond se dessina sur son visage, si étiré que ses yeux ne formaient plus que deux fentes. Puis il rit un peu bêtement, enfin de façon complètement stupide en fait, en sentant le reste de pression qui lui tenait encore le ventre s'envoler brusquement. Il l'écouta, les yeux braqués sur elle tandis qu'elle lui répondait en posant sa pile de livres. L'accent russe, car cela ne pouvait indubitablement être que du russe, chantait à l'oreille de Marx.

- Je cherche de nouveaux ouvrages, j'adore les créatures magiques. Enfin.. Les dragons surtout, il faut que je l'admette.

- Les dragons? Vraiment? C'est... Inattendu! Ha ha!

Voilà qui contrastait avec le bout de femme qu'elle était. Le Polonais se serait plutôt attendu à quelque chose comme les Boursoufflets ou les Licornes, mais pas ces redoutables cracheurs de feu. Au moins une chose était sur: cette petite Russe n'avait pas froid au yeux. Et on sentait la passion qui l'animé rien qu'en la regarda feuilleter le premier bouquin qui trônait fièrement au-dessus des autres.

- Ils sont fabuleux. Tu aimes les créatures magiques ?

- Si je les aime? Ce serait un doux euphémisme je crois! Je pourrais perdre mon temps à les regarder! Oui, les regarder parce que les bouquins ça va bien cinq minutes. En fait, je passe pas mal de temps à les dessiner dans... A les dessiner.

Dans la forêt. Voilà ce qu'il allait dire! Mieux valait la mettre en veilleuse, après tout, il ne connaissait pas très bien Anushka. Celle-ci pourrait très bien allait en parler à certaines personnes dont il aurait mieux fallu qu'elles ne le sachent jamais. Pour sa propre sécurité à lui; et même pour elles en y réfléchissant... Parce que Marx n'étant pas du genre à se laisser faire, ce genre d'histoire serait de celles qui dégénèrent rapidement.
Mais l'esprit du Gryffondor se perdait. La jeune sorcière ne semblait pas très à l'aise, disons même assez nerveuse. Tout au fond de lui, Marx ressentait une certaine fierté de paraitre impressionnant mais en même temps la pauvre avait l'aire de ne pas savoir où se mettre, ce qui était un peu gênant. Les joues du jeune sorcier se teintèrent de nouveau de rouge, et son sourire, qui était resté constant jusque là, se fit un peu moins assuré.

- Je ne vais pas te déranger d'avantage alors... Tu as l'air très occupé... Et j'ai du travail qui m'attend alors...

Il avait machinalement montré le livre qu'il tenait entre les mains, et en avait saisit un autre au hasard dans la bibliothèque. Ce dernier s'intitulait "Créatures souterraines des contrées écossaises". Il l'avait déjà lu...