Les couloirs du septième étage. Il n’y avait jamais mis les pieds il y a jusqu’à il y quelques mois et un cours de métamorphose. Mais depuis quelques semaines il y passait l’essentiel de son temps libre, avec Ellana pour leurs séances de médicomagie, tout seul aussi, pour tester les limites de cette salle.

Et aujourd’hui avec sa meilleure amie, Asteria. Ils s’étaient un peu perdu de vue, et sa présence lui manquait. Elle aussi ressentait cela, c’est en tout cas ce qu’il avait cru comprendre quand elle était venue lui parler, elle n’était pas la championne pour exprimer ses émotions, tout comme lui. Il lui avait alors proposé de venir ici pour lui faire découvrir la salle sur demande, sans trop lui en dire. Quand il y repensait, il y avait d’autres parties du château qu’il n’avait pas beaucoup exploré. Est-ce qu’il y avait d’autres secrets plus gros que cette salle ? Il avait du mal à le croire.

Cette salle était magnifique, et en même temps horriblement frustrante. Il avait l’impression de l’utiliser à seulement un pourcent de ses capacités, faute d’avoir une imagination assez vaste. C’était un peu comme s’il avait été dans le plus grand magasin de jouet du monde, qu’il pouvait prendre ce qu’il voulait, mais pour seulement dix minutes.

Il repensait aussi au moment où il avait vaincu ses peurs liés à l’utilisation de la magie, et qu’il s’était mis à entrevoir les possibilités qu’offrait celle-ci. Il avait de grands rêves à l’époque, et avait depuis eu le sentiment de ne pas avoir appris grand-chose par rapport à ces rêves, de n’avoir gratté que la surface. Cette salle faisait le même effet. Il rêvait à nouveau, mais la réalité était toujours aussi frustrante. Oui. Cette salle pouvait résumer à elle seule la magie et ses possibilités.

il te suffit de passer devant trois fois
demandant un lieu dans ta tête comme par exemple un endroit pour s’entraîner
et elle te fournira tous ce dont tu as besoin !

De quoi avait-il le plus besoin ? Il s’était souvent posé la question ces derniers temps. Il avait besoin d’autorité, de confiance en soi, de charisme, d’empathie. De beaucoup de qualités humaines qui étaient essentielles pour toute interaction avec d’autres personnes, mais qui lui manquaient terriblement, surtout depuis qu’il était devenu préfet. Mais lorsqu’il était entré dans la salle, il n’avait trouvé que des livres moldus sur le développement personnel, des coulisses de théâtre avec des déguisements et un grand miroir.

Il avait alors compris que la salle ne lui serait pas d’une grande aide pour vaincre ses problèmes de relations humaines. Le charisme passait parfois aussi par le physique. Il avait songé à une salle de sport. Cela pourrait bien lui servir de temps en temps, mais c’était trop banal. Beaucoup trop même, limite insultant par rapport aux possibilités qu’elle offrait.

Du temps. Il avait besoin de temps. Pour les cours, pour les devoirs, pour les révisions. Pour son avenir de briseur de sort, pour l’arithmancie, pour les runes. Pour ses tâches de préfet, pour les éléments perturbateurs, pour les jeunes élèves apeurés. Pour devenir plus fort, pour les sortilèges de défense, pour la médicomagie. Pour ses amis, pour Asteria. Pour la musique, le lac, les êtres de l’eau. Pour lui, juste lui.

Et ça, la salle pouvait lui fournir, il avait déjà essayé. Mais il y avait de telles mises en gardes à l’entrée de la salle qu’il avait préféré rebrousser chemin, jouer avec le temps n’était pas une bonne idée. Voilà où il en était, entre ce que la salle ne pouvait lui offrir et ce qui était trop dangereux. Et pourtant, il restait ébahit devant ses possibilités, à ne plus savoir où donner de la tête. Peut-être que son amie aurait d’autres idées ?

Galway voulait lui montrer quelque chose. Il avait parlé d’une salle sur demande et rien qu’à son regard Asteria avait su que cette salle était magnifique. Curieuse, elle avait demandé à son ami plus de détails, mais il voulait garder la surprise. La rouquine n’aimait pas trop les surprises, elle n’aimait pas ne pas pouvoir anticiper les choses, sortir de sa routine. Mais cela faisait plaisir à Galway, alors elle était contente.

Elle avait réfléchis un petit moment sur ce que pouvait bien être cette salle. Son nom en soi voulait tout dire, « Salle sur Demande », mais jusqu’où pouvait aller la magie de Poudlard ? Que faisait vraiment cette salle ? Asteria avait été tentée d’aller jeter un coup d’œil à la bibliothèque. Les réponses à ses questions devaient bien se trouver dans L’Histoire de Poudlard, mais cela serait nuire à la surprise de Galway. Il devait vouloir voir l’air ébahit de son amie quand elle découvrirait cette salle, et non celui semi-étonné d’une amie trop curieuse. Alors elle avait enfouit sa curiosité et laissé son imagination faire le reste.

Elle arriva au septième étage, les joues rosies par son ascension. Asteria ne pouvait s’empêcher de monter les marches deux à deux, ou en trottinant et malgré sa carrure sportive, monter sept étages était fatigant. Son ami l’attendait, debout devant une tapisserie de trolls dansant le ballet. Elle lui sourit.

_ Chouette comme endroit, c’est un message pour m’annoncer que tu te mets à la danse ?

Ses yeux sourirent de plus belle, elle était vraiment heureuse de revoir Galway. Non pas qu’ils ne se voyaient plus en ce moment, mais avec les cours, la nouvelle fonction de préfet de son ami… ils n’avaient plus trop de temps pour leur amitié.

_ C’est pas sympa de m’avoir laissée dans le suspens comme ça, ça m’a torturé les méninges toute la nuit, ta salle sur demande !

Tout en disant cela Asteria se grattait la nuque de sa main gauche, tic qu’elle avait inconsciemment adopté en situation inconnue. Elle était à la fois impatiente et anxieuse. Elle l’était toujours, anxieuse. Une anxiété constante, qui arrivait chaque matin et la torturait le soir, anxiété de tout ce qu’elle ne pourrait pas prévoir dans la journée, tout ce qui irait perturber sa mince zone de confort.

Elle regardait Galway de ses yeux vairons brillants, et sourit encore. Qu’allait-il bien lui montrer ? Il avait parlé d’une salle, et il n’y avait aucune porte devant lui. Lui faisait-il une farce ?

Asteria apparu légèrement essoufflée, il faut dire qu'ils se trouvaient au septième étage. Il était content de voir son amie, sa présence l'apaisait et il aimait les moments passés avec elle. Elle lui demanda d'abord si il souhaitait lui annoncer qu'il se mettait à la danse. Il ne saisit pas tout de suite où elle voulait en venir, puis il suivit son regard vers la tapisserie et éclata de rire. Déjà parce que cette tapisserie était vraiment drôle. Et ensuite parce que ça ne lui ressemblait pas du tout de se mettre à la danse et qu'elle le savait pertinemment. Elle lui fit un petit reproche ensuite, c'est vrai qu'il ne lui en avait pas trop dit.

-Oui. Désolé pour ça. Alors voilà, la salle sur demande est une salle secrète, sa porte apparaît lorsque l'on passe trois fois devant cette tapisserie, avec une idée précise en tête. La porte est toujours la même, en revanche la salle, elle, va contenir ce que tu lui as demandé, d'où son nom. Ça parait complètement fou comme ça, mais je t'assure que ce n'est pas une blague, c'est le truc le plus magique que j'ai vu depuis que je suis arrivé dans cette école, et j'y passe une majorité de mon temps libre depuis quelques semaines. Je vais te montrer.

Il se plaça devant la tapisserie et longea le pan de mur pendant trois aller et trois retours, essayant d'avoir un esprit le plus focalisé possible sur son idée. Au bout du troisième retour la porte apparut et il se dirigea vers elle, invitant Asteria à le suivre. Il connaissait son contenu bien-sûr, puisqu'il y avait passé de nombreuses heures en compagnie d'Ellana.

-Je te présente la salle sur demande version "Apprentissage de la médicomagie". En passant devant la tapisserie je lui demande un endroit pour apprendre la médicomagie et voici ce que contient la salle. Tu vois, il y a des lits avec des mannequins blessés ou malade sur lesquels on peut s’entraîner à jeter des sortilèges. Il y a aussi tout plein de livres dans les bibliothèques du fond, et des tableaux au mur, qui représentent l'anatomie humaine ou des sorciers jetant les sortilèges que l'on doit apprendre. Tout ce qu'il faut pour progresser en fait. Cette salle m'a beaucoup aidée dans l'apprentissage de la médicomagie, mais j'aimerai bien pouvoir l'utiliser pour d'autres choses, seulement je ne sais pas quoi, les possibilités sont tellement immenses que je ne sais plus où donner de la tête.

Asteria semblait soufflée, comme lui avait pu l'être quelques semaines plus tôt lorqu'il avait compris ce qu'était la salle sur demande. Il lui laissa quelques instants pour digérer tout ça, elle s'approcha des murs, des objets, comme pour s'assurer que tout ceci était bien réel. Puis elle se tourna vers lui, elle était prête à explorer.


_ Maintenant que tu m’as montré cette salle, je n’aurai plus qu’un objectif, découvrir tous ses secrets et comment elle fonctionne !
-Je suis d'accord avec toi, il faut que l'on explore les possibilités de cette salle de fond en comble. Si ça marche avec la médicomagie, peut-être que ça fonctionne avec d'autres matières? J'ai une idée, viens on ressort.

Lors de sa première visite ici, bien qu'il ne savait pas à l'époque qu'il se trouvait dans la salle sur demande, il avait visité la salle des planètes avec cinq de ses camarades de Serpentard, lors d'un cours de métamorphose. Il avait été subjugué par la beauté de cette salle et aimerait bien la revoir. Peut-être que s'il demande une salle pour étudier l'astronomie elle réapparaîtra sous ses yeux? Une fois ressorti avec Asteria il essaya. Un aller-retour. Deux aller-retour. Trois aller-retour. Une porte. Il entra et ne vit pas la salle des planètes. Non.

Il se trouvait au beau milieu de la galaxie. Une galaxie immense, tellement immense qu'il en avait le vertige. De minuscules étoiles flottaient autours de lui, par centaines de millier, il apercevait la voie lactée au loin. Cette salle ne semblait pas avoir de fin et il toucha le mur derrière lui pour s'assurer qu'il était encore là. Toute cette immensité était... incroyablement belle, il avait l'impression d'être un géant. Il fit un mouvement avec sa jambe et au fur et à mesure les étoiles s'écartèrent, puis reprirent leur place initiale, comme le ferait un banc de poisson.

Tout cela était magnifique, mais il n'avait aucune indication sur où il se trouvait dans la galaxie, quel était le nom des étoiles étaient à proximité. Il essaya de toucher une étoile du doigt pour l'examiner de plus prêt, mais quand il entra en contact avec elle elle se mit à grossir. Des informations apparurent, son nom, sa structure, ses caractéristiques, son type, sa trajectoire, si elle appartenait à un système, une galaxie ou une constellation. Et des planètes se mirent à sortir de l'étoile et à graviter autour d'elle, avec des lunes gravitant autours de ces planètes. Chacune avec des informations du même type.

C'était tout bonnement incroyable. Si ses parents venaient un jour à visiter cette salle galactique, ils y passeraient probablement le restant de leurs jours. Mais il manquait encore quelque chose. Le nom de l'étoile lui était totalement inconnu et quand il se mit à toucher d'autres étoiles autours de lui, elles ne lui disait rien non plus. Comment faire pour étudier une étoile en particulier? Pris d'une soudaine inspiration, il sortit sa baguette. Si ça marchait...

-#Accio Soleil !

Aucune planète ne vint vers lui. Mais quelque part sur sa gauche, à quelques mètres de distance, une étoile se mit à grossir. Il s'approcha et reconnu effectivement le système solaire. Les étoiles s'activaient lorsqu'il prononçait leur nom ! Il y avait tout ce qu'il fallait pour devenir un expert en astronomie dans cette salle, mais on pouvait aussi y pénétrer pour se perdre dans l’immensité de l'univers. Galway savait qu'Elhiya apprécierait. Finalement après quelques minutes de contemplation rêveuse il se tourna vers Asteria.

-A toi d'essayer une autre matière à étudier maintenant, celle que tu veux !

Après qu’ils eurent quitté la salle dédiée à l’astronomie, Asteria choisit de l’emmener dans la salle dédiée aux potions. Elle était moins lumineuse et incroyable que la salle précédente, mais les ressources dont elle disposait était tout bonnement impressionnantes, de quoi faire progresser le plus grand des cancres en potion, et Galway et Asteria en avaient bien besoin, cette matière était leur gros point faible à tous les deux.

-Oui c’est vrai, il faudra qu’on passe du temps ici avant nos BUSE.

Sa partenaire semblait comblée par la découverte de la salle sur demande et de ce qu’elle pouvait produire. C’était à lui de décider de la prochaine salle.

-Hum… ce n’est peut-être pas la matière la plus excitante à étudier, enfin selon beaucoup parce que c’est l’une de mes matières préférées, mais j’aimerai beaucoup voir ce que donne une salle dédiée à l’histoire de la magie.

C’est vrai, qui savait ce que l’on pouvait trouver dans une salle liée à l’histoire ? Peut-être un moyen de remonter dans le temps, pour voir les évènements de ses propres yeux ? Allait-il rencontrer les héros de la guerre des sorciers ? Sans plus attendre, il fit le même rituel, les trois passages, la grande porte en bois, l’ouverture. Ils tombèrent sur une salle très haute et très grande, avec un nombre incalculable de portes, accessibles via des mezzanines et des escaliers. Galway frissonna. Et si le saut dans le temps se faisait en franchissant ces portes ? Mais était-il sûr de pouvoir revenir en arrière ?

Il se dirigea prudemment vers l’une d’elles, tourna lentement la poignée mais ne parvint pas à l’ouvrir. Les portes à côté ne s’ouvraient pas non plus, Galway se concentra donc sur le reste de la pièce. Il y avait une grande carte du monde sur le mur du fond. Il ne voyait pas vraiment le rapport avec l’histoire mais il s’en approcha.

Elle était pleine de noms, de pays existants et d’autres ayant existé, comme la Prusse ou l’empire Romain. Et il s’aperçut en s’approchant que les noms étaient en relief. Peut-être que, comme pour la salle des étoiles il suffisait de toucher quelque chose pour avoir des informations ? Il repéra l’Irlande dont ils étaient natifs tous les deux. Il l’effleura du doigt et aussitôt, un grincement assourdissant se fit entendre. Galway recula précipitamment entrainant son amie avec lui, de peur que la carte ne s’effondre sur eux.

Mais elle ne fit que pivoter sur elle-même, dévoilant son autre face qui se remplissait peu à peu sous la forme d’une frise  chronologique. Sous leurs yeux se dessinait l’histoire magique de leur Irlande natale. Galway s’aperçut qu’il n’en connaissait pas grand-chose, c’était surtout l’histoire de la magie en Grande-Bretagne qui était enseignée. Mais un nom retenu son attention.

-Maëva ! C’était une reine d’Irlande qui a vécu au neuvième siècle. Elle était également sorcière et à l’époque, Poudlard n’existait pas, du coup elle s’était chargée de l’éducation magique des jeunes enfants irlandais !

Les noms aussi étaient en relief. Galway effleura celui qui l’intéressait et un nouveau grincement se fit entendre, beaucoup léger celui-là, et lointain, mais il le fit tout de même sursauter. Il se retourna et scruta la salle dans toutes ses dimensions, mais ne vit rien, pas de reine médiévale. Jusqu’à ce qu’un claquement de porte retentisse. Galway avait pu identifier sa provenance, un peu sur sa droite en hauteur. Il toucha à nouveau le nom de Maëva et vit une porte s’ouvrir au quatrième étage.

-Viens suis moi !

Il parcouru au pas de course les différents escaliers et mezzanines, jusqu’à arriver devant la porte qui ne s’était heureusement pas refermée. Il pénétra dans une salle bien plus petite. Elle était peuplée d’étagères qui retraçaient l’histoire de la magie en Irlande médiévale, du cinquième au dixième siècle d’après les étiquettes. Il y avait également beaucoup de tableaux. Certains représentaient des illustrations d’événements, d’autres des sorciers ayant vécu à cette époque, mais la plupart des tableaux étaient vides, y compris celui de Maëva.

-Ah mince, Maëva n’est pas dans son tableau.
-Maëva ? Vous cherchez la reine Maëva ?

Un sorcier d’un tableau voisin, qui paraissait endormi lorsqu’il avait posé les yeux sur lui, s’adressait à eux.

-Elle ne passe pas souvent ici vous savez ? Elle est très demandée dans ses nombreux tableaux. Mais avec un peu de chance elle repassera bientôt. Vous souhaitez prendre rendez-vous ?
-Prendre rend… euh non ça ne sera pas nécessaire.
-C’est un accent dublinois que j’entends ?
-Oui, c’est de là-bas que je viens.
-Oh, fort bien. Les irlandais ne sont donc pas tous parti de l’autre côté de l’atlantique, je croyais que cette île allait devenir désertique avec le temps. S’il vous plait, dites à Éamon de Valera que sa lutte est veine, jamais l’Irlande n’obtiendra l’indépendance, j’ai suffisamment vécu pour le savoir.
- Éamon de… très bien je lui transmettrai le message.

Galway ne savait pas trop comment il allait faire pour le transmettre au tout premier président de l’Irlande, décédé plus de deux siècles auparavant et qui avait bel et bien obtenu l’indépendance pour son pays, mais cela n’avait pas grande importance, le sorcier s’était rendormi dans son cadre. Galway se tourna vers son amie.

-Je pourrai passer toute ma vie à parcourir ces salles d’histoire. Une autre matière ?

Une précision sur la raison de cette interpellation t'avait été donnée, la verte voulait bel et bien te rencontrer pour discuter de sa future amnésie. Les courriers étaient déjà écrits, et tu te demandais si vous alliez finalement concocter cette potion, en cet après-midi de repos imprévu. Tu lui aurais bien posé des questions sur le sujet, là, maintenant, dans les couloirs, mais tu préférais de loin attendre que vous soyez à l'abri des oreilles indiscrètes pour aborder un sujet aussi sensible. Tu lui avais donc esquissé un faible sourire, accompagnée d'un "okay" qui signifiait bien que tu coupais la discussion là, le temps de vous rendre... en d'autres lieux.

Cette fois, la demoiselle ne t'amenait pas en direction des cachots, bien au contraire. Vous aviez pris de la hauteur, énormément de hauteur, pour rejoindre les couloirs du septième étage. C'était pénible, monter une quantité aussi astronomique d'escaliers, et pourquoi? Il y avait bien le bureau de ta directrice de maison, qui se trouvait ici, le dortoir des gryffondors un peu plus loin également et... la salle sur demande. C'était vers ce dernier endroit que la verte et argent semblait te mener, te faisant sérieusement te demander si la blondinette connaissait l'existence de cette pièce secrète. Si ce n'était pas le cas, tu pourrais toujours lui montrer, pour le simple plaisir de la chose, lorsque vous passeriez à proximité. Mais voilà, Elhi s'était arrêté directement là où se trouvait l'entrée de cette fameuse pièce, et n'avait pas tardé à faire apparaître une porte qui t'était drôlement familière.

Tu avais figé sur place, ton coeur s'arrêtant, juste avant que la demoiselle n'ouvre la porte, dévoilant le contenu de la pièce. Ce n'était pas celle que tu avais partagée avec Alicia, celle dans laquelle tu étais tombé éperdument amoureux de cette blairelle qui t'avais ensuite abandonné. Non, l'endroit que tu pouvais entrapercevoir ressemblait à un grenier... mais du genre qui t'était familier. Tu n'étais pas certain d'être déjà rentré dans une pièce à l'allure identique, peut-être après avoir consommé de très grandes quantités d'alcool, qui sait? C'était plutôt flou dans ton esprit.

Face à l'invitation de la jeune femme, tu ne t'étais pas fait plus attendre pour entrer dans le grenier illusoire. C'était un endroit plutôt chaleureux, tout le contraire de vos précédents lieux de rencontre, comme quoi, même les esprits les plus forts pouvaient rechercher l'agréable et le confortable.

La demoiselle t'avait finalement intimé à aller te poser sur le canapé, demande à laquelle il te faisait plaisir d'acquiescer. Tu t'étais mis à observer en plusieurs détails l'endroit dans lequel tu te trouvais, une fois ton fessier au repos. L'éclairage ambiant semblait provenir d'un soleil extérieur, une illusion parfaite qui rendait l'ambiance des plus conviviales. L'effet se trouvait amplifié par l'explosion de couleurs au sol que dégageait un mobile aux cristaux rappelant les astres de la nuit. Cela pouvait sembler banale à première vue, mais tu savais fort bien que la salle sur demande tentait d'exaucer nos souhaits le plus fidèlement possible, et que si ces détails étaient présents, c'était que la serpentine demoiselle les trouvait forcément important, d'une manière ou d'une autre.

Ton attention se rapporte ensuite sur celle qui t'avait fait venir dans cet endroit. Il y avait eu de l'avancement, ça tu le savais déjà, mais à quel point?

-J'suis pas mécontent d'être ici plutôt que dans la grande salle, ça commençait à grave s'envenimer là. Sinon... Comment s'est passé ta confrontation avec...Jace? Pas trop mal j'espère?

Bien sûr, elle ne semblait pas blessée, ce qui tendait à invalider la thèse d'une agression physique, mais avec la magie d'aujourd'hui, il était possible de recoller quelqu'un de salement amoché, sans y laisser la moindre cicatrice derrière, alors tu préférais encore demander.

Réponse négative à la question de la confrontation? Mais n'avait-elle pas précédemment quitté les cachots pour retourner voir celui dont les moments partagés figuraient sur le bout de parchemin? Tu restais perplexe face à cette absence de rencontre, même si, au final, tu doutais que la blondinette puisse être du genre à se rétracter d'une rencontre aussi sérieuse. Mais alors, désirait-elle une nouvelle fois ton opinion sur la version quasi définitive de cette liste de souvenirs?  

Non, la voilà qui te tendait deux enveloppes, t'expliquant tour à tour la fonction de chacune d'entre elles, informations que tu notais très précieusement dans ton esprit. Qu'allais-tu bien pouvoir faire de ces enveloppes? Elles contenaient des secrets qui devaient rester ainsi, le genre de chose qui ne devait pas être trouvé, ni pas la jeune femme, ni par un confrère de maison un peu trop curieux. Leur contenu devait également être préservé des intempéries, et ce, jusqu'à une date inconnue concernant l'une d'entre-elles, peut-être même pour toute une vie. Tu avais maintenant une mission, et tu devrais réellement réfléchir à un moyen adéquat pour l'accomplir. Par contre, ton esprit présent était un peu trop préoccupé par le bon déroulement de la fabrication de cette potion et des risques que toute cette histoire provoquait pour Elhi.

-Bien sûr, avait-tu répondu à sa première demande concernant le moment adéquat pour lui remettre cette première lettre.

Le contenu de la deuxième n'enveloppe te surpris davantage que la première, chose que tu n'arrivas pas à dissimuler derrière un visage impassible. Il s'agissait de la liste des souvenirs que la demoiselle désirait oublier. Elle t'informait d'ailleurs qu'elle n'avait pas inclus votre précédent entretiens des cachots sur cette liste, contrairement à ta suggestion. Elle disait désirer...te faciliter la tâche? Tu ne savais pas comment tu devais te sentir face à cette information. Une part de toi était soulagé par ces paroles, alors que d'un autre côté, ton bon jugement te disait que cette décision amènerait forcément des complications. En effet, si la jeune femme se souvenait de cette discussion, sa curiosité prendrait forcément le contrôle de son esprit un jour ou l'autre, et elle commencerait à te poser des questions. À moins que la lettre de l'étudiante destinée à sa propre personne ne soit constituée de quelconques paroles dissuasives, ce simple souvenir mettrait en échec les effets de la ménaméninge.

-Oui... ce sera plus simple pour moi effectivement. En espérant que ta futur curiosité probable ne l'emporte pas sur ton désir d'aller de l'avant. Mais merci d'avoir pensé à moi dans le processus.

Tu avais tenté de tournée cette phrase de façon à ce que la blonde amnésique puisse s'en servir comme d'un point de repère, si jamais elle venait à se poser quelques questions sur la nature des souvenirs oubliés. Tu tentais de penser à l'avance, puisque les paroles dites avant l'ingurgitation de ce liquide auraient, selon toi, un impact beaucoup plus marqué pour cette elhi du futur que ceux prononcé après sa perte de mémoire.

La conclusion des explications avait ensuite été donnée, la demoiselle te demandant si tu avais d'autres questions, avant d'enchaîner sur le bal de l'école, et ta future tenue à ce dernier. Tu avais esquissé un sourire amusé lorsqu'une remarque avait été glissé sur la probabilité d'une grande salle en feu. Ce nouveau sujet apportait son lot de questions pour toi, mais tu étais bien décidé à remplir adéquatement ton rôle d'assistant potionniste, et tu décidas de ne pas mettre immédiatement de côté la ménaméninge.

-Hey bien, ce serait bien de déterminer à l'avance qui va apporter quoi pour la potion. Je sais que tu disais pouvoir acheter les ingrédients, je me demandais si tu voulais que je contribue également ou que j'apporte le chaudron, ce genre de choses. Ce serait bien également de faire ça dans un endroit où tu vas pouvoir te reposer pendant un moment, après la prise de la potion. Je suis pas mal certain qu'une perte massive de souvenirs n'est pas le genre d'épreuve qui est tendre avec le corps, ou même l'esprit, surtout qu'il s'agit d'une potion, et non d'un sortilège.

Tu lui laissais la chance de réagir, avant de poursuivre sur ce nouveau sujet qu'elle avait ouvert.

-J'y ai réfléchi un peu, au bal, mais pas tant que ça. T'as une idée de comment tu vas t'habiller, de ton côté? Ce serait moche d'être dépareillé. Je n'ai rien vraiment à me mettre pour y aller, alors je vais devoir passer sur Londres, probablement, pour acheter quelque chose. Si tu as des suggestions, je suis preneur, bien évidemment.

La jeune femme avait rejeté du revers de la main tes questions sur la fabrication de ladite potion. De toute évidence, celle-ci ne constituait pas particulièrement un problème pour la demoiselle, qui envisageait même de l'acheter. Tu te demandas, pendant un court instant, pourquoi alors jugeait-elle que ta présence était requise lors de l'absorption de cette dernière. Tu te ravisas néanmoins bien assez vite. Tu désirais vraiment être présent pour ton amie, et ses motivations ne te regardaient pas vraiment. La mention rapide qu'elhiya avait faite sur un lieu convenable pour la consommation de la ménaménige n'avait par contre fait que créer de nouvelles questions dans ton esprit. Si tu aurais dû émettre des hypothèses, cette version-ci de la salle sur demande aurait probablement figuré au sommet de ta liste. Par contre, le rictus accompagnant les paroles de la blondinette t'avaient dérouté. Jamais vous n'aviez commis... d'actes... d'une plaisance partagée. à l'intérieur du château. Du coup, tu étais incertain du lieu qui était véritablement sous-entendu par ces paroles.

Tout questionnement avait par contre rapidement été réduit à néant, alors que des doigts agiles s'aventuraient sur ta cravate, créant une rougeur sur tes joues. La chaleur ne fit qu'augmenter, à l'écoute de cette voix sensuelle qu'avait prise l'émeraude, et les allusions qui sortaient de ses séduisantes lèvres. Ton noeud de cravate avait été déserré, et la demoiselle avait poursuivi en t'intimant à reprendre ton costume de pirate, ou quelque chose qui s'y apparentait, en version un peu plus classique.

C'était une bonne chose que cet habit ne revêtait pas ton corps à cet instant précis. Vous n'étiez pas là pour vous amuser, et pourtant, cette envie naissait trop facilement en toi. C'était un des pouvoirs de la serpentine demoiselle, et même si tu désirais ardemment répondre à cet appel de tes sens, il n'y avait que le pirate en toi qui aurait eu l'audace de le faire. Manque de chance, ce dernier était rangé dans une malle, sous ton lit. Par contre, cette demande t'indiquait clairement que tu devrais repasser sur Camden, une possibilité qui ne t'aurais probablement pas traversé l'esprit sans elhi pour t'y faire songer.

Finalement, après un baiser sur tes rougeurs, l'étudiante t'avait annoncé qu'elle serait vêtue de rouge. Tu l'avais regardé de la tête aux pieds, t'imaginant une séduisante robe rouge, et tu ne cessais de maudire les circonstances sérieuses de votre présent entretiens. Comment arrivait-elle à devenir joueuse si rapidement, alors que vous parliez de supprimer définitivement une partie complète de sa vie? "C'est elhi, c'est normal", voilà une explication que tu n'avais pas ressorti depuis un moment. Tu n'en avais simplement pas eu l'occasion, mais aujourd'hui, elle semblait bel et bien se porter à votre situation. Si la blondinette était en rouge, tu pourrais bien sûr être en noir, ou en rouge également, ou même les deux. Pour ce qui était des autres couleurs, tu devrais voir sur place.

-En rouge... vais essayer de trouver quelque chose à la hauteur. Tu sais comment ça va se passer? On se rejointavant pour arriver ensemble non? Tu voudrais qu'on se rejoigne quelque part en particulier? Ou simplement devant la grande salle? Histoire que tu n'aies pas à te taper la totalité des marches du château deux fois, simplement pour venir me sortir de la tour.