Bureau du Ministre de la Magie

La futur ex chef des aurors attendit patiemment que le ministre pointa le bout de son nez. Elle en profita pour préparer son petit discours, même si elle avait déjà prévu sa lettre de démission qu'elle avait mis dans son sac en peau de moke dont elle ne séparait jamais. Alors qu'elle retournait dans sa tête son monologue comme une poésie qu'elle devait réciter et dont le résultat devait être impeccable, le nouveau Ministre fit son apparition. Sa première impression fut assez réservée, il avait l'air d'une charmante personne, mais elle restait sur ses gardes. C'est lui qui parla le premier:

Bonjour Miss Kurders et bienvenue au Ministère ! je vous attendais avec impatience. Suivez-moi donc.
La gérante du sanglier rieur, le salua à son tour:

Monsieur le Ministre
Sans dire un mot de plus...enfin pour le moment, elle se contenta de le suivre lui et sa secrétaire et ils prirent la direction des ascenseurs, elle sentit un silence pesant dans cet ascenseur. Revenir dans ses lieux, ne l'enchantait guère, et elle espérait bien ne pas y avoir à rester in vita eternam. Cependant, cela la confortait dans ses choix, elle n'avait plus grand chose à faire ici, à part donner sa démission... après avoir passé plusieurs années, au service des autres, elle ne regrettait rien... sauf la façon dont elle l'avait traitée, chose qui ne serait jamais pardonnable, elle avait trop de rancœur pour reprendre son poste comme si rien ne s'était passé.

Ding!!!

Le bruit de la porte d’ascenseur vint de retentir, l'extirpant ainsi de ses pensées. Elle sortit de l’ascenseur et suivit d'un pas distrait les deux personnes qui se trouvaient devant-elle, jusqu'à l'entrée de son bureau. Une fois à l'intérieur, le Ministre l'invita à s'installer sur un siège. Elle remarqua quelques changements dans la décoration de ce bureau, cela donnait une ambiance nouvelle à ce bureau, assez douce, mais qui restait mystérieuse. Enfin bref, elle n'était pas là pour discuter décoration. D'ailleurs, lorsqu'elle fut installée, elle vit un verre d'hydromel posé devant elle, pourquoi pas, après tout cela ne lui ferait pas de mal. Elle prit le breuvage qu'elle porta à ses lèvres, son gout était agréable. Alors qu'elle dégustait tranquillement, le Ministre prit la parole. Il lui annonça que les aurors pouvaient dès ce soir reprendre leur poste, au sein du ministère. Elle ne pouvait pas accuser pour une fois un politicien de prendre le taureau par les cornes et d'agir rapidement.
Mélina était enchantée que les aurors soient réhabilités, mais pourtant aucun sourire était visible sur son visage. Elle ne se sentait vraiment pas concernée par tout ça et elle allait accomplir ici son dernier acte en tant que chef. Elle sortit sa lettre de son sac et la posa sur le bureau.

Je vous remercie Monsieur Bright de réhabiliter aussi rapidement les aurors, dans leur fonctions. Je ne m'étendrais pas sur les problèmes qu'ont eu les aurors, mais ils vous seront fidèles ainsi qu'à leur pays, du moment que vous serez toujours honnête avec l'ensemble de la communauté magique. Cependant, par cette présente lettre, je quitte officiellement mon poste de chef des aurors, Céleste Otaway prendra ma succession.

Elle se tut, sur ce petit discours qui était plus court qu'elle n'avait prévu...
Elle avala une autre gorgée d'hydromel...attendant d'éventuelles des réactions et des questions de sa part.

Le délicieux nectar avalé, Actarius écoutait, observait, dévisageait même la jeune chef des Aurors de son regard bleu azur serein et quasi-fixe. Il était bien loin de se douter de ce qui l'attendait, à savoir, qu'elle démissionnait pour donner son poste à un autre... Une autre personne... Autre personne qu'il ne connaissait que bien assez... Céleste Otaway, hein ? Elle était devenue chef des Aurors depuis le temps et lui-même ne le savait point... Il n'oubliait pas l'avoir aidé quelques mois auparavant, lors de sa fuite durant la chasse aux Aurors. Il ne l'oubliait tout simplement pas, vu les évènements, bons ou mauvais, qu'ils avaient vécus ensemble.

Longeant le bureau de bois précieux d'une main agile, il se saisit de la lettre que lui avait donné la jeune dame et, l'ouvrant, la lu tranquillement. Strictement rien n'avait changé sur son visage ; pas même la flamme dans ses yeux. Il n'allait pas blâmer la demoiselle ou l'implorer de rester. Il comprenait son choix. Avoir été l'ennemie public numéro un, quoiqu'elle pourrait ou voudrait en dire, ça l'avait certainement marqué.

Détachant son regard du parchemin pour le poser sur la dorénavant ex-chef des Aurors, il lui adressa un sourire qui se voulait charmant -s'il ne l'était- avant de prendre la parole.

C'est, ma foi, une bien grande surprise. Je ne m'attendais point à ce que vous aillez céder votre place. Cependant, je comprends votre choix et je ne m'y opposerai aucunement. Vous donc officiellement relevée de vos fonctions.

Il lui adressa une bref sourire avant d'avaler une nouvelle gorgée d'hydromel, la fixant toujours puis enchaina :

Je fais suffisamment confiance à votre entendement et votre sens des décisions. Aussi, Céleste Otaway entrera officiellement en fonction à votre place. En tant que chef du corps des Aurors, comme vous le vouliez.

Il se pencha légèrement, se saisit de nouveau de sa plume et y inscrivit quelques brefs mots, une invitation à aller à la recherche de la dénommée Céleste Otaway -il communiqua même où l'on pourrait la trouver-. "Invitation" qu'il envoya à sa secrétaire personnelle et qui devait être exécutée par elle-même, elle seule et nul autre.

Se tournant de nouveau vers son invitée...

Auriez-vous d'autres éléments à communiquer ? Ou cet entretien touche-t-il déjà à sa fin Miss Kurders ?

[HRP : Ce RP se passe quelques heures après la visite de Mélina au ministère, elles ne se croisent donc pas. Méli chérie désolée d'avoir coupée ta réponse, mais vu que je suis pas la de la semaine je voulais avancer un peu ce weekend <3 ]
hrpg de Mélina: tant pis je posterai après toi, pour terminer mon passage ici, Acty, je posterai lundi, bisous à tous les deux.

Les choses s'étaient accélérées et avaient atteintes une vitesse des plus incroyables. Du jour au lendemain, les Aurors étaient passés du statut de groupe complètement illégal à celui de groupe réintégré. Lorsque la jeune chef des Aurors avait reçu le journal ce matin là, et qu'elle avait vu la magnifique photo d'Actarius Bright en première page, elle avait failli s'étouffer avec son café. Après avoir cligné des yeux plusieurs fois, elle avait crié et ameuté tout ceux qui l'avaient entendu. Non, personne n'était mort, mais le communiqué du nouveau ministre lui faisait tellement chaud au cœur. Décidément elle ne s'étaient pas trompée sur lui et c'était un réel plaisir.

La jeune femme avait sauté au coup de Kimoka et avait embrassé tout ceux qui lui passaient sous sa main. Bref c'était l'euphorie dans le QG des Aurors. Son cœur battait la chamade alors qu'elle pensait déjà à tout le travail qu'ils allaient avoir à rattraper. Mais pour le coup, elle qui détestait rédiger des rapports resterait bien des heures entières dans son bureau. C'était un vrai bonheur. Mieux encore ! Mélina était libre de tout soupçons. Et cette information la faisait jubiler.

Elle allait pouvoir enfin reprendre une vie normale. Céleste aurait aimé qu'elle revienne chez les Aurors, mais elle savait que c'était proscrit. Depuis le jour où sa supérieure lui avait passé le flambeau, elle avait vu dans ses yeux que c'était terminé et qu'elle ne reviendrait plus. A présent c'était à la métamorphomage de grandir et de reprendre cette responsabilité sur ses frêles épaules. Mais elle se musclerai et porterai la charge tant que possible. D'ailleurs il fallait qu'elle contacte Mélina !

Ce soir là ce fut la fête chez les Aurors et la bonne humeur était plus qu'au rendez-vous. Mais cette simple déclaration ne suffisait pas. Il fallait prendre contact avec le ministère. Ils ne connaissaient pas l'emplacement des justiciers. Ces donc eux qui allaient se déplacer jusqu'à eux. Après avoir longuement discuté avec Mélina, la jeune femme décida de se rendre dans un lieu un peu moins formel où elle aurait aimé rencontré le nouveau ministre. Cet endroit aurait été idéal pour plusieurs raisons. Mais elle fut un peu déçue de ne pas le trouver. Néanmoins Lullaby et ses bébés eux étaient ravis.

Elle joua un moment avec eux, fit le tour de la chambre et soupira. Il fallait qu'elle pense à régler certaines affaires avant de prendre contact avec le ministère. Mais alors que la jeune femme allait repartir, on frappa à la porte. Elle ouvrit la porte sur une demoiselle brune qu'elle ne connaissait pas et qui avait l'air pincée. Céleste fut étonnée de voir une personne frapper à la porte ici. Avec toutes les protections c'était presque impossible ! sauf si elle en avait connaissance. Dans ce cas cela ne pouvait signifier qu'une chose. Que quelqu'un l'avait envoyé ici. Elle parla d'une petite voix fluette.

“Céleste Otaway ?”

“Euh ... oui ?”

“Monsieur le Ministre de la Magie vous demande. Veuillez me suivre s'il vous plait”

Céleste fut troublée, mais elle tendit le bras en sortant de l'établissement. Immédiatement la jeune femme qui devait certainement être sa secrétaire ou son assistante transplana. Elles arrivèrent dans un ministère que l'Auror ne reconnaissait plus. Ceux qui étaient passés la avant eux, n'avaient pas du apprécié de perdre et de devoir repartir, car ils avaient été assez indélicat pour foutre un bordel pas possible en retirant les diverses protections. Qu'à cela ne tienne ! Ils étaient tout aussi capable qu'eux. Puis c'était peut-être le moment de refaire la déco ! Elle verrait bien un nouvea bureau par ici, et il faudrait certainement redonner un coup de jeune au quartier des Aurors. Il avait du prendre de la poussière.

La jeune femme s'éloigna de celle qui était venu la chercher. Bon si elle avait su, elle se serait habillée un peu mieux que cela, mais bon elle ferait avec. Elle était néanmoins plus qu'heureuse de revoir Actarius et d'avoir de ses nouvelles. Mais surtout, savoir ce qu'il avait à lui dire. C'était enfin le moment qu'elle avait attendu, enfin ils allaient pouvoir de nouveau fouler le sol du ministère. Tout pleins de choses se bousculaient dans sa tête alors qu'elle se rapprochait du bureau du ministre. Le coeur battant, la jeune femme frappa à la porte.
Après qu'on l'ai invité à entrer, elle poussa la porte et se retrouva alors en tête à tête avec le nouveau Ministre de la Magie. Un immense sourire apparut sur son visage.

“C'est un réel plaisir de te revoir Acty. Surtout en ces lieux.”

Elle se rapprocha un peu plus de lui, essayant de mieux le distinguer. Elle ne rêvait pas, c'était bien lui le nouveau ministre de la magie et avec lui une perspective de vie meilleure. Il ne pourrai en sortir que de bonnes choses. Il avait un grand coeur et savait faire la part des choses. Et surtout elle avait une confiance total en lui.

Libre, c'était le mot qui lui vint à l'esprit après l'accord du ministre qui lui donnait l'autorisation de quitter son poste, même si, accord ou pas, cela aurait été la même chose, voilà ce qu'elle retenait de cet entretien qui touchait à sa fin...enfin presque...elle avait, encore deux trois petites choses, à dire.
Tout d'abord, elle voulait revenir sur les quelques paroles qu'il avait prononcé, il lui dit qu'il comprenait "son choix"

Je ne suis pas sûr que vous compreniez véritablement mon choix, j'ai été trainé dans la boue, pour avoir fait mon travail, j'ai été en cavale durant de longs mois pour avoir tenu tête à un Ministère corrompu, dénué d'honneur et de bon sens...Je n'en resterai pas là Monsieur Bright. J'espère que vous ferez preuve de perspicacité et que vous rouvrirez le dossier Lievitch, je me suis permise de vous amener, tous les éléments dont vous pourrez faire usage, j'espère que tout cela pourra être utile. Cependant, ne vous attendez pas à ce que je reste les bras croisés, ce n'est pas mon genre. Vous connaissez le dicton: On est jamais mieux servi que par soi-même...n'est-ce-pas?

Sur ce, elle posa le dossier assez épais où était inscrit, au marqueur rouge, le nom de Lievitch, sur le bureau du ministre, elle prit son verre d'hydromel et se leva, se dirigeant vers la petite bibliothèque qui d'après ce qu'elle pouvait voir était très fournie en livres sur les lois en tout genre, une vrai mine d'or, elle y trouva aussi quelques livres de rhétorique, très utile pour les politiciens qui souhaitent manipuler la langue de Shakespear à leur avantage. Elle baladait ses doigts, sur les étagères. Lorsqu'il prit la parole, en lui parlant de la prise fonction de Céleste...

Je ne sais pas si vous connaissez Miss Otaway, mais c'est une personne de bon sens qui fera toujours au mieux pour servir les intérêts de l'Angleterre, comme je vais déjà dit. Elle a été formé à bonne école et elle n'hésitera à faire ce qu'il faut si certaines personnes se détournent du droit chemin et quelque soit sa fonction. J'espère que votre entrée en fonction au Ministère, signera le renouveau. J'espère que vous entourez de personnes dignes de confiance et qui n'ont rien à se reprocher. Vous savez, un scandale est si vite arrivé...

Faisant une pose, elle finit son verre...

Avant de prendre congé, je voulais vous parler d'une dernière petite chose, j'ai été informé que comme les comptes du ministère, mon compte a été totalement vidé...j'espère que vous trouverez rapidement ses voleurs et leur butin, j'aimerais d'ailleurs être tenu informer de l'enquête, j'espère que vous comprenez mon impatience et mes intérêts.

Je vais vous laisser à présent, je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps...Monsieur Le Ministre, je vous souhaite une bonne fin de journée.

Après ses formules de politesse, elle prit le chemin de la sortie...quelque chose lui disait, qu'elle serait un jour amené à revenir ici et pas pour prendre des nouvelles...

hrpg: désolée du retard.

Actarius ne put s'empêcher un sourire... Non, il n'était pas heureux ni tout autre chose de cette acabit. C'était juste que le petit monologue de la jeune femme en face de lui avait réveillé un vieux souvenir... Très vieux souvenir même. Comme ça, il ne pouvait pas comprendre l'étendue de son choix ? Il se revoyait lui aussi, jeté de la maison familiale alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Un récent orphelin pour être dans l'exactitude. Sans le sous, rien. Seul dans les vastes et sombres rues de Sofia, sa chère Sofia... Elle lui manquait de temps à autres d'ailleurs, sa ville natale. Il avait dût travailler : travailler dur pour survivre et un jour, fuir son Enfer. Plus que la cavale, il avait connu la misère humaine dans toute sa splendeur. Seuls sa persévérance l'avait sauvé et l'avait mené là où il était parvenu finalement. C'était d'ailleurs ce qui l'avait purifié de toute notion du "bien" et du "mal". La Misère. Alors certainement qu'il comprenait.

Mais, il n'était pas là pour étaler sa vie devant la jeune magicienne. Personne ne connaissait sa petite histoire, pas même sa cousine Elhora qu'il avait retrouvé ou sa chère et tendre amante, Clélia. En fait, à part Elhora, personne n'était censée savoir qu'il n'était pas totalement britannique, issue de l'union de deux familles d'horizons différents. Soit.

Comme vous dites, l'on n'est jamais mieux servir que par soi-même, c'est cela, oui. Le jeune Ministre, installé sur son siège, adressa un sourire à Mélina avant de continuer aussitôt, plus sérieusement. J'étudierai assidument tous ces éléments que vous m'avez apportés au sujet de Sir Lievitch. Quiconque a fait le "mal" autour de lui doit payer. Si c'est le cas, il paiera pour ses fautes.

Silencieux, il observa la jeune sorcière faire les cents pas dans la pièce puis ensuite, intervenir à propos de la nomination de la chère Céleste. S'il eut de nouveau un sourire le long des lèvres, il ne répondit pas cependant. Il n'avait tout simplement rien à rajouter sur le sujet. Par contre, pour ce qui était de Gringotts... C'était tout autre chose. Son compte faisait partir de ceux qui avaient été cambriolés et il ne comptait pas rester sans rien faire. La banque des Gobelins maintenant dirigée par des sorciers n'était-elle pas censée protéger l'argent des citoyens qui travaillaient durs ? Il ne pouvait laisser ce crime impuni. Non, pas même pour lui qui avait déjà tout ce qu'il fallait pour vivre. C'était plutôt pour les autres sorciers qui avaient subis le même sort que lui... Des ennemis dans l’ombre ? Intéressant...

Soyez rassurée que je ferai ce qui est en mon pouvoir, que le Ministère fera tout ce qui est en son pouvoir pour trouver les odieux auteurs de ces crimes et les juger. Des mesures seront prises, bien évidemment. Vous en serez informée, comme toutes les autres victimes.

Après un nouvel échange de mondanités, la sorcière quitta le bureau, raccompagnée par la secrétaire du jeune mage tandis que ce dernier ouvrait le dossier qui lui avait été donné sur le cher Rabastan, Ministre de la Magie sortant.
[...] Actarius profita très peu de la quiétude et du calme qui régnait dans son bureau néanmoins puisque bientôt, l'on vint frapper à sa porte. Se recoiffant rapidement, il fit disparaître le volume d'information que lui avait donné l'ancienne chef des Aurors de son bureau.

Entrez.

Se levant, il se rapprocha de la porte et qu'elle ne fut pas sa joie -bien qu'il ne laissa rien paraître devant sa secrétaire- lorsqu'il y découvrit Céleste. Une merveilleuse femme avec laquelle il avait passé de bons moments par plusieurs fois. Toujours aussi belle, hmm...
La porte se referma derrière la jeune femme et pour être sûr de ne point être dérangé, il la ferma à clef ; la seule clef existante de cette nouvelle serrure magique. Et la porte renforcée pour repousser tout sortilège... Personne ne pourrait les déranger puisque même la magie des phénix et des elfes y avait été proscrite, mis à part celle de ses compagnons à lui seul qui disposait d'un certain libre accès.

Il se rapprocha de la jeune femme, tout comme elle de lui et doucement, lentement, ils s'étreignirent, s'enveloppant dans un doux baiser. Eh oui... On ne se refaisait pas. Actarius avait toujours un coureur de jupons après tout. Et puis, ce n'était pas encore officiel avec son autre amante, Clélia alors jusque-là, il se permettait encore des écarts. Aucun signe qu’ils passeraient le reste de leur vie ensemble ne s’était montré depuis qu’ils s’étaient avoués leurs sentiments, dix ans plus tôt, après tout.

C'est toujours un plaisir pour moi de te voir, vois-tu. Toujours aussi attirante, hein ?

Il se sépara finalement de la jeune Auror et réajustant son costume noir sky, il lui adressa un léger sourire.

Je vais aller droit au but. Tu deviens l'officiel chef des Aurors sur demande ton mentor, Melina Kurders, qui était présente il y a quelques instants plus tôt. Et par la même occasion, je te confies ou plutôt, à Natacha, dit-il en souriant, le rôle de Directrice de la Justice Magique.

Le Phénix plongea son doux regard bleu azur dans le sien avant de continuer.

Natacha Hol, comme on avait discuté. Directrice de la Justice Magique. Cela te convient-il ? Si ce n'est pas le cas, tu n'as qu'à me le dire et je prendrai les mesures nécessaires.

Il avait bien évidemment pensé à d'autres personnes pour se rôle stratégique, "au cas où"...

Céleste était réellement heureuse de pouvoir retrouver Actarius depuis le temps. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'ils ne s'étaient pas vus. C'est vrai qu'après leur soirée à la boutique, elle avait du passer de longs moment à chercher une solution afin de sortir les Aurors de l'illégalité. Elle n'aurait jamais soupçonné un seul instant que ce pouvait être lui qui les sortirait de ce mauvais pas. Il avait déjà tant fait pour elle, voilà qu'il continuait. Le jeune homme était vraisemblablement heureux de la voir lui aussi puisqu'il la prit tendrement dans ses bras, risquant même un baiser qui fit rougir la jeune demoiselle.

“Je vois que tu n'as pas non plus changé très cher ! Et j'en suis comblée !”

Elle avait presque oublié à quel point il pouvait être attirant et attachant. Elle lui sourit alors qu'il ne perdait pas de temps, lui expliquant qu'elle devenait officiellement et dès maintenant la nouvelle Chef des Aurors. La jeune femme l'était déjà en tant que remplaçante de Mélina, mais que ce poste soit reconnu par le ministère lui même lui faisait bizarre. En plus de tout ça, Mélina était au Ministère presque en même temps qu'elle et elles ne s'étaient pas croisées ?! C'était un comble. La rousse avait une envie folle de revoir son amie depuis le temps. Prendre un bon thé en sa compagnie accompagné de biscuits au chocolat. Elle en bavait presque. Il fallait qu'elle pense à se rendre à Goddric's Hollow assez vite ...

Mais après avoir réglé le sujet Auror, Actarius en aborda un autre. En effet, ils avaient prit tout les deux contacts il n'y avait pas si longtemps et la possibilité que la jeune femme devienne Directrice de la Justice Magique avait été évoqué. Elle savait que ce serait compliqué et que les critères pour ce poste, elle ne les possédait pas tous. Ils avaient donc mit en place une sorte de plan intermédiaire. Au début Céleste avait évoqué l'idée de Natacha pour rire et montrer qu'elle avait toujours une solution à tout même si cela semblait parfois infaisable. Mais au bout de quelques minutes à en discuter ils avaient fini par en déduire que l'idée n'était pas si mauvaise. Et à présent il lui annonçait qu'elle pouvait d'ores et déjà hériter de ce poste. Ou plutôt Natacha pouvait.

Céleste resta un instant bouche bée, touchée qu'il lui accorde une telle confiance puis un grand sourire apparut sur ses lèvres. Ce personnage, elle l'avait déjà imaginé et travaillé. Et même si elle ne l'utilisait pas dans ce cadre, elle lui serait toujours utile. Plongeant son regard ambré dans le sien, elle sentit un frisson lui parcourir l'échine et la belle rousse se transforma sous les yeux du nouveau Ministre. Sa longue chevelure rousse devint brune et lisse, ses formes bien plus pulpeuses et ses yeux s'assombrirent légèrement. La petite demoiselle rousse venait de faire place à une charmante brune de la trentaine. Natacha déposa alors un baiser sur la joue du Ministre, attrapa sa cravate qu'elle fit glisser entre ses doigts et prit la parole pour la première fois avec son accent un peu marqué.

“Cela me convient parfaitement Monsieur le Ministre. Et ... je tâcherai de ne pas vous décevoir ...”

Natacha Hol était née et elle n'avait pas du tout l'intention de faire figuration. Si elle avait choisi de prendre la lourde responsabilité de ce poste, c'était qu'elle avait de la suite dans les idées. Elle savait pertinemment que ce ne serait pas tout les jours faciles et qu'elle allait devoir travailler d'arrache-pied, mais elle s'en sentait capable. Elle avait des affaires à régler et elle comptait bien s'en occuper. Il était temps de faire bouger certaines choses et de découvrir certains secrets pourtant bien gardés. Il s'était passé trop de choses étranges et elle avait bien trop d'interrogation pour rester inactive.

Elle resta un moment en compagne du Ministre, après tout ils avaient des choses à se dire et à se raconter. Et quelques affaires à régler. Et le bureau d'Actarius semblait être l'endroit le plus sûr pour parler de certains sujet délicat. Elle n'avait d'ailleurs pas manqué de remarquer qu'il avait fermé la porte à double tour, ainsi ils ne seraient en rien dérangé. Après un moment dans le bureau du Ministre, la sulfureuse brune quitta les lieux non sans troubles, afin d'investir ses nouveaux quartiers. Le bureau du Directeur de la Justice Magique. Enfin, Directrice à présent ...

Mais avant de s'attaquer à la nouvelle vie de Natacha, elle avait encore quelque chose de très important à faire. Rétablir ses Aurors. C'est alors qu'elle se dirigea avec une lueur brillante dans les yeux et un grand sourire aux lèvres, vers le quartier des Aurors qui allaient être très vite réhabilités. Enfin ! cette précarité était terminée ! Enfin ! ils allaient pouvoir vivre de nouveau tranquille et serein.
Ou presque ...

RP terminé.

Emmitouflée dans sa cape noire de sorcière, la gérante de la boutique de baguettes magiques sortait justement de son précieux établissement. Un nuage se forma lorsqu'elle expira, signe qu'en ce début de soirée, la température était basse. L'automne n'arrivait pas qu'avec ses couleurs, le froid qui précède la saison des neiges était bien présent également. Avec un léger frisson, Sara ferma la porte et n'oublia certes pas de placer toutes les formules de protection, au cas où de faux Mangemorts auraient encore envie de saccager son magasin. Satisfaite, elle recula de quelques pas et disparut dans un « pop » sonore.

A plusieurs kilomètres du Chemin Traverse, une jeune femme apparut subitement au coin d'une rue peu fréquentée. Eastern Gate se trouvait un peu plus loin, beau manoir tout de blanc vêtu, situé ainsi dans un quartier londonien aisé et où la population moldue ne posait pas de questions. La vendeuse de baguettes magiques se massa la nuque et se mit en marche en direction de son habitation. Elle voyait parfaitement la lumière qui filtrait à travers les rideaux de la salle de séjour et celles plus tamisées de la chambre de ses deux enfants chéris. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsque l'image du visage de ces derniers apparut dans sa tête. Aaron et Léa, ses deux perles.

Quelques minutes plus tard à peine, Sara refermait la porte du hall d'entrée. La jeune maman eut à peine le temps de retirer sa cape de sorcière que de petites mains s’agrippèrent à ses vêtements. Dans l'embrasure de l'arcade qui séparait le hall de la grande pièce de séjour, le père des deux chérubins était adossé et présentait une mine soucieuse. Immédiatement, la jeune femme fronça les sourcils ; que se passait-il encore ? Les jumeaux avaient-ils encore fait une bêtise ? Mais à en voir le regard de Chris, ce devait être plus grave. Inquiète, sa compagne s'avança vers lui.

« Peux-tu me dire ce qu'il se passe ? »
« Il y a eu une attaque à Poudlard. »
« Encore ? Est-ce 18 qui a succombé à l'envie de... »
« Hannibal. »

Les yeux de la jeune femme s'agrandirent soudain. Ce nom voulait tout dire. Ainsi donc, l'opération était lancée. Silencieuse, elle hocha la tête et prit ses deux enfants par la main.

« Il est temps d'aller dire bonsoir à M. le Ministre. »
« Tu seras parfaite ! »

Elle sourit et remit sa cape de sorcière. Son bien-aimé lui offrit un baiser et ramena Aaron et Léa dans la salle de séjour. Quant à Sara, elle s'en retourna dans le froid glacial du crépuscule qui était maintenant tombé. Pourtant, il n'était pas si tard... Les jours se raccourcissaient, l'hiver approchait dangereusement. Avec un soupir, la jeune femme regarda des deux côtés de la rue et certaine que personne ne la verrait, transplana immédiatement vers le centre de la capitale, où siégeait en secret le Ministère de la Magie.

En quelques secondes à peine, elle fut arrivée. Etant depuis peu Magenmage - l'un ayant été contraint de démissionner, et étant arrivée aux élections après ce monsieur, elle avait dû prendre les fonctions rapidement - Sara ne s'encombra pas de passer par l'entrée des visiteurs. La jeune femme entra par l'entrée de service et d'un pas rapide, couvrit la distance qui la séparait de l'Atrium. Le gardien qui surveillait les allées et venues encore nombreuses ce soir la salua. Elle lui rendit son salut, agrémenté d'un sourire et se dirigea droit vers les ascenseurs. Direction le premier sous-sol.

En toute logique, le Ministre devait se trouver dans son bureau. Ainsi, la jeune femme, en arrivant au premier sous-sol, et à peine sortie de l'ascenseur, s'avança vers le bureau de son supérieur. Se mettant en condition, quelques mèches rouges et bleues apparurent dans sa chevelure d'or et un masque d'inquiétude se peignit sur son visage. Comme son compagnon l'avait dit, elle allait être parfaite. Secouant ses mains, Sara s'arrêta devant la porte attendue et frappa trois coups précipités...

Quatre-vingt ans plus tôt, tu as servi... L’un était réputé pour être exceptionnel quand l’autre était le dernier que l’on aurait soupçonné de bravoure et de courage. Et pourtant, tu les as servi tous les deux. Aujourd’hui, je voudrais te récupérer, comme il m’est de droit. J’ai enfin compris « pourquoi » et j’aimerais poursuivre alors s’il-te-plait, ouvre-toi…

Le département le plus sombre du Ministère, c’est là qu’Actarius s’était rendu ce jour-là pour une recherche bien particulière. Il faisait maintenant plusieurs mois qu’il s’y rendait pour fouiller dans les « archives » du Ministère et jusque-là, il n’avait eu strictement aucun résultat concluant. Mais il n’avait pas abandonné. Oh non, ce serait faire plaisir aux gentils fantômes de son passé que de leur laisser la victoire ainsi. Et pourtant, il n’était pas dépourvu du désir de les ignorer et de les laisser continuer à le traumatiser. Mais il avait avant tout une mission et un but bien précis... Le bien et le mal ? Dans le fond, quelle importance ? La subjectivité n’avait pas sa place dans le monde tout simplement. Il n’y avait que les fous pour juger du bien-fondé ou du mal d’une chose. Lui n’était pas de ces personnes-là. Il servait avant tout ses propres intérêts et nul autre.

Actarius était donc plongé dans les méandres du Ministère de la Magie, dans une pièce que peu de gens connaissaient. Une sorte de salle sur demande qu’il avait trouvée en fouillant dans les archives et les plans du Ministère dès son investiture. Ce qu’il recherchait avait disparu depuis maintenant plus d’un siècle de la surface du monde et il était certain qu’il l’y trouverait. Il lui fallait des certitudes. Certitude sur quoi exactement ? Pas beaucoup d’importance. Il savait juste que quelques retours à l’État avaient eu lieu et qu’il trouverait assez « facilement » ce qu’il cherchait. Et là, sous du verre, dans les ténèbres et le dédale de cette pièce secrète, il avait enfin pu poser le regard sur l’objet tant convoité. Convoité pourquoi ? Pour se préparer à tout évènement tout simplement… Il fallait être prêt à tout ; tout comme les Mangemorts – n’ayons pas peur de les nommer – l’étaient eux aussi.

Chaque jour donc, il était revenu dans la gueule obscur de cette salle, même s’il n’avait que quelques secondes à accorder parfois, priant silencieusement pour gagner la confiance du précieux. Puis, ce soir-là, alors qu’il s’apprêtait à quitter son bureau pour aller une énième fois à la rencontre du précieux, on l’avait prévenu d’une attaque à Poudlard. Rily l’avait prévenu grâce à son Patronus, un écureuil, d’un double meurtre au sein de l’établissement de Sorcellerie et de Magie le plus réputé du monde. Une attaque qu’on avait tout de suite signalée au Ministère. Et la propagande qui avait été lancée sur Londres n’était pas restée ignorée puisqu’Actarius avait lu et relu pour finalement déduire que, si Chambre des Secrets, rouverte elle-l’était, complications, il y aurait…

Son long manteau noir sur le dos, Actarius s’en était donc allé de nouveau à sa découverte, lui racontant dans le même souffle qu’il avait passé le monde magique en état d’alerte mais aussi qu’il y avait des morts déjà, deux pauvres gens et qu’il avait absolument besoin d’aide. Il demandait juste un signe… Un seul signe…

Sans plus encore s’attarder il s’approcha d’une étagère et se saisit d’une longue épée qui, d’après le parchemin qui se trouvait attaché à l’emballage de plastique transparent, était la première réplique « originale » de Hrotti, une épée de légende qu’il avait souvent entendu dans son enfance. Il était carrément obnubilé par ce genre d’histoires anciennes… Sortant la lame de son fourreau parsemé de pierres précieuses, Actarius en admira longuement le reflet, époustouflé par la finesse de ses traits – les gobelins étaient décidément des êtres épatants, ou en tout cas le forgeron qui avait fait ce travail… - puis, après l’avoir rangé, remonta à la surface, à son bureau. Si les Aurors qu’il avait réhabilité dans leur fonction se croyait tout permit et qu’il outrepassait ses ordres, eh bien, soit, il en assumerait les conséquences. Après tout, il était en droit, en tant qu’humain de refuser de se rendre à Poudlard pour assister à des scènes fortes en horreur mais en tant qu’Auror, c’était tout autre chose. Enfin…

Actarius longeait le couloir menant à son bureau quand il vit et entendit de loin Sara Shake, la Magenmage fraichement arrivée au Ministère, tambouriner contre sa porte avec une sorte de véhémence. Le visage fermé et ses yeux bleus assombris, il s’était rapproché silencieusement et calmement, ce qui contrastait avec son état d’âme. Pas même l’alarme qui résonnait dans les couloirs du Ministère et la voix d’homme qui s’élevait dans l’air par magie afin de briefer tous les employés ne put le démonter.

De toute évidence, vous me cherchiez. Mais, comme vous devez le savoir, je n’ai pas vraiment le temps de discutailler, je dois me rendre sur place pour constater les faits par moi-même et si possible, mettre fin à tout cela.

Il marqua un temps d’arrêt et ouvrit le bureau, l’invitant à entrer avant de lui-même la suivre et de fermer la porte derrière eux. Elle faisait partir de la liste des plus suspectés d’appartenir à l’ordre des Mangemorts mais de ce bureau, que pouvait-elle bien lui faire sans ses capacités magiques. Pas grand-chose… Néanmoins, Actarius restait sur ses gardes, la lame sanglée à sa taille – elle ne serait pas utile là où il se rendait mais c’était Halloween, qui lui en voudrait –, cachée par son grand et épais manteau noir. Un suspect était un suspect. Il ne négligeait aucune piste, aucune supposition et ne lui faisait pas plus confiance que cela. Faisait-il encore confiance à quelques personnes ces temps-ci ? Certainement oui… Quelques-uns…

Que vouliez-vous donc Miss Shake ?

Fafnir avait profité du silence avant la réponse de la dame pour imposer sa présence, suivit de sa bien-aimée Faerya qui vint, avec lui, se poser sur les épaules de leur maître.

Après avoir frappé ses trois premiers coups à la porte du bureau du Ministre de la Magie, Sara abaissa son bras et attendit une réponse. Celle-ci ne vint cependant pas de l'autre côté de la porte. Pressée de parler à son supérieur, elle continua de frapper à la porte tandis que d'autres employés du Ministère courait en tous sens dans le couloir. Des notes de service volaient dans l'air, allant d'un bureau à l'autre, prévenant diverses personnes des évènements récents survenus dans la Communauté magique. Et le plus marquant était certainement l'attaque à Poudlard.

La jeune femme se savait soupçonnée d'être un mage noir. Elle avait même été arrêtée sans preuve plusieurs mois plus tôt mais le procès n'avait abouti à rien. Cela lui avait perdre du temps, des clients à Ollivander's car plus personne pour s'occuper de la boutique, et cela avait inquiété toute sa famille, en particulier les jumeaux. Aujourd'hui, elle sentait encore que les regards se posaient sur elle, se demandant si elle était vraiment ou non un Mangemort, un serviteur du Seigneur des Ténèbres. Ils avaient raison de la craindre, mais Sara se sentait un brin différente de ses acolytes. Certains prônaient réellement l'avènement des sangs purs ; d'autres aimaient la magie noire. Enfin, il y en avait qui avaient rejoint l'ordre noir pour des raisons plus personnelles même si vraiment très vilain.

Elle faisait partie de cette dernière catégorie. Elle-même n'était pas de sang pur. Elle-même n'avait pas plus d'affinité avec la magie noire qu'avec la magie blanche. Les seules motivations qu'elle avait eues, bien des années auparavant, de rejoindre les Mangemorts, étaient que sa vie n'avait plus aucun sens. La société qu'elle connaissait à cette époque évoluait lentement vers le chaos, et s'intégrer chez les mages noirs lui avait fait du bien, même si certaines pensées impures ne lui plaisaient pas - et ne lui plaisaient toujours pas au jour d'aujourd'hui. Et cela ne changerait jamais. Cependant, il fallait bien prendre une décision...

Tout à coup, une voix s'éleva derrière elle. Le Ministre de la Magie, en personne. La jeune femme se retourna, se demandant d'où il venait. Peu lui importait. Elle lui fit un signe de la tête. Apparemment, Actarius avait du pain sur la planche, et justement, il pouvait avoir besoin de la Magenmage pour mettre fin à tout cela. Il l'invita à entrer dans son bureau. Sara remarqua qu'il portait une épée à son côté, ce qui lui donnait un air menaçant. Elle sourit, décidément, ce Ministre avait la classe.

« Que vouliez-vous donc Miss Shake ? »

Deux superbes phénix vinrent se poser sur les épaules de l'homme. Des créatures bien difficiles à dompter, la jeune femme en avait un elle-même, prêt à intervenir pour sauver sa maîtresse adorée. De même, son elfe de maison de toujours, Lily, rappliquerait au moindre mot « secret » établi entre elles. La jeune femme ne se faisait pas de souci, même si elle ne pouvait pas utiliser ses capacités magiques. C'était une tigresse, pas une chatte sans défense.

« M. le Ministre, je suis inquiète de ce qu'il se passe à Poudlard. Apparemment, l'ouverture de la Chambre des Secrets est bien réelle, deux enfants sont morts. Tués par quelconque bête sauvage, à moitié dévorés ! Je l'ai entendu dans les couloirs du Ministère. Mes jumeaux, Aaron et Léa, y entrent à la prochaine rentrée. Je ne veux pas mettre mes enfants dans une école où le mal peut encore rôder... Il faut faire quelque chose. Et je suis prête à vous épauler, en tant qu'ancienne Auror. Et peut-être même plus. J'aimerais contacter le Chef des Aurors, mais je n'arrive pas à la trouver ces derniers jours. Pensez-vous qu'elle soit sur place ?»

Elle avait pris une décision très importante. Une décision qui pouvait changer sa vie. Cependant, justement, sa vie avait besoin de changer à nouveau et le moment était venu d'entrer en scène. Sara sourit au Ministre, sincère et pas du tout fourbe. Le temps était fini d'être une enfant, d'être une joueuse hors du commun.

À l'ombre de son bureau, loin des bruits de pas des employés et de l'alarme, Actarius était tellement préoccupée par le message de Rily qu'il en oublia carrément d'inviter la nouvelle Magenmage à s'installer sur l'un des sièges de cuir rembourré forts confortables. Il en oubliait ses manières. Elle lui pardonnerait, hein ? Il l'avait prévenu qu'il était pressé... En tout cas, elle l'était visiblement aussi puisqu'elle lui refit un briefing de la situation de Poudlard des plus précis qui plus est. Et elle voulait aider... Ce que le Phénix trouva un tant soit peu fort bizarre sur le coup puisqu'il quasiment convaincu qu'elle était aussi des Mangemorts... Et, si c'était eux qui avait lancé cette attaque tout comme la propagande - qu'il ne pouvait décemment pas et plus prendre pour de la rigolade -, pourquoi elle, la supposée Mangemorte viendrait lui proposer son aide ? Pour mieux le rouler ? Peut-être...

Mais la place n'était pas aux doutes là. Il avait besoin de personnes compétentes et il ne doutait pas qu'elle l'était dans son cas. Bah oui, elle lui rappela qu'elle était Auror par le passé, ce qu'il avait lu en feuilletant son dossier. Non, il n'espionnait pas ses collaborateurs et employés ! Ouais bon, un p’tit peu… Une fois en passant… Quoique ce ne serait pas futile dans certains cas... Par exemple la chère Céleste qu'il n'avait pas encore revu et qu'on disait atteinte d'un coma dû à-il-ne-savait-trop-quoi... Des bruits de couloirs mais s'il s'avérait que cela était vérifié...

Figurez-vous que je suis aussi fort inquiet... Je ne sais pas qui est la personne qui a osé faire pareille chose mais je compte bien l'arrêter dans son élan. Il est tellement pitoyable de s'attaquer à des enfants sans défense... Il marqua une légère pause, plongeant son regard bleu azur troublé dans le sien - ce qui contrastait avec son visage qui se voulait serein - avant de reprendre... Pour ce qui est de Miss Otaway... Eh bien, voici plusieurs jours maintenant qu'elle ne s'est point présentée à moi. J'ai néanmoins fait envoyer une note de service au bureau des Aurors pour que tous les hommes en place se tiennent prêt à intervenir.

Il contourna le bureau et laissa vagabonder son regard dans la pièce avant de revenir à la dirigeante de la célèbre Ollivanders - non moins célèbre elle-même cela dit-. Pour peu, ce qui n'était pas faux, il admirait cette femme, sans trop savoir pourquoi en fait. Lui souriant, il lui tendit le bras, comme s'il lui demandait une danse lors d'un bal.

Me feriez-vous l'honneur de me tenir compagnie ce soir, Dona ? Dans l'horreur, le dégoût et une douce atmosphère mortuaire ? Parfait pour un soir d'Halloween me direz-vous...

Mais non, il ne draguait pas. Il détendait juste l'atmosphère du mieux qu'il pouvait ; même s'il savait qu'il s'y prenait comme un pied. Elle en avait visiblement besoin d'un minimum de réconfort, à moins que ce ne fût de la comédie mais bon, la question ne se posait pas pour le moment. Enfin, il y en avait une et il se la posait déjà mais elle était de toute autre ordre...

Après avoir finalement reçu l'approbation de la Magenmage aux mèches rouges et bleus ci et là et prit son bras, il demanda, d'un simple signe de tête à son ami à plume de les faire transplaner devant les grilles de Poudlard. Théoriquement, Rily l'attendrait. Il l'espérait en tout cas...

{Suite par ici}

L'annonce du coma de Céleste pas la médicomage de garde lui avait fait un choc...encore un, décidément, son entourage est-il victime d'une malédiction? elle commençait à sérieusement à se poser des questions, enfin, elle devait prendre sur elle pour le moment, elle avait une promesse à tenir, elle devait reprendre la place de Céleste, plus exactement la place de Natacha. Elle ne voulait pas qu'on s’aperçoive que le chef des aurors se cachait derrière la directrice de la justice magique. Cela risquait de lui porter préjudice et après le boulot qu'elle avait abattu...Non elle ne pouvait laisser gâcher tout ce travail. De plus, c'était son rôle de grande sœur, d'ami, de confidente, enfin bref, elle devait le faire.
Elle s’éclipsa de Sainte Mangouste, Céleste était entre de bonnes mains, Keira était une médicomage compétente, quelque soit les différents qui les séparaient, elle avait une grande confiance en ses soins...puis Philéas était arrivé, elle avait un protecteur qui allait rester un peu à son chevet. Elle pouvait partir l'esprit tranquille.

Mélina aurait pu transplané jusqu'au Ministère de la Magie, mais elle avait besoin de marcher un peu, de prendre l'air, de mettre au point son discours. Il fallait qu'elle soit convaincante face à son nouveau collègue, phénix. Elle voulait aussi mettre les choses vraiment au clair avec lui, elle ne faisait qu'un court remplacement...elle ne voulait que faire un minimum de choses, elle avait déjà pas mal de choses à gérer. Elle ne traiterait que les affaires courantes sur lesquelles Céleste passait du temps, histoire de ne pas éveiller les soupçons...traiter des affaires de justice, pouvait être intéressant...mais pour qu'elle puisse rattraper les affaires en cours, il fallait qu'elle parle à un auror. Il fallait qu'elle fasse les choses de manière efficaces.

Perdues dans ses pensées, elle avançait machinalement, dans les rues de Londres, le froid était mordant en cette fin du mois de novembre, rien de très étonnant en cette période. Cependant, plus elle marchait, plus ses idées étaient claires, malgré qu'elle ne sentait presque plus ses doigts, elle se sentait bien...elle était prête à rencontrer le Ministre et à tenir promesse. Cela tombait bien, elle se trouvait devant l'entrée du Ministère.
Elle jeta un œil à droite et à gauche, elle ne vit aucune âme qui vive, idéal pour rentrer discrètement dans le lieu où elle ne pensait plus remettre les pieds, un jour. Elle pénétra dans le hall du Ministère, son visage camouflé dans la capuche de sa cape, ce qui lui permit de passer inaperçue. Dans les couloirs déserts qui la menait à Actarius, elle en profita, pour faire quelques changements...physiques...comme à chaque fois qu'elle utilisait son don, son visage se crispait, d'où l'intérêt de cacher son visage, les modifications furent rapides, en l'espace d'un instant, elle prit l'apparence d'une belle brune au cheveux longs, la trentaine qui possédait un physique de rêve.

Arrivant devant le bureau de la secrétaire du Ministre, elle retira sa capuche et s'adressa à elle:

Bonsoir, je souhaiterai m'entretenir avec le Ministre, c'est très urgent! dit-elle avec un petit accent...

La secrétaire leva le nez de son registre et d'un ton pompeux, elle lui répondit
Vous avez pris rendez-vous?

J'ai dit que c'était très urgent, il faut que je le vois, dans les plus brefs délais, faites le nécessaire, merci.

Cette greluche qui ne servait pas à grand chose avait intérêt à prévenir le Ministre, si elle voulait qu'elle lui fasse un scandale.
La secrétaire s'éclipsa et elle espérait qu'elle ne revienne pas seule...

LETTRE PUBLIQUE

D’Ismaël Lievitch, Ministre de la Magie

Au

Peuple de la Grande-Bretagne Magique

Mes chers amis,

En cette période de fin de mandat, je viens vous présenter mes remerciements. Vous m’avez élu, et dans cette optique, je n’ai cessé d’agir pour rendre vos vies et vos emplois plus agréables, plus stable. Je tiens à remercier chacun d’entre vous, ainsi que chaque membre de mon gouvernement, qui a fait un travail exemplaire.

Lorsque vous m’aviez confié cette tâche, la joie qu’était la mienne à peu à peu laisser la place à la consternation face à l’incompétence qui fut celle du gouvernement Bright. Nos Aurors, fiers défenseurs des lois du Ministère, avaient été bridés et enchaînés. Les caisses du Ministère, pillées par ce même gouvernement. Que de désillusions mes chers amis.

Heureusement, je fus entouré d’honorables hommes et femmes, et ensemble, nous avons rattrapé les erreurs du passé. La transparence aura été le mot d’ordre de mon mandat, et vous avez pu le voir, rien n’a été caché. C’est pourquoi, aujourd’hui, en cette période de fin de mandat, je vous présente le bilan qui est le mien. Pour que vous sachiez à quoi ont servi ces années, pour que vous sachiez ce qui a été fait pour vous et que rien ne se mette entre vous et moi.

Je suis plus qu’heureux d’avoir été pendant ces mois votre héraut, votre Ministre. Mais je n’ai jamais perdu de vue l’essentiel, vous. Votre sécurité a été au centre de mes préoccupations, votre bien-être fut la plus belle tâche que je m’étais fixé. Nous voilà désormais de nouveau en face à face. Merci de votre confiance. Pour rien au monde, je n’échangerai ces dernières années. Je vous laisse le soin de juger de ce qui a été fait, de juger vous-même le bilan de ce mandat.

Avec tout mes bons sentiments,

Ismaël Lievitch
MINISTRE DE LA MAGIE

ʘ Education :

- Inspection surprise des professeurs pour garantir à vos enfants une éducation stable et de qualité,
- Voyage dans le cadre des cours de Botanique,
- Sur-rémunération des professeurs ayant fait plus que les trois cours demandés pour privilégier le mérite et l’assiduité.

ʘ Santé :

- Indépendance de Sainte-Mangouste, avec une liberté de choix des candidats pour le Médicomage en chef.
- Obligation aux Médicomages de passer une formation agréée pour être toujours plus performant *,
- Création d’un sortilège d’appel aux Médicomages, afin de facilité l’accessibilité aux soins *,
- Organisation d’une visite à Sainte-Mangouste, de prévention et d’enseignement ludique.

ʘ Sécurité :

- Les Aurors sont désormais majoritairement indépendants, pour que la traque des groupuscules illicites soit sans relâche,
- Les Aurors, avec autorisation et encouragement du Ministère ont lancé une attaque dans la forteresse même des Mages Noirs,
- Grâce aux rondes de ceux-ci, il y a eu extrêmement peu d’attaques et de dégâts orchestrés par l’Ordre du Phénix et les Mangemorts,
- Une loi visant à assurer l’intégrité des personnes, et éviter l’usurpation d’identité a été votée, sur le Polynectar.

ʘ Economie :

- La banque Gringott’s a été parée des plus puissants sortilèges, pour que votre argent ne soit plus jamais susceptible de disparaître,
- Les boutiques ont possibilité de demander des aides au Ministère, s’il y a lieu d’être, pour que les commerces ne soient pas en déficit,
- Une part du budget du Ministère est désormais réservé à ceux et celles qui veulent l’aider, sous forme de récompense aux mérites et pour les services rendus.

ʘ Autres :

- Organisation d’un Championnat national de Quidditch, afin d’ouvrir ce sport à tous et à toutes *,
- Réforme des lois sur les délits, peines et conséquences, ainsi que sur les associations illégales,
- Organisation d’un rendez-vous populaire entre les citoyens sorciers et le Ministre de la Magie,
- Versements de diverses primes et récompenses pour services rendus au Ministère.

* Application prévue pour le prochain mandat, sous réserve de l’action du futur gouvernement.

Dans quelques jours, le Magenmagot se réunirait pour établir les grandes lignes de ce mandat naissant. Mais pour ne pas dire que Louis s’en contrefichait, il s’avérait que le rôle du Directeur de la Justice Magique dans cette réunion était bien moindre. D’autant plus que le Français avait en ces périodes de troubles, un travail considérable à fournir dans les fonctions qu’étaient les siennes. En effet, le nouveau locataire du bureau de la Justice Magique ne trouvait que quelques instants de répits à ces journées interminables passées à remplir des dossiers, si bien que lorsqu’il eut fini de parcourir le dernier de ce jour-ci, le Sang-Pur en profita pour se plonger dans la lecture d’un ouvrage atypique, mais non moins captivant dont l’auteur, Bertrand de Pensées-Profondes, avait acquis depuis des siècles, une renommée sans égale.

Et le sorcier fut tellement fasciné par cet écrit philosophique, qu’il en consacra tout l’après-midi. Une fois sa frénésie littéraire en suspens, il n’eut d’autres idées sur le moment que de rendre une visite à son supérieur. Car techniquement, même si Louis détenait en ses mains la justice, le Ministre de la Magie demeurait au dessus de lui dans la hiérarchie. Et bien que le Français ait été nommé par ce dernier à son poste actuel, il ne l’avait que croisé ou rencontré brièvement.

Il quitta alors son bureau en veillant à ce que tout soit convenablement sécurisé, et emprunta la direction du bureau de son contemporain ministériel. En chemin, il croisa notamment ce vieux Bill, toujours vêtu d’un costume assorti à ses cheveux gris, qui ne cessait d’émettre un rire rauque et sonore chaque fois qu’il se retrouvait à saluer une connaissance. L’on aurait cru qu’il s’adressait à un ami de toujours, chaque fois. Si bien que Louis, d’habitude plutôt pince-sans-rire, se prêtait à partager un moment amical et hilare avec ce sorcier très tactile, qu’il ne connaissait pourtant pas. Ce bon vieux Bill…

Le Sang-Pur qui faisait face au bureau du Ministre, voyait en se retournant s’éloigner cet homme qui riait encore au loin en mimant le geste de laisser-tomber avec son bras. Louis se détourna alors vers la porte en secouant sa tête de gauche à droite. Il ne prit pas la peine de frapper, et pénétra ainsi de la même manière que s’il fut convié à rentrer comme il lui plaisait. Cependant, grand fut son étonnement lorsqu’il aperçut ces deux hommes, disons plutôt biens bâtis de chaque côté du vestibule qui conduisait au bureau. S’en suivit un contrôle fastidieux qui ne prit fin que lorsque le Français eut expliqué la présence d’un couteau dissimulé à sa taille. Tout de même contraint de s’en séparer temporairement, Louis passa la porte que l’un des deux hommes lui ouvrit et découvrit la nouvelle apparence du bureau du Ministériel.

-Vous avez redécoré avec un goût certain, lança-t-il pour signaler sa présence.

Le Français fit quelques pas et aperçut alors Gabriel à son bureau. Désignant de sa main les deux membres derrière la porte, il affirma avec une pointe d’humour :

-Avec ça monsieur le Ministre, j’ai tout autant de chance de vous agresser que de traverser la Manche dans un chaudron à voile, sous forme de lapin blanc.

Louis espérait que cette approche relativement amicale permettrait un échange de même tenu. Cependant après coup, l’histoire du lapin lui parut tout de même étrange, mais elle lui évoquait un souvenir particulier, dont il ne parvenait à en retrouver l’origine. Mais là n’était pas la raison de sa visite, et eut mieux valu que le Ministre ne se méprenne pas pour ainsi discuter de choses sensiblement plus importantes.

Le ministre, derrière son bureau, faisait une pause. La tasse de thé qu'il tenait maladroitement entre deux doigts chancelait tantôt à droite, tantôt à gauche, au rythme de ses hésitations. Le liquide doré - tacheté de nuages sombres, formés par l'agglomération de fines particules de thé noir et de feuilles de bergamote – chavira de la tasse ; une goutte se renversa sur une pile de feuilles. En rédaction depuis presque une heure, le dossier était maintenant perdu et le courage manqua au vieil homme pour s'y remettre ; c'est Bradley qui s'en occuperait.

Alors que, se levant et marchant avec difficulté jusqu'à la corbeille, Gabriel s’apprêtait à jeter son dossier, sacrifié sur l'autel de la barbarie théière ; il entendit du mouvement dans le vestibule, gardé par ses deux secrétaires. Le vieil homme retourna à son bureau où il mit un peu d'ordre et prit un air grave, afin de recevoir le nouveau directeur de la justice magique que Bradley vint lui annoncer, avant de l'introduire.

Le responsable de la justice magique, Louis Desaix, avait été recruté quand personne ne l'attendait. Inconnu de tous, le ministre l'avait rencontré à l'occasion d'une de ces réunions privées où il aimait inviter les gens dont on parlait beaucoup, où simplement que ses amis lui conseillaient. Moldus comme sorciers ; tous les jeudi, le vieil homme recevait. Leur point commun le plus évident à tous était très certainement leur jeunesse.

Il est vrai que Gabriel avait toujours beaucoup aimé les jeunes gens même s'il se disait ennemi de toute modernité. Il tirait de ce paradoxe une vanité très vive, tant il aimait les êtres neufs et beaux, et combien il détestait ces technologies dématérialisantes qui, selon lui, tuaient - de leur télécommande, nombreux boutons et options en tout genre – tout ce qu'elles touchaient, ou plutôt tout ce qu'elles remplacaient. Naturellement, puisqu'il aimait la compagnie des jeunes femmes et des jeunes hommes – qui d'ailleurs eux aussi aimaient beaucoup le vieil homme et ses cabotineries – il était momentanément forcé de cotoyer ces téléphones et ces baladeurs qu'ils possédaient tous, et dont il n'était même plus sûr de les avoir jamais appelé de la bonne manière. Baladeur ? Walkman ? "Ipod" ? Quelle prétention dans la multiplicité de ces dénominations !

Desaix entra. Son teint très pâle se mariait parfaitement à la noirceur de ses vêtements et son allure globale, paradoxalement agréable, plaisait beaucoup à Gabriel, qui aimait ces physiques atypiques mais esthétiques.

La première remarque qu'il fit le flatta. D'un retournement presque ironique, le jeune homme reprit rapidement, et se permit une plaisanterie que le ministre n'apprécia pas vraiment, puisque manquant de finesse.

Presque du tac-au-tac, il lui rétorqua :

- Si vous vous avisiez d'entrer dans ce bureau avec la volonté de m'agresser et que vous vous fassiez arrêté à temps par mes deux anges gardiens, sachez que ce serait pour moi un plaisir que de vous envoyer faire ce voyage sur la Manche où votre beau physique serait malheureusement gâché par votre nouvelle forme de... lapin.

Gabriel se mit alors à rire, pour revenir sur la sévérité du ton qu'il venait d'utiliser.

- Et bien, monsieur Desaix, comment trouvez-vous votre nouvelle fonction ? Lui demanda-t-il. Je suppose que la chose a du vous être dépaysante, pour quelqu'un que j'ai sorti des tréfonds obscures de l'anonymat.

Le vieil homme se leva et alla vers une commode sur laquelle une demi-douzaine de bouteilles trônait.

- Je crois pouvoir deviner les raisons de votre venue : vous souhaitez me parler des mesures de sécurisation que vous avez mis en place avec monsieur Findirs. Je ne peux que vous félicitez de la manière dont les choses semblent être contrôlées. Changeant de ton. Dites moi, voulez-vous un verre ? Vous qui êtes français, je suppose que vous ne refuserez pas un très bon Château Margaux...

La réponse fut tranchante, le jeune Sang-Pur s’y attendait, et bien qu’il ne prêtât guère attention aux deux « anges gardiens » du Ministre, il se décida de maintenir dorénavant un dialogue de bonne tenue, notamment grâce au tact efficient qu’il maîtrisait. Mais alors qu’il réalisait la probable étendue de son erreur naguère commise, un sourire du vieil homme suffit à taire sa crainte d’avoir agi de façon inepte. S’en suivit quelques mots que le Ministre lui adressa, cette transition insane surprit légèrement le Français, qui le fut d’autant plus en constatant la perspicacité dont l’homme d’âge honorable faisait part. Et il l’observait se diriger vers une commode tout en écoutant avec attention la moindre syllabe qui s’harmonisait avec les autres pour former un ensemble structuré et compréhensif. Ce à quoi il s’empressa de répondre sans hésitations en voyant son aîné se saisir d’une bouteille de Bordeaux, précisément de Margaux :

-Puisque vous me proposez...

Le Français touché par le goût et le raffinement de son interlocuteur, se souvint alors du paysage Médocain qu’il avait eu l’occasion d’apprécier. Ses landes, les pins de ses forêts, les dunes de ses plages et les graves rocailleuses de ses innombrables vignobles. Margaux, Blanquefort et leurs châteaux, le « phare des rois » de Cordouan, d’où l’on pouvait sentir le zéphyr maritime, la « tour de l’honneur » de Lesparre, autant de choses que ce vin Bordelais pouvait évoquer, Louis y songeait alors sans paraître aussi emporté par des souvenirs juvéniles, refaisant brutalement surface. Après cet instant sensiblement chimérique, qui parut plus comme un moment de réflexion, le Sang-Pur ajouta pour répondre à la question du Ministre :

- Les tréfonds que vous évoquiez ne me déplaisaient guère, cependant cette fonction me permet d’œuvrer pour le bien-être des sorciers, ce en quoi elle me satisfait pleinement.

Il marqua de nouveau un silence, puis reprit.

Ces mesures vont permettre à nos honnêtes concitoyens de respirer, cependant j'ai suivi ces attentats avec quelques intérêts et bien que ceux-ci portent ostensiblement la Marque des Ténèbres, je peine à croire que les Mangemorts fussent à l’origine de ces attaques, évoquant plus l’œuvre de malfrats de bas étage.

Il exposait là clairement et de manière directe son ressenti de la situation, néanmoins la rapidité apparente avec laquelle il s’exprima en gardant une élocution parfaite, cachait une profonde envie de poser le dialogue autour de la dégustation de ce vin évocateur, alors Louis se demandait lequel du Ministre ou de la bouteille était le plus âgé. L’un comme l’autre inspirait une certaine admiration, et semblait avoir résisté avec grâce aux années qu’ils ont vu défiler. L’on dit que les meilleurs crus se bonifient avec le temps, peut-être en était-il de même avec les hommes.

Dans les couloirs du Ministère, alors que la fin de la journée pour la plupart de ceux y travaillaient pointaient du nez, une note de service sauvage quittait les locaux du Département de la Justice. Celle-ci, entourée de quelques-uns de ses confrères et scellée du logo des autorités magiques, virevoltait à petite allure jusqu'aux ascenseurs qui menaient aux différents niveaux. Le petit papier violet ensorcelé se dirigeait vers le premier niveau ; celui de la Présidence. Vers celui du Ministre en personne, donc. L'allée qui menait au bureau de ce dernier semblait être celle d'un Roi, tellement la propreté du parquet verni et ciré à la perfection permettait au petit avion ensorcelé de se voir lui-même.

Elle contenait une lettre rédigée par Antoni lui-même, à la main. Il avait passé de longues minutes sur la rédaction de celle-ci, après avoir rempli la corbeille de brouillons remplis de ratures. Néanmoins, il s'était appliqué et l'écriture était impeccable. C'est donc avec un peu de fierté qu'il envoya son petit facteur d'un coup de baguette. En voici le contenu :

Citation :: Bien le bonsoir Mr le Ministre,

Suite à l'attaque du Poudlard Express survenue au début des vacances de Noël, nous, Aurors, avons l'intention de nous rendre à Poudlard dans le but de rassurer les étudiants et de solliciter leur aide. L'affaire Harradas Spinner ayant été mise à l'arrêt, nous tentons de récolter des informations à ce sujet, afin de faire avancer l'enquête.

En outre, étant donné que d'autres élèves aient perdus la vie, il est de notre devoir de leur démontrer que le Ministère veille et que ce genre d'incidents ne se reproduira plus. Un hibou vient d'être envoyé à Mrs Harshing afin de quémander une autorisation.

Nous espérons que vous nous soutiendrez et, au mieux, que vous nous honoriez de votre présence tout au long de notre déplacement à Poudlard.

Pour les Aurors,

Antoni Londubat,