Au Bar

Ah oui forcément, Marjorie n’était peut-être pas au courant, du coup, elle ne pourrait pas me dire si c’était bien question du chat de gouttière avec lequel Ethan s’était presque battu dont il était question. Tant pis, je verrai bien. Patiente, je la regarder s’afférer et partir en exploration avant de revenir des étages au final avec un poilu inconnu. Un sourire à mes lèvres je tendais la main pour offrir à l’animal une gratouille et scrutais la Miss en papillonnement des yeux.

« A non… pas pensé à un nom, je pensais que c’était celui trainait dans le coin et qu’on voit en tant que client, mais comme celui-ci semble sociable, il va falloir que je lui trouve un petit nom. »

Et autant dire que brut en blanc comme ça, je n’avais pas la moindre idée. Du coup, je prenais mon nouveau compagnon avec délicatesse entre les bras le plaçais avec précaution dans la boite de transport.

« Je trouverai après quelques échange avec lui.. ou elle…. Je te tiendrai au courant si tu veux ! Je vais pas trop le faire patienter, ces moyens de transports ne sont pas super.. Je te laisse, bon courage pour le travail passe une bonne journée, et encore merci ! Remercie Kohane pour moi aussi ! »

Sans perdre plus de temps, je quittais les lieux avec une nouvelle boule de poils pour qu’on puisse tenter de s’adopter mutuellement

[départ d’Elhiya –merci Marjo :kiss:

]

Loredana

Lorsque je parle de pitié, je vois que Loredana lève un sourcil. Peut-être que je l'ai vexé, même si je m'adressais à la serveuse. J'espère que non. Pour être franc, je suis bien content que la jeune femme soit venu me parler. C'est qu'elle est gentille au moins. La preuve, c'est la seule (avec la serveuse, bien sûr) qui est venu me parler. C'est comme si les autres préféraient ignorer mon état. Je peux comprendre. Qui voudrait passer du temps avec quelqu'un qui pleure ? Ou du moins, qui aurait envie de s'approcher de moi dans l'état où je suis ? Bien sûr, je ne voulais pas attirer l'attention non plus. Du moins, je ne pense pas. En y réfléchissant, si je ne voulais pas un minimum d'attention, je ne serai pas venu dans un endroit blindé de monde. Inconsciemment, je voulais du soutien de la part de quelqu'un et je l'ai eu. Je ne compte pas me servir de Loredana et m'enfuir ensuite. Mais je compte parler avec elle. Être franc. Je n'ai aucune raison de lui cacher quoi que ce soit. De toute façon, parler est un exutoire, quoi qu'on en dise.

- Je sais que perdre un membre de sa famille est dur, du moins, je me doute...

Perdre un membre de sa famille est toujours compliqué, que l'on soit en bon termes ou mauvais termes avec ladite personne. C'est notre chaire et notre sang quand même. Ce n'est pas rien après tout. Si elle sait ce que sait, alors elle a déjà connu la même chose que moi. Sinon, elle ne peut pas savoir ce que c'est. Je penche plutôt vers cette hypothèse quand elle me dit "du moins, je me doute...". Ou alors, c'est qu'elle a vécu quelque chose de bien plus compliqué à expliquer. Ce n'est pas impossible. Peut-être qu'elle n'a pas connu sa famille, tout simplement. Ou alors qu'elle s'est fait rejeter.

Oui, c'est dur. Surtout quand on ne s'y attend pas. De toute façon, on ne peut jamais totalement être préparé à ça, même si on connait la situation de la personne concernée. Le décès de quelqu'un fait toujours des ravages, c'est comme ça. La vie peut se montrer clémente, comme elle peut se montrer cruelle. Elle reprend aussi vite qu'elle a donné avant. J'sais pas si tu as déjà perdu quelqu'un toi, mais... ceux qui n'ont jamais vécu ça, ne peuvent pas savoir. Il est impossible d'anticiper une telle réaction.

J'espère ne pas être désagréable en disant ça. Parfois, je devrai apprendre à me taire. Je m'excuse d'être allé un peu loin, je ne veux pas la faire fuir quand même. Je regarde autour de moi et sort un mouchoir de ma poche pour essuyer mes yeux mouillés. Je sors aussi ma baguette et la fait tournoyer machinalement entre mes doigts. Je dois avouer que cela me détend bien. La jeune femme me demande alors :

- Tu sais comment c'est arrivé ?

Je ne sais pas quoi répondre. En fait, je connais partiellement la raison, mais j'ignore le reste. Je n'ai pas encore tous les éléments, malheureusement. Je sais simplement qu'il était malade et hospitalisé, mais j'ignorais ce qui avait pu se produire pour que la situation en soit à ce point. Peut-être qu'il y a eu une négligence médicale ? Et s'il avait développé une maladie nosocomiale ? Après tout, c'est pas impossible en y réfléchissant. Bon, je me trompe peut-être et je ne peux pas m'avancer. Ma famille m'en dira plus plus tard je pense. Du moins, j'espère.

- Très sincèrement, je ne sais pas trop. En fait, il était... à l'hôpital pour un problème de santé et... et voilà, c'est arrivé. Je ne sais pas ce qui a été déclencheur du décès. Je crois que c'est ça le pire en fait. Ne pas savoir et rester dans l'ignorance. Je vais sûrement devoir retourner chez moi pour en savoir plus dès que j'aurai l'autorisation de quitter le château pour... finir tout ça. Je ne sais pas comment je vais avancer, ma famille est loin et... Je vais me sentir seul. J'ai besoin de quelqu'un. Une personne comme...

Comme toi. Mais je ne sais pas comment terminer ma phrase. Lui dire ça peut s'avérer étrange, surtout qu'on se connait à peine. Je ne sais pas si je dois lui dire.

Service en salleEthan Espinosa & Loredana SparksPetit sourire pour le jeune homme qui avait l'air dans tout ses états. C'est que ça me faisait mal au coeur, bien que je ne sache pas vraiment de quoi il en retournait exactement, d'ailleurs ça ne me regardait absolument pas, et bien que mon corps entier me hurlait de tenter de réconforter ce jeune homme, une petite voix me disait que je devais respecter sa vie priver, que s'il avait besoin de s'adresser à moi il le ferait directement. Mais il fallait bien que je trouve quelque chose à lui répondre...

- Nan t'inquiète pas, vraiment c'est cadeau de la maison !

Parce que mine de rien, ça craint un peu de lui faire payer un verre qu'il n'a pas choisi. Oh la narratrice est certaine qu'un ancien serveur ne se serait pas gêné, mais pas Marjo. J'échappe à la tristesse bouleversante du jeune homme et me retrouve libérée par Loredana qui me demande un verre, parfait occasion de m'éclipser afin de me reconcentrer sur mon travail et ce pour quoi je suis payée : servir et ne pas me mêler des tracas des clients. Quand je me retourne vers eux avec mon verre, ils sont en pleine discussion, alors je parle doucement, tentant d'interférer le moins possible.

- Le RedCool, 10 mornilles s'il te plaît.

Commande:

Codage par Artemis Lhow
Graphisme par Elly Wildsmith

Service en salleElhiya EllisLivraison du colis en cours, je crois que je m'attendais à tout sauf à ça en terme de service. Une chose est certaine, je ne suis pas prête d'être vendeuse à la BAM : pas de petits conseils bienvenue et d'accessoires indispensable, juste un chat donné comme ça, sans même être certaine qu'il ne s'agisse du bon.

- Te refiler le chat errant qui squatte le bar ? Franchement... Si j'avais été plus maligne, j'aurai gardé celui-ci alors !

Je ne peux pas m'empêcher de laisser échapper un petit rire à cette idée, filer le chat de gouttière à une gagnante de tombola pour s'en débarrasser, c'est une idée absolument diabolique !

- A première vu il n'avait pas l'air d'avoir fait trop de bêtises là-haut, je pense que vous vous entendrez bien ! Et oui, tiens moi au courant, avec plaisir ! Par contre il n'a pas intérêt à venir embêter Amon si tu l'emmène à l'école, je le reconnaîtrais à coup sûr !

Ou alors ce serait peut-être l'inverse, mon furet qui se prend pour une bête féroce mais qui ne fait le plus souvent pas le poids... A mon grand désespoir...

- Bonne journée à toi aussi, et pas de soucis, je lui fais passer !

Codage par Artemis Lhow
Graphisme par Elly Wildsmith

Ethan & Marjo
J’écoute attentivement les paroles de ce jeune sorcier, des paroles profondes, très mâtures pour une personne de son âge. Il a un sens de la réflexion, cette capacité à regarder les choses telles qu’elles sont, à prendre du recul. Une qualité que je ne possède pas, pour sûr et que j’admire malgré moi. Que pourrais-je faire face à lui ? Étais-je capable de l’aider alors que moi-même je ne savais pas ce que c’était ? Je le voulais pourtant, parce que j’avais besoin tout de même de faire le bien, pour une fois, de laisser derrière moi toutes mes idées noires pour donner des choses plus positives. Ethan était jeune, bien trop jeune pour être triste, il avait encore beaucoup de choix à faire, de choses à partager avec ceux qu’il aimait.

- Non…je n’ai jamais perdu quelqu’un…pas de cette façon. Des personnes sont parties me laissant là, mais je sais qu’elles sont quelque part. De toute façon je…je n’ai pas de famille, enfin c’est tout comme.

Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il me pose la question, difficile de parler de ce genre de choses alors que les personnes à qui je tenais réellement se comptaient sur les doigts d’une seule main. Cela ne m’empêchait pas de rester empathique, de ressentir ce sentiment de perte, même s’il n’était qu’éphémère. J’avais longuement souffert du départ de Daemon que je savais toujours en vie, je n’osais même pas imaginer mon état si l’on m’apprenait qu’il n’était définitivement plus de ce monde.
Ces paroles me sortent de mes rêveries, de ces pensées qui n’étaient qu’illusions, pour retourner à la réalité, sa réalité puisque lui, avait vraiment perdu un être cher. Je le regarde, d’un air que je veux compatissant, mais pas de pitié. Je n’aimais pas cela, avoir pitié, ce n’est pas une marque de compréhension.

- Miss Benbow te laissera partir, c’est évident, tu as le droit de retourner chez toi après ce genre de choses…Tu peux parvenir à avancer, même si c’est compliqué et que cela te pense impossible et…

Marjorie était revenue à ce moment-là et m’avait coupée dans ma phrase malgré elle. Je lui tends l’appoint avec un sourire avant de tourner mon regard de nouveau vers le jeune sorcier. Il me fallut un temps pour retrouver où j’en étais.

- Tu n’es pas obligé d’être seul à affronter tout cela. Tu peux toujours obtenir de l’aide de la part de tes amis, moi je peux t’aider si tu en ressens le besoin.

Cela pouvait paraître ridicule, mais j’étais réellement sincère. Il avait ce besoin d’être entouré et je ne me voyais pas le laisser repartir avec ce genre de pensées. Je voulais lui donner de l’espoir, même si celui-ci était loin et bien caché au fond de lui.

La jeune serveuse semble insister pour m'offrir la boisson avant de s'éclipser dans la salle. Elle doit sûrement avoir beaucoup de travail, ce qui peut aisément se comprendre. Je ne pourrais jamais assez la remercier, du fait que cette boisson me requinque en à peine quelques minutes. Lorsque je parle avec la jeune fille face à moi, je constate que je parviens à prendre un minimum de recul, ce qui n'est pas vraiment facile dans des cas comme ça. Mais je pense que c'est propre à chacun dans telle ou telle situation. Certains peuvent avoir cette qualité et d'autres ne l'ont pas forcément comme ça. Même si je détiens cette qualité, ça ne veut pas dire que je sais comment pallier cette tristesse en moi. Je suis perdu. Ma vie semble ne plus avoir de sens, alors que je suis jeune. J'aurai préféré savoir qu'il allait mourir. Même si on est informé, on ne peut pas être prêt à affronter la situation sans tristesse. Mais elle peut être moindre. C'est en tout cas ce que je pense. Les paroles de Loredana me sortent de mes pensées :

- Non…je n’ai jamais perdu quelqu’un… pas de cette façon. Des personnes sont parties me laissant là, mais je sais qu’elles sont quelque part. De toute façon je…je n’ai pas de famille, enfin c’est tout comme.

Il y a effectivement plusieurs façons de perdre quelqu'un. J'imagine qu'on peut faire référence au reniement d'une personne, à son abandon ou encore au départ lointain d'une personne. Mais quoi qu'il en soit, ça fait mal dans tous les cas. La vie peut être très cruelle. Elle est capable de nous reprendre ce qu'elle a donné en peu de temps. Sans nous préparer. Elle semble vouloir nous faire de la peine. C'est inhumain, vraiment inhumain. Et seules les personnes ayant vécu la même chose ou quelque chose de très similaire peuvent comprendre notre ressenti. Et je suis certain que c'est le cas de la jeune fille face à moi. Ne pas avoir de famille, ça doit être dur à encaisser. On a tous besoin de repères familiaux. Vivre sans, c'est possible, mais c'est complexe.

- Je vois. J'imagine que ça doit être aussi dur pour toi. Savoir que les gens sont en vie et qu'ils nous laisset là, je trouve ça vraiment affreux. Je me demande comment on peut vivre avec ça sur la conscience, dis-je froidement.

J'espère ne pas la froisser en disant ça, mais bon. C'est ce que je pense. Ma question a pu sembler indiscrète, très personnelle, mais c'est venu spontanément. La pauvre, elle doit souffrir aussi. Je suis quelqu'un de très empathique, donc je me met à sa place. C'est une faculté que beaucoup n'arrivent pas à comprendre. En même temps, c'est une notion très subtile, donc il faut bien cerner de quoi qu'il s'agit. Elle me regarde, avec un air compatissant. Je dois dire que ça me touche. Je suis sûr qu'on pourra bien s'entendre elle et moi. Je rêve d'une sœur de cœur. Quelqu'un qui me comprendrait à 100%.

- Miss Benbow te laissera partir, c’est évident, tu as le droit de retourner chez toi après ce genre de choses…Tu peux parvenir à avancer, même si c’est compliqué et que cela te pense impossible et… Tu n’es pas obligé d’être seul à affronter tout cela. Tu peux toujours obtenir de l’aide de la part de tes amis, moi je peux t’aider si tu en ressens le besoin.

Je pense aussi que j'aurai l'autorisation de quitter Poudlard pour quelques jours, le temps des obsèques et de me remettre émotionnellement. Mais je n'ai pas envie d'affronter ça tout seul. Elle me propose de l'aide. C'est une bonne chose. Mais ce que je m'apprête à lui demander peut sembler étrange et presque déplacé. Surtout aux yeux de ma famille. Mais le but n'est pas que je me sente encore plus mal. Non. Je ne peux pas. Il faut que je trouve les mots justes pour lui demander :

- Oui, je suis certain que je pourrai rentrer chez moi un moment. Mais je n'ai pas envie d'affronter ça tout seul. Je n'ai pas spécialement d'amis à qui demander de l'aide, dis-je timidement. Peut-être que tu pourrais... m'aider ? Venir avec moi ? Je n'aurai pas la force de rester seulement avec ma famille. Tout le monde sera déjà très triste et... ça risque d'être vraiment complexe. J'ai déjà eu tellement d'idées noires que... je ne veux pas en fniri pour le rejoindre. S'il te plait...

J'espère qu'elle ne va pas me rejeter. Je pourrai le comprendre, mais ça m'embêterai énormément.

Ethan
Je sentais comme une sorte de compassion dans la voix du jeune sorcier. Un sentiment qui n’avait pas lieu d’être dans mon cas. J’étais celle qui avait provoqué ces pertes, celle qui avait déclenché ce déchirement, ces éloignements. Durant les trois ans qui avaient suivis mon départ, seule Theya était présente à mes côtés. J’avais appris que mon ex était parti aux États-Unis après notre rupture et mes autres amis ? Je ne savais pas ce qu’ils étaient devenus. Quant à ma relation avec mes parents, j’étais bien mieux sans eux, éloignée de cette maltraitance physique et morale. Il n’était pas compliqué de dire qu’aujourd’hui, je me sentais bien mieux, même si ce sentiment de solitude était parfois présent dans mon esprit. Mais tout cela, Ethan n’avait pas besoin de le savoir. Pas tout de suite en tout cas, il en avait bien assez avec ces problèmes à lui, inutile d’en rajouter en lui expliquant les miens. Je me contente de hausser les épaules à sa réplique, sachant très bien que Claudia et Liam Sparks se portaient très bien sans leur fardeau. Quoique...j’étais sûre que la vieille devait parfois se demander si je ne salissais pas leur nom. Si elle savait…

Je peux comprendre ce qu’il ressent, ce manque de personnes autour de lui. Ne pas savoir vers qui se tourner, ne pas trouver une épaule sur laquelle se reposer. Cette impression d’être seul face à ses problèmes, comme si un mur s’était construit entre lui et le monde. Alors il me demande mon aide, parce que je suis celle qui était venue à lui, celle qui avait décidé de m’inquiéter pour autrui, chose inhabituelle et pourtant bien réelle. Laisser une personne tel que lui dans son malheur n’aurait pas été bien agir.

- Je viendrai avec toi, tu as juste à me dire ou et quand et je me débrouillerai pour me libérer. Affronter le regard triste des siens n’est pas agréable. Je peux le comprendre. Alors si tu ne veux pas être seul face à cela, je t’accompagnerai.

Un sourire qui se voulait rassurant sur les lèvres. Oublier mes problèmes en m’occupant des siens lorsque ce n’était pas ceux de Theya. Une envie de me rendre utile, de me prouver que je pouvais être importante sur cette terre. Remonter à la surface après avoir voulu mettre fin à mes jours trois ans auparavant. Les choses avaient changé. J’avais changé.

- Si tu veux venir ou simplement m’envoyer un hibou, j’habite à Londres, dans le quartier de Camden Town, tu viens ou me contactes quand tu le souhaites ! Dis-toi que tu n’es plus tout seul !

Quand je parle avec la jeune femme, c'est comme si elle et moi on se connaissait depuis toujours. C'est l'impression que j'ai en tout cas, mais ça ne m'était encore jamais arrivé. Ce n'est pas désagréable comme sensation, mais c'est quelque chose qui éveille ma curiosité. On dirait qu'on a déjà vécu plein de choses ensemble. Comme un frère et une sœur vivant en parfaite harmonie. Au moins, on se comprend elle et moi. Mais peut-être qu'elle ne ressent pas la même chose de son côté, ce n'est pas impossible. Le point commun que nous avons, c'est la perte de quelqu'un. Bon, c'est pas quelque chose de réjouissant, mais c'est l'histoire. On ne peut rien y changer. Peut-être qu'elle n'est pas prête à me raconter son histoire. Bon, dans un moment comme ça, ce n'est pas... le moment. J'ai encore mon problème à gérer. Je sais que ça fait égoïste sur les bords, mais je dois d'abord affronter tout ça. Mais pas tout seul. Je suis sûr qu'elle peut comprendre ce que je ressens au fond. Elle est humaine, pourvue de sentiments et ne semble pas insensible à ce que je vis actuellement. Tout comme la jeune serveuse d'ailleurs.

- Je viendrai avec toi, tu as juste à me dire ou et quand et je me débrouillerai pour me libérer. Affronter le regard triste des siens n’est pas agréable. Je peux le comprendre. Alors si tu ne veux pas être seul face à cela, je t’accompagnerai.

Hein, quoi ? J'ai bien capté ce qu'elle a dit ? Elle est donc prête à venir avec moi ? Je suis assez surpris pour le coup. Qui aurait cru qu'elle accepterait... Pas moi en tout cas. Mais je suis content et satisfait. Je ne serai pas seul face à cette épreuve douloureuse qu'est la mort d'un être cher. Une larme tombe sur ma main, mais je me retiens de pleurer une nouvelle fois. J'attendrai d'être dans mon lit pour ça. Elle sait qu'être seul et voir tout le monde triste, c'est pas spécialement très agréable. Sa façon de voir les choses ne peut que me réjouir. C'est dingue qu'une infection nosocomiale puisse faire autant de ravage au sein d'une famille. Je suis content qu'elle accepte de m'aider, c'est quelqu'un de bien. Mais j'aimerai être là pour elle en cas de besoin. Il est évident qu'en cas de nécessité, je ferai mon possible pour l'aider. Même si je n'ai pas de talent particulier pour ça, je sais très bien que le fait de se sentir écouté, ça fait énormément de bien. Elle le mérite amplement, quoi qu'elle en pense. Je la vois sourire, ce qui me rassure.

- Je ne peux que te remercier d'accepter. Pour être franc, je ne pensais pas que tu serais prête à ça. C'est pas commun de se voir demander une telle chose, surtout quand on ne connaît pas vraiment la personne. Mais ça me rassure que tu sois prête à faire ça pour moi. J'ai l'impression d'en demander beaucoup tu sais. Ce n'est pas dans mes habitudes pourtant. Je ne veux pas que... tu te sentes obligée, vraiment, dis-je en affichant un sourire timide.

C'est vrai que je demande peu de services, mais quand c'est le cas, c'est que j'en ai réellement besoin. Je n'aime pas abuser de la gentillesse d'autrui, contrairement à certaines personnes. J'ai eu l'habitude d'être prit pour une sorte de psychologue dans le passé. Comme si j'étais capable de résoudre les problèmes de tout le monde. Peut-être parce que je ne me confiais jamais et que tout le monde pensait - par conséquent - que je n'avais jamais de soucis dans la vie. Réflexion faite, c'est parce que j'étais trop gentil à l'époque. Maintenant, je fais tout pour arranger les problèmes les plus importants, mais les futilités des autres, je laisse courir. Après tout, il y a tout à gérer... les études, sa vie perso et tout ça quoi.

- Si tu veux venir ou simplement m’envoyer un hibou, j’habite à Londres, dans le quartier de Camden Town, tu viens ou me contactes quand tu le souhaites ! Dis-toi que tu n’es plus tout seul !

Je crois que je vais suivre ce qu'elle me dit. Je la contacterai sous peu, mais je dois d'abord demander l'autorisation à la directrice de m'absenter. Je ne peux pas faire ça comme ça. Et il va falloir que je sache comment rentrer. Peut-être avec un Portoloin. Ils ne vont pas faire venir le Poudlard Express juste pour moi je pense. Et le voyage sera trop long. D'ailleurs, pourquoi uniquement voyager en train alors que le Portoloin est plus rapide ? Bref, c'est pas le sujet.

- Pas de soucis, je sais comment te contacter du coup. Ma mère habite aussi à Londres, donc ça devrait aller. J'habitde dans le quartier de Chalk Farm, c'est juste à côté il me semble. Et tu sais comment je pourrai rentrer chez moi depuis le château ?

De la reconnaissance, c’est ce que j’entends dans sa voix. Je lève les bras comme pour dire « C’est comme ça que veux-tu ? Je ne pouvais pas te laisser ainsi dans ta peine ». Il n’était pas dans mes habitudes d’aider les gens de la sorte. Je sais pas…je me sentais d’humeur et j’étais parvenue à ressentir rapidement la peine du jeune sorcier sans même avoir vécu les mêmes choses que lui. Ma famille ne m’importait peu. Alors je conteste de la tête, tout en restant silence. Inutile qu’il ait peur, si je n’avais pas voulu l’aider, je l’aurais tout simplement rejeter. Pourquoi se prendre la tête pour de toutes petites choses ? Prendre la main que l’on peut nous tendre pouvait nous soulager d’un poids. Je veux qu’il ressente cela. Ce sentiment de ne plus être seule, de se sentir soutenu même lorsque tout semble s’écrouler autour de nous. Une tornade qui dévasterait une ville entière et dont on serait seuls survivants. C’était ce que j’avais ressenti en compagnie de Theya après ma tentative de suicide. La savoir ici, près de moi, m’avait donné la force de battre et l’envie de vivre. Et aujourd’hui, voilà où j’en étais.

Je lui souris alors, pose même ma main sur la sienne en guise d’encouragement, de réconfort. Je bois une ou plusieurs gorgées de mon verre que je n’avais pas vraiment eu le temps d’apprécier tandis qu’Ethan me posait une question. Je fronce les sourcils pour montrer mon petit temps de réflexions. Il me fallait revenir au moins quatre ans en arrière pour me souvenir de tout cela. Ça commençait à faire.

- En demandant l’autorisation à la Direction, tu devrais peut-être avoir l’autorisation de rentrer par Portoloin. Sinon, tu m’envoies un hibou, je débarque et je t’y emmène en transplanat. Bon je le conçois, c’est pas le voyage le plus agréable, surtout pour celui qui « subit ». Mais au moins, c’est rapide, simple et efficace.

Je hausse les épaules pour illustrer mes dires. Sourire encourageant, regard amical.

- Écoute, tu sais où je vis, donc tu sais où me trouver ! Si jamais tu as un besoin en urgence, n’hésite pas à venir me voir chez Barjow&Beurk, mon lieu de travail. Je prends toujours dix minutes pour discuter, tant que je n’abuse pas. Je dois y aller, mais surtout, accroche-toi en attendant que l’on aille voir ta famille !

Un petit clin d’œil, mon verre avalé cul sec et me voilà partie, de retour dans les rues de Prè-au-Lard.

[Départ de Lore, Merci Ethan, je te laisse me contacter si tu veux une suite !]

Arty

Saison 29 - Fin Automne

Des jours qui me paraissaient être des mois. De longues journées passées à attendre, à l’attendre. Depuis son départ de la forêt de Cambridge à côté des flammes et de l’odeur de brûlé, j’étais sans nouvelles. Je ne savais même pas où on en était dans notre relation. Un simple besoin de digérer les horribles paroles que je lui avais dites sur le coup d’une colère que je n’avais pu contrôler. Ce moment où tout n’est que tension et où les mots ne peuvent simplement pas rester à leur place. Je n’avais pas cherché à le voir pour le moment, je souhaitais lui laisser le temps nécessaire, je savais qu’il ne me laisserait pas indéfiniment sans réponse. S’il me respectait trop comme il me l’avait dit, il m’enverrait au moins Kévin. Alors je restais le soir, à guetter l’arrivée du hibou qui m’apporterait – je l’espère – une bonne nouvelle. Cependant, les jours se succédaient sans le moindre signe et je commençais sérieusement à désespérer. À tel point que j’en venais presque à croire qu’il avait pris sa décision et qu’il ne reviendrait pas. Évidemment, je n’étais absolument pas d’accord avec cette option.

Alors, dans un élan de courage – si on pouvait appeler ça comme ça – je bondis sur mes jambes, enfile une paire de baskets et me rue à l’extérieur. Je n’avais pas regardé l’heure, mais la nuit était tombée en cette soirée glaciale et hivernale. Une belle soirée de décembre. Les décorations de Noël déjà accrochées dans les rues. En temps normal, je prenais toujours le temps d’admirer les lumières qui scintillaient. Je n’avais jamais eu le droit à un vrai Noël. Je passais les fêtes avec Sunny en général, pendant que mon père et ma tante profitaient des repas en famille. Ce soir, je traverse la ville sans les voir, à la recherche d’un coin tranquille, à l’abri des regards, pour transplaner jusqu'à Pré-au-Lard. Je marche d’un pas vif, sans la moindre hésitation. Je sais parfaitement où je vais. Resserrant mon écharpe pour ne pas laisser le vent me chatouiller la peau, je m’avance vers l’entrée des Trois Balais à l’heure de la fermeture. Je pousse la porte du bar, j’espère qu’il est là. Seul, de préférence.

Mais personne. Ni dans la salle, ni au niveau du comptoir, rien. Je jette un rapide coup d’œil à la Mezzanine, vide aussi. Je m’installe au bar – je fais comme chez moi – il y avait forcément quelqu'un. Un bruit provient d’un endroit que je ne peux voir, probablement la réserve. Je patiente sagement. Qu'il s’agissait de lui ou de quelqu'un d’autre importait peu. La personne pourrait me renseigner après tout. Mes doigts tapotent nerveusement sur le comptoir, une boule au ventre mélangée à l’envie de me retrouver nez à nez avec lui. Ne pas lui laisser le choix de me voir, ce soir. Qu’il sache que l’attente était beaucoup trop longue. Les pas se rapprochent, se rapprochent jusqu'à ce que je le vois. C’est un soulagement qui doit se voir sur mon visage. Il était là, semblait en bonne forme. Pourtant, l’apercevoir ici confirme mes doutes : il m’évitait. Je lance tout de même un Salut, comme si je venais à la rencontre de mon coup de cœur du collège. Tu sers encore ou c’est fini ? Ou comment essayer de faire la conversation pour éviter d’en venir au fait. Bonne idée ? Je ne sais pas.

Les petits pas de danse et le fredonnement rêveur n’étaient là que pour retarder allonger le moment où il retrouverait son immensément gigantesque et solitaire lit à la Cabane. Azaël refusait d’accepter de partager la couette, pensant faussement que la colocation était amplement suffisante, n’y voyez rien de croustillant, Arty avait juste incroyablement besoin de câlins : sed non satiata, comme dirait ~~Lïnwe~~ Baudelaire. Alors, il terminait de remettre en ordre l’Arrière salle de la façon la plus moldue qui soit, un coup de chiffon sur chaque table et suspendre une chaise après l’autre, lentement. Il y pense brièvement, mais avoir des serveurs lui faciliterait largement la tâche, et lui permettrait en plus de cela, d’expérimenter sa tyrannie. Un dernier coup d’œil à cette partie prête pour la journée du lendemain et c’est cabriole maîtrisée pour rejoindre le bar. Mais les baskets n’ont pas le temps de sautiller qu’un déglutissement vient arrêter leur mouvement coupé court. Bouille surprise de l’enfant pris sur le fait, Arty bloqué devant la vue de Loredana assise au bar. C’est qu’il aurait du penser à fermer à clefs, d’autres sont morts en se montrant si stupides. Non pas qu’il n’était pas heureux de voir l’Amoureuse, au contraire, mais en tant que gangster il devait apprendre à se montrer plus intelligent.

Il se mord la joue intérieure de ne pas trop sourire, ne pas dévoiler immédiatement à quel point il palpitait, quand bien même ses genoux tremblotaient d’accourir près d’Elle. Même lui rendre son salut lui prendrait quelques secondes, le temps que les méninges se remettent à tourner correctement - avait-il rougi ? Dans tous les cas, rien dans ses traits ne montrait une once de colère ou de contrariété - son lunatisme me tuera. Il avait suffisamment boudé, avait combattu vaillamment son cœur qui voulait absolument retourner la voir, mais elle était là, par conséquent, il avait gagné. Encore bribes d’instants pour savourer à la fois sa cuisante victoire et la contemplation qu’elle lui offrait - elle avait manqué. Il note rapidement que la couleur de ses cheveux n’avait pas varié d’un chouilla, rendant son coeur davantage battant : il lui avait manqué aussi. Bonsoir. Enfin. Il se remet en mouvement, posant délicatement le torchon sur son épaule, par dessous la bretelle mécontente d’être à moitié cachée, cliché du serveur élégant, et va se placer derrière le bar. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir Miss ? Son regard malicieux rit du vouvoiement et de la fausse non-connaissance. Je n’peux rien cuisiner, fermeture etc, mais puisque vous m’avez l’air tout à fait charmante, j’peux vous servir un verre. C’est qu’il flirt en plus le Fripon, en souriant et lui tendant la carte, comme si de rien n’était. Comme s’il n’avait pas fait le mort pendant des jours attendant désespérément qu’elle vienne le voir - cette horrible habitude de se faire désirer.

Un regard surpris, mais pas de signe de colère apparent, pas de bloc de glace qui se dresse entre nous. Des joues légèrement rouges, un sourire que je vois se dessiner sur son visage. Timide, mais bien présent. Quelques secondes s’écoulent avant qu’il ne s’adresse à moi, réponde à ma politesse, à cette conversation lancée. Il prend le rôle du parfait serveur, poli, vouvoyant ses clients. Un rire léger s’échappe de mes lèvres, tellement soulagée de constater qu’il ne me rejetait pas. J’hésite entre lui avouer à quel point il me manquait et entrer dans son jeu et me faire passer pour la cliente qui se laisse séduire. J’opte pour la seconde option. Je prends la carte, non sans lui lancer un de mes regards de séductrice, les souvenirs de nos débuts – on y était toujours – remontent à la surface. Un verre ça m’ira très bien. Je regarde la carte avec un air faussement concentré, les yeux se plissant de temps en temps en lisant les idées frivoles que ce bar pouvait avoir. Mmmmh tiens servez-moi un Ty’Boop s’il vous plait, que je vous vois à l’œuvre en train de faire un cocktail. Le petit jeu continue, je laisse le temps nous rapprocher. Je ne lui en voulais même pas, mes mots avaient été d’une telle violence que c’était tout ce que je méritais. Il réagissait finalement plutôt bien. J’espérais que plus jamais ça explose autant entre-nous. Ne plus s’arrêter sur les fantômes du passé. Ils n’étaient plus dans ma tête. Les derniers souvenirs détruits.

Je tends la main vers le serveur, il était temps de faire les présentations officiellement. Loredana Lydia Sparks, avait-il déjà entendu mon nom complet ? Enchantée, étranger. Un clin d’œil en direction du Poufsouffle. À l’intérieur de moi, mon cœur bat à tout rompre, la décharge électrique me parcours le corps jusqu’au bout des doigts. L’avoir en face de moi montrait que rien n’avait changé. Une question me titillait la langue cependant, je n’osais pas la poser, quitter ce rôle de la parfaite cliente : M’en voulait-il encore pour avoir balancé de telles atrocités ? J’espérais un réel signe, que le vrai Arty montre aussi que sa rancœur avait fini par s’envoler, qu’il n’attendait que ma venue. Il s’avait se faire attendre. Quant à moi, je ne peux empêcher mes cheveux de couleur. Un déblocage probablement dû à cette douce sensation provoquée par l’envol de cette boule qui avait pris place au creux de mon ventre après le départ d’Arty. Cheveux d’un léger violet qui domine mon brun habituel, mes yeux pétillants ne le lâcher pas des yeux. Une Loredana amoureuse ne savait pas faire semblant.

Ils se rendaient dingues. Mutuellement. Tout simplement. Des jours de ça c’était cris, crime, châtiments et objets volants, ce soir des regards doux au-dessus d’un comptoir. Mais après tout, mieux valait ça qu’au-dessus d’un cadavre fulminant qui était, soyons honnêtes, une activité pas super très saine. Il avait souri de friponnerie en entendant la commande de l’Amoureuse, ce cocktail faisait fureur lorsqu’il s’agissait d’un tête à tête taquin. Mais avant de se mettre réellement au travail, il y eut ce tout petit instant pétillant où il avait accueilli entre ses doigts la main de la Gryffondor pour se présenter seulement d’un Arty ! C’est qu’il ne dévoilait pas son identité à n’importe qui. Pour autant, les lèvres s’étaient légèrement étirées à la révélation du prénom en entier de la jeune femme – enfin, il le connaissait. Continuer de faire semblant que le cœur ne s’était pas embrasé à ce mince contact de rien du tout, anodin en réalité, compte tenu de leur relation, mais il fallait avouer que le Blaireautin s’était parfois posé la question – et s’ils ne se retrouvaient pas. Ainsi c’est une réjouissante nouvelle que les étincelles créées par ce serrage de mains joueur.

Un Ty’Boop pour Mademoiselle donc ! Il retrousse rapidement professionnellement les manches de sa chemise - tant qu’il le pouvait encore - mettre en avant ses bras sublimes de préparateurs de cocktails - c’est lui qui le dit. Pour l’instant simplement tournoyer pour s’emparer des différents ingrédients et s’il avait bien entendu le nom du cocktail résonner dans ses tympans, ces derniers ne seraient pas vraiment malicieux s’ils ne modifiaient pas quelque peu la recette. C’est ainsi que discrètement, parce son côté du comptoir était caché, il s’empare de la fiole du Veritaserum et quelques feuilles de cette fameuse plante désinhibinatrice. Le combo parfaitement parfait du Ty’Boop et de l’Honesty, parce que le Poufsouffle savait s’amuser. Enfiler l’ensemble dans un sensationnel shaker qui fournirait assez de liquide pour deux verres remplis – c’est que le Diablotin voulait lui aussi goûter à l’amusement.
Les bras se mettent à l’ouvrage, entre retournement et pirouettes presque maîtrisées. Il n’y avait pas plus beau compliment pour Arty qu’accepter d’être sage spectateur à une de ses fabuleuses démonstrations. Évidemment, il n’avait pas encore atteint le niveau d’Azaël qui occupait cette place derrière le bar avant lui, mais il y parviendrait, un jour, après des millions de cocktail servis. Immédiatement, verser la délicieuse boisson dans les récipients avant de les agrémenter d’une magnifique paille en bambou – je l’ai décidé – il les dépose sur le comptoir. Lui rendre son clin d’œil précédent en précisant : Vous me payez un verre ce soir. Il l’avait amplement mérité. Le terrible sujet avait été joliment évité jusqu’ici, les paroles qui faisaient encore écho dans sa cage thoracique vexée, et pourtant, radieux, il n’affichait rien d’autre que la joie sur son visage de Filou qui s’approche de la paille afin d’inaugurer le cocktail. Il ne quitte pas des yeux l’Amoureuse, se demande vaguement quand est-ce que le jeu chavirerait, quand est-ce qu’elle l’embrasserait.

Il se redresse, un coude nonchalamment posé sur le bois et les boucles lovées dans sa paume de main patiente, alors qu’est-ce qui vous amène à boire un verre si tard, ce soir ? Étonnant comment la voix du Loup pouvait se faire adorablement mélodieuse, quand il était question de charmer, il ne chipotait pas.

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C’est un véritable spectacle que m’offre le Poufsouffle. Un véritable Barman qui se donne à fond dans la préparation du cocktail que j’avais demandé. La tête entre les deux paumes de ma main, je suis véritable spectatrice et le dévore des yeux de la tête aux pieds. C’est fou ce qu’il pouvait être séduisant. Je résiste à l’envie de passer derrière le comptoir pour le prendre dans mes bras. Je voulais rester encore un petit peu dans le rôle de la cliente venant boire un dernier verre avant de rentrer dans son appartement vide. Bien trop vide ces derniers jours, même. Mes animaux seuls pour me tenir compagnie. Heureusement qu’ils étaient là pour animer ce lieu devenu morbide depuis les dernières péripéties. Je pensais à déménager. L’idée me rongeait l’esprit de plus en plus. Je m’étais empêchée d’écouter aux portes lorsque la famille de la voisine était venue, et avait frappé dans le vide. Je secoue la tête pour un retour à la réalité. Ce n’est pas un, mais deux verres qui se posent sur le bar. C’est avec plaisir que je vous offre un verre, Arty. Je m’empresse de goûter cette boisson qui allait probablement me faire rapidement oublier tout. C’est fort, oui, mais je ressens le sucré, c’est un mélange agréable qui me réchauffe immédiatement. Aussi, je ne tarde pas à retirer mon écharpe qui commençait à être de trop.

Une, puis deux, puis trois gorgées, c’est fou ce que ça descend vite avec une paille. Je ne réfléchis même pas à la question qu’il vient de me poser, les mots sortent instantanément. Impossible de les contrôler. Je suis venue voir si mon Amoureux voulait encore de moi après tous ces jours sans nouvelles. Mais je vois que ça a l’air d’aller et je suis soulagée d’être accueillie de la sorte. Un sourire envers le Lycanthrope, même si je n’avais pas spécialement voulu sortir ces phrases. C’était spontané et je ne pouvais les retenir. Je continue de siroter mon cocktail, sans lâcher le Poufsouffle des yeux. Vous êtes vraiment très beau. Décidément, il n’y avait absolument plus aucun filtre, le tout sans abandonner ce personnage que je venais de créer. L’honnêteté pure, pas de restriction, mon corps semblait l’avoir décidé ainsi. Aucune possibilité de le contrôler, c’était lui qui avait le dessus. J’ai presque envie de tendre la main pour la poser sur sa joue, mais ça je peux encore le retenir. Aller doucement et le laisser aussi venir à moi. J’avais fait l’effort de venir jusqu’ici, alors que j’aurais pu attendre encore et encore, à guetter l’arrivée d’une lettre. Des projets pour ce soir, Monsieur Arty ? J''étais parfaitement dans mon rôle de cliente séduite par le beau serveur.

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Il fallait remercier le bois du comptoir qui s’élevait entre eux. Pas de précipitation, pas de proximité absolue bien au contraire, une réticence même à se laisser complètement aller. Le Poufsouffle, la paille toujours entre les dents, admire avec jubilation la jeune femme se délectant de sa boisson, rapidement, sa langue se délie, enflammant les zygomatiques d’Arty. Il avait désormais l’absolue certitude que ces quelques jours n’avaient été qu’une triste parenthèse pratiquement déjà fermée et non pas un terrible, terrible point final. Les rétines scintillent face à l’honnête compliment, et après avoir pris une énième gorgée, il ne peut retenir ses doigts épris d’une liberté romantique d’aller s’emmêler dans une des mèches parfaites violettes de la Métamorphomage, vous n’êtes pas mal non plus, étonnant comment il était encore capable, pour le moment, d’employer des euphémismes. Un seul projet pour ce soir, Mademoiselle, vous attirer dans mon lit. Il n’a même pas le temps de se mordre la langue de sa désinvolture qu’un éclat de rire le prend subitement, secouant les boucles déjà fiévreuses et quittant la chevelure de l’Amoureuse. Oups ! Pardon, s’excuser immédiatement de tels propos, j’ai mis du Veritaserum dans nos verres ! Il continue de rire doucement, stupid boy qui avoue directement sa bêtise, j’aurais dû en mettre que dans le tien ! Le voici brièvement sorti de son rôle, décidément, tout dégringolait, mais je trouvais ça rigolo. Qu’elle ne pense pas que c’était un quelconque piège. Il termine précipitamment son verre avant de se redresser. Ce type de boissons avait l’excellente qualité d’exacerber certes son côté Fripon, mais surtout son hyperactivité. Je nous en refais d’autres !

Pas de secondes qui s’échappent que ses mains vadrouillent déjà sur le plan de travail, vite vite vite, de façon plus brouillonne et automatique que la première fois, ressortir deux nouveaux verres et les remplir de l’exact même chaleureux liquide cocktailé. Celui-ci est offert par la maison, il le glisse jusqu’à la Gryffondor avant de s’emparer de son propre verre et de franchir la frontière du comptoir. Dangereux risque qu’il prend, tout simplement parce qu’il est brave aventurier. Il s’apprête à rejoindre un des tabourets mais ne peut s’empêcher de jouer-titiller. Passer juste derrière elle, effleurer de la main le dos de son pull coloré et y faufiler un simple : j’vais m’asseoir là-bas, en désignant l’autre extrémité du bar, c’est plus prudent. Quelle excuse était-ce là, une boutade lancée dans un sourire narquois. La satisfaction de vouloir la faire frissonner pour ensuite gambiller de l'autre côté.
Prendre place comme un trône – après tout, c’était son bar, presque – et poursuivre malicieusement la comédie. Votre amoureux serait fou de ne plus vouloir de vous. Oui, c’était comme une belle déclaration qui vient glisser sur le bois jusqu’à Elle. Qu’est-ce que vous avez bien pu faire pour craindre ça ? De loin, il continuait de la fixer longuement, reprenant une longue longue gorgée, c’est une véritable jonglerie de l’esprit qu’il essayait d’effectuer là, sûrement pour la pousser à s’excuser de nouveau, la pousser à révéler exactement ce qu’elle avait pu penser, la pousser à revenir, vraiment.

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C’est avec étonnement que je le regarde, la surprise de ses mots qu’il venait d’employer. Au moins, il n’y allait pas par quatre-chemins et j’étais tout de même ravie d’apprendre qu’il s’agissait là de son objectif de la soirée. Je le suis dans son éclat de rire, quel bien fou cela faisait de le retrouver. Les jours passaient bien trop lentement sans lui, et plus lorsque j’attendais dans la plus grande ignorance. Mes yeux se posent sur mon verre, attends quoi ? Du véritaserum, en voilà une drôle d’idée. Cela aurait pu m’irriter, mais il n’en est rien. Au contraire, je trouve cela plutôt amusant. Vous essayez de me soutirer des informations ? Un sourcil levé et un sourire plein de malice au coin des lèvres. Après tout, s’il en avait aussi mis dans le sien, c’est que ses intentions n’étaient pas si mauvaises que cela. Moi aussi je pouvais jouer à ça. Les verres vides sont vite remplacés par de nouveaux. Encore une belle soirée de retrouvailles qui s’annonce. Toujours sous cette tension qui nous domine, cette envie que l’on a tous les deux – c’est évident – de se jeter l’un sur l’autre. Il fallait y aller en douceur, lentement. Ça, on savait y faire quand il était question de faire perdre la tête à l’autre.

La main qui effleure mon dos rend la tâche bien plus difficile. Le comptoir qui nous séparait était ce qui nous permettait de marquer une certaine distance. Maintenant, rien ne m’obligeait à rester ici, je n’avais juste qu’à me déplacer de quelques tabourets. Je ne fais rien, continue de le fixer avec envie en buvant encore quelques gorgées de ce cocktail piégé. J’essaie de me retenir, j’avais envie de réfléchir à la question qu’il me posait. Remettre mes idées en place afin d’être certaine de ne pas dire une chose de travers, de ne pas risquer de le faire s’éloigner encore. Malheureusement, impossible, les mots sortent de ma bouche avant même de passer par mon esprit. Je suis une idiote. Au moins, ça, ça lui fera peut-être plaisir. J’ai eu des mots déplacés, qui ont dépassé ma pensée. La colère a parlé à ma place et le retour en arrière n’a pas été possible. Il ne pouvait que croire en cette vérité.

Je me lève de mon tabouret sans le lâcher du regard. Je m’approche doucement, verre à la main, et m’installe le plus près possible de lui – nous genoux sont en contact. Maintenant, il n’a peut-être plus confiance en moi. Les doutes refoulés sortent malgré eux. Mes doigts vont se perdre dans les boucles du Poufsouffle. Le cœur bat à tout rompre, cette proximité peut me faire perdre tout contrôle. Je me perds un instant dans cette contemplation, retenant tous les traits du visage d’Arty. Il se dessine dans ma tête. À votre avis, que dois-je faire pour me faire pardonner ? L’avantage, c’est que je savais qu’il allait me répondre. Qu’il allait me guider malgré lui. Je ne voulais plus faire de faux-pas, que cet éloignement soit le dernier. Une telle relation ne pouvait être brisée de la sorte, à cause d’une colère incontrôlée des deux côtés. Bien plus nous attendait à l'avenir.

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La pulpe des doigts commençait vivement à pétiller pétiller tandis que se formait dans le cervelet un brouillard coloré de ce qu’il avait déjà ingéré. Et ce n’était clairement pas ainsi qu’il parviendrait à soutirer quelconques informations de la bouche tant regardée observée désirée de l’Amoureuse - à quand le baiser ? Rien que sur son tabouret, le Blaireautin ne parvient pas à l’immobilité, tapoter des pieds gigoter. Les boucles s’agitent, sentent pertinemment qu’il serait difficile pour lui de poursuive l’échange joueur tant les idées bousculaient les méninges noyées. Et pourtant, il continue de siroter joyeusement son cocktail qui se vidait dangereusement - s’arrêter avant que l’estomac ne soit retourné, ce ne serait pas une belle fin de soirée. Il hoche la tête exagérément pour signifier qu’il était absolument tout à fait d’accord - elle avait été idiote. Il s’apprête d’ailleurs à lui dire mais ses yeux s’écarquillent en voyant la Gryffondor s’approcher s’approcher encore, mimer des non non non non, il savait qu’il finirait par craquer, tout enflammé-sanguin qu’il était. D’ailleurs, rien que son genou contre le sien, il perd pied, la poitrine battante. Et ce geste, fabuleux admirable qu’il apprécie tant, lorsqu’elle passe sa main dans ses cheveux. Arrête, enfin, pas les caresses, le jeu avait lui aussi disparu - presque - c’est que l’effet de la boisson était forcément rapide pour un cerveau déjà trop acrobate, tu dis des bêtises ! Il s’empare de sa main, la fait danser avec la sienne, c’est pas à cause d’une broutille pareille que je vais perdre confiance en toi ! Une broutille, oui, c’était le mot qu’il avait employé.

C’est ainsi que cela lui semblait tout à fait, un événement du passé où c’est vrai que je me suis un peu un tooouuut petit petit petit peu trop emporté, il assumait ! Comment vont les voisins ? Subitement comme ça sans transition aucune. Il s’en contre fiche complètement en réalité, puisqu’il a désormais lâché les doigts de Loredana pour aller s’amuser avec le bas de son pull, gaiement, titiller l’envie terrible de le lui retirer, ne pas pouvoir rester focalisé sur une seule et même pensée.
Ce flux débordant abondant d’émotions et de questions le fait se rapprocher du nez de la Métamorphomage, c’est qu’il y avait bien une chose qui restait accrochée à son front exalté - l’embrasser l’embrasser l’embrasser. Ce moment parfait de roulement de tambours avant que les lèvres ne se touchent finalement, s’approcher encore faire durer l’attente étincelante.

Faut que je range la salle ! Bond en arrière. Koko va râler ! Oui bien sûr, c’était exactement le bon moment et en plus de cela un terrible mensonge, non en fait elle va pas râler, merci le Veritaserum, c’est juste que je dois bouger bouger bouger sa langue non plus ne s’arrêtait pas que j’ai envie de t’embrasser mais jamais JAMAIS je ne serai le premier, c’est toi qui as été méchante ! Mais terriblement gentille d’avoir franchi la porte des Trois Balais, mais un peu gentille quand même, ça n’a plus aucun sens, il trottine sautille jusqu’aux tables pour y donner un coup de chiffon - qu’il a oublié - zut zut zut virevolte face au bar pour le prendre d’assaut. Alors, tel un chevalier prêt à jouter il prend son élan et finalement court court court espère passer au delà du comptoir d’un saut maitrisé : aaah non non non trop haut ![/color] Mission inachevée le voici en réalité complètement allongé sur le ventre, sur le bar, grimaçant du mouvement des entrailles retournées. Appuyé sur ses coudes comme si cette abracadabrante figure n’avait pas été surprenante, il se met alors à compter sur ses doigts, pour te faire pardonner, vous faire, bref, toi moi, tu peux : un, me faire des papouilles, c’est qu’il redevenait terriblement enfantin lorsque le sang se faisait enivré, deux, une belle déclaration d’amour, trois, m’acheter une nouvelle trottinette, rien à voir mais que dit-il faites le taire ! quatre, m’embrasser, cinq, m’embrasser.
Et il lui sourit, béatement.