[RDC] Salon

[HRPG: Je vais chipoter (non, pas le fouet!) mais je ne voyais pas Abygael parler sèchement. Elle parlerait plutôt naturellement, l'air de rien, sans cacher sa tension tout de même.]

Alors là, pas du tout. Je m'étais complètement trompée, Claire ne comprenait pas ma méfiance et mes paroles semblèrent lui faire mal. Ses sourcils se plissèrent quand je lui demandai si le chef était au courant de sa présence:

- Bien sur, j'ai contacté Nathalie avant de revenir il y a plusieurs jours.

Elle connaissait l'identité de la personne à la tête de l'Ordre mais cela ne prouvait aucunement qu'elle ne mentait pas. J'ignorais quelles informations détenaient mangemorts ou Aurors. Ne voulant pas tourner autour du pot, je lui dis directement ce que je pensais et en voyant son visage se décomposer j'eus l'impression qu'une baffe n'aurait pas eu plus d'effet.

- Je suis arrivée chez les Phénix, je devais avoir à peu près ton âge, j'étais en septième année à Poudlard dans la maison de Gryffondor. J'ai décidé de me battre parce que je déteste plus que tout la magie noir pour des raisons... personnelles je vais dire. Je suis restée Phénix pendant plus de trois ans et j'ai vu aussi bien la souffrance que la mort mais j'ai aussi fait de magnifique rencontre dans ce QG. J'ai décidé de partir pour régler certains problèmes qu'ils ont été résolues il y a quelques mois à peine. A la naissance de ma fille, je me suis rendue compte que ma place n'était pas chez moi mais ici et je refuse de ne pas tout mettre en oeuvre pour combattre les Mangemorts, je ne veux pas que ma fille vive dans un monde ou la magie noir règne. C'est hors de questions.

J'étais toute ouïe, surprise de voir qu'elle m'accordait tant de confiance pour me raconter cela. Elle avait vraiment envie de faire ma connaissance au point de prendre des risques pour que je fus moins méfiante. Le fait qu'elle me parla de sa fille surtout m'étonna. Je n'avais jamais imaginé être mère, cependant je supposai que si tel était le cas je ne mentionnerai jamais mes enfants devant un inconnu.

- Il semblait pourtant qu'on apprenait aux nouveaux que seul les véritables Phénix pouvaient rentrer dans cette maison qui est la notre, dit-elle d'un air désolé. Tu n'as rien à craindre de moi et je ne sais pas quoi te dire de plus pour te rassurer mais sache que le serment inviolable m'a toujours lié à l'Ordre et que mon Gallion magique est à nouveau dans ma poche.

Elle me le montra et je fus soulagée d'avoir une preuve tangible de sa bonne foi. Okay, c'est pas une méchante, souffle un peu Abyss. Un sourire timide commença à naître sur mon visage, lorsque le Professeur Wolf (enfin Arya je n'étais pas à Poudlard) entra dans la pièce. Je fus un peu étonnée de la rencontrer ici à une heure si matinale. Elle vint s'asseoir dans un fauteuil, apparemment elle aussi était d'humeur à faire connaissance avec les nouvelles recrues.

- Je vois que je ne suis pas la seule à être debout à cette heure... Désolée d'interrompre votre discussion. Je suis Arya Wolf, accessoirement professeur de Défense contre les Forces du Mal à Poudlard.

- Bonjour! fis-je avec un petit signe de la tête. Je me tournai alors vers ma première interlocutrice, lui expliquant le pourquoi de ma réaction: Je suis désolée que tu l'aies mal pris, je suis naturellement méfiante et... l'Ordre représente beaucoup pour moi, tu vois ? Je ne voudrais pas que mon imprudence mette tout le monde en danger.

Je fis une pause, cherchant un autre sujet de conversation. Commencer de bon matin par des discussions sérieuses, voir tristes, c'était mal démarrer la journée... Pourtant, maintenant que l'on venait d'aborder le sujet, qui n'était pas plein de gravité ni vraiment un sujet "léger", je ne pouvais pas facilement retourner en arrière. Claire attendait sûrement une réponse un peu plus poussée, après ce qu'elle venait de me dire il aurait été normal que je parlas de moi et de ma vie... Cet entretien me rappelait vaguement le jour où j'avais passé la porte du bureau de Nathalie. Je n'étais pas plus disposée à raconter mon histoire qu'avant. D'un côté, le fait de tremper dans l'illégalité (une illégalité pour moi dépourvue de sens: en quoi étions nous blâmables ? mais également une illégalité qui me paraissait "normal": je n'ignorais pas que la loi avait bien des travers, tout comme le gouvernement et les autorités publiques) impliquait une certaine prudence, d'un autre le fait que nous allions bientôt risquer nos vies ensemble encourageait à nouer des relations de confiance. Et elle semblait sincèrement vouloir me connaître... J'optais pour une solution médiane, parler de moi sans me dévoiler, ne dire que le superficiel et passer sous silence ce qui pourrait être dangereux pour mes proches. Car enfin, pour moi, je ne me faisais presque pas de souci. Je n'avais qu'une peur et je savais comment m'en protéger: les barricades du silence.

- A mon tour donc de faire un petit speech ? souris-je pour me donner du courage. J'ai eu une vie cool, j'habitais au fin fond de l'Angleterre où il y a un sacré déficit de mages noirs comparé à ici. Ce n'est pas pour ça que je ne savais pas ce qu'il se passait. Mes parents avaient des nouvelles par des amis ou par la RITM. Ils ne nous cachaient pas qu'il y avait des choses dégueus qui se passaient un peu partout dans le monde, que même bien après Voldemort terminé les mangemorts ne baissaient pas les bras... Bon, ils étaient pas dingue hein, ils ne nous racontaient pas tous les détails croustillants. Ils ne disaient rien pour nous choquer, ne nous faisaient pas croire qu'on vivait dans un monde parfait. Mais ils nous disaient toujours de garder espoir, que nous non plus on ne baisserait jamais les bras. Quand j'étais petite, une amie de la famille s'est fait torturée et tuée. Donc je me faisais vaguement une idée des mangemorts et je les ai jamais vraiment aimé. Je sais pas, tuer, violer, piller, détruire des vies tout ça... C'est plutôt immoral. J'enchaînais les litotes avec un ton ironique. Je ne me rends pas compte de ce que ça veut dire et ça paraît exagéré dans la bouche d'une gamine tout juste majeure, repris-je en parlant très sérieusement malgré mon ton léger et mon visage souriant, mais je me battrais jusqu'au bout contre eux. Parce que ne pas agir, c'est accepter que ces horreurs arrivent et je le refuse.

Ma tirade faisait très "- Bonjour je m'appelle Abygael Thompson et ça fait trois mois à peu près que je n'ai pas frappé de la vermine! J'ai failli rechuter mais il n'y avait aucune preuve pour que ce soit un mage noir donc je me suis retenue... C'était terrible mais j'ai tenu bon. - Bravo Abygael. Continue comme ça, tu peux être fière." Type les hors-la-loi anonymes.

Je me tournai vers Mrs Wolf en souriant:
- Et vous professeur ? Qu'est-ce qui vous a poussé dans le chaudron ?

Elle regardait la jeune Abygael avec des yeux profonds, tentant désespérément de capter la moindre réaction de la part de la jeune demoiselle. Claire se rendait compte qu'elle avait été sèche dans ses paroles ainsi que dans son comportement et regrettait presque d'avoir agit de la sorte. Au fond, cette jeune femme avec qui elle avait échangés quelques paroles était encore jeune et son innocence était en train de s'évanouir peu à peu avec cette arrivée chez les Phénix. Elle aurait aimé être plus douce et plus délicate mais depuis qu'elle avait décidé de revenir dans l'Ordre tout ses principes, ses idées et ses envies avaient changés. Elle n'arrivait plus à comprendre qui elle était et tout ces bouleversements l'empêchait de réfléchir correctement et d'avoir des attitudes correct vis à vis des autres. La vérité c'était qu'elle n'arrivait plus à savoir comment réellement s'y prendre avec des gens qu'elle n'avait jamais vu alors que faire leur connaissance était primordial pour la suite. Elle n'avait que sa fille, sa famille et Zepheryn pour parler. A cette pensée, la jeune maman baissa les yeux vers le sol, prise d'un sentiment de tristesse. Depuis son premier départ de chez les Phénix, la disparition d'Atana, elle n'avait jamais réussi à complètement remonter la pente et c'était enfoncée dans une véritable solitude. C'était affreusement pathétique.

Une marche de l'escalier venait de craquer et quelques secondes plus tard, Arya Wolf apparut dans l'embrasure de la porte. Elle avait un petit ventre de femme enceinte qui ne se voyait que très peu et Claire se rappela automatiquement les neufs mois qu'elle avait passé dans cet état là. Mia était définitivement la plus belle chose qui lui était arrivée dans la vie, un véritable tremplin qui l'avait totalement changée et cela, définitivement. Le plus touchant pour un enfant c'était très certainement leur innocence et le fait qu'ils posent sans arrêt cette question 'Pourquoi ?'. La future mère s'approcha des deux jeunes femmes avant de s'asseoir sur l'un des canapés. Elle se présenta et Abygael la salua tout comme la vélane.

- Bonjour Arya, je suis Claire une ancienne Phénix, j'étais là il y a plusieurs années.

- Je suis désolée que tu l'aies mal pris, je suis naturellement méfiante et... l'Ordre représente beaucoup pour moi, tu vois ? Je ne voudrais pas que mon imprudence mette tout le monde en danger.

- Ne t'inquiète pas, je suis loin de l'avoir mal prit, au contraire. Je comprends ton inquiétude, j'étais à peu près pareil à ton âge.

La jeune Abygael prit la parole, comme pour effacer les quelques sentiments d'incertitudes qui avaient pu régner entre les deux femmes. Elle raconta un partie de sa vie avec détachement et Claire souriait un plus fort à chacune de ses phrases ; visiblement cette jeune Phénix était pleine de vie et semblait apprécier rire. Mais surtout, elle semblait affreusement prête à combattre les Mangemorts et sa hargne était définitivement la même que l'ancienne Gryffondor avait à l'époque. Malheureusement, faire des combats changeaient une personne et marquaient le caractère des gens. Mort, blessure, sang, douleur.

- Et vous professeur ? Qu'est-ce qui vous a poussé dans le chaudron ?

Claire était curieuse de connaitre les raisons de l'arrivée chez les Phénix de cette future maman ; c'était agréable de connaitre un peu plus les gens et quoi de mieux de parler de leur principal point commun : l'Ordre du Phénix, qui semblait à toutes les trois leur tenir à coeur.

HJ : C'est un peu court, je suis désolée, mais c'était histoire de faire avancer les choses. Des bisous les filles Smile

Une fois calée dans le fauteuil, Arya s'étira légèrement. C'était terriblement confortable, et elle s'étonna que ses paupières ne se ferment pas d'elles-mêmes. Décidément, cet accès d'énergie de si bon matin avait vraiment quelque chose d'étrange. Un effet secondaire de la grossesse, peut-être... Si ça continuait comme ça, adieu les plaisirs de la grasse matinée! Elle pourrait aller aux aurores voir son dragon, pour le plus grand bonheur de ceux qui considéraient ça comme une folie. Pour sa part, elle craignait surtout la réaction du Suédois à Museau Court s'il venait à penser qu'elle l'avait abandonné...

" Et vous professeur ? Qu'est-ce qui vous a poussé dans le chaudron ?

La jeune femme s'était perdue dans ses pensées, et la question la ramena brutalement à la réalité. Elle posa son regard sur Abygael, qui venait de la questionner. Elle n'avait suivi la conversation que d'une oreille, mais elle compris sans peine à quoi se rapportait la question. A son engagement dans l'Ordre, bien évidemment. Une question que toute nouvelle recrue se posait à un moment ou à un autre... Pourquoi les présents avaient-ils décidé d'embrasser cette cause, noble et juste, mais dangereuse et illégale? Sa réponse était toute trouvée.

- Hum... Pour faire simple, l'envie de protéger les gens qui m'étaient chers, avant tout. Puis, j'ai eu envie de protéger n'importe quel innocent, qu'il soit ou non un sorcier. De ne pas laisser les crimes des Mangemorts impunis.

Pour l'heure, elle éludait. Beaucoup de gens avaient des proches qui avaient été victimes des Mages Noirs, mais ils n'avaient pas toujours été témoins de la scène. Elle l'avait été, et elle se rappelait encore maintenant, alors que toute cette affaire lui semblait à la fois toujours proche, et terriblement lointaine, à quel point elle s'en était voulue. N'avoir rien pu faire avant qu'il ne soit trop tard, être restée impuissante... Elle devait à la chance plus qu'à sa valeur de combattante à l'époque le fait d'être encore en vie, et de devenir bientôt mère. Certes, elle était déjà une sorcière extrêmement douée à Poudlard, en témoigne l'âge auquel elle est devenue Animagus, mais elle manquait cruellement d'expérience, et de plein d'autres choses qui l'avaient forgée depuis.

- Pour être plus exacte, je me suis décidée à me lancer dans cette voie pour me venger, au tout début. Mon fiancé a été tué par un Mangemort devant mes yeux quand j'avais dix-neuf ans, et je ne dois qu'à la chance le fait d'être encore en vie. J'ai voulu devenir Auror, mais je n'ai pas eu foi dans les méthodes du Ministère. Alors j'ai entendu parler de l'Ordre, et j'ai fini par échouer ici. Les choses ont changé depuis, et mon but est passé de la simple vengeance à la protection du plus de gens possible, mais ça n'a vraiment rien d'héroïque à la base."

Se protéger... Elle était obligée de faire ça constamment. A bien y penser, elle était assise sur une chaise branlante. D'un côté, son compagnon et père de son enfant qui faisait partie des Mangemorts, le groupe même qu'elle traquait et haïssait, et elle tentait tant bien que mal de le ramener dans le droit chemin. De l'autre, son frère aîné, John, faisait partie des Aurors. Elle était constamment obligée de jouer la comédie, de mentir, de protéger ses pensées, afin de ne mettre personne en danger. Elle savait que cela allait encore se corser une fois que le bébé serait né, et c'était une perspective qui l'angoissait. Elle se contenta de se taire et de baisser un instant les yeux sur son ventre.

[HRP: Voilà, j'ai enfin pu répondre quelque chose de convenable, pas super long, mais j'avais de telles pannes d'inspiration depuis un certain temps que ça a mis des plombes avant que je puisse poster quelque chose]

Il pleuvait à torrents, les gouttes d'eau s'écrasaient sur les vitres. Assise dans un des fauteuils, Kyara fixait le mur d'un regard vide. Vide, c'était ce qu'elle était depuis qu'elle avait appris la terrible nouvelle. Nouvelle, qu'elle avait découverte en risquant sa vie durant un combat et en frôlant la mort. Fermant les yeux, la brune inspira alors doucement, afin de ne pas réveiller ses douleurs, tout en se rappelant ce fameux combat. Elle se trouvait à Pré au Lard quand un mangemort avait débarqué. Bien évidemment, Kyara était passée à l'attaque, mais elle s'était fait avoir. Elle avait été touchée aux côtes ainsi qu'au foie pour la deuxième fois. Son arcade sourcilière avait été atteinte et elle s'était cassée le poignet. Bref, Kyara s'était prit une pâté et avait perdu beaucoup de sang. Elle aurait dû être morte à l'heure qu'il est et pourtant elle ne l'était pas. Le comble dans l'histoire étant que le mangemort qui l'avait à moitié tué, l'avait aussi sauvé ....

Kyara était clouée au sol en train de se vider de son sang, lorsque son ennemi s'était approché et s'était figé. Il pleuvait aussi ce jour là et la serpentard portait une capuche. Ainsi son adversaire n'avait pas pu voir contre qui il se battait, jusqu'à ce qu'il s'approche d'elle. Le souffle court, Kyara sentait sa vie s'échapper d'elle et elle luttait pour ne pas tomber dans l'inconscient, jusqu'à ce qu'un détail la frappe et qu'elle se fige à son tour. Elle connaissait le mangemort se trouvant devant elle. Elle le reconnu à ses yeux. Elle avait vu ce regard des centaines de fois et le peu de sang qui lui restait dans ses veines n'avait fait qu'un tour. Elle n'avait pas voulu y croire au début, pas du tout même jusqu'à ce que son adversaire enlève son masque et que Kyara constate qu'elle avait raison.

Elle venait de se battre contre sa cousine. Contre sa famille. Axelle se tenait devant elle. Axelle était un mangemort. Crachant du sang, Kyara avait tenté de parler, mais elle n'avait pas réussi. Si elle avait pu, elle aurait demandé quelque chose dans le genre : Et maintenant ? Qu'est ce qu'on fait ? Tu m'achèves et on en parle plus ? . Les mots n'étaient pas sortis, mais elle fit passer le message dans son regard avant que ce dernier ne se brouille. C'était pathétique que de se faire battre par sa cousine, plus jeune. Kyara avait de nouveau lutté, mais cette fois ci elle avait perdu le combat et avait perdu connaissance, sans savoir si elle se réveillerait ou pas.

Un éclair sorti la brune de ses pensées. Ouvrant les yeux, elle tourna alors la tête et regarda par la fenêtre. Au final, elle s'était réveillée. Axelle, l'avait sauvé. Elle lui avait prodigué quelques soins avant de la transporter dans un endroit sûr et de s'en aller. C'était seule, que Kyara s'était réveillée en se tordant de douleur. Cela faisait trois jours que le combat avait eu lieu et elle n'était pas allée voir un médicomage ni rien. Elle savait que cela était dangereux, mais elle n'en avait rien à faire du tout. Pendant ses trois jours, la Française avait réfléchi, beaucoup même pesant le pour et le contre avant de prendre une décision. Elle avait du faire un choix entre sa famille et ses frères d'armes. Soit elle protégeait Axelle, soit elle la dénonçait et même en ne la dénonçant pas il y avait un risque que cette dernière ne se retrouve de nouveau face à Kyara pour un combat; ce qui était hors de question.

Depuis toujours pour Kyara, c'était la famille qui était le plus important. De ce fait, elle avait choisi la famille et allait quitter l'Ordre du Phénix à son plus grand regret. Le coeur lourd, Kyara se leva alors tant bien que mal et se mit à tousser. Sortant un mouchoir, elle toussa alors dedans et constata qu'elle venait de le tacher de sang. Inspirant, elle rejoignit le bureau et s'installa devant avant de prendre un parchemin et une plume. La trempant dans un encrier, elle commença alors à écrire.

Spoiler:

Levant sa plume, la main tremblante, Kyara constata qu'elle était en train de pleurer et que quelques larmes s'étaient écrasées sur son parchemin. Il valait mieux que ce soit ça que du sang. Roulant le parchemin, elle l'attacha alors avec un ruban avant de noter les initiales de ses frères et soeurs d'armes et de mettre le rouleau bien en évidence sur le bureau.

Elle avait du mentir sur les raisons de son départ, mais elle ne pouvait pas dire que c'était à cause d'Axelle et que pour elle la famille était ce qu'il y avait de plus important. Il était hors de question pour elle de se battre de nouveau contre sa cousine, de peur de la perdre. Elle avait déjà perdu trop de gens et tant pis si ce n'était pas le meilleur choix.

Prenant son sac avec les quelques affaires qu'elle avait, Kyara regarda une dernière fois le salon, tentant d’imprégner dans sa mémoire tous les détails avant de partir sans se retourner et de quitter le QG. Pour elle, c'était fini l'Ordre. Elle redevenait une citoyenne normale et allait devoir vivre avec.

La première chose que je fis en arrivant au QG fut un détour par la cuisine. C'était devenu une sorte de manie, à peine faisais-je un pas dans le hall que je bifurquais en direction de la cuisine et inspectais les placards à la recherche de quelque chose à me mettre sous la dent. Il y avait eu une longue période chocolat réconfortante, dorénavant je me contentais de saisir un fruit quelconque dans la corbeille. Le fruit en main j'arpentais ensuite le manoir en vérifiant que tout était en ordre avant de me poser dans le quartier général et de faire le point sur la situation de la semaine en lisant divers journaux et en écoutant la radio jusqu'à ce que Kyara ou Franck me rejoigne si ce n'était déjà fait. Nous partions dans de grandes discussions sur l'actualité, ce que nous pourrions faire, échangions des avis et des idées ou parfois restions simplement ensemble à lire nos documents dans un silence confiant. Parfois, lorsque la silhouette d'un sorcier sur le journal me paraissait familière, j'allais jusqu'au bureau pour fouiller les archives et c'était l'occasion de ressortir quelques vieilleries au grand jour. Pourtant nos recherches se terminaient souvent avec cette impression habituelle de tourner en rond.

Nous étions particulièrement préoccupés par les lettres de Dumbledore qui furent publiées dans la presse, cela coïncidait avec une période relativement calme des activités mangemoresques. En réalité, hormis quelques courtes missions çà et là pour tirer au clair quelque affaire nous paraissant obscure ou possiblement liée aux mangemorts, c'était le calme plat. Nous avions bien quelques vagues soupçons mais les mages noirs se terraient et en conséquence nous n'avions qu'à faire de même et attendre que l'un d'entre eux nous laissa accidentellement un indice quand ils se manifesteraient. Mais le seule chose digne d'intérêt qui nous était parvenu était ces étranges lettres venues de nulle part, si subitement, à un moment où nous n'attendions plus rien. Elles nous intéressèrent tout d'abord de par leur auteur, Albus Dumbledore en plus des nombreux rôles qu'il a tenu durant le siècle de l'apogée de Voldemort était l'emblème de l'opposition contre le mage noir qu'on appelait encore Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Dumbledore pour nous même était encore plus que cela puisqu'il avait fondé l'organisation pour laquelle nous nous battions, l'Ordre du Phénix. Ne serait-ce qu'en vertu de l'appartenance à ce même Ordre, nous dévions en apprendre plus sur ces missives. Cependant il y avait bien autre chose qui nous poussèrent à mener nos recherches sur les écrits : le destinataire des lettres n'était autre que Grindelwald, dont on admet communément qu'il s'agissait d'un des plus grands sorciers de sa génération mais qui était aussi célèbre pour suivre de noirs desseins. Les lettres faisaient également mention d'un artefact ou d'une magie très puissante, aux effets terribles que Dumbledore ne précisait pas. Quoiqu'il en fut, cela devait être repérer et neutraliser au plus vite car désormais que les lettres s'étaient vues publiées dans toute l'Angleterre il devait bien y avoir quelques sorciers et sorcières à sa recherche et probablement pas pour faire voler des lapinous blancs dans le ciel. Les mages à cagoule étaient sûrement au taquet et préparaient leur coup dans l'ombre tandis que nous essayons de faire fructifier nos enquêtes. Quelques idées de missions furent proposées pour avancer dans cette nouvelle quête mais notre infériorité numéraire nous paraissait un handicap trop grand pour tenter quoi que ce fut. De trois nous revînmes à deux après le départ de Franck, nombre qui remonta à trois avec l'arrivée de Phoebe et récemment deux nouvelles recrues Liam et April venaient grossir nos rangs. Cinq membres, l'Ordre du Phénix n'avait jamais été aussi grande depuis sa renaissance. Dire qu'avant notre nombre n'était jamais tombé si bas...

Trêve de parler du passé. Ce jour-ci donc je croquais à pleine dent dans une poire et passais le salon pour prendre les escaliers cependant qu'un détail retint mon attention. Un morceau de parchemin, au beau milieu de la table. Je haussais un sourcil, Kyara avait-elle apporté des devoirs au QG avant de les y oublier ? Cela ne lui ressemblait pas, la brunette était une miss débrouille accomplie sur tous les plans. En saisissant le papier velouté, je lis sur un de ces bords quelques initiales tracées à l'encre noire. Les nôtres, évidemment puisque personne d'autre n'avait (en théorie) accès au 21 Eagle Place. Le surprenant était qu'il n'y avait pas qu'une seule paire d'initiale, la lettre s'adressait à plusieurs destinataires. Les messages groupés étaient trop rares pour être de bon augure. Nonobstant ce qui me choqua dès que mes yeux tombèrent sur l'écriture régulière fut l'absence des initiales K.B. Sans même ouvrir la lettre je savais ce que j'y trouvais. Kyara qui n'était pas dans les destinataires cela pouvait dire deux choses. Soit qu'elle s'était faite enlevée par quelqu'un qui avait pénétré le quartier général et qui connaissait les véritables noms de tous les phénix mais qui n'avait pourtant pas attendu pour kidnapper d'autres personnes ou effectuer d'autres actions attentant à l'Ordre, cas trop incohérent pour être sérieusement envisagé. Soit que Kya en était l'auteure et au vu des courbes des lettres il s'agissait sans conteste de son écriture. Une lettre de sa main adressée à chacun des autres membres, il y avait peu de possibilités. La plus probante et, en quelque sorte la moins grave, était qu'elle annonçait son départ. En un souffle j'ouvris la missive pour vérifier et le début confirma mon hypothèse. Je reposais doucement le parchemin sur la table sans le lire et m'installais sans un soupir sur le canapé.

Là, je laissais mon regard se fixer et mes pensées vagabonder. Je ne savais quelle émotion primait, tristesse ou soulagement. Elle me manquerait, elle me manquait déjà. Elle et l'Ordre m'avait paru indissociable pourtant... Pourtant à la vérité une part de moi respirait, plus sereine sans être joyeuse. Elle ne risquerait plus sa vie. Elle allait pouvoir suivre son bout de chemin tranquillement, être une adolescente normale, ses épaules ne seraient pas alourdies d'un poids trop grand. Peut-être qu'elle poursuivrait ses études dans une branche où elle excellera, profiterait pleinement de sa famille et ses amis sans rien avoir à leur cacher et arriverait à fonder une relation durable avec quelqu'un. Peut-être qu'elle serait heureuse. C'était bien, ça. Il valait mieux qu'elle quitte l'Ordre du Phénix en ces circonstances. Le départ en passant par la case morgue, je ne l'aurais pas supporté. Alors la savoir partir comme ça, de son plein gré, cela me rassurait. Cela faisait drôle de penser que je ne la reverrais peut-être plus jamais en ces lieux où je me trouvais alors, pourtant je crois que dire que j'étais triste serait un mensonge. Je savais que je la reverrais, elle ne disparaissait pas de ma vie, elle choisissait simplement un chemin plus éloigné. Plus sûr. C'est en tout cas ce que je lui souhaitais.

Finissant ma poire, je nettoyais mes doigts de son suc collant avant de revenir vers la table du salon et de lire, cette fois en entier, le message de Kyara. J'eus un serrement au coeur en lisant qu'elle avait été dans un sale état, réaction bien inutile puisqu'elle était maintenant hors de danger. Je me promis de vérifier son état en lui passant un coup de baguette, dans quelques temps toutefois car la séparation était pour l'instant trop récente, je devais la laisser encore un moment en paix. Au moins aujourd'hui. Je continuais de lire les mots de ma petite soeur d'armes puis laissait le parchemin pour aller faire du thé. C'était le week-end, les autres allaient sûrement arriver. Je ne savais pas comment ils allaient prendre la nouvelle, dans le doute mieux valait leur préparer quelque chose de chaud et réconfortant en ces jours de pluie.

Il y était. Oui, ce bâtiment dont il n'avait jamais soupçonné l'existence se tenait devant lui. Cet Ordre qu'il avait cru fini pour toujours, voilà qu'il en faisait partie. Voilà qu'il avait accès à une partie du monde magique qui devait avoir disparu, il était devenu en quelque sorte un membre spécial. Mais tout ça, ça lui passait au-dessus. Il se sentait comme avant, le même préfet de Poufsouffle qui passe son temps à vouloir que tout le monde se sente bien. Finalement, au point où il en était, l'Ordre du Phénix n'avait que le QG de nouveau pour lui. Il y était venu une seule fois, pour faire la visite et connaître un peu ces occupants.

Et cette fois, il n'avait pas pu s'empêcher de regarder le bâtiment. Il était simple, presque sans intérêt. Il n'avait pas vraiment pris le temps de le voir de toute sa grandeur la première fois. Et un sourire s'étira sur ses lèvres lorsqu'il pensait à ce qu'il cachait à l'intérieur. Pourtant, ils étaient peu à y accéder.

Perdu dans ses pensées, Liam n'avait même pas remarqué la pluie qui tombait sur lui. Il était trempé maintenant. Il fallait qu'il entre sinon, il allait tomber malade. Et c'était vraiment la dernière chose qu'il aurait souhaité sur le moment. Prenant son manteau en cuir noir, il le rabattit sur sa tête et marcha tranquillement jusqu'à l'entrée. Il arriva alors dans le hall qui donnait sur le salon. Il remit son manteau en place et s'arrêta pour constater les dégâts que les nuages noirs avaient déversés sur lui. Et il se dit que si on l'avait croisé, n'importe qui aurait cru qu'i avait sauté à pieds joints dans un lac, ou une quelconque étendue d'eau. Finalement, c'était presque le cas. Il avait juste oublié qu'il était dehors et qu'il pleuvait.

Quoiqu'il en était, l'eau ruisselait sur ses vêtements et sur sa peau, des gouttelettes provenant de ses cheveux traçaient des traînées le long de son visage pour finalement s'écraser sur le sol. Ses chaussures étaient dans un piteux état également. Au moindre pas, elles se mettaient à glousser et laissaient de belles traces derrière lui. Au moins, tout le monde saurait de qui ça provient. Il était quand même assez embêté de salir le beau quartier général des Phénix. Il nettoierait de toute manière.

Il avança, écoutant les bruits de ses baskets, et retirant son manteau. Il l'accrocha au porte-manteau de l'entrée. Il garda quand même ses chaussures, qu'il avait essayé d'essuyer sur le paillasson. Il passa d'abord devant la cuisine et eut la surprise de voir une femme qui préparait du thé, pensa-t-il. Il la reconnut comme étant Abygael Thompson. Tout le monde l'appelait Aby, mais il n'était pas arrivé à ce genre de surnom, ne lui ayant parlé que pour se présenter. Il savait juste qu'elle tenait la boutique Waddiwasi. Il se stoppa à la porte, et lâcha simplement:

- Bonjour Abygael. Dit-il d'une voix enthousiaste.

N'attendant pas spécialement de réponse, il passa son chemin pour arriver au coeur du salon. Absorbé comme un vrai gamin sur les lieux, la tête ailleurs admirant chaque recoin de ce bâtiment, il ne vit pas la table et se cogna dedans. Un "Aïe!" retentit dans le rez-de-chaussé, auquel il tenta de mettre un terme en fermant rapidement la bouche. Heureusement qu'il n'y avait personne. Baissant le regard, il lança un regard noir à cet objet qui avait heurté son petit doigt de pied. Mais il ne put retirer son regard de la table, observant le bout de papier qu'il s'y trouvait, intrigué.

Il ne lut pas tout de suite ce qu'il y avait écrit, jugeant que ce n'était peut être pas ses affaires. Mais ses initiales, tout comme celles de ses nouveaux partenaires, éveilla sa curiosité, il prit donc le papier d'une main et partit s'asseoir pour pouvoir le lire en entier. Un coup d'oeil au bas de la lettre lui indiqua qu'elle avait été rédigée par Kyara. Ce qui lui donna encore plus envie de voir ce qui était marqué dessus. Mais le début provoqua un douloureux pincement dans l'estomac de Liam.

Les mots défilaient devant les yeux verts-gris de Liam et au fur et à mesure de ceux-ci, le visage de Liam, d'abord illuminé d'un des ses habituels sourires, se muta petit à petit en une moue d'incompréhension. Ses traits se fronçaient à chaque phrase. Et plus sur la partie le concernant, à la fin. Il cherchait des réponses mais n'en trouvait pas. Des réponses à ce départ précipité. Elle expliquait un soucis de protéger les gens qu'elle aimait, dont eux. Mais il devait s'être passé quelque chose dans ce combat qui lui ait fait prendre conscience de tout cela. En attendant, Liam n'était pas content. Pas content du tout même.

Il jeta le papier par terre et se leva. Il se dirigea d'un pas décidé vers la sortie, prit son manteau, et passa la porte pour se retrouver à nouveau sous la pluie. Il pleuvait toujours autant, mais cette fois, l'eau avait un effet apaisant sur lui. Il gardait les yeux baissés, introduit ses mains dans ses poches. Et s'immobilisa. Il réfléchissait. Pourquoi avait-elle fait ça? Qu'est-ce qu'il lui avait pris? Après tant de temps passés dans l'Ordre, elle abandonnait si vite. Après un combat qu'elle avait simplement perdu. Elle avait donné l'impression d'être dans un sale état en écrivant cela, mais ce ne devait pas être la première fois! Non, elle avait sûrement déjà vécu pire! Quand on s'engage dans cette organisation, on considère tous les aspects de l'intégration. Pour Liam, ça marchait comme ça. On devait penser au pire comme au meilleur. A la victoire comme à la défaite. Et si elle était si mauvaise joueuse, c'était puérile. Mais surtout, on oublie les autres. Il faut aussi s'imaginer le pire pour ses partenaires. On sait qu'on peut en perdre un à n'importe quel moment. Mais on fait preuve de courage, on n'est pas Phénix pour rien! On se relève plus fort et animé par plus de haine et de motivation à accomplir la mission de chaque membre de l'Ordre consistant à anéantir les ténèbres du monde magique. C'était ce que le blondinet s'était écrié, dans sa tête. Mais finalement, il cherchait des excuses pour regretter le départ de son amie.

Ce qui le frustrait le plus était qu'il n'arrivait pas à savoir pourquoi, mais son départ l'affectait au plus haut point. Il avait tenté vainement à expliquer la cause de cela, rejetant la faute sur elle. Finalement, il était peut être tout simplement déçu de pas pouvoir évoluer avec elle en tant que Phénix. Il ne pourrait donc jamais discuter avec elle des plans concoctés dans ce lieu même, visant à défaire les forces du mal. Mais au fond, ce qui le décevait le plus, c'était le fait qu'il ne pourrait plus jamais être proche d'elle comme avant. Il faudrait qu'ils s'éloignent. Si on venait à savoir son appartenance à l'Ordre, on pourrait soupçonner quelque chose de la part de Kyara. Et il ne voulait pas de ça. Et peut être que c'était ce qui l'agaçait le plus. Qu'elle l'oblige à s'éloigner d'elle. Mais qu'est-ce qu'il racontait... Il débloquait complètement.

C'est donc après une réflexion qu'il jugea complètement inutile qu'il décida qu'il était assez trempé pour ça. Il rentra, et répéta ses mouvements de son arrivée. Mais avec quelque chose en plus. Un poids sur ses épaules qui n'avait pas réussi à expliquer. De toute façon, à chacune de ses tentatives d'expliquer ce qu'il ressentait, il se heurtait toujours au mur de l'incompréhension. Qui l'empêchait d'accéder au champs des explications. Ses émotions et lui, le mieux qu'on pouvait dire, c'est que ça faisait plus que deux. Enfin, la faute à qui après tout?

C'est donc d'un geste contrôlé qu'il s'installa dans le canapé. Il fallait qu'il s'y fasse tout de suite, il n'y aurait plus Kyara parmi eux. Alors, autant l'assimiler rapidement et passer tout de suite à autre chose. Cela le bloquerait plus qu'autre chose. Mais en ramassant sa lettre, il sentit ce pincement revenir.

Je regardais la vapeur s'élever de la théière, se déposer doucement sur les vitres pour y former de la buée. Il pleuvait à verse. J'essayais de ne pas y penser mais j'étais inquiète pour la santé de Kyara. Je n'avais qu'une hâte, la contacter pour être sûre de son état. Je prenais mon mal en patience, sachant qu'elle ne voudrait pas me parler avant un moment et me raccrochant à l'idée qu'une personne gravement en danger ne pouvait écrire si lisiblement. Elle n'était certes pas au mieux de sa forme cependant sa vie était fort probablement hors de danger. Je tapotais la surface d'un meuble du bout de mes ongles, comme pour y jouer une mélodie inconnue.

La porte d'entrée s'ouvrit, le son du plic-ploc enragé des gouttes d'eau parvint à mes oreilles. J'entendis un manteau mouillé qu'on ôte, des chaussures noyées qui relâchent un peu d'eau. Une tête blonde passa par la porte largement ouverte de la cuisine et Liam me lança un enthousiaste bonjour. Il ne manifestait pas la moindre envie de boire une quelconque boisson chaude pour l'instant. J'entendis ses pas sur le parquet du salon quand il se heurta soudainement à un objet lourd qui lui arracha un cri. Puis il n'y eut plus un bruit pendant un moment, il devait avoir trouvé la lettre. Il s'en alla quelques temps prendre l'air dehors tandis que je récupérais des biscuits dans les placards pour les disposer dans des assiettes. Ouais, c'était l'heure du goûter, j'avais décidé. Leur transmettre mes mauvaises habitudes de prendre quelque chose à manger pour se donner du courage ou ne serait-ce qu'un peu de chaleur n'était pas une géniale idée, je n'en doutais pas mais ce n'était pas mon intention. Moi même j'avais arrêté. Simplement, en ces circonstances, la température fraîche, le temps maussade et le départ de Kyara, un moment autour d'une tasse et quelques assortiments, un petit en-cas ne me semblait pas péché impardonnable.

La porte d'entrée s'ouvrit une nouvelle fois sur le jeune homme, encore plus trempé qu'avant de ce que j'en vis lorsqu'il passa devant la cuisine. Je l'entendis s'asseoir sur le canapé, aussi décollais-je mes fesses du meuble de cuisine pour le rejoindre au salon et m'assis à côté de lui mais à distance raisonnable de sorte qu'il ne se sentît pas étouffé.

- Tu veux un thé ? demandais-je simplement. A moins que tu sois plus branché café ou chocolat ?

Attendant sa réponse, je fis virevolter dans les airs théière et tasses et sucrière et assiettes de la cuisine au salon pour ensuite les laisser en suspens prêts à servir. Une fois que Liam me donna sa réponse, je jetais un bref regard au parchemin qu'il tenait entre ses mains puis fixais son visage.

- Qu'est-ce que tu penses ? m'enquis-je, me demandant avec quels yeux il voyait cette lettre. Liam était élève à Poudlard, du même âge que Kyara dont il était assez proche de ce que j'avais compris. Il était dans l'Ordre depuis tout récemment, il en avait par conséquent une opinion différente de moi. Le départ de Kyara d'une organisation qu'il venait tout juste d'intégrer devait sûrement lui faire quelque chose, surtout que c'était elle qui l'avait intégrée à l'OP. Si sa tête bourdonnait de questions, j'étais armée pour apporter quelques réponses.

Liam essayait tant bien que mal de mettre de l'ordre dans sa tête. Il fallait laisser de côté cette nouvelle. Oublier. C'était si facile à dire. Mais comment il pourrait oublier qu'elle les avait lâchés comme cela, sans prendre au moins la peine de venir les voir, leur dire au revoir en face, leur montrer qu'elle tenait à eux? Au moins Abygael et Phoebe. Elle avait l'air de bien les connaître, et apparemment, elle avait passé pas mal de temps par ici. Elle avait dû les côtoyer assez souvent, et puis, des missions, elle avait dû en faire. Avec ou sans eux. Et elle laissait tout tomber. C'était assez impressionnant à quel point c'était simple pour elle de laisser son passé derrière elle, comme s'il ne s'était rien passé. Oh oui, impressionnant...

Le blond se dit que lui en vouloir ne lui servirait à rien pour la suite. Il aurait sûrement le temps de recevoir des explications. Mais voulait-il vraiment les connaître? Il n'en était pas sûr, mais il ne préférait pas se faire souffrance en réfléchissant à tout cela maintenant. Il devait occuper ses pensées. Il déposa tranquillement la lettre sur la table. Et à ce moment-là, Abygael sortit de la cuisine et se dirigea vers lui. Elle s'assit à quelques centimètres de lui sur le canapé, le blondinet baissa les yeux. Quand il pensait à toute l'eau qu'il avait foutu dans le QG... Mais elle lui demanda plutôt:

- Tu veux un thé ? A moins que tu sois plus branché café ou chocolat ?

Le garçon ne put s'empêcher de sourire. Elle lui demandait cela simplement, alors que la lettre qu'elle-même avait dû lire avant lui était posée juste devant eux. Mais il appréciait le fait qu'elle ne veuille pas engager la conversation là-dessus. Il se tourna vers elle pour lui répondre:

- Du thé, ça me va très bien.

Pendant ce temps, elle avait amené pas les airs tout ce qu'il fallait. La théière, les tasses, des assiettes, tout ça volait jusqu'à eux. La brune à côté de lui semblait similaire à Kyara. Malgré ses années en plus, elles avaient l'air d'avoir cette même expérience, quelque chose dans leur regard qui dégageait du vécu. Mais bon, il ne la connaissait pas assez pour émettre une hypothèse sur ses actions au sein de l'Ordre.

- Qu'est-ce que tu penses ?

Liam s'immobilisa, ses yeux roulèrent vers le bas. Il avala difficilement sa salive. Ce qu'il en pensait... S'il se mettait à lui sortir tout ce qu'il ne pensait, il doutait que son interlocutrice survive jusqu'à la fin. Comment lui expliquer ça simplement sans entrer dans les détails...? Elle n'avait pas besoin de tout savoir après tout. Se raclant un peu la gorge, il se lança:

- Hm... Je ne vais pas te mentir, mais je n'arrive pas à comprendre comment on peut partir si vite d'un organisation comme celle de l'Ordre du Phénix? Parce que c'est pas quelque chose qu'on oublie facilement, non?

Il réfléchit. Il était sûr que s'il avait été à la place de Kyara, cela lui aurait fait mal de partir. A tel point qu'il y aurait réfléchi longuement, il en aurait parlé aux autres pour ne pas qu'ils soient surpris qu'il parte. Et surtout, il serait parti après avoir fait ses adieux en face de ses partenaires. La boucle serait alors bouclé, et se serait beaucoup plus simple à tourner la page. Autant pour lui que pour les autres. Mais il n'était pas Kyara. Il n'avait pas son caractère. Il étai vraiment trop sentimental. Quelle connerie. Il détestait être comme cela.

- Tu te verrais partir sur un coup de tête comme cela toi? Dit-il en s'adressant à la propriétaire de Waddiwasi.

A la réaction de Liam, je compris que la décision de Kyara le mettait sacrément sur les nerfs. Pas parce que je suis une professionnelle de la déduction, juste parce que lorsque je lui posais la question tous ses muscles se contractèrent à vue d'oeil. Ooops.

Il prit son temps avant de formuler une réponse, un instant où il cherchait ses mots le regard fixé à terre. Il était frustré et cela se sentait rien qu'à l'électricité qu'il y avait dans la pièce quand il pensait au parchemin. Il s'éclaircit la gorge avant de laisser sortir les mots qu'il avait choisi.

- Hm... Je ne vais pas te mentir, mais je n'arrive pas à comprendre comment on peut partir si vite d'un organisation comme celle de l'Ordre du Phénix? Parce que c'est pas quelque chose qu'on oublie facilement, non?

Hum. Je ne voyais pas trop quoi répondre à ça. J'avais mon idée sur le sujet mais arriver à mettre les mots justes dessus... Comment lui expliquer ? Il y avait tellement de choses qui pouvaient entrer en cause. Je ne pouvais pas non plus dire n'importe quoi car il s'agissait du départ de Kya, les raisons qui la poussaient à tout arrêter lui étaient personnelles... et m'étaient inconnues. Je devais lui parler clairement sans qu'il ne se fasse de fausses idées, de façon à ce que mes paroles abordent le sujet du départ de Kyara (qu'il vivait manifestement comme un abandon) tout en englobant l'Ordre du Phénix et ses membres de manière générale pour qu'il saisisse mieux tout ce qu'il y avait derrière. Double hum. Je choisis de nous faire servir à boire pour me donner un laps de temps de réflexion. Voilà, deux tasses de thé, les choses allaient se passer beaucoup mieux dès à présent. Ben non.

- Tu te verrais partir sur un coup de tête comme cela toi?

HUM HUM HUM. Liam avait décidément le don pour les questions compliquées, cela ne m'arrangeait pas trop parce que cela nécessitait de faire fonctionner mon cerveau mais d'un autre côté, cela me le fit tout de suite trouver sympathique. J'aimais bien les gens qui posaient des questions, qui dérangeaient, qui ne laissaient pas les choses pourrir en état. C'était tout à son honneur de chercher à comprendre. Je lui souris et lui donnais la tasse de thé, le sucrier était à sa disposition un peu plus loin dans les airs. En ce moment le garçon devait se demander à quoi je jouais à lui servir du thé avant même de répondre à ses questions.

- Non. Oui. Je ne sais pas. Ouais ça c'était le genre de choses qu'il avait besoin d'entendre, le genre de réponse diaphane avec laquelle j'allais illuminer son esprit et faire reculer les ténèbres de l'incompréhension. Hum. C'est pas si simple Liam... Je... J'ai vécu pleins de choses avec l'Ordre du Phénix. Cela peut paraître étrange mais c'est dans cette organisation que j'ai vraiment grandi. Quand j'ai quitté Poudlard et que je n'avais pas de boulot, je passais pas mal de temps ici. Même si j'étais assez réservée je... c'était ici ma place tu vois ? Je fis une pause, guettant une réaction du blond. En fait je ne vois pas pourquoi tu verrais puisque même pour moi c'est flou. C'est l'Ordre du Phénix qui m'a rendue tel que je suis aujourd'hui. Alors évidemment cela ne serait pas simple de tout lâcher. Mais sérieusement qui sait ce qu'il va arriver demain ? Si toute ma famille était menacée par les mangemorts qu'est-ce que je ferais ? Si j'étais certaine que les Aurors arriveraient à m'attraper et m'utiliseraient pour vous avoir ? Il y a des tas de scénarios qui pourraient possiblement aboutir à mon départ. J'en sais rien de la façon dont je réagirais.

Je pris une pause et restais pensive une poignée de secondes.
- Il n'y a pas si longtemps, tout le monde s'était barré de l'OP. Une femme a été torturée puis tuée par les mangemorts, une femme qu'on côtoyait toutes les semaines, qui se battait avec nous. Une soeur d'arme comme on dit. J'eus un sourire fugace. Bien sûr on sait que ce qu'on fait n'est pas sans conséquence, on sait qu'il y en a pas mal qui veulent notre peau. Quand ça arrive vraiment... ben c'est pas la même. Je bus une gorgée de earl grey, peut-être pour hydrater ma bouche qui se desséchait. C'était la première fois que je parlais de ça à quelqu'un d'autre que Kyara. Beaucoup d'entre nous n'ont pas supporté, faut dire que ce soir-là on n'a pas eu que ça comme problème, il y a eu tout un tas de... de m*rde qui est ressorti. Ouais c'étai vraiment la m*rde... Ils sont partis peu à peu, de différentes manières, la plupart n'ont pas donné de nouvelles. Pour certains on ne savait même pas s'ils s'étaient suicidés ou quoi. Encore une fois je ne pus m'empêcher d'avoir ce serrement au coeur, comme un géant qui pesait sur moi et m'empêchait de respirer. Une pensée pour Lizzie. Kyara elle est restée malgré tout ça. Elle aurait pu partir, elle aurait dû, on n'allait pas survivre longtemps en étant seulement deux dans l'Ordre. Elle était à peine majeure, elle n'avait pas à faire face là où des adultes bien plus vieux avaient pris leurs jambes à leur cou. Si elle n'est pas partie à ce moment là où tout allait de mal en pis et qu'elle part maintenant alors que les choses semblent enfin nous sourire, ce n'est pas parce qu'elle est partie sur un coup de tête. Je portais une nouvelle fois la tasse à mes lèvres. Je ne te dis pas que je crois les raisons qu'elle a exposé dans sa lettre. Elle même ne s'attend pas à ce qu'on la croit vraiment.

Je finissais en quelques gorgées le thé restant dans ma tasse.
- T'as l'impression qu'elle s'est tirée comme une voleuse ? On est des clandestins Liam. On ne peut pas se permettre de fioritures, pas de verre de l'amitié, pas de cérémonie d'adieux avec des banderoles, un buffet et des fées décoratives. Les seules cérémonies sont les enterrements.

Sur ces joyeuses paroles, je m'intéressais aux feuilles de thé et fis mine de prédire l'avenir, une imitation qui ne devait pas être très convaincante car j'avais dormi dans la plupart des cours de divination. Je savais qu'on lisait l'avenir dans les feuilles de thé seulement parce qu'une fille de ma classe avait effectué le même rituel tous les jours en espérant trouver un jour une forme lui prédisant l'arrivée de son amour éternel.
- Mais t'inquiète pas Liam, l'avenir nous est favorable. Mate cette feuille de thé, elle annonce un grand bonheur.
En fait c'était un amas informe et verdâtre. La jeune recrue était pour le moins surprise, ce qui me fit rire.
- Tout bon phénix doit maîtriser l'art de la divination, plaisantais-je. Puis, après un silence : D'autres questions, remarques ?

« Et voilà !! » M’exclamais-je en mon for intérieur, après avoir affiché un dernier poster de Tanya Stephens… Je mis donc mes pieds à terre, alors que j’avais défiguré ma couverture d’une simplicité écœurante… Cela faisait une semaine que j’étais à l’ordre. Phoebe Monroe m’avait recruté dans l’association la plus merveilleuse du monde, suite à une nuit assez… « Mémorable ! » et « Horrible à y penser »… C’était vrai, ce n’était pas tous les jours qu’on se faisait recruter dans l’Ordre du Phénix suite à une soirée bien agitée, où on dégueulait devant un de nos frère d’arme, avec qui on allais passer des tas de moments à échafauder des plans, à essayer de résoudre des intrigues, à démonter la tronche à quelques mangemorts… Oui, je serais obligée de regarder Phoebe Monroe dans les yeux, comme si je ne l’avais jamais insulté de « connard », à un de mes fameux bourrage de gueule, très, très honteux… Quand j’y repensais, j’étais partagée entre un deuxième dégobillage, et une joie à en sauter partout…

Dire que j’y étais… « Ca y est ! Je suis une Phénix put**n ! » Ca me faisait tout drôle, j’avais l’impression qu’il me manquait quelqu’un… Bizarrement, je me retournais, pour voir comme s’il était derrière moi, et je tombais à la place sur le mur des photos, cherchant mon meilleur ami des yeux sur le grand mur, avant de me rendre compte que je n’avais affiché, aucune photo de lui, car ça me faisait plus chier qu’autre chose quand de repenser à lui… « Ben oui ! Tu ne pensais quand même pas qu’Abdel se trouverait sur ton mur des meilleurs souvenirs à y repenser ! Il est mort !». Dire que j’étais censée y rentrer avec lui. Lui et Dana… Je poussai un long soupir qui exprimait tout le regret du monde, et un sentiment de solitude me submergea… « Au moins Dana n’a aucun regret ! » Tentais-je de me dire pour me consoler… Cela me faisait me sentir mieux ? J’y pensai de tout mon cœur, mais cela n’enlevait pas le goût amer que j’avais dans la bouche…

J’avoue ne pas avoir écouté Aby, qui avait exigé de ne pas trop m’étaler dans la chambre du QG, sachant qu’il y aura sans doute de nouveaux piafs qui débarqueront ces prochains mois…
Ma chambre, (ben oui ! C’était MA chambre… Pour l’instant…) était décorée, comme si elle était à l’emprise d’une habitante de longue date… Un pièce simple, quatre murs, deux lits, qui était assez grande pour que trois personnes y logent tranquillement, sans être étouffées... J’avais décoré chacun des murs ! Un mur (le mur où se trouvait mon lit), était couvert de posters de chanteur, rappeur, groupe, en tout genre ! Passant par « Lordi », finissant par du Beyonce »… Je me sentais bien par le fait que je pouvais dormir, avec « Groundation » juste derrière mon lit, et « Skrillex » qui trônait juste à côté… Un autre mur était couvert de slogans, de signes, invoquant « La paix dans le monde ! », ou même « L’enculation de son prochain ! »… Un mur avec d’autres posters aux fonds rêveurs, et un autre mur, couverts de photos… Pleins, pleins, pleins de photos, de Dana et moi, ou même de Dana et son fils, avec moi en fond, incrustée ! Il avait quel âge le petit Rafael aujourd’hui… Trois ans ? Quatre ans ?

Je fus interrompue de ma rêverie, par le bruit d’une porte qui se fracassait. Ca c’était le bruit de quelqu’un pas content, qui claquait une porte… Je récupérais les archives, qui étaient restés clos pendant tout ce temps passé dans ma chambre, sur le deuxième lit, puis je sortis de ma chambre, descendis sur la pointe des pieds en feuilletant machinalement les feuilles du document, quand je me rappelais d’un coup, que je devais faire un petit compte rendu à Aby. Je me mis donc à parcourir des yeux les premières pages, me concentrant sur des noms de par et d’autres… Et c’était seulement quand je lisais le petit paragraphe dédié à Evana Ayling, que j’entendis à nouveau la porte d’entrée claquait brusquement… Je levais les yeux des archives, aux aguets. Un hurlement de douleur me parvint du salon… « La voix d’un garçon… ». Me dis-je. C’était soit Phoebe, ou l’autre-là… L’élève qu’ils avaient recruté… Recruter un élève… Je trouvais ça absolument con ! A quoi il pouvait-il nous servir à part s’entraîner joyeusement à lancer des Expelliarmus, ou à avoir sa mort sur la conscience ? Mais bon ! Je faisais entièrement confiance à Aby. Après tout c’était une sorcière assidue, qui connaissait l’Ordre du Phénix comme si c’était son bébé ressuscité… Quand elle donnait des ordres ou des conseils, cela était toujours dit avec assurance, sans aucun doute… Oui, elle s’y connaissait mieux que moi, et elle devait avoir des raisons trempées dans l’expérience pour faire confiance à un sorcier de premier cycle… Mon, regard, qui était à l’instant fixé sur un point invisible, était à présent sur les archives, coincées entre deux doigts blancs à force de les serrer… Je pliais donc tout doucement les documents, puis je m’avançais le plus discrètement possible dans les escaliers, en évitant avec endurance les marches les plus grinçantes… J’étais à présent au premier étage, là où se trouvait la mezzanine. Je pus alors m’y pencher, (sans non petits bruits chicaniers indésirables)…

-Tu te verrais partir sur un coup de tête comme cela toi ? Demanda la même voix (non trop remplie de testostérones) de tout à l’heure, qui avait crié à en briser les tympans …

Je m’inclinai un peu plus, et je pus alors distinguer, une tête blonde au beau milieu d’un service de thé virevoltant… Je vis une main saisir une théière, afin de servir le contenu dans une tasse… La main ne pouvait qu’appartenir à Abygael Thompson ! Chef de l’ordre du phénix, et une Cruella invertébrée ! Oui, je gardais un bon souvenir d’Aby à Honeydukes. La jeune fille aux yeux verrons, et aux lèvres rouges sangs…

-Non. Oui. Je ne sais pas. Affirma-t-elle (pour je ne sais quelle raison), malgré tout d’une voix hésitante. C’est pas si simple Liam…
« Liam Riu ! C’est Liam Riu ! » M’exclamais-je pour moi-même. « Le préfet des Pouffys ! » Je m’inclinais encore plus, et je pus alors discerner un semblant d’expression du visage… Il semblait constipé. Enfin… Perturbé ! Plutôt… Mais malgré la situation qui semblait pas du tout marrante, je ne pus m’empêcher de penser à Akize Xiraz… Lors d’un samedi après-midi, quand il était assis sur une fenêtre d’arcade, et affichait une tête hésitante. Partagée entre la confusion et l’écoeurement… Sur ce jour, j’avais décidé « d’avoir le cœur sur la main » pour je ne sais plus quelle raison, et je lui avais demandé qu’est-ce qu’il n’allait pas… et j’eus entre autre, comme réponse, des jambes prises au cou, accompagnées d’une symphonie de flatulences, laissant une odeur pestilentielle, aussi nauséabonde que les bombabouses, que m’avait lancé James Scott un jour de brouillard à l’allée des embrumes…
-Je… J’ai vécu plein de choses avec l’Ordre du Phénix. Poursuivit Aby, (qui au passage m’interrompit dans mes pensées) avec un peu plus d’assurance. Cela peut paraître étrange mais c’est dans cette organisation que j’ai vraiment grandie… Quand j’ai quitté Poudlard, et que je n’avais pas de boulot, je passais pas mal de temps ici. Même si j’étais assez réservée je… C’était ici ma place tu vois…

« Oui ! Je vois ! » Avais-je envie de lui crier… Je ne savais pas de quoi elle parlait, mais je comprenais parfaitement ce qu’elle voulait dire… L’Ordre du Phénix, était une organisation créée par des gens partageant les mêmes idéaux, oeuvrant pour ses idéaux qui étaient là pour améliorer le monde magique dégradé par des corruptions et des conneries en tout genre. Quand on y rentrait, on savait dans quoi on s’embarquait (enfin du moins, moi j’arrivais à peu près à m’en rendre compte), et on était normalement conscient qu’il y avait un risque de mort, donc littéralement, on donnait notre vie pour cette organisation… Une personne voulant œuvrer pour le bien de tous, ne pouvait que se sentir comme un poisson dans l’eau parmi les Phénix… Je comprenais parfaitement ce que voulait dire Aby, la plus vieille Phénix… « Une Phénix à l’état pur »… Pensais-je machinalement…

-En fait je ne vois pas pourquoi tu verrais puisque même pour moi c’est flou… Reprit-elle.
Sur le coup je fus déstabilisée par cette déclaration, mais en fin de compte, je trouvai ça parfaitement normal, par le simple fait, que c’était une humaine… Même qu’une touche d’admiration vint à moi, trouvant cette jeune femme aux yeux bicolores très courageuse… Instinctivement, j’effaçais cette pensée en un secouement de tête… « Mais qu’est-ce qui m’arrive… Voilà que maintenant je me mettais à admirer une femme que je ne connaissais même pas ! » C’était comme si j’admirais un mur où il y avait juste un message de paix particulièrement considérable dessus…

-C’est l’Ordre du Phénix qui m’a rendue tel que je suis aujourd’hui. Alors évidemment cela ne serait pas simple de tout lâcher. Mais sérieusement qui sait ce qu’il va arriver demain ? Si toute ma famille était menacée par les mangemorts qu’est-ce que je ferais ? Si j’étais certaine que les Aurors arriveraient à m’attraper et m’utiliseraient pour vous avoir ? Il y a des tas de scénarios qui pourraient possiblement aboutir à mon départ. J’en sais rien de la façon dont je réagirais…

« Mais bordel !! De quoi elle parle ?! ». Malgré la totale incompréhension où j’étais enfoncée jusqu’aux genoux, je ne pus réprimer le second élan d’admiration qui venait à bout de moi… « Pff… Ca va c’est qu’une phénix ! Mer** ! ». La Chef des Phénix...
Elle prit une pause, ce qui posa des interrogations à mon cerveau sur ce qu’elle pensait en ce moment…

-Il n’y a pas si longtemps, tout le monde s’est barré de l’OP. Une femme a été torturée puis tuée par les mangemorts, une femme qu’on côtoyait toutes les semaines, qui se battait avec nous…
Quand j’entendis ça, mon cœur fit un énorme bond dans ma cage thoracique. Mais cela ne me choquait pas pour autant. Ca montrait juste la réalité que je m’étais faite inconsciemment sur ce combat perpétuel contre les mangemorts…

-Une sœur d’arme comme on dit. Affirma-t-elle. Je pus alors distinguer un sourire bref emplir son visage, et je me retrouvais à avoir moi aussi un petit sourire aux coins des lèvres… Frères, sœurs d’armes… J’adorais ce terme ! Cela correspondait parfaitement à cette situation, comme si on était tous scellés par un pacte, qui nous reliait dans les mêmes imaginaires, et qui nous faisaient battre les uns contre les autres pour un seul et même but…

Aby resta silencieuse pendant plusieurs secondes, puis elle continua d’un ton naturel :
-Bien sûr, on sait que ce qu’on fait n’est pas sans conséquence, on sait qu’il y en a pas mal qui veulent notre peau. Quand ça arrive vraiment… Ben c’est pas la même histoire…
Elle but une gorgée de thé, ce qui m’énerva grandement, car j’étais suspendue à ses lèvres à cet instant…

-Beaucoup d’entre nous n’ont pas supporté, faut dire que ce soir-là on n’a pas eu que ça comme problème, il y a eu tout un tas de…
« D’emmerdes ? »
-… De merdes qui est ressorti …
-Ah… Ca ne devait pas être la joie… Chuchotais-je tout bas.
-Ils sont partis peu à peu, de différentes manières, la plupart n’ont pas donné de nouvelles. Pour certains on ne savait même pas s’ils s'étaient suicidés ou quoi…
« Aïe… » Je ne savais pas vraiment quoi y penser sur le moment, j’attendais juste qu’Aby prenne à nouveau la parole dans une excitation palpable…

-Kyara, elle est restée malgré tout ça. Elle aurait pu partir, elle aurait dû on n’allait pas survivre avec longtemps en étant seulement deux dans l’Ordre. Elle était à peine majeure, elle n’avait pas à faire face là où des adultes bien plus vieux avaient pris leurs jambes à leur cou. Si elle n’est pas partie à ce moment là où tout allait de mal en pire et qu’elle part maintenant alors que les choses semblent enfin nous sourire, ce n’est pas parce qu’elle est partie sur un coup de tête…

Une nouvelle pose se fit, car Aby rebuvait une gorgée de son breuvage comme si cela l’apaisait mécaniquement.
-Je ne te dis pas que je crois les raisons qu’elle a exposées dans sa lettre. Elle-même ne s’attend pas à ce qu’on la croie vraiment… Reprit–elle un peu trop vite à mon goût…

Car oui, je me demandais bien pourquoi on parlait d’un départ inexistant de Kyara… Je ne l’avais vu pas plus tôt qu’hier soir, et tout semblait parfaitement normal… Une boule se forma à ma gorge ! C’était une très bonne menteuse cette gosse ! Ben oui, comme si elle pouvait confier à la concierge qu’elle partirait le lendemain, en laissant une lettre à priori. Avec des raisons obscures, pour qu’Aby soit obligée d’en parler à un gosse consti… Perturbé… Je n’arrivais pas à le croire. Kyara ! Qui m’avait semblé malgré tout une jeune femme grandie trop vite, mais avec beaucoup d’intelligences et de raisons… (Ben oui ! Fallait pas être con pour savoir ce qu’on risquait une fois d’dans !) Non, je n’arrivais pas à y croire. Sachant que je la croyais assez forte pour affronter toutes ces merdes contre lesquelles l’Ordre du Phénix se battait, mais sans doute l’innocence de son jeune âge l’avait gagnée, et elle avait simplement décidé de se retirer… Ou peut-être même c’était pour une toute autre raison encore plus ténébreuse, qu’elle voulait nous épargner comme bonne fille faisait quand elle avait des secrets…

-T’as l’impression qu’elle s’est tirée comme une voleuse ? S’exclama soudain Aby, ce qui me fit sursauter. On est des clandestins Liam. On ne peut pas se permettre des fioritures, pas de verres de l’amitié, pas de cérémonies d’adieux avec des banderoles, un buffet et des fées décoratives. Les seules cérémonies sont les enterrements. Affirma-t-elle, tout simplement…
Ma boule à la gorge se fit remplacée par une petite lueur d’espoir qui prit place dans ma poitrine… Un jour, on lèvera notre verre pour la victoire… J'en fis une promesse personnelle.

-Mais t’inquiètes pas Liam, l’avenir nous est favorable. Mate cette feuille de thé ! Elle nous annonce un grand bonheur…
Je souriais à cette pensée… Si j’étais rentrée dans l’Ordre, ce n’était pas pour ronfler sur les lits aux draps poussiéreux ! Je comptais y mettre du mien, et Liam devait certainement penser comme moi ! Oui, les nouveaux piafs allaient y mettre du leur ! Et je comptais bien en parler avec Liam, le Préfet Pouffy…

-Tout bon Phénix doit maîtriser l’art de la divination ! S’exclama la jeune Chef des Phénix avec humour.
Un mini silence se refit puis la jeune femme aux yeux verrons reprit :
-D’autres questions, remarques ?

Pour toutes réponses, alors que j’étais adossée à la rempare de la mezzanine, en étant en direct sur toutes les conversations intimes et à deux, non destinées à moi, Mes doigts serrés contre les documents lâchèrent. Laissant échapper plusieurs feuilles volantes qui tombèrent en fracas dans le salon… J’étais dans une position bizarre rappelant les contorsionnistes féminins, qui servaient de cobayes dans les tours de magie moldus… Je fis un sourire forcé, soudain consciente de toute l’attention que je venais d’attirer…

-Hey ! M’exclamais-je de ma habituelle voix rauque.
Je restais comme ça pendant une bonne dizaine de secondes, avant de me remettre debout correctement, et de descendre les escaliers d’une bizarrie nonchalante…
-S’cuze ! M’exclamais-je d’un ton bien égal en levant une main à la manière d’un salut, et en baissant ma tête comme si je réprimai un rot.
-Et comment ça Kyara est partie ?! Repris-je fortement en leur adressant un regard presque coupable…
Je détaillais la pièce des yeux, avant de les poser sur un bout de parchemin posé innocemment sur la table en face de Riu… Je l’arrachai méchamment du chevet, comme si j’arrachais une antisèche d’un élève pris en flag. Oui, mon boulot de concierge me suivait jusqu’à l’extérieur de l’école !

Je parcourais des yeux la lettre lisant des bribes par-ci par-là, mais je m’arrêtai vraiment surprise, sur le petit mot qu’elle laissa en mon intention… Racontant qu’elle ne me connaissait pas trop, blablabla, mais que je savais où la trouvait si blablabla…
Sur le coup j’avais un peu la rage, je n’arrivais pas vraiment à digérer son départ précipité, et qui semblait justifié… Pourquoi ? Je n’en savais strictement rien…

Il y avait un instant, j’étais une petite sourie discrète qui écoutait avec joie le mini discours d’Aby sur l’Ordre du Phénix, contant qu’il y avait des hauts et des bas chez les Pious, mais finissant sur une note guillerette… Et pourtant, en ce moment même j’étais presque en colère contre tout le monde, car Kyara… Etait partie… C’était parfaitement con ! Pourquoi cela m’affectait autant d’un coup, en étant en possession de la lettre ? Je n’en savais rien… Et plus les secondes passaient, plus ça commençait à me faire chier…

Je contemplais le service à thé, encore suspendu en l’air devant le visage de Liam, tel des chandelles flottant autour de lui… J’avais bien envie d’une tasse moi aussi !
Je marchai à petits pas dans la cuisine, je me récupérai un mini-mug à poids roses à vomir dans un tiroir choisi au hasard, puis je revins dans le salon, comme si je ne les avais jamais interrompu dans un moment marquant, et très très mal choisi… Je me servis une tasse bien tranquillement avant de m’asseoir dans un fauteuil à côté d’Aby… Un silence gênant s’installa. Je me sentais vraiment comme une intruse, et je regardais Liam et Aby telle une musaraigne entourée de prédateurs. Je me ratatinai sur mon sofa avec des yeux aussi innocents que ceux d’un enfant… Cela me rappela bizarrement une scène à Honeydukes. Le jour de mon anniversaire, quand Aby avait faillie se fighter avec la propriétaire, qui s’était tapée juste avant un gosse de dix-sept ans… (Wouaw ! Quand j’y repensai aujourd’hui, je me disais : quelle soirée !) J’étais venue les interrompre avec ses mêmes yeux ! Mais cela n’avait servi à rien, car Lexie Scott n’avait pas écouté un mot de ce que j’avais dit, elle était trop occupée à bouffer les lèvres du jeune Préfet des Pouffys ici présent…

Je m’interrompis toute seule dans le fil de mes pensées en reprenant Aby dans un haussement de sourcil, d’une voix assez douce en direction de Liam :
-Remarques, Questions ?
Oui, j’étais vraiment une bourrine née en ce qui concernait tout ce qui était discrétion et effacement…

Abygael regardait le garçon, incrédule. Finalement, peut être que Liam n'avait pas posé les bonnes questions? Mais c'était pile ce qu'il voulait savoir. Il n'était pas parti dans de grands discours sur le pourquoi il était comme cela, il voulait juste avoir des explications de celle qui endossait le rôle de chef. Elle était sans hésitation la meilleure pour lui répondre. Et pourtant, Liam sentait qu'elle ne savait pas quoi lui dire. Après tout, il était tellement borné qu'il était sûrement inutile de lui explique quoique ce soit. Il n'oublierait jamais ce départ, mais il ne savait s'il était vraiment en colère ou pas.

La Phénix prit le temps de le servir, le thé coula dans la tasse du Suédois. Il choisit de prendre un morceau de sucre, qu'il attrapa alors que la sucrière flottait dans les airs. Il s'était fait à tout ça, et pourtant, il y a quelques années de ça, il aurait été très étonné par cette exposition de magie devant ses yeux. Déposant doucement le sucre dans sa tasse, il entreprit de la prendre pour boire lorsque miss Thompson se lança dans ses explications:

- Non. Oui. Je ne sais pas. Liam reposa la tasse sur la table, et un sourire vint égailler son visage. C'était le genre de réponse qui expliquait tout et rien. Il attendait tout de même la suite qui arriva rapidement: C'est pas si simple Liam... Je... J'ai vécu pleins de choses avec l'Ordre du Phénix. Cela peut paraître étrange mais c'est dans cette organisation que j'ai vraiment grandi. Quand j'ai quitté Poudlard et que je n'avais pas de boulot, je passais pas mal de temps ici. Même si j'étais assez réservée je... c'était ici ma place tu vois ?

La jeune femme marqua une pause, et les yeux de Liam se rivèrent sur les siens. Il pencha la tête. Il voyait parfaitement ce qu'elle voulait dire... Il avait l'impression de vivre la même chose lui-même, en ce moment. Il avait l'impression qu'on le forçait à grandir pour assumer son rôle de Phénix, qu'on le poussait à montrer des capacités qu'un élève de son âge n'avait pas, pour que personne ne regrette sa présence dan cette organisation. Mais cela ne le dérangeait pas. Au contraire. Il avait besoin de ça. D'une force invisible qui lui soufflait qu'il fallait qu'il avance dans la vie. Pour évoluer. Donc évidemment qu'il comprenait ce qu'elle lui disait. Elle avait sûrement dû faire face à cette même situation. Il savait qu'ils étaient tous les deux partis pour écouter le récit de la vie de la jeune propriétaire de Waddiwasi.

- En fait je ne vois pas pourquoi tu verrais puisque même pour moi c'est flou. C'est l'Ordre du Phénix qui m'a rendue tel que je suis aujourd'hui. Alors évidemment cela ne serait pas simple de tout lâcher. Mais sérieusement qui sait ce qu'il va arriver demain ? Si toute ma famille était menacée par les mangemorts qu'est-ce que je ferais ? Si j'étais certaine que les Aurors arriveraient à m'attraper et m'utiliseraient pour vous avoir ? Il y a des tas de scénarios qui pourraient possiblement aboutir à mon départ. J'en sais rien de la façon dont je réagirais.

Une autre pause qui dura quelques secondes, pendant lesquelles Liam s'interrogeait lui aussi sur la façon dont il réagirait s'il se voyait confronté à ce genre de situation. Il voyait bien tout ce qui pourrait l'amener à quitter l'Ordre (enfin pas à peine arrivé). Mais il restait malgré tout sur sa position, toujours dans l'incompréhension du départ précipité de la jeune fille. Et comment pouvait-elle se dire que plus jamais elle ne se battrait au côté de ses frères et soeurs d'armes? Elle les avait abandonnés sans explications réelles, valables pour le jeune homme. Mais il ne dit rien, préférant attendre la suite.

- Il n'y a pas si longtemps, tout le monde s'était barré de l'OP. Une femme a été torturée puis tuée par les mangemorts, une femme qu'on côtoyait toutes les semaines, qui se battait avec nous. Une soeur d'arme comme on dit. Bien sûr on sait que ce qu'on fait n'est pas sans conséquence, on sait qu'il y en a pas mal qui veulent notre peau. Quand ça arrive vraiment... ben c'est pas la même. Beaucoup d'entre nous n'ont pas supporté, faut dire que ce soir-là on n'a pas eu que ça comme problème, il y a eu tout un tas de... de m*rde qui est ressorti. Ouais c'étai vraiment la m*rde... Ils sont partis peu à peu, de différentes manières, la plupart n'ont pas donné de nouvelles. Pour certains on ne savait même pas s'ils s'étaient suicidés ou quoi. Kyara elle est restée malgré tout ça. Elle aurait pu partir, elle aurait dû, on n'allait pas survivre longtemps en étant seulement deux dans l'Ordre. Elle était à peine majeure, elle n'avait pas à faire face là où des adultes bien plus vieux avaient pris leurs jambes à leur cou. Si elle n'est pas partie à ce moment là où tout allait de mal en pis et qu'elle part maintenant alors que les choses semblent enfin nous sourire, ce n'est pas parce qu'elle est partie sur un coup de tête. Je ne te dis pas que je crois les raisons qu'elle a exposé dans sa lettre. Elle même ne s'attend pas à ce qu'on la croit vraiment.

Pendant toute cette tirade, Liam n'avait fait que hocher la tête pour signifier qu'il entendait, et comprenait. Mais à vrai dire, il n'arrivait pas à trouver les mots, et n'avait pas voulu les trouver. Il avait pendant quelques secondes, 1 minutes à tout casser, été absorbé par les paroles de la brune, intégrant chacune des informations qu'elle lui transmettait sur le passé de l'Ordre. Et tout ce dont il était sûr, c'était qu'il n'aurait jamais imaginé que les Phénix aient pu subir autant de pertes. Il essayait d'assimiler le fait que malgré toutes ces personnes qui étaient parties, Aby et Kyara étaient restées. Elles avaient fait face. Elles s'étaient refusées d'abandonner. Leur courage émut quelque peu Liam, qui ne pensait pas avoir autant de force de caractère pour cela. Mais Kyara...

Non. Le blond ne pouvait toujours pas expliquer et pardonner le départ de Kyara. Elle était restée certes quand tout allait au plus mal pour l'Ordre, quand le nombre de leur membre ne s'élevait qu'à deux. Mais alors, pourquoi partir quand enfin l'espoir de victoire semblait revenir? Pourquoi s'en aller quand tout le monde débarque? Pourquoi n'avoir pas même pris le temps d'accueillir toutes ces nouvelles têtes? Autant de questions auxquelles Liam se refusait de répondre. Il devait en vouloir à la Serpentard. Il ne savait pas pourquoi, mais il lui en voulait terriblement. Et ces questions l'aidaient à expliquer son état d'esprit. Il écouta tout de même son interlocutrice continuer.

- T'as l'impression qu'elle s'est tirée comme une voleuse ? On est des clandestins Liam. On ne peut pas se permettre de fioritures, pas de verre de l'amitié, pas de cérémonie d'adieux avec des banderoles, un buffet et des fées décoratives. Les seules cérémonies sont les enterrements.

Tout ça, il le savait. Enfin, il l'avait compris. Il n'était pas là pour laisser les sentiments contrôlés leur vie. Ils étaient là pour botter les petits c*ls des Mangemorts. Et au cas où, les faire enfermer à Azkaban. Mais ce n'était pas non plus le problème. Il connaissait Kyara, elle n'était clairement pas comme ça de toute manière. Ce n'était pas son genre tout ce qui était au revoir, il la voyait mal dans ce genre de situation. Il avait cru que Kyara aurait dû faire ça comme cela, mais finalement, non. Mais une simple lettre n'était pas assez...

Pendant son temps de réflexion, Aby semblait absorber par sa tasse de thé. Ou du moins, elle faisait semblant. On avait l'impression qu'elle plongeait dans le fond du récipient, pour y voir peut être quelque chose. Le blondinet doutait que ce soit le temps de faire de la divination. Mais il ne pouvait s'empêcher de trouver le geste plutôt comique. Et visiblement, la jeune femme aussi s'amusait de la situation.

- Mais t'inquiète pas Liam, l'avenir nous est favorable. Mate cette feuille de thé, elle annonce un grand bonheur.

Liam la toisa d'un air qui lui indiquait bien qu'elle semblait avoir perdu la tête, ou quoique ce soit. Depuis quand les Phénix s'appuyait sur les feuilles de thé? A cette pensée, un petit rire s'échappa de la bouche du Nordique.

- Tout bon phénix doit maîtriser l'art de la divination. D'autres questions, remarques ?

A ce moment, il reprit son sérieux, petit à petit, son sourire s'effaça. Il n'avait pas envie de lui dire que malgré tout ce qu'elle lui avait dit, il n'arrivait pas lui pardonner, à penser qu'elle ait fait ce qu'il fallait. Il ne savait pas pourquoi il pensait ça, mais ça ne partait pas. Ce sentiment d'abandon restait gravé en lui. Peut-être devait-il lui en parler? Peut-être qu'elle pourrait lui expliquer? Mais il oublia cette idée, pour quoi passerait-il encore? Un mec complètement borné par son coeur, avec des sentiments bien trop présents? Il avait déjà la réputation d'être une âme sensible, il ne voulait montrer qu'il était encore plus faible que ça. Parce qu'être un Phénix, c'était pour lui cacher ses faiblesses. Ne montrer que ce qui nous rend fort, ce qui nous permet d'avancer et de vaincre.

Il allait lui répondre par la négation, mais des bruits de papiers retentirent dans la cage d'escalier. La tête du jeune sorcier se tourna lentement vers la source de ce carnage, pour tomber sur des archives éparpillés sur le sol. En faisant remonter son regard, il eut la surprise de tomber sur la concierge de Poudlard, April Warren, dans une position plus qu'étrange. Liam partit dans un petit rire, la jeune femme était gênée à voir son sourire crispé. Elle s'exclama d'un petit "Hey!" et après quelques secondes, elle se décida enfin à se remettre droite, sous les yeux amusés du jeune homme. Cela ne l'étonnait pas plus que ça, elle était réputée pour être plus qu'original. Ces derniers temps, les élèves n'avaient pas eu des concierges très normaux. Quand on pensait à l'actuel directeur de Gryffondor...

Elle s'excusa, un peu ailleurs, et entra dans le vif du sujet, c'est-à-dire tout ce qu'elle avait écouté sur les marches du QG. Elle avait parlé fort, et pour seule réponse du garçon, la brune eut un regard qui se voulait indifférent en direction de la table, en dessous de laquelle flottaient le service à thé. Repérant le morceau de papier, elle l'arracha comme si le garçon avait fait une connerie. Et dans un silence pesant, ses yeux défilèrent sur le parchemin pour lire ce que Kyara avait voulu leur adresser. Et pendant ce temps, le garçon réfléchissait à ce que lui avait dit Aby, encore une fois. Il n'avait qu'une envie: la croire. Mais il ne pouvait s'y résoudre. Il ne savait pas non plus comment avouer qu'il avait eu tord de réagir comme cela.

Un peu perdu, il ne put voir la réaction d'April par rapport à cette lettre. Mais pas un mot se sortit de sa bouche. Elle se contenta d'aller d'abord prendre une tasse dans la cuisine pour se servir du thé et finalement s'asseoir aux côtés d'Abygael. Et toujours ce même silence gênant et inquiétant. Liam aurait voulu sur le moment que quelqu'un les lance sur un autre sujet mais l'événement de la soirée occupait les têtes des trois Phénix, aussi April reprit les derniers mots d'Aby:

- Remarques, Questions ?

Liam sentit tout son corps se crisper à l'écoute de cette question. Ses mains se serrèrent, son pied commençait à s'agiter. Et son visage était complètement vide. Pourquoi bordel voulaient-elles tous qu'il dise tout?! Pourquoi ne pouvaient-elles pas se contenter à leur petite vie, et laisser les autres tranquilles, sans leur poser de questions?! Liam avait une envie oppressante d'exploser, de tout faire voler. Il se contenait difficilement.

Mais finalement, ce qui l'énervait encore plus, c'était qu'il n'avait aucune raison de réagir comme ça. Elles voulaient discuter, elles étaient calmes et ... Il avait envie de se frapper la tête quelque part, il ne pouvait plus. Il fallait qu'il aille se reposer ou sa tête allait exploser. Un bazar sans nom trônait dans son cerveau, il ne pouvait pas se concentrer. Il se leva alors, sentant les regards se diriger vers lui. Et il lâcha après quelques secondes:

- Euh.. Je suis désolé... Il faut que j'aille... Me reposer. On en reparle plus tard.

Et sur cette phrase, il se tourna pour se diriger vers les escaliers qu'il monta vite. Pressé, agité par l'agacement qui l'envahissait. L'agacement de ne rien pouvoir expliquer, l'énervement provoqué par son inaptitude à pouvoir savoir ce qui ce passait réellement dans sa boîte crânienne. Il était embrumé par toutes les questions que se bousculaient dans sa tête, et qui attendait une réponse. Aucunes d'elles n'en auraient, il ne voulait pas. Il ne voulait pas savoir finalement. Arrivé au premier étage, il poussa la porte d'une des chambres pour tomber sur l'une d'elle couverte de poster. Il ne s'y attarda pas, et se jeta sur le lit à côté de celui visiblement occupé. Il ne voulait plus y penser. Il n'avait pas envie de dormir, juste de se retrouver seul et laisser son cerveau s'évader. Il ferma les yeux.

PV Elenna/post unique

21 Eagle Place, si il y avait bien un endroit qui avait marqué l'histoire du couple c'était cet endroit ! Evidemment il représentait plus de choses pour Elenna que pour Alexander et pour cause la jeune femme était rentrée dans l'Ordre du Phenix bien plus tôt que le sorcier de l'est. En vérité cela faisait bien peu de temps que le chasseur de mage noir avait rejoint l'antique organisation mais ensembles ils avaient déjà accomplis beaucoup de choses. Dans cet endroit le Russe avait notamment faillit perdre sa bien aimée suite à une incroyable soirée où les événements s'étaient précipité, où les événements s'étaient affolé et où le temps avait défilé d'une manière irréel. Cette fameuse soirée avait tout bonnement été mémorable, tout les Phenix avaient été appelé pour participer à une mission de grande envergure, une mission qui aurait du permettre de capturer un mangemort, une mission qui aurait du permettre d'enfin briser la carapace de la ténébreuse organisation mais les plans se déroulent rarement comme prévu au cours d'une bataille. Alexander savait pertinemment que ce soir là il avait été la poussière dans l'engrenage qui avait empêcher la plan de correctement. Peu avant la bataille le sorcier de l'est avait croisé deux mangemorts à Godric's Hollow et avait engagé le combat contre ces derniers, l'affrontement avait été incroyablement bref et les deux mages noirs avaient vite été neutralisé mais un autre masqué n'avait pas tardé à surgir et une bataille s'était engagé entre partisans de la magie noire et agent du ministère. Pendant ce temps les Phenix s'étaient lancés dans l'opération sans l'ancien Serdaigle et la situation s'était envenimé sur le colonnes de Loustry Ste Chaspoule. Au terme de cette incroyable nuit Elenna avait été dangereusement touchée, le Seigneur des Ténèbres avait été capturé par les Aurors mais les Phenix revenaient quand à eux bredouilles et amochés. Un moment était passé depuis ses événements mais le jeune Scott ne parvenait toujours pas à savoir si s'était réellement une victoire qu'ils avaient marqué ce soir là.

Alexander soupira tandis qu'il consultait sa montre en or, si tout se passait bien Hermes ne devrait plus tarder à livrer le message qu'il avait adressé à Elenna. Comment allait réagir la jeune femme ? Le sorcier de l'est était conscient qu'il lui demandait de quitter les bureaux du ministère en plein milieu de la journée, il faisait preuve d'un comportement parfaitement dangereux et égoïste mais pouvait-il faire réellement autrement ? Depuis que le couple faisait conjointement parti des Aurors et de l'Ordre du Phenix, ils n'avaient plus une seule secondes à eux ! Les rares fois où ils se retrouvaient, ils étaient trop fatigué pour en profiter ! Aujourd'hui le chasseur de mage noir avait décidé de prendre les choses en main et il défiait quiconque de lui en faire la remarque ! Petrus pouvait bien venir lui faire des remarques cela lui importait peu, de toute façon la seule personne qu'il aurait peut-être écouté ne faisait plus partie du ministère de la magie depuis un moment. Alex' se laissa tomber sur le canapé du salon profitant des quelques minutes de répits qu'il avait avant de continuer le jeu de poursuite qu'il venait d'engager avec sa bien aimée. Il avait une totale confiance sur les capacités de sa dulcinée, elle finirait par le retrouver et cela quelque soit les endroits où il lui donnait rendez-vous. Peut-être éprouverait-elle une pointe de culpabilité en quittant le ministère et encore c'était peu probable. En vérité le seule danger de son petit jeu c'était lui même, ses indices n'étaient peut-être pas toujours clairs et si l'un deux n'était pas compris alors tout prenait fin. Peut-être aurait-il du faire plus simple comme n'importe qui l'aurait fait à sa place mais ce n'était pas vraiment son genre, ce n'était pas vraiment le genre d'Elenna, ce n'était pas vraiment leur genre. Depuis le commencement leur relation était hors de la normalité et comment aurait-il pu en être autrement ? Leur vie consistait à poursuivre des mages noirs aux quatre coins de la Grande Bretagne. Ils faisaient partie de l'élite du ministère de la magie mais devait aussi passer leur temps à fuir cette élite du ministère de la magie ! Si un jour ils se faisaient découvrir alors c'était fini, game over, direction Azkaban pour le restant de leur jour. Leur relation était en équilibre sur un fil tendu au dessus d'un précipice par un temps de grande tempête. Elle était une lupine, il était un animagus, elle venait d'Angleterre, il venait de Russie... Décidément ils ne vivaient vraiment pas dans la normalité alors pourquoi faire de cette journée, une journée banale sans goût ?

Le pourfendeur de magie noir esquissa un large sourire et attrapa l'encrier, la plume et l'un des parchemins qu'il avait pris avec lui ce matin là. Cette fois il n'était pas question d'écrire une longue lettre, un indice suffirait et de toute façon il n'avait pas le temps d'écrire un roman ! Il devait à tout prix être parti au moment où la chef de l'Ordre débarquerait ici dans l'espoir de l'y retrouver. Maintenant il s'agissait de trouver les mots justes pour ne pas la perdre à l'autre bout de l'Angleterre.

"Je serai là où tout sorcier renaît."

Alexander grimaça, non seulement il écrivait relativement mal mais en plus son indice était difficilement compréhensible ! C'était parfait... Tout simplement parfait ! Après tout n'avait-il pas à faire à une Auror doublée de la chef de l'Ordre du Phenix ? Elle finirait bien par le retrouver ! L'estomac du Russe émit un gargouillis pourtant l'heure n'était pas à la nourriture, il allait devoir attendre ! Peut-être y avait-il de la nourriture dans la cuisine mais il n'y passait jamais et serait bien incapable de dire où elle se trouvait et de toute façon il n'avait pas le temps pour manger aujourd'hui ou alors il allait devoir grandement augmenter sa vitesse si il voulait trouver le temps de croquer un morceaux. Pas le temps de traîner ici, la prochaine étape l'attendait !

Avec Alexander / Post unique

Le voyage est un retour vers l'essentiel.

C’était une journée comme les autres, terriblement comme les autres d’ailleurs. Le soleil s’était levé comme tous les matins depuis des siècles et des siècles, la température était douce comme tous les printemps depuis des années et des années, les sorciers s’étaient levés pour aller travailler comme depuis le début de leur carrière. Bref, rien de très trépident. Mais finalement, ce n’était peut-être pas plus mal un peu de routine parfois ?

Elenna n’avait plus l’impression que ses journées étaient si banales que ça depuis quelques mois, depuis un peu plus d’un an même. Sa petite vie tranquille avait changé du tout au tout. Tout avait changé lorsque sa boutique de l’époque c’était faite attaquée : Ollivander’s. Une attaque que tout le monde soupçonnait avoir été orchestrée par les Mangemorts en personne, qui avaient pris un malin plaisir à détruire tout ce qui pouvait être détruit en une seule journée, une seule journée qui avait suffi à influer de nouveau la peur dans le cœur des sorciers et sorcières d’Angleterre. Entre temps, la jeune femme avait rejoint l’Ordre du Phénix que tout le monde avait cru disparu et se battait maintenant à ses côtés pour lutter contre les mages noirs qui s’en étaient pris à son ancien magasin qu’elle affectionnait tout particulièrement. A ce jour, elle en était même à la tête. Et pour finir, le Ministère de la Magie lui avait ouvrir ses portes, faisant d’elle une Auror, un agent infiltrée qui combattait les Mangemorts aux yeux de tout le peuple magique mais aussi dans l’ombre en tant que Phénix. C’était donc une vie pleine de chaos qu’elle avait adopté pour que les vies de milliers de gens soient meilleures.

Mais aujourd’hui, pas de combat, pas de course-poursuite, pas d’entraînement ou de formation. Assise derrière son bureau, les fesses sur la chaise, la demoiselle était ravie de jouer aux bureaucrates en cette douce journée de printemps. Depuis les derniers évènements, tout s’était bousculé dans les locaux du Ministère de la Magie et aussi dans la petite vie de la louve. En même pas six mois, elle avait frôlé la mort deux fois, deux fois de trop d’ailleurs. Ces deux fois avaient joué sur son existence et celui d’Alexander, qui avait failli avoir une crise cardiaque. Le beau russe faisait maintenant partie intégrante du quotidien d’Elenna, et pour son plus grand plaisir, comme le disent les moldus, on pouvait affirmer qu’il faisait maintenant partie des meubles. Pourtant, elle savait que le danger qui planait au-dessus de la tête des deux Aurors jouait avec leurs nerfs et qu’ils ne cessaient de s’inquiéter l’un pour l’autre, peut-être même plus le blond qui avait eu du mal à voir le petit bout de femme comme une vraie combattante au début de leur relation. D’ailleurs où était-il ? Le bureau d’Alex ne se trouvait pas loin de celui de la belle mais il était pourtant toujours vide. Avait-il pris une journée sans lui en parler ? Etonnant.

Se replongeant dans ses papiers, elle allait attendre de voir si son copain allait venir travailler ou non. La matinée ne venait que de commencer, il avait le temps d’arriver. Seule dans les bureaux des Aurors pour le moment, Elen se mit à chantonner, gribouillant sur des dossiers, en signant d’autres. Les crampes et courbatures qui avaient meurtri son corps durant plusieurs jours suite aux nombreux entraînements et combats qu’elle avait dû mener alors elle ne pouvait que profiter de sa place bien installée derrière une planche de bois. Après seulement quelques minutes de travail, une de ces enveloppes volantes vint la déranger, lui annonçant qu’un hibou était arrivé pour elle dans la volière du Ministère. Elenna se redressa, rejoignant l’endroit indiqué tout en jouant avec la petite lettre entre ses mains, songeant aux avions en papier qu’elle faisait lorsqu’elle n’était qu’une enfant moldue. Qui avait bien pu la contacter à son boulot ? Habituellement, les papiers personnels lui étaient envoyés directement chez elle mais lorsqu’elle vit la chouette lapone qui l’attendait bien sagement elle comprit de suite de qui il s’agissait. Les plumes soyeuses et l’air sérieux, Hermès semblait plus impliquée dans sa tâche que jamais, arrachant un sourire à la jeune femme qui passa une main sur son plumage avant de détacher la lettre accrochée solidement à sa patte. Elle esquiva un petit coup de bec avant d’entreprendre la lecture de son courrier.

Lorsque la louve releva le visage, ce fut un regard pétillant qui se posa autour d’elle, regardant avec avidité si quelqu’un se trouvait près d’elle. Elle était désormais complice d’une évasion du travail, orchestrée par son copain, Alexander Scott en personne, l’un des meilleurs Aurors que le pays n’avait jamais eu. Abandonnant la tranquillité de la journée, Elenna fourra le papier dans sa poche de jean sans plus attendre. Le 24 Avril, comment avait-elle pu oublier son propre anniversaire ? Cela faisait donc en effet plus d’un an que les deux Aurors partageaient leur vie l’un avec l’autre et demain serait l’anniversaire du grand blond. Un frisson d’excitation parcourut le corps de la belle à l’idée de jouer à la jeune fille fugueuse, impatiente de découvrir sa surprise. Comme toujours, son fiancé faisait preuve d’un grand romantisme et la devinette qui lui avait été posé s’était trouvée être un vrai jeu d’enfant pour l’ancienne Poufsouffle. « Là où la flamme brûle plus forte que jamais et où les ténèbres finiront par s'éteindre » ne pouvait être autre qu’un lieu destiné à l’Ordre du Phénix, son Quartier Général plus particulièrement. Elle jeta un regard à droite puis à gauche avant de courir comme une gamine jusqu’à son bureau, rassemblant ses affaires dans son sac en bandoulière pour transplaner sans dire quoique ce soit à personne.

La jeune femme faisait littéralement des petits bonds sur place, excitée comme une puce sur le pelage d’un chien à trois têtes. Le jardin du Quartier Général fut traversé en quelques enjambées, un sourire ravi dessiné sur le visage du petit bout de femme. Elenna s’arrêta quelques secondes devant le miroir qui se trouvait dans l’entrée, arrangeant sa tignasse blanche et remontant avec une élégance certaine sa poitrine. Elle se regarda. Bien que sa tenue fût des plus simples, chaussures en toile, jean et débardeur aussi blanc que ses cheveux, elle ne se trouvait pas trop mal comme ça. Toujours se faire belle pour son copain ! Le parfum d’Alexander flottait dans les airs, signalant qu’il était passé par là quelques minutes avant elle. Impatiente de retrouver son bel apollon, la chef de Phénix s’avança dans la grande bâtisse en direction du salon pour finalement ne trouver… rien. Elle haussa un sourcil avant de s’aventurer dans la pièce, n’imaginant pas le russe faire un cache-cache derrière le sofa. Sur la table basse se trouvait un papier immaculé, où seuls quelques mots étaient griffonnés « Je serai là où tout sorcier renaît. ».

En pleine réflexion, la sorcière remua le bout de son nez, se rendant compte que lorsqu’Alex avait parlé d’aventure, elle n’avait pas imaginé devoir se mettre à un vrai jeu de piste. Voilà qui promettait bien des surprises et d’être amusant. Relisant l’unique phrase écrite, la fille aux cheveux de neige eut comme un élan de génie. L’Auror faisait cela pour fêter son anniversaire aujourd’hui alors il allait certainement la faire courir dans des lieux qui signifiaient beaucoup pour elle, pour lui et pour eux. Lorsqu’Elenna avait eu l’impression de revivre en tant que sorcière et non moldue, c’était quand elle avait pris en main sa première baguette magique, sentant la canalisation de son pouvoir se glisser dans ce petit bout de bois, lui insufflant une confiance en elle certaine. C’était là-bas qu’elle devait aller. Alexander voulait la faire courir ? Il n’allait pas être déçu. Elle s’élança telle une fusée dehors, regagnant le monde extérieur pour pouvoir transplaner en plein milieu du Chemin de Traverse…

[ RP commun à tous les p'tits phénix... et aux grands aussi... ]

Concrètement : faire du grabuge quelque part pour faire comprendre aux gens qu'on existait encore et que l'on avait tout de même des valeurs, en plus du fait de jouer nos rebelles hors-la-loi. Ça plaisait bien au russe, de toute manière, les lois, il s'en tamponnait le scrotum avec... N'était-il pas lui-même criminel et policier en Russie ? Si (pour ceux qui n'avaient rien suivi).

Écoutant la chef leur adresser quelques mots pour clore la réunion, Rurik se redressa aussitôt qu'elle annonça la fin de leur rassemblement : il ne s'agissait pas d'un comportement de chieur qui n'en avait rien à battre et qui voulait s'en aller au plus vite, non, il avait bien participé, il avait donné ses idées, il s'était engagé pour une certaine partie. Rien à se reprocher, donc. Il était juste préoccupé par quelques détails.

Laissant les autres papoter et traîner en quittant la salle, le russe s'éloigna : entre le couple d'Aurors et les petits nouveaux, il se sentait un peu comme l'élément en trop depuis que Lilith était partie. Elle avait été son lien avec l'Ordre. Non, ce n'était pas un sentiment de solitude... Il fallait juste aborder les choses différemment, maintenant, personne au sein du groupe ne savait vraiment quel genre de personne il était... Et ce n'était pas plus mal, car il ne comptait pas tout mélanger.

Le colosse se laissa aller dans le canapé du salon, prenant sciemment les trois quarts de l'espace, ses bras bien allongés sur le dossier du meuble, la tête penchant en arrière. La pleine lune approchait, il le sentait, ça lui faisait comme une démangeaison dans la mâchoire, comme une envie de mordre ou mâchouiller tout et n'importe quoi... ou n'importe qui.

Arquant le dos pour passer brièvement une main à l'arrière de sa ceinture, il effleura sa baguette des doigts pour informuler un simple sortilège d'attraction. La cuisine du QG débordait de trucs à se mettre sous la dent, et l'heure du thé était passé depuis bien longtemps, la réunion avait duré plus de temps que prévu... Donc à mort les biscuits et la boisson so british, un apéro, c'était beaucoup mieux !

Alors qu'il attrapa un verre, il entendit quelqu'un entrer dans le salon.

« Parfait, au moins je n'aurais pas l'air idiot à boire tout seul... » lança t'il d'un air détaché.

Il n'avait pas vraiment regardé qui était entré, mais bon, normalement, tout le monde était majeur dans l'Ordre, non ? Et puis il était médicomage, donc il n'y avait rien à craindre ! Quelle excuse splendide.

Nouvelle tout juste entrée dans l'ordre, l'irlandaise ne connaissait pas encore bien les lieux. C'était une bleue pour l'Ordre du Phénix, mais le s'y sentait vraiment bien. Un peu comme si elle avait toujours été faite pour cette vie de hors la loi justicier. Toutefois, elle aurait bien aimé qu'il n'y ai pas besoin des Phénix pour un bon fonctionnement du monde, mais bon, c'était comme ça. Et la vie aurait été bien monotone pour elle. La formation passée avec Jasmine avait été des plus rude. Elle se doutait que les Phénix était de bon combattant, mais elle avait encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à leur niveau, c'était clair. Au moins, là elle pourrait enfin s'entraîner avec des vrais fou de la baguette.

La réunion lui avait semblé interminable, bien qu'enrichissante. C'était comme un trop plein de matière qu'on adorait, mais où il fallait quand même souffler un peu pour tout suivre. La jeune femme avait été agréablement surprise alors qu'elle avait aperçu son ancien prof de médicomagie, et d'autres Phénix qu'elle connaissait déjà de vu. Afin de bien prendre en compte l'importance des missions, elle avait appris par cœur la plupart des alliés des Phénix. La aussi certains noms l'avait surprise, comme sa patronne des Halles Magique ou alors la sublime médicomage de Sainte Mangouste. Il fallait croire qu'il y avait bien des gueules cassés pour avoir autant de bon éléments en matière de médecine.

A la fin de la réunion, la jeune femme resta un petit moment sur sa chaise, pour s'étirer discrètement les bras, et se détendre un peu la nuque. Étrangement, sa deuxième vie ne la stressait guère. Elle se sentait utile ici, bien qu'elle fusse nouvelle. Mais la Syverell savait bien que chacun des Phénix avait tous débuté comme elle, des bleus. A savoir si eux n'étaient eux aussi que des élèves de Poudlard à leurs arrivé au QG. Après ces quelques réflexion, la jeune femme se leva de la chaise avant de la ranger sous la table de réunion. S'étirant une deuxième fois, son désir et sa dépendance l’appela. Il était tard, et elle avait rudement soif. C'est donc à pas lent que la belle brune se rendit aux cuisines, où elle entendit du bruit. Arrivée, elle regarda un peu partout où elle pourrait trouver l'ambroisie. Et c'était là, à quelques pas du frigo qu'elle la vit. Cette belle bouteille au liquide mordoré.

Laurae s'en saisit immédiatement, l'ouvrit, et prit une gorgé au goulot. Le liquide doré lui faisait chaud au cœur et au corps. L'alcool qui se dégageait de la bouteille lui rappela encore une fois l'île dont elle venait... Aaaaah Hydromel de malheur. C'était si bon, mais tellement abusif. La bouteille dans les mains, elle s'avança jusqu'au salon où elle vit son ancien professeur Mkrovsk. Lui souriant, elle s'installa en face de lui. Puis agita sa baguette pour faire venir à eux des petit gâteaux pour l'apéritif, un couteau et du saucisson. Elle adorait le saucisson. En fait c'était un peu la bonne vivante. Non non, rien avoir avec le fait qu'elle soit Poufsouffle.

- Bonsoir Rurik

C'était bizarre de l’appeler par son prénom, elle qui l'avait toujours e en temps que professeur. Mais maintenant qu'ils étaient des frères d'armes et partageait le même but, la Blairelle savait que dans tout les cas, l’appeler par son nom serait tout simplement ridicule. Elle lui proposa quelques tranches de sifflard et quelques amuses gueules, puis leva sa bouteille pour trinquer avec lui avant de boire, à nouveau, au goulot son précieux hydromel.

- Tu es rentré comment ici ?

Bah oui, elle connaissait rien de cet homme musclé au nez droit, à la mâchoire carré et aux cheveux court. Peut-être que c'était un choix, c'était surement le cas, mais Lau' n'avait aucunement envie de lui tirer les vers du nez. Elle n'était pas comme ça, même si elle était directe. Qu'il réponde ou non, c'était son problème. Tout ce qu'elle espérait c'était de faire connaissance avec un autre Phénix. La confiance se créait comme ça, non? Allez Hop, une autre longue gorgé de son Hydromel.

Rurik, hésitant entre deux options favorables s'était défaussé de son verre pour s'emparer d'une des canettes de bière qui s'étaient offertes aux prédateurs comme lui suite à son sortilège d'attraction : la vodka, c'était bien, mais il avait besoin de quelque chose d'un peu plus rafraîchissant après cette réunion qui lui avait paru interminable (bien qu'intéressante et tout, et tout...). Dans un bruit très caractéristique, il ouvrit la canette.

- Bonsoir Rurik

La première personne arrivée était donc une des recrues les plus récentes... armée d'une bouteille qu'il avait déjà pu repérer, mais qui ne lui avait jamais vraiment donné envie. Parfait, leur petite dernière était tout juste majeure, et elle avait une prise d'experte sur la gorge de sa victime, comme si elle avait passé sa vie à manipuler les bouteilles d'alcool.

Laura... Non, Laurae ! Ça existait, comme prénom ? Suffisait-il de rajouter une lettre pour créer quelque chose d'original ? Pfeuh ! Qu'est-ce qu'il était négatif... La jeune femme montra d'ailleurs la beauté de son âme en faisant venir de la cuisine davantage de choses pour un apéro complet.

« Hrm... tu m'brosses dans le sens du poil, là... » grogna-t-il d'un air amusé en se servant.

Le saucisson fut tranché en une multitude de tranches... Il y avait une certaine expertise dans les mouvements du russe : force brute, bien évidemment, mais aussi dextérité et aisance. Bon, il s'agissait juste de couper de la bouffe, mais bon... Couper la chair, il en connaissait un rayon.

- Tu es rentré comment ici ?

Levant le nez vers la jeune alcoolique (tout de suite les grands mots...), le loup-garou inclina légèrement la tête sur le côté, fixant sans vraiment le regarder le coin de la table basse. Sûrement pour réfléchir à une réponse complète...

« Ça paraît évident, c'est uniquement parce que je suis médicomage, et qu'il faut bien des gens à l'arrière pour sauver es vies... Non ? »

...Ou pour préparer une connerie à dire. Reportant son regard sur la bleue, il termina sa canette de bière et lui accord un regard entendu. Brusquement, il serra ses doigts autour du conteneur vide, l'écrabouillant sans aucune difficulté dans un bruit d'aluminium.

« C'est c'qu'ils m'ont dit au début, mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, je suis pas stupide. »

Pas vraiment besoin de détailler ceci : certes, il ne fallait pas se fier aux apparences, mais aussi trompeuses qu'elles pouvaient être, il y avait des cas où elles transpiraient la réalité. Rurik était fait pour se battre, et il aimait ça... Les valeurs de l'Ordre collaient plutôt bien aux siennes (à quelques différences par ci, par là), donc il s'était lancé.

« T'as plutôt une bonne descente pour ton âge... Fais gaffe, tout de même, évite juste de te retrouver ivre si l'on a besoin de toi, hein. »

Posant sa canette vidée et assassinée, il se servit un grand verre de vodka (ouais, les p'tits verres c'était pour les faibles !). Maintenant qu'il s'était un peu "désaltéré" et rafraîchi avec sa bière, il passait à quelque chose de plus orienté "détente". Tout ce qu'il manquait pour compléter cette image de détente à la mode mafieuse et hors-la-loi, c'était un bon gros cigare... Sauf que le loup-garou ne supportait pas la fumée. Les chats à caresser en mode grand vilain de film, ça aussi ça ne le branchait pas trop. Et pourtant il s'en était bien sorti en Russie. Comme quoi...

« Et toi, à part vider les verres de nos ennemis plus vite que l'éclair pour les faire mourir de soif, t'as d'autres capacités ? Des domaines dans lesquels tu voudrais t'améliorer ? La chef te dira que tout le monde peut aider à sa manière, mais à un moment ou un autre, faut se montrer bien plus que "légèrement utile"... »

C'était peut-être une des différences au niveau de ses valeurs. Avec lui, les poids étaient éliminés, les motivations ne passaient pas au dessus des capacités. Il n'y avait que le facteur de confiance qui était tout aussi important... Parce que c'était très important pour toutes les organisations hors-la-loi, que ce soit chez les moldus ou pas.