Une cachette appropriée [La Grotte]

- Je prends celui de droite, ok ?

Je prends celui de droite... je prends celui de droite... Je ne prends rien du tout plutôt. Si la jeune femme était, habituellement, assez douée en duel face à des humains, elle ne savait pas du tout comment s'en sortir avec la bête enragée qui se tenait devant elle. Certains diront que ce n'est que balivernes, que combattre un humain ou un animal, c'est identiquement pareil et à ça, la jeune femme forte de caractère, répondrait qu'il est courant, effectivement, de voir un homme courir aussi rapidement qu'un loup. Mais ne dis-ton pas qu'on répond les imbéciles par le silence ? En fin, toujours est-il que cela ne voulait pas dire qu'elle n'arriverait pas à coucher l'animal, il n'existait pas encore l'homme que Nymphadora n'arriverait pas à coucher les quatre pattes en l'air. Généralement, c'est l'homme qui couche la femme, mais que voulez-vous, la jeune femme n'a jamais été connue pour son sens du conformiste.

Elle laissa la bête tourner un peu autour d’elle afin qu’elle se sente tellement envahie par l’appât du gain qu’elle ne se rente même plus compte du danger . L’animal mourait de faim, sa langue était pendante comme si il allait se lécher les babines et ses canines étaient bien saillantes sur ses lèvres. Nymphadora avait lu un jour qu’un loup pouvait attaquer de deux façon : soit il vous attrapait à la jugulaire et là, c’était rapide, indolore et relativement propre, sans avoir même le temps de sentir que la mort venait nous chercher, la manière la plus confortable de mourir sous la patte d’un loup. Soit, il venait vous sectionner le talon d’Achille, vous étiez allongé à terre en moins de temps qu’il faut pour le dire et l’animal vous ouvrait le thorax à coup de griffe afin de faire sortir vos tripes et boyaux sans vous en demandez votre avis. C’était moins confortable du coup, d’autant plus que vous restez conscience la plupart du temps au moins une grosse vingtaine de minutes. Ne prenez pas ça pour acquis, car la jeune femme avait lu ça dans le Chicaneur et on n’en connait tous la réputation.

Toujours est-il que le sien de loup ni consciencieux, ni glauque, mais juste un peu écervelée, car à la place de s’attaquer à un gros tronc veineux, il enfonça simplement ses crocs dans le gras de la cuisse de la jeune femme qui se détacha du loup par un coup de pieds dans le flanc. Oui, c’est vrai, c’était quand même douleur, ça picotait et ça saignait fortement, mais ça n’empêchait pas la jeune femme de se battre, de se mouvoir, donc comme première attaque il y avait mieux quand même. Ce petit loup devait, très probablement , dans une vie antérieure, faire partie des aurors, elle y mettrait sa main à couper.

La vue de son sang et, surtout, l’odeur éveillèrent l’instinct animal qui sommeillait en la jeune fille, il était donc grand temps que cela se termine, car une fois ce premier instinct mis en route, celui de la faim ne tardait jamais à pointer le bout de son nez. Elle regarda la bête dans les yeux et décida d’y aller sobrement, mais efficacement.

- Metalo Scencio

La jeune bête souffrant toujours de sa douleur au flanc gauche, elle avait le pieds dur la Dora, ne réagit pas assez vite et fut emprisonné dans les mails du filet, après le reste, c’était du gâteau. Il est vrai que la tuer avec un Avada Kadavra aurait été rapide et expéditif, mais elle avait envie de faire souffrir la bête un peu plus longtemps, histoire de se venger pour la marque de dents qu’elle garderait à jamais dans sa cuisse. En attendant qu'elle se décide de ce qu'elle allait faire subir à cette pauvre bête, cette dernière se démangeait dans tous les sens, ce qui avait pour conséquence de resserrer de plus en plus le filet, allant même jusqu'à taillader, peu profondément, l'animal à diverses endroits.

-Flambios maxima

Elle pointait le bout de sa baguette sur la bête qui ne tarda pas à se consumer et son corps massif et poilu fut vite remplacé par un beau petit tas de cendres. Une fois le coup de l’adrénaline passé, Nymphadora ressentit , de nouveau, une forte douleur au niveau de sa cuisse, il valait mieux soigner tout ça, histoire d’éviter de choper une vilaine crasse.

-Vulnera salmento

Bon c’est bien, l’hémorragie était stoppée, mais ensuite ? Sa mémoire lui jouait des tours et elle avait du mal à se souvenir du sort qui permettait de saucissonné un membre dans un joli bandage.

-Dis Will, par tout hasard, tu ne connaitrai pas le sort qui fait apparaitre un bandage ou un truc dans le genre ? Pis tu n’as pas envie d’aller te descendre une pinte, parce que j’ai le gossier complètement à sec là.

HRPG : le sort dont je te parle c'est Ferula la formule. Pas terrible comment je me débarrasse de l'animal, désolée

Alors que le loup dont Will s'était occupé gisait à ses pieds, le jeune homme observa sa compère, Nymphadora, qui combattait elle aussi sa bête. Après avoir laissé la pauvre bête lui tourner autour, ce dernier, plus vif que l'éclair planta ses crocs dans la jambe de la jeune femme, lorsqu'elle eu repoussé l'animal d'un bon coup de pied Will s'aperçut qu'elle saignait, et même beaucoup .. Cependant, il ne devait pas succomber à la tentation, c'était son amie, l'idée de lui planter ses crocs dans le cou ne devait même lui effleurer l'esprit. Surement énervé d'avoir été mordu par ce vieux chien galeux, Nymphadora lança un sort qui eu pour effet d'enfermer l'animal dans une sorte de filet, puis, elle le transforma en un petit tas de cendres. Plutôt efficace.

Voila, les deux loups avaient été abbatus sans trop de bobos chez les deux sorciers, avant même que Will puisse ouvrir la bouche pour demander à son amie comment elle se sentait, cette derniere lui fit:

- Dis Will, par tout hasard, tu ne connaitrai pas le sort qui fait apparaitre un bandage ou un truc dans le genre ?

- Si si, attends ça va me revenir .. P'tain on a pourtant vu ça à Poudlard, j'en suis sur ! Furoncla .. non ! Heu feradora .. nan ! Furula, ferala, Ferula ..

Aussitôt des bandages propres vinrent s'enrouler autour de la blessure de la sorcière, l’hémorragie devrait s’arrêter d'ici peu.

- Beh voila, t'es comme neuve.

- Merci. Pis tu n’as pas envie d’aller te descendre une pinte, parce que j’ai le gossier complètement à sec là.

- Je ne dis jamais non à une pinte, tu devrais commencer à me connaitre .. Léto !

Plop ! Son petit elfe apparut aussitôt, sans qu'il lui laisse le temps de parler Will lança:

- A la boutique !

- Bien maî...

- La ferme, à la boutique !

Quelques secondes plus tard ils étaient, tout les trois devant le comptoir de sa boutique.

[HRP : RP avec Thaïs Der Löwe, je conseille de lire ce message en écoutant ceci, ça met dans l'ambiance je trouve]

Le vent glacé venant balayer les prairies, les toits des villages. Dolentis profitait de ce temps peu appréciable pour la majorité de la population, pour se promener tranquillement, pour penser. Tout de noir vêtu, le jeune homme retenait son chapeau qui s'envolait quelques fois. Le ciel couvert annonçait un orage dans peu de temps, mais il n'en avait que faire.
Après avoir marché le long des routes et des chemins, au plus profond de ses pensées le jeune français perdurait contre la tempête naissante.

Il sentait alors de l'humidité sur son visage, il leva les yeux au ciel et les gouttes se déposèrent sur ses joues à un rythme ne cessant d'augmenter. Le Gryffondor retira son chapeau, inspira et expira expressément en levant les bras sur ses côtés. Les yeux clos, il ne tenait plus compte de rien, mais c’est alors qu’un éclair tonna et sa lumière éblouit le jeune homme. Il baissa le regard, prêt à repartir, lorsqu’il aperçut un homme lui aussi ayant un chapeau, et lui aussi était habillé en noir. Les deux hommes se fixèrent longuement avant que l’inconnu commence à s’enfuir, courant le plus vite possible. Il avait une arme à la main.

Sans hésiter, Dolentis se mit à sa poursuite, et malgré le temps déplaisant, il courut pour le rattraper. Ils s’éloignèrent encore plus des routes, traversant les obstacles naturels qui se dressaient à eux. A mainte reprise, Dolentis vit cet homme tirer en face de lui, et c’est alors qu’il se rendit compte que cet homme en poursuivait un autre. L’homme mystérieux se plaça derrière un arbre où venait de se cacher sa victime. Au même moment, le jeune français arriva derrière cet énorme chêne, et se plaquait à lui pour intervenir ensuite. Mais lorsqu’il fit le tour de l’arbre, il n’y avait personne.

Il ne comprenait pas, et tournait en regardant tout autour de lui. Et là, assis au loin sur un rocher, se tenait cet homme, qui tira son chapeau en révérence, avant de se lever, de sauter par-dessus le rocher et courir. Dolentis plus intrigué par cette personne qu’effrayé, voulait à tout prix la rattraper. Il se remit à le poursuivre.

Cette course effrénée ne prit fin que lorsque cet inconnu s’engouffra dans une grotte. Le jeune homme trébucha sur une pierre, mais se rattrapa de justesse. Essoufflé, il avança alors lentement vers l’entrée de ce gouffre sans fin visible et observa les alentours. C’est sûr, il était à l’intérieur. Il se décida après avoir reprit son souffle, de pénétrer à l’intérieur, la baguette à la main.

L’endroit était assez lugubre et terne, on aurait pu le confondre avec la gaité d’une crypte. La luminosité baissa très vite, et plus il s’avançait, plus la nécessité d’en obtenir devenait capital. Il effectua alors le sort « Lumos » et pointa sa baguette en face de lui afin de s’enfoncer encore plus. Bientôt, il ne verrait plus la sortie, il décida alors prendre une pierre, et de frapper à grand coup sur le mur pour marquer son passage. Celle-ci se fendit sous ces frappes et se détruisit rapidement.

Dolentis prit quelques morceaux sur lui pour des marquages ultérieurs. C’est ainsi qu’il plongeait dans l’inconnu à la recherche d’un homme mystérieux, avec pour seul indice, des traces sur le sol qui ressemblait quelque peu à des traces de pas. Cet homme devait courir, mais il n’y avait qu’une seule sortie, du moins le jeune homme l’espérait, alors il fit bien attention à ne pas faire trop de bruit, et continua son chemin assez lentement.

C’est alors qu’il perçut des bruits près de sa position, alerté par ceux-ci, il se plaqua à la paroi et tentait de se rapprocher le plus silencieusement possible de l’endroit d’où venaient ces sons, qui résonnait un peu en écho dans la grotte.

Thaïs déambulait dans les rues pavées de Pré-au-Lard depuis maintenant un quart d'heure. Les cieux s'étaient chargés de gris qui noircissait à vue d'oeil depuis ce matin, et la demoiselle avait bien fait de revêtir une cape plus épaisse. Dissimulée sous son large capuchon, elle passait inaperçue au regard du monde, désireuse de tranquilité. Soudain, les perles de pluie ruisselèrent sur les carreaux et alourdirent son vêtement, et cette averse annonçait sans doute un orage. D'ailleurs, un puissant éclair fendit les nuages, et le tonnerre gronda.

La jeune fille s'arrêta un instant pour consulter l'heure sur le cadran d'une vieille horloge, et son œil ambré fut attiré par une masse noire et statique non loin d'elle. La Serdaigle fit volte-face, et observa longuement cet homme qui semblait la toiser étrangement. Après une courte contemplation, l'intriguante ombre marcha d'un pas assuré en sa direction. La cadette der Löwe blémit, et reprit sa route, légèrement inquiète. A présent, la pluie s'abattait lourdement sur les toits, produisant de petits bruits secs et réguliers. Parfois, elle jetait des regards en coin pour s'assurer qu'elle n'était plus suivie ; malheureusement, cette personne s'avérait persévérante. Une sueur froide parcourut le dos de Thaïs, et ses jambes accélérèrent de leur propre gré, jusqu'à adopter une allure de course. Dès lors, elle ne songeait qu'à fuir.

S'ensuivit une course poursuite endiablée, qui mena la demoiselle ainsi que son assaillant à l'entrée d'une grotte lugubre. Peu lui importait le manque de luminosité, ce serait d'ailleurs un certain atout pour semer cet homme. Sans plus réfléchir, elle s'engouffra dans la cavité béante. A son grand dam, la jeune élève constata qu'elle ne pourrait pas continuer à progresser à tâtons, car ça n'était absolument pas prudent. Dans un murmure, elle alluma sa baguette à l'aide d'un Lumos, sans pour autant ralentir. Une série de stalagmites trônaient au devant, et il faudrait slalomer habilement afin de ne pas se blesser. Résignée, Thaïs s'engagea entre les pointes acérées, mais elle obliqua trop rapidement, et s'égratina méchament l'avant bras gauche. Secouée par un lancinement, elle éclaira sa blessure et constata qu'elle était bénine. La Serdaigle grimaça, cherchant des yeux un endroit où se dissimuler. Elle décida de se terrer dans le renfoncement de roche à sa droite, la probabilité que son poursuivant la découvre était faible. Ce n'est pas sans mal que la demoiselle parvint à s'installer dans sa cachette ; les parois étaient tranchantes et humides, sans parler d'une forte odeur de pourri. D'un geste du poignet, elle tarri la lumière qui sortait de sa baguette. Ses mains blafardes étaient criblées d'écorchures, et son esprit était embrumé ; était-elle seule et sauve ? Un sentiment de peur étreignit le cœur de Thaïs.

Les lieux étaient humides, et Dolentis n’appréciait pas vraiment l’ambiance morbide que dégageait cette grotte. Après avoir suivi les sons qu’il percevait, le jeune homme n’entendit plus rien, mais une lueur éclairait une paroi plus profondément dans la grotte avant de diminuer jusqu’ à ne plus être vraiment visible.

Mais alors qu’il se dirigeait vers la provenance de cette lumière, sur une stalagmite ruisselait du sang qui semblait être humain. Le Gryffondor dont la respiration semblait augmenter, déglutit et se décida à se rapprocher encore plus. C’est alors qu’au comble de l’horreur, il découvrit avec stupeur, le même sang encore chaud ornant le sol. Cela ne le rassura pas vraiment, mais il avait désormais une piste pour le conduire à cet homme inconnu. Plus il suivait ce liquide écarlate, plus celui-ci était présent, et c’est alors qu’il semblait être sur le bon chemin, plus rien ne venait joncher le sol de cette couleur rouge.

Pointant sa baguette autour de lui en cherchant où pouvait bien être passé cet inconnu, le doute s’installait en lui. Il voyait les parois se refermer sur lui. Un profond malaise le prit, il transpirait, il avait chaud, ne sachant que faire, il paniquait et peinait à rester debout. A ce moment là, il se souvenait des pierres dans son manteau, et hélas, il n’avait pas pensé à marquer son passage depuis un moment déjà. Enclin au désespoir, il s’effondra et passa ses mains sur son visage. Jamais peut-être n’allait-il ressortir. Cette angoisse incessante d’une présence venait se rajouter à cet épisode désastreux.

Mais un gémissement vint lui faire lever la tête, instantanément il chuchota la formule « Nox » pour mette fin à la lumière. Désormais il n’était plus apeuré par la situation, mais cette gêne omniprésente lui pesait. Dolentis était claustrophobe, bien qu’il ne s’attendait pas à ce que la grotte lui procure cette sensation, le fait d’être perdu dans un endroit clos était pour lui éprouvant. Il s’approcha tout de même, il savait qu’il n’était pas seul, et était prêt à une lutte à mort pour sa survie. Une certaine tension s’était instaurée, et les tremblements de peur s’étaient changés en nervosité. En proie à la fureur, il se ressaisit en gardant son sang froid et silencieusement, plaqué contre une paroi, il tenta d’observer l’origine de ce gémissement.

Il voyait une silhouette planqué là, derrière les rochers et les encombrements. Préparant son plan d’attaque, il restait caché quelques instants. Une fois prêt à en finir, il inspira longuement et serra bien comme il faut sa baguette. Avec le plus de précision possible, il changea de paroi et en se déplaçant il lança le sort «Expelliarmus» sans le prononcer vers cette silhouette, et se mit à couvert immédiatement. Gardant le silence, il était toujours plaqué de l’autre côté.

Il maîtrisait alors la situation selon lui, mais ne voulait pas prendre de risque inutile, Le jeune homme tenta de s’adresser à cet inconnu, avec le plus de précaution possible. De sa voix grave, il s’exprima ostensiblement et clairement :

-Il n’y a aucune issue. Je suis armé, ne faites pas quelque chose que vous pourriez regretter. Nous allons commencer par nous calmer, il serait plus judicieux de ne pas s’entretuer, vous ne croyez pas ?

Il tentait d’apaiser la situation, et par la même occasion, de mieux localiser sa cible au cas où elle déciderait de se battre. Il envisageait les deux solutions, toujours sur ses gardes, se servant des pierres pour feinter son déplacement à d’autres endroits, alors qu’il était tapit dans l’ombre. La paranoïa grandissante au fur et à mesure que Dolentis prenait de l’âge, finalement lui servait pleinement dans des situations difficiles.

Tapie entre les rocailles, Thaïs attendait, à l'affut, espérant qu'elle avait pu semer son poursuivant entre les stalagmites et l'obscurité de la grotte. Elle avait la bouche sèche et des afflux de sang cognaient contre son crâne, se répercutant en assourdissants échos. La jeune fille ne tiendrai pas longtemps ainsi, compressée par la pierre humide et sale. Et cette odeur insupportable lui donnait des hauts le cœur. Tout à coup, elle perçu un mouvement, comme si quelqu'un peinait à avancer. De plus, un faible éclat disparu dans les ténèbres, comme s'il s'agissait d'une baguette.. La demoiselle ferma les yeux et se crispa, toujours son outil de magie serré entre ses doigts. Comme elle ne bougeait plus, elle parvint à ressentir les pulsations de son cœur, rythmées par sa frayeur. Allait-il la découvrir ? Et comment cela se terminerait ? De nombreuses hypothèses s'articulèrent dans l'esprit désorienté de la jeune élève.

Soudain, un sort fusa pour lui ôter sa précieuse baguette des mains.Thaïs sursauta et émit un cri apeuré. Sa seule chance de survie lui avait été ravie sans crier gare. Le fait de s'être faite avoir aussi simplement la fit enrager, alors qu'elle allait jaillir de son trou pour faire face à son assaillant, une voix retentit dans la caverne. Déjà, c'était un jeune homme, majeur peut-être. Dans cette voix, on entendait de la bravoure et de la sincérité, mais néanmoins un brin de malaise. Surprise par ce semblant de pacifisme, la jeune rousse hésita un instant ; fallait-il se laisser découvrir ? Si l'inconnu l'avait désarmée, c'était par pure précaution, car il n'avait pas forcément envie d'aller jusqu'à la confrontation, si ses paroles étaient véridiques. La Serdaigle inspira profondément et tenta de se détendre quelque peu, avant de s'extirper du renfoncement. Là, elle parla d'une voix froide et sans appel :

" - Vous avez réussi à m'enlever ma baguette, je suis inoffensive maintenant. Veuillez s'il vous plaît émettre un peu de lumière, et me restituer ma baguette. De plus, je vous somme de me dire pourquoi vous m'avez poursuivie de la sorte."

Les derniers mots pénétrèrent dans les parois, et s'estompèrent dans un pesant silence. Démontrer sa position pouvait être extrêmement dangereux, mais la jeune fille avait trop d'assurance et de fierté pour rester cachée comme une proie. A ces mots, elle abaissa sa capuche, pour que le jeune homme puisse la distinguer pleinement. L'entaille causée par les pointes des stalagmites affutées la brûlait, et une désagréable bouffée de chaleur l'enveloppa. En bougeant ses doigts, elle s'aperçut qu'ils étaient poisseux, sûrement à cause du sang qui s'était écoulé lentement de sa plaie. Un ultime doute subsista dans les pensées de Thaïs ; est-ce-que la manœuvre de cet étrange jeune homme était un lâche piège ? Dans ce cas, elle s'était jetée corps et âme dans la gueule du loup.

Depuis les ombres, une voix explicite lui répondit :

- Vous avez réussi à m'enlever ma baguette, je suis inoffensive maintenant. Veuillez s'il vous plaît émettre un peu de lumière, et me restituer ma baguette. De plus, je vous somme de me dire pourquoi vous m'avez poursuivie de la sorte.

Une femme. Dolentis s’attendait à tout sauf à une femme. Il commençait sérieusement à douter quand à la crédibilité de ces mots, surement voulait-on lui jouer un mauvais tour. Mais il savait désormais où elle se trouvait. Il s’apprêtait à répondre avant de se déplacer, mais en effectuant un mouvement, son épaule le fit souffrir atrocement. Lorsqu’il déposa sa main dessus, le sang coulait abondamment. Son visage se crispa mais il tentait de garder le silence. Malgré cette tentative, un petit cri de douleur fut émit.

Le jeune homme essaya de garder son calme, et répondit aux mots de la femme :

-Voyons enfin, je ne suis pas dupe, je ne me mettrais pas à découvert tant que vous gardez votre arme à feu. Secondement la raison pour laquelle je vous poursuis devrait vous revenir rapidement. Qu’avez-vous fait de votre victime ?

Une fois qu’il eut parlé, il ne put s’empêcher de tousser, son malaise devenait plus encombrant mais il faisait de son mieux pour ne pas le faire paraître. Il changea d’endroit et ramassa la baguette de cette femme au passage, toujours dans le plus grand silence. Son nouvel emplacement lui permit d’observer ainsi un peu mieux la personne qu’il cherchait. Malgré l’absence presque entière de luminosité, il distinguait de longs cheveux, et l’allure d’une jeune femme qui lui semblait être à peine majeure, ce qui confirma les suppositions qu’il venait d’émettre en entendant sa voix.

Il jeta ensuite une pierre à seulement quelques mètres d’elle, volontairement éloigné pour qu’elle ne se doute pas de l’emplacement d’où venait la pierre. Cet effort physique augmenta le flux de sang qui coulait de son bras. C’est en observant ses mains pleines de sang que le jeune homme se rappela que la personne à laquelle il s’adressait en avait laissé échapper un peu plus loin vers l’entrée de la grotte.

Si les lieux étaient plus éclairés que cela, Dolentis aurait probablement eu la vue troublé par des ombres. Les paroles de la jeune femme semblaient être celle d’une victime, mais le Gryffondor, méfiant, s’attendait trop qu’on essaye de le faire tomber dans un piège. Il n’émit pas plus de lumière et était prêt à la moindre occasion à mettre hors d’état de nuire cette femme.

A son grand regret, le jeune inconnu ne répondit pas favorablement aux requêtes de Thaïs. La tension émanant de son poursuivant était presque palpable, et un bruit sourd retentit non loin de la jeune femme. Néanmoins, elle avait noté qu'il lui sommait de savoir ce qu'elle avait bien pu faire de sa victime. La Serdaigle écarquilla les yeux et se demanda à quoi l'intriguant pouvait bien faire allusion. Réunissant sa crinière rousse pour en faire un chignon, elle se mit à cogiter ; peut-être que tout ce cirque n'était qu'une farce ? Déconcertée, sa voix rauque se répercuta une nouvelle fois contre les parois rocheuses :

" - Mais enfin de quoi diable parlez-vous ? Je suis seule ici, et vous m'avez fait une belle frayeur en me poursuivant ! J'exige des explications, et rendez-moi ma baguette !"

C'était malgré elle que Thaïs avait haussé le ton, mais cette situation commençait à titiller son système nerveux. Pour qui donc se prenait cet énergumène à la filer ainsi et à la désarmer au beau milieu d'une cavité plongée dans un noir d'encre ? L'effroi qui l'avait auparavant étreinte avait cédé la place à l'agacement et l'impuissance. Cependant, son courroux serait ravageur si tout cela n'était qu'une mise en scène destinée à lui faire une mauvaise plaisanterie. Mais le ton sur lequel l'étrange personnage avait proféré ses paroles laissait entendre tout le contraire ; comme si c'était elle-même la cause du problème. Soucieuse de ce qui allait advenir, elle se prépara à une éventuelle offensive de la part du jeune homme, tout ses sens en alerte et ses muscles bandés. Désormais, elle jouait à l'équilibriste, et sans filet.

Dehors, la pluie avait redoublé d'intensité, et les nuages gonflés d'électricité attendaient le moment propice pour se déverser. Le tonnerre ne cessait de résonner au dehors, et dans ce cas-là, c'était même légèrement effrayant. Toutefois, Thaïs se jura de ne pas se faire emporter par la panique, car il n'en résulterait rien de bon.

Le ton de sa voix avait prit une tournure plus offensive :

- Mais enfin de quoi diable parlez-vous ? Je suis seule ici, et vous m'avez fait une belle frayeur en me poursuivant ! J'exige des explications, et rendez-moi ma baguette !

A priori, cette jeune femme ne devait pas être la personne que Dolentis poursuivait à l’extérieur. Elle ne correspondait pas aux critères de cet inconnu qui s’était enfui. Mais pour s’en assurer, le Gryffondor formula à voix basse le sort « accio » suivit du nom « arme à feu ». Rien ne vint à lui.

Cela confirma ses hypothèses, et il tenta de savoir qui pouvait bien être cette personne. Mais Dolentis sentait la douleur de son épaule se propager sur son torse, ses mouvements lui faisaient souffrir un calvaire abominable et il bougeait avec peine. Il resta à un endroit fixe et parla d’un ton très calme et posé contrairement à la personne derrière ces pierres.

-Je poursuivais un inconnu armé d’un révolver, dont les intentions étaient plus que douteuses. Il poursuivait également une personne qui a disparu derrière un arbre et il s’est enfui jusqu’à cette grotte, je l’ai donc suivi. Pourquoi vous rendrais-je votre baguette ? Qu’est-ce qui pourrait me faire croire que vous n’êtes pas cette personne et que vous n’avez pas l’intention de m’occire ?

Le jeune homme émit de la lumière depuis sa baguette, toujours derrière les rochers. Il déposa un regard sur elle avant de se cacher pour qu’elle ne le reconnaisse pas. Rousse, taille moyenne, non corpulente, les mains tremblantes et légèrement ensanglantées de sa propre blessure au bras. Il savait que ce n’était pas la bonne personne, mais ne donna pas plus d’information, toujours aussi méfiant. Il cherchait maintenant à savoir si quelqu’un d’autre était présent près de lui, ou encore d’elle. Mais il semblait bien qu’ils n’étaient que deux, seulement il ne pouvait pas confirmer cette supposition. Il attendit alors la réponse de la jeune femme pour prévoir la suite des évènements.

Les prochaines actions du jeune homme allaient dépendre de la réaction de la femme à ses mots, c’était une sorte de processus psychologique pour entrevoir des suppositions, quelconques, ou essentielles.

Thaïs écouta attentivement les dires du jeune homme, qui paraissait maintenant détendu. Il prétendait avoir suivi un homme jusqu'à l'entrée de la grotte, arme à feu au poing. De plus en plus étonnée, la demoiselle tenta d'assimiler toutes les théories qui pourraient s'avérer logiques quant aux affirmations de l'inconnu. La sensation de peur avait été chassée de son cœur par la voix posée de l'intriguant. Elle replaça une mèche derrière son oreille, puis caressa sa plaie du bout des doigts ; elle ne saignait plus. Puis, après un long moment de mutisme, la Serdaigle déclara :

"- Je n'ai nullement l'intention de vous faire du mal, car j'ai cru que c'est vous qui alliez vous en prendre à moi. De plus, je suis totalement impuissante sans ma baguette."

La pluie battante produisait un bruit sec qui se propageait en petits échos dans la caverne, et la jeune femme sentit une perle d'eau lui tomber sur le crâne. Intriguée, elle leva le nez et en reçut une deuxième sur la joue. Il devait sûrement y avoir une fissure à cause de l'érosion, et pour rester au sec, elle se déplaça sur sa droite. C'est alors qu'un faisceau lumineux jaillit d'entre les ténèbres ; le jeune homme avait allumé sa baguette. Le fait de recouvrir son sens visuel la rassura énormément, mais Thaïs ne distingua personne. Consciente du fait qu'elle représentait toujours une menace pour l'inconnu, la jeune élève tâcha d'adopter une voix douce :

" - N'ayez crainte, je n'en veux pas à votre vie. S'il vous plaît, montrez-vous et rendez-moi ma baguette."

La fin de sa phrase sonnait comme une supplication, car elle se sentait de moins en moins en sécurité dans cet endroit. Surtout privée de sa baguette, son outil de magie, l'extension de son bras. Le jour touchait lentement à sa fin, et le ciel assombri n'en donnait que plus l'impression. L'orage grondait encore, et il gagnait en puissance avant de démontrer sa véritable fureur. Au fond d'elle-même, Thaïs désirait connaître le visage de son poursuivant, car elle ne ressentait aucune hostilité dans son comportement.

Après un long moment de silence juste avant que Dolentis émette de la lumière, la jeune femme déclara :

- Je n'ai nullement l'intention de vous faire du mal, car j'ai cru que c'est vous qui alliez vous en prendre à moi. De plus, je suis totalement impuissante sans ma baguette.

La fin de la phrase le fit sourire ironiquement. Ô combien il savait qu'une femme même désarmée pouvait être destructrice... La perfidie et la rage ne sont pas des spécificités masculines. C'est après avoir créé une source de luminosité que Dolentis entendit son interlocutrice inconnue continuer :

- N'ayez crainte, je n'en veux pas à votre vie. S'il vous plaît, montrez-vous et rendez-moi ma baguette.

Ne percevant aucune réaction étrangère à l’environnement présent, le jeune homme tendit son bras sur le côté pour le faire apparaître aux yeux de l’étrangère, la baguette entre ses doigts. C’est alors qu’un homme avec un chapeau se plaqua contre lui et l’étrangla. Dans la hâte et sous la pression, Dolentis prit une pierre tranchante et frappa d’un grand coup. Il laissa tomber son bras et sa main n’étreignait plus la baguette qui tomba un peu plus loin. Après avoir porté sa frappe, étrangement il n’y avait plus personne. C’est à ce moment là que le Gryffondor toussa et du sang vint remonter à ses lèvres, pour jaillir de sa bouche. Son menton et bientôt son cou étaient ensevelis sous le liquide écarlate.

Cette effusion de sang était due à des blessures qui engendrèrent une hémorragie interne. Sa tête pencha en avant, avant de retomber en arrière sur la paroi. Il se noyait presque, suffoquant sous son propre sang. Il déposa sa main sur son cou et sentit une plaie sérieusement développée, mais pas assez pour atteindre des points vitaux. Le jeune français venait de s’apercevoir que l’homme qu’il poursuivait et qu’il cherchait ici, n’était qu’illusion, et qu’il venait de se blesser lui-même.

Mais il venait de s’aventurer dans cette grotte et désormais, il était là, effondré sur une paroi, presque à l’agonie, avec une inconnue qui venait de se faire poursuivre par un homme également. La seule question que l’on pouvait se poser, c’était où pouvait bien se trouver cette personne mal intentionnée ?

Un court instant d'hésitation s'empara de l'atmosphère, qui fut bien vite remplacé par l’abdication. Enfin, l'inconnu daigna divulguer son bras, et au bout il tenait la baguette de Thaïs. Encouragée par cet acte pacifique, elle fit quelque pas en direction du jeune homme et de sa précieuse arme. Mais une chose étrange la fit sursauter et elle s'enquit de reculer ; derrière les rochers humides et pointus, il semblait que l'intriguant luttait, et lorsque le chahut cessa, la demoiselle douta. C'est lorsqu'un liquide vermillon s'éparpilla sur le sol qu'elle rassembla tout son courage, se rua sur le jeune homme, saisit sa baguette et le contempla. Apparemment, il était seul, et c’eut été impossible de l'attaquer sans que la jeune femme remarque son assaillant. Effondré au sol, il crachait et saignait abondamment ; de par le sang qui affluait dans sa bouche, la Serdaigle comprit qu'il était en train de s'étouffer. D'un geste vif, elle tira sa baguette et prononça :

" Anapneo ! Vulnera salmento ! "

Les voies respiratoires du jeune homme se libérèrent instantanément sous l'effet du sortilège. Thaïs bénit ses pulsions de bravoure, il l'avait échappé belle. Grâce au second sort, l'hémorragie interne se referma d'elle-même. Penchée ainsi au dessus du jeune homme, elle prit le temps de le détailler ; ses cheveux étaient d'un noir de jais, et ses prunelles d'un brun foncé. Son teint blafard lui prodiguait une allure lugubre, ainsi que ses vêtements noirs, difficilement discernables dans l'obscurité de la cavité. Le regard ambré de la jeune femme accrocha celui de l'inconnu, mais elle se ressaisit bien vite et se releva brusquement. Ses joues pâles s'étaient colorées de rose, et elle articula lentement :

" - Vous êtes tiré d'affaire.. Je me prénomme Thaïs der Löwe. Et vous ?"

A l'annonce de son nom, la sorcière avait fait volte-face, son port de tête était haut, et sa cambrure fière et arrogante. Elle profita du fait que l'inconnu reprenait ses esprits pour soigner ses écorchures à renforts d'Episkey. L'endroit n'étant que faiblement éclairé par la baguette de l'intriguant, elle alluma également la sienne, attendant une réponse.

Une fois Dolentis dans un état dangereusement sanglant, la jeune femme l’aida à respirer et referma ses plaies. A vrai dire il aurait pu le faire seul, mais il tenait à ce que celle-ci le fasse, premièrement pour connaître son potentiel magique, secondement pour être sur de ses intentions, troisièmement pour voir si quelqu’un ne viendrait pas l’interrompre, et se trahirait par la même occasion.

- Vous êtes tiré d'affaire.. Je me prénomme Thaïs der Löwe. Et vous ?"

Cette jeune femme semblait être fière de l’avoir aidé, elle était assez agréable à regarder malgré toute cette poussière, ce sang séché et ces saletés. Son accueil plutôt chaleureux comparé aux précédentes réactions transforma littéralement l’ambiance qui régnait en ce lieu reculé. Avant même de dire un traître mot, Dolentis lança le sort « Tergeo » intérieurement sur la dénommé Thaïs, histoire de lui restaurer une allure plus respectable. En observant ses vêtements, le jeune homme en fit de même pour lui.

Il se leva, se pencha légèrement en avant en signe de salutations avant de répondre :

-Dolentis. Malgré les conditions de cette rencontre, c’est tout de même un plaisir de vous rencontrer. Il tourna le regard vers le fond obscur de la grotte et tout en le regardant il repris en plissant les yeux, Quel magnifique nom avez-vous là.

Ce nom semblait être d’origine Nordique pour le Gryffondor, ou peut-être Germanique. Une rousse à l’allure élancée, le regard attachant, réfugiée dans une grotte pour échapper à son poursuivant. Poursuivant dont la présence était encore inconnu et l’identité encore plus. Avant d’entreprendre la moindre initiative, Dolentis inspira longuement par les narines, l’air infâme des lieux. En expirant, il s’exprima avec constatation et un certain dégoût :

-Putréfaction !

Il n’osait imaginer le nombre de rat ou vermines en tous genres venues crever en cet endroit aux allures morbides. Dans le doute, il tendit sa baguette vers la paroi en face de lui, et formula le sort « Defodio » en direction d’une fissure au centre de cette paroi. Instantanément, les pierres s’écartèrent, la fissure grandit, la poussière tombait d’en haut, et un passage à travers la roche apparut.

Il s’élança vers cette brèche et déposa son bras sur l’épaule de Thaïs pour lui communiquer de le suivre, sans lui échanger un regard de plus. Ils auront le temps de faire plus ample connaissance une fois à l’extérieur, s’ils survivent bien évidemment.

-Nous feront connaissance après, car nous ne sommes pas seuls dans les ténèbres…

Fort heureusement, les sorts curatifs de Thaïs firent leur effet, et le jeune homme eu tôt fait de se remettre sur ses deux jambes. La jeune femme pu constater qu'il la dépassait d'une tête, elle qui n'était pas notable par sa taille. L'inconnu précisa alors son prénom, en exécutant une courbette polie. "Dolentis", un mot lourd de sens qui sonnait comme une malédiction pour celui qui en était affublé. La bouche fine de la demoiselle s'étira en un sourire amusé, puis une expression de gratitude se peignit sur son visage pâle lorsqu'il complimenta son nom. Un court instant de plénitude enveloppa la caverne, brisé par un juron. En effet, l'air qui émanait de ces lieux était pour le moins suffocant, et Dolentis ne tarda pas à créer une brèche entre les parois coupantes et humides. Les gravats et la poussière dégagés par cette ouverture firent tousser la demoiselle. Une légère pression émise sur l'épaule de la Serdaigle lui fit comprendre qu'elle devait le suivre. Elle jeta un regard méfiant au jeune homme, puis, elle releva sa baguette illuminée un peu devant elle pour anticiper son chemin et s'engagea dans le passage fondé par sa nouvelle rencontre.

L'obscurité s'épaissit, étouffante et menaçante, tandis que les deux jeunes gens partaient à la recherche de quelqu'un, d'après les paroles de Dolentis. On entendait plus que les gouttes d'eau qui s'écrasaient au sol dans un bruit cristallin, et les pas des sorciers. Intriguée par leur subite marche, elle rattrapa son camarade afin de se mettre à sa hauteur. Thaïs se racla la gorge, et se risqua à questionner le jeune homme :

" - Où allons-nous exactement ? Et en quête de quoi sommes-nous ? "

De temps à autre, la jeune élève découvrait une dépouille de rat, ou esquivait un stalagmite de justesse. Dolentis les conduisait dans une partie reculée de la cavité, et l'esprit de la sorcière fut encombré d'interrogations ; l'emmenait-il à sa perte ? Maintenant que Thaïs avait son outil de magie en main, elle saurait se défendre si les intentions de Dolentis s'avéraient belliqueuses. D'ailleurs, si il avait vraiment voulu la malmener, il ne lui aurait pas rendu naïvement sa baguette.. A moins que ce soit un subterfuge pour mieux endormir ses suspicions. Sur ses gardes, la demoiselle progressait rapidement à travers le tunnel de la grotte.

Le silence. La grotte faisait retentir en ses entrailles le peu de sonorité que les deux jeunes gens produisaient. L’isolement. Ils étaient là, perdus en ces lieux peu fréquenté de la population et jugés inadaptés à la civilisation. Cette goutte d’eau, celle-ci qui tomba quelque part et de son empreinte sonore a marqué la terre, cette chose infime, en un si bref instant, tourmenta les pensées déjà bien occupées du jeune homme.

Et une autre vint émettre une fois de plus ce bruit d’éclat, et encore une, puis une autre et ainsi le son des particules aqueuses venant finir leur aventure éphémère sur cette terre stérile. Dolentis qui au départ suivait d’autres objectifs, tourna son attention pour ces choses dont l’intérêt qu'un simple humain pourrait porter ne serrait qu’ennui, et rejet. Seulement telle une horloge, au rythme des aiguilles ces petites gouttelettes dont on n’accorde si peu de choses, finissent par disparaître les unes après les autres dans un éclat sonore.

Le jeune homme les entendait parfaitement, elles venaient résonner en écho à l’intérieur de lui, chaque fois, la précédente couvrant sa succession imminente qui venait remplacer de ce bruit si déconcertant son prédécesseur, assis sur le trône du silence. Mais la lignée fut brisée un moment pour laisser cette voix poser une question à l’intéressé en question :

-Où allons-nous exactement ? Et en quête de quoi sommes-nous ?

A cela, Dolentis répliqua spontanément comme s’il s’agissait d’une évidence :

-Nous sommes en quête de la liberté, à la recherche de la lumière du jour et de ton agresseur.

Au fur et à mesure de son avancée dans cette voie, le Gryffondor percevait de plus en plus l’écoulement de ces gouttes là. Elles lui parlaient, lui disaient tout ce qu’il voulait savoir. Dolentis quand à lui ne sortit pas un mot de plus, des paroles peuvent aisément atteindre certains sentiments, mais le silence parfois en dit long.

Suivant ce que lui semblait indiquer la nature, le jeune homme commença à accélérer le pas, et il entendait devant lui ceux d'un être humain lui semblant familier. Ils s’allièrent au rythme des gouttes et Dolentis reprit la course effréné qu’il avait entreprit avant de s’arrêter. Il se fiait à ce battement de cœur qui vint jouer avec les autres instruments, le concerto qui se jouait là dans son esprit mouvementé.

C’est alors que la lumière diurne perça les ombres comme l’espoir perforerait le malheur. Mais cet espoir là s’envola rejoindre ses anciens avec cette mélodie qui se jouait avec lui en partant. A l’issue de cette ouverture, se trouvait non pas cette chose que Dolentis recherchait, mais cette pluie battante qu’il avait déjà trouvée. Le Gryffondor resta à l’abri de celle-ci.

Il observait le paysage alentour respirant profondément l’air libre et frais, attendant que Thaïs le rejoigne. Encore une fois ce qu’il poursuivait le distança, si tant bien que ceci soit vrai, il venait de lui échapper. Et il était là, devant cette accumulation de gouttes qui désormais jouaient ensemble cette composition venant des cieux.

Dolentis répondit à la jeune femme avec une sonorité évidente dans la voix. Après quoi, il ne lâcha pas un mot de plus et un silence lourd de sens s'installa entre eux. L'humidité roulait sur les parois, accrue par l'averse qui s'abattait au dehors. Les dires du jeune homme rassurèrent partiellement Thaïs, mais elle ne baissa pas sa garde pour autant, sa baguette luminescente quasiment greffée à sa paume. La marche devint hardie ; le sol semblait affublé d'eau et on y glissait aisément. L'Animagus manqua de chuter à maintes reprises, puis la soudaine frénésie de son compagnon la fit tressaillir. En effet, il s'était élancé dans la cavité, sans que la sorcière ne sache pourquoi. Plus qu'intriguée par cette vive réaction, elle décida de calquer son allure sur lui, inquiète de le perdre en ce vaste endroit. Le claquement des pas de Dolentis et la faible lumière que produisait son outil de magie guidaient la demoiselle, qui secouait son corps en tout sens tant sa course était rapide. De plus, il lui fallait faire preuve d'une extrême vigilance, car elle aura tôt fait de s'empaler sur un stalagmite mal positionné.

Tout ce remue-ménage l'amena à une débouchée, où son ami stagnait afin de ne pas se faire tremper par la pluie battante. Dans son dernier pas, Thaïs perdit l'équilibre et se rattrapa maladroitement au bras de Dolentis. Lorsque l'adrénaline émise par sa frayeur retomba, la Serdaigle constata qu'elle enlaçait toujours fermement le bras du jeune homme. Gênée, elle le lâcha presque brusquement, en balbutiant un " Désolée.." imperceptible. Délicatement, elle éteignit la pointe de sa baguette, puis dirigea ses yeux ambrés vers la sortie. Quand ses joues eurent recouvré leur teinte blafarde, l'Animagus pivota et fit face à son compère :

" - Je ne te l'ai pas demandé.. Tu es à Poudlard ? "

Thaïs rangea finalement son outil de magie dans sa robe de sorcière, et caressa machinalement son tatouage au niveau de ses artères.