Asclépius me répondit poliment d'un geste de main (Et si il avait attendu quelques minutes que je post, il aurait connut la suite du feuilletons haha). Quand à mon voisin … Il ne me répondit pas … A ce qu'il parait je ne suis pas sociable … A ce qu'il parait je suis méchant … Je roule ma bosse différemment voilà tout. Je laisse échapper un « Pffffff » sans le regarder. Je pose la tête sur la table, et met les bras autour. Position de sommeil en cours. J'attendais le début en fait. Impatient d'apprendre, mais j'avais un peux de mal à rester bien concentré. Mes pensés étaient plus envoûtante que d'habitude, la fatigue sûrement. Premier bruit de porte, je relève la tête ne laissant que mes yeux apparaître derrière mes bras. Une rouge, je ne la connais pas alors je m'en fou et je rebaisse la tête. Deuxième coups de porte, je fais subir la même manipulation corporelle à mon corps. Une verte, mon ex voisine du cours d’enchantement (Shela). Une fille étrange et pleine de vie. Je trouvais ça façon d'être intrigante, pourquoi être comme ça quand personne ne le mérite ? Je rebaisse la tête, peu être que je lui ferais un signe plus tard. La visualisant une dernière fois, un bras plâtré la décorait. Pourquoi ? Comment ? Je m’inquiétais ? Non, c'est plutôt le pourquoi qui m’intéressait. Sommeil, ha non, un bruit me fait sortir de cet état. Un bruit tout droit venus de mon voisin, pas étonnant après tout, je me contente d'ignorer jusqu'à ce qu'il me parle.

« Surtout ne dit rien... Je n'ai pas pété ! »

Je relève la tête sans le regarder, prend un air de mec blasé et soûlé et je roule des yeux. Je commence une phrase tout en tournant la tête en même temps.

« Bonjour non ? La politesse tu c... » sur un ton agressif.

Je venais de me stopper net en voyant son visage. Le mien pris un air complètement froid. Il ne fallait rien montrer. Ses cheveux étaient rose, encore ça allait. A moins qu'il veuille jouer un ninja de Konoha. Mais ses sourcils, somptueux sourcils ...Ils étaient … Très touffu ? Et encore … Était-ce volontaire ? Il était assez dérangé pour que ça le sois après tout. Mais au vus de sa satisfaction sur son visage en voyant le rose, je me dis que ce n'était pas volontaire. Lui dire ou pas ? Non. Je replongea dans mes bras. Son image ne me quittait pas. Après quelques secondes, minutes, je me mit à rire doucement. La vibration de mon dos devint petit à petit un spams du corps. Je me retenais de rire, mais les bruit étouffé devaient être audible malgré tout. Je me forçais à garder un visage ennuyé malgré tout. C'était difficile, mais vous avez déjà vus un gars sans émotion rire ? Imaginé quelqu'un qui à le visage figé par le botox rire, bah c'est pareil.

« Je ne dis rien. Mais peut être aurait tu préféré péter. Soit tu as de la barbe mal placé, soit tu t'es loupé. Ça ne serais pas etonnant toute façon. »

C'était pas mal comme situation. Dans le coups je n'avais pas vus les autres arrivé. Je fini par maîtriser mes rire étranglé. La salle s'était un peux plus teinte en jaune. Il y avait l'italienne, Jade Wilder. L'inconnue (Marjory) et enfin la rousse du lac, voleuse de robe Serdaigle, Violette. Les rouges sont absent ou presque … Ils n'ont donc pas le courage de se lever si tôt ? Des faiblards, les vert étaient peut être peureux ou drogué, ils étaient la au moins. Les bleu étaient arrivé en un tirs groupé, efficace. Je me replongeai dans mes bras, essayant d'oublier la face de mon voisin, mais c'était difficile.

Petit à petit ça allait mieux. C’était fou ce que, alors qu’elle était endormie complètement toute l’heure précédente, la nouvelle salle presque cliniquement disposée lui avait aiguisé le regard. En tout cas, elle était beaucoup plus disposée envers ceux qui l’entouraient. Se frottant les yeux pour la dernière fois, elle commença à défaire ses affaires. Parchemin ? C’est bon. Plume ? Ok ! Tout était prêt. Prenant sa plume dans la main et trempant la pointe dans l’encrier, elle dirigea son regard vers le tableau afin de noter le titre du cours. C’était bien la seule chose qu’elle avait à faire, à présent. … « Le Chamallow ». Oula, encore une énigme … Ca l’étonnerait beaucoup qu’ils étudient la divination dans les chamallow. Il ne lui semblait pas d’avoir lu quoi que ce soit sur une telle pratique. Alors quoi ? Comment est-ce qu’ils allaient bien pouvoir utiliser un chamallow ? Enfin. Elle inscrit tout de même ces quelques lettres sur le haut de son parchemin puis reposa sa plume. Et maintenant ? Elle promena ses yeux sur la salle de classe. Il n’y avait pas beaucoup de monde qu’elle connaissait. Pas personnellement du moins. Oui, il y avait ses collègues préfets, mais elle ne les connaissait pas vraiment. Pas comme des amis.

Pas comme la demoiselle qui venait de rentrer. Bien sûr, elles n’étaient pas encore super proches. Mais Marjory l’avait toujours admirée. Et puis elles avaient été nommées préfètes de Poufsouffle ensemble. Alors ça crée des liens ! Lorsque celle-ci avança dans la salle, la jeune fille lui fit un grand sourire. Elle l’aimait vraiment beaucoup, Jade. Elle aimerait bien que leur relation se développe encore. Qu’elles deviennent plus proches toutes les deux. Celle-ci hésitait visiblement à la place à prendre. Mais ça ne dura que quelques instants. Elle venait par ici ! Hourra. Elle allait s’asseoir avec elle. La blondinette en était très contente.

- Bonjour Marjory, come.. hm.. tu vas bien ?

Elle souriait. Elle avait un sourire vraiment lumineux, qui se répandait autour d’elle. En tout cas, il se répandait en Marjory, et elle sourit alors à son tour, sereinement. Elle avait toujours cet accent italien, et elle butait toujours sur certains mots, mais au fur et à mesure, la Damian avait appris à la comprendre sans problèmes.

- Je vais bien, et toi ? C’était pas trop dur de te réveiller si tôt ?

Et elle baissa les yeux sur son parchemin qui se trouvait toujours sur la table devant elle. Ce titre lui restait vraiment en tête. Est-ce que Jade saurait ce que ça voulait dire ? C’était possible … Faisant un geste vers le tableau toujours annoté par la main du professeur

- Tiens, est-ce que tu sais ce qu’on va étudier aujourd’hui ? Ces mots sont vraiment une énigme pour moi !

Une fois installée plus ou moins confortablement sur cette horrible chaise, l'adolescente observa la salle de classe. En entrant, elle avait tracé jusqu'à la première chaise libre qu'elle avait vue sans vraiment faire attention à qui était présent. Le temps qu'elle sorte de son mode de "veille automatique" (car oui, même si elle était du matin, elle avait ses limites), d'autres élèves étaient arrivés. Elle remarqua Asclépius au premier rang à qui elle adressa un sourire histoire de dire bonjour, leur conversation d'il y a quelques jours dans la bibliothèque avait été plutôt intéressante et elle fit une note mentale de relancer la discussion à l'occasion. Le préfet de sa maison était aussi présent ainsi qu'un autre Serdaigle qu'elle n'avait jamais vu.

Bon stop pour l'observation des élèves, ça devient ennuyant pour la rousse qui a encore du mal à réveiller son esprit. Pourtant, ce n'est pas comme si les murs et le mobilier blancs donnaient envie de dormir, au contraire, ça flashe aux yeux. D'ailleurs, qu'est-ce qui était le plus énigmatique dans cette salle? L'intitulé du cours ou la décoration (et ne nous attardons même pas sur cet affreux tapis New-York) ? Mais franchement, si elle s'était levée à une heure si matinale et avait gravit toutes les marches de la tour Nord pour un cours sur le chamallow (déjà, c'est pas bon le chamallow), il était probable que la jeune fille simule un malaise histoire d'être évacuée de cette pièce illico presto.

Bon décidément, les cours si tôt c'était pas une bonne idée. S'il avait été 8h, ça l'aurait probablement fait rire tout ça, mais à 6h non. Restait plus qu'à attendre le début du cours maintenant, la partie sociable de son être n'étant pas totalement réveillée, la Serdaigle opta pour une séance de dessin (gribouillage). C'était une habitude qu'elle avait prise récemment: dessiner des formes inconnues (ou pas) sur les bords de son parchemin l'aidait à rester concentrée en cas de surchauffe cérébrale (ou, en l'occurrence, en cas de cerveau semi-réveillé). Parce que oui, ça demande un minimum de concentration de colorier un rond sans dépasser.

Enfin le bon côté dans tout ça c'est que.... En fait non. Elle avait essayé de trouver un bon côté à cette histoire, mais il n'y en avait pas. Avec un peu de chance, peut-être que le reste du cours s’avérerait être positif. Peut-être que l'intitulé affiché au tableau n'était qu'un mauvais poisson d'Avril en retard. Ou peut-être pas. Cependant, on dit qu'il ne faut pas juger un livre sur sa couverture, donc ne jugeons pas un cours sur son titre! On sait jamais, ça se trouve c'est intéressant les chamallows.

La plus jeune souriait, c'était toujours un plaisir que de lui parler. En tout cas, quand les choses étaient plus ou moins stabilisées dans l'esprit de Jade ce qui n'était à cet instant pas le cas. Forcément, lorsque quelque chose clochait dans sa tête, tout le reste s'avérait plus gris, plus morne, plus fade. Surtout depuis qu'elle avait perdu ce truc qui la définissait si bien et qui composait une grande partie de son être. Il revenait, lentement, trop lentement. La guérison mentale était toujours plus longue que la physique, normal me direz vous. Elle avait cru ne jamais s'en sortir, mais elle reprenait pied lentement. Les électrochocs, parfois, ça fait du bien, même si on reste un moment dans une position des plus inconfortables envers soi-même.

Pour l'heure, elle avait encore besoin de temps pour revoir le sourire de Marjory comme un éclat d'argent. Il n'empêche que celui-ci lui fit du bien, un peu. Ça occultait légèrement la fatigue, la tristesse, le mal-être et tout ce qui tournait autour de l'Italienne comme une aura malicieuse, prête à lui asséner le coup de grâce. Mais non, elle vivait debout, ne fléchirait pas, tout irait bien. Mais il fallait du temps.

- Je vais bien, et toi ? C’était pas trop dur de te réveiller si tôt ?

Ah si elle savait.. Jade ne savait pas grand chose sur la petite Marjory. Peut-être deux ou trois détails écoutés par-ci par-là, des discussions qu'elles avaient pu partager lors de leur petite sortie shopping.. Lorsqu'on sait écouter, il y a beaucoup de détails qui nous parviennent et qui seraient passés inaperçus avec une attention mesurée. Se cacher dans une bulle de sureté, ce réflexe que Jade avait développé au fil des années semblait finalement des plus appropriés. Alors protégée du monde extérieur - artificiellement mais il fallait qu'elle continue à croire sa bulle efficace - Jade faisait bien plus attention à ces petits détails du quotidien. Elle y attachait une forte importance et ne se sentait jamais aussi bien que lorsqu'elle goûtait aux petits plaisirs de la vie. Alors au final, sa bulle était-elle un don ou une malédiction ? A méditer. Eh miss, tu n'est pas toute seule réveille toi.

- Je ne me suis pas endormie, non è difficile.. de se lever, du coup.

Cette phrase avait été dite avec une telle.. facilité, un ton tout à fait posé comme si c'était totalement normal. Parce-que c'était le cas pour la demoiselle, une phrase véridique, les nuits blanches c'était quelque chose de tout à fait courant. Pas toujours agréable ensuite bien sûr, puisqu'il fallait affronter le retour à la réalité et les répercussions d'une nuit sans sommeil.. mais c'était tout à fait normal. Nul besoin de chercher une autre raison à tout ça. La nuit tout était si calme et reposant. Du moins, lorsqu'on est réveillé, car dès que Morphée fait don de ses bras pour se reposer, ça tourne au vinaigre. Plus facile alors de profiter de la beauté d'une nuit sans soucis. Du moins, c'était la version simple. Outre les cauchemars, il y avait les pensées. Et contrairement aux cauchemars, les pensées ne pouvaient être évitées par le manque de sommeil, il fallait les affronter au quotidien, tenter de leur donner moins d'importance pour espérer s'en sortir.

S'extirpant d'une certaine léthargie, les prunelles dorées de l'Italienne fixèrent de nouveau le doux visage de Marjory qui alors montrait le tableau. Ah oui, le tableau, Jade ne l'avait même pas consulté, peut-être avait-elle loupé un truc important ?

- Tiens, est-ce que tu sais ce qu’on va étudier aujourd’hui ? Ces mots sont vraiment une énigme pour moi !

Une énigme ? Un simple coup d'oeil au tableau fut suffisant pour que Jade tombe dans l'incompréhension. D'abord, elle maudit secrètement celui qui avait eu l'idée débile de poser là un tableau blanc aussi sinistre et inhospitalier que le reste de la salle. Et puis ensuite, il y avait ce mot. Si la Poufsouffle eut une certaine difficulté à le reconnaitre l'espace de quelques secondes, elle ne put qu'être songeuse après avoir finalement réalisé. "Le chamallow". Ok d'accord, peut-être pour un cours de cuisine mais quel rapport avec l'art de la Divination. Elle avait loupé un chapitre dans ses livres concernant l'utilisation d'un chamallow dans cette matière ? Perturbant quand même.

- Non lo so... Peut-être comme les fogl.. feuilles de thé ou je n'sais quoi..

Ouais, rien de très précis tout ça et très peu réfléchi de son côté. Elle n'avait pas spécialement envie de se prendre la tête pour une fois, bien que l'énigme était totale. Qu'est-ce qu'Harradas avait encore mijoté pour centrer son sujet sur une simple confiserie moldue ? Ça prêtait à confusion tout de même et Jade était partagée entre sa nature curieuse et son "jem'enfoutisme" actuel. Berzingotte, choix difficile. Il fallait vraiment qu'elle arrête de se prendre la tête.

Et puis, parmi les quelques élèves débarquant dans la salle, une autre personne débarqua, mais seulement à leur table. Si Jade n'aurait jamais osé approcher Shela en plein cours - même si celui-ci n'avait pas commencé - la Serpentard ne semblait pas du même avis. Hourra ! Quoi que.. ce n'était pas pour lui dire bonjour non, elle se comportait d'une façon.. très étrange. Par un regard dans sa direction, incompréhension totale du côté de Jade. Shela semblait plutôt concentrée sur Marjory. Elles se connaissaient ? La blondinette n'en avait pas réelle idée. Sans rien dire l'espace de quelques secondes, Jade finit par mordiller sa lèvre inférieure avant de s'adresser à la préfète des Serpentards.

- Shela.. Tout va bien ?

Les membres lourds, Lydie émergeait doucement de sa torpeur. Elle sommeillait encore, ne s'étonnait pas des images singulières imprimées sur ses paupières, ni des odeurs fictives qui lui montaient aux narines. Elle avait hâte de descendre, manger le gâteau que sa mère lui avait préparé. Il y avait aussi ce paquet de... C'était quoi déjà? Ces sucreries de son pays, rayées.. Berlingue, Berzingote, Berlingot...

Elle ouvrit les yeux. Ainsi semblait-elle réveillée. Ses pensées s'écoulaient pourtant au ralentit, un flot lent, calme. Son dortoir était plongé dans l'obscurité, n'y résonnait que l'ample respiration de ses camarades. Son regard papillonait sans trouver matière où se poser. Pourquoi était-elle réveillée? Elle ne le savait plus. La rouquine avait prit l'habitude de laisser à son corps le choix de l'heure du levé. Elle lui faisait confiance, il ne se trompait que très rarement. Bien souvent, son horloge biologique demeurait optimiste. Elle ne prévoyait pour la fillette que quelques minutes de préparation avant une journée de cours. Comme si cela lui suffisait pour arriver à l'heure en cours. Or, c'était, ce jour, le cas.

Ça lui revenait. Jour blanc. Samedi. Cours de magie ésotérique. Esotérique? Elle savait pas ce que ça voulait dire exactement. C'était toujours le rayon bizarre de la bibliothèque, elle s'y osait souvent, mais n'empruntait jamais rien. C'était la magie bizarre.

Elle visualisa à ses pieds le pull en coton que lui avait offert sa mère la veille. Il ne lui en fallut pas plus pour se motiver à se lever. Personne ne verrait le vêtement sous sa cape, mais, la perspective de porter quelque chose de nouveau l'enthousiasmait. Lydie avait, depuis toujours, la faculté de s'exalter pour des futilités. Elle avait cet oeil observateur qui trouvait de l'intérêt en chaque chose.

La routine matinale qui s'ensuivit s'effectua dans une telle machinalité que, pour une fois, dans l'esprit de Lydie, il ne se passait pas grand chose. Simplement effectuer, sans trop penser, ces gestes du quotidien, qui n'intéressaient personne. Pourtant, lorsque l'on modifiait le cours de cette routine indispensable, naissait au fond de la gorge de la victime du changement, un blâmant grognement. Car, ce matin là, la fillette ne s'était rien mis sous la dent. Elle se retenait de ronchonner, son estomac, lui, se languissait en borborygmes.

Seul retentissait dans les couloirs, le bruit étouffé de ses pas sur les dalles de pierre du château. D'un naturel apaisé, Lydie avait toujours eu plus d'affinité envers les lieux calmes, où le bruit n'avait de place. Le silence représentait alors, bien souvent, un refuge. Une douce couverture dans laquelle elle pouvait s'emmitouffler à souhait. Mais, dans cette idée là, elle se leurrait. Jamais elle n'avait fait l'expérience du véritable silence. Toujours, il y avait eu ce bruit de fond, ce clapotement qui t'ancre dans le moment présent. Le bruissement poétique des feuilles secouées par une légère brise qui t'apaise plus que l'illusion de tranquilité qu'est l'idée qu'elle avait du silence. Le véritable et parfait mutisme, elle l'imaginait ironiquement comme un bruit sourd, omniprésent. Comme une sensation étouffante de ne savoir quand se produit ce que tu vis. Comme une couverture chaude dans laquelle l'on se retrouvait emmêlé, oppressé, telle une camisole de force.  Elle se reconcentra sur les bruits de ses pas.

Elle marchait, mais ne savait pas où. Elle n'y réfléchissait pas. Faisant encore une fois confiance à son corps, son instinct, peut être son cerveau, qui aurait pû mémorisé le lieu de rencontre. Au hasard, tour nord, tourne d'un côté, revient et monte un escalier qui donne le tournis.

Elle arriva finalement sur le pas de l'entrée. Là, elle ne pût retenir ses lèvres de former la lettre "o", symbolisant ainsi son étonnement. Elle était déconcertée du fait qu'il y avait chaque jours à Poudlard, matière à créer la surprise. Pièces fraîchement découvertes, toutes celles encore à découvrir. Ce jour blanc, samedi matin, la salle était blanche. Neuve? Moldue? La décoration était telle que l'on aurait dit que Madame Nouël y avait collaboré, le tableau aussi blanc que le Samedi. La rouquine secoua légèrement la tête, faisant disparaitre la voyelle sur sa bouche, et décida de se concentrer sur le cours à venir.

Monsieur Professeur de magie ésotérique était assis derrière son bureau, brique de lait à la main. Encore un truc blanc. Samedi blanc qui t'éblouit sans usage de couleurs, à peine le soleil levé.

Il n'y avait pas énormément de tête, il y en avait encore moins qu'elle reconnaissait. Tous les visages trahissaient des traits, toujours juvéniles, mais pourtant plus âgées que ceux de la deuxième année. Pas mal de sorciers en fin de cycle scolaire, beaucoup de préfets. Elle adressa un léger sourire à Théophania. Cinq préfets, plus exactement, maintenant qu'elle avait remarqué Elena, au fond de la classe. Il y avait bien une place à côté de celle-ci, mais son sac y était délibérément installé. Un reflet fauve attira l'oeil de la née-moldue. Il restait un siège disponible, à côté de cette élève Serdaigle qu'elle n'avait jamais vu. Elle osa s'avancer dans l'allée vers cette jeune sorcière et se sentit ridicule, inférieure. Elle n'aimait pas être la plus jeune. Elle se retrouvait là dans une position particulièrement inconfortable. Parvenant à masquer son embarras, Lydie s'adressa directement à son aînée rousse.

- Bonjour, j'espère que cette place n'est pas prise?

Bonjour? C'était idiot. Ils étaient encore plus côtés nuit. Elle observa la sorcière un court instant. Les roux, ça la suivait partout. La fillette pensa soudainement à une de ses camarades Gryffondor. En effet, elle savait que celle-ci devrait être présente à ce cours, et pourtant sa chevelure flamboyante n'était pas là pour ternir le paysage. Puisqu'il ne manquait qu'elle, la place convoitée par Lydie n'était sûrement pas prise, Merry irait probablement aux côtés d'Elena. Lydie n'attendit donc pas l'accord de la Serdaigle pour prendre place à ses côtés.

Un mot appetissant au tableau rapella à la née-moldue qu'elle n'avait rien mangé le matin. Si l'enseignant avait voulu faire un feu de camp pour en crâmer quelques chamallow, il s'était lamentablement trompé d'horaire. Déçue de réaliser ce fail de timing, Lydie adopta une moue boudeuse, rappelant son immaturité par rapport à ses camarades, et s'empressa (était-elle en retard?) de sortir ses affaires. Plume, parchemin. Elle n'avait pas de bouquin. Ainsi regrettait-elle de ne pas avoir sur elle le recueil complet et véridique des recettes de cuisines à base de chamallow.

Après sa question, les yeux de sa belle voisine se voilèrent. Elle était partie dans ses pensées. Qu’est-ce qu’elles disaient, ces pensées ? Est-ce que c’était du bon au moins ? Elle l’espérait. Mais très vite, elle se rattrapa en lui disant qu’elle n’avait pas dormi. Mince, est-ce qu’elle avait souvent des problèmes de sommeil ? Elle n’avait pourtant pas l’air si mal à l’heure actuelle … Alors peut-être qu’elle avait l’habitude, du coup, peut être tellement l’habitude que les traces des insomnies ne se lisaient plus sur son beau visage … Ce n’était pas son affaire, il était possible que si elle ne pouvait s’endormir, c’était à cause de pensées trop noires, de peurs, ou autre chose de pas très positif … Donc elle pouvait ne pas avoir envie d’en parler. C’était très compréhensible après tout. Chacun ses petits secrets, chacun ses souffrances personnelles qui prennent trop de place dans le cœur et/ou dans l’esprit. Ce n’était pas à Marjory d’extirper ceux de son amie blonde hors de ses pensées. De la faire les transformer en mots. Mais comment lui dire que si elle avait besoin d’en parler, elle serait là ? Pourquoi ne pas le faire le plus simplement du monde ?

- Je vois … Tu sais, je ne veux pas paraitre intrusive, mais si jamais tu veux discuter de quoi que ce soit, je suis là.

Ça arrivait un petit peu comme un cheveu sur la soupe dans la discussion, mais peut être comprendrait elle le cheminement de sa pensée ? Bien sûr, certaines personnes avaient du mal à se confier. Elle la première, sur certains sujets. Alors elle ne lui en demanderait pas trop. Elle ne lui demandait d’ailleurs rien du tout, lui proposait juste ses oreilles, son écoute, et son épaule si besoin était. Elles n’étaient jamais très loin, toutes les deux dans les quartiers Poufsouffle, toutes les deux à réaliser les tâches des préfets. Alors elle pourrait toujours être à disposition si n’importe quel besoin était.

Enfin. Il était temps de changer de sujet. Si vraiment, comme elle l’avait imaginé, la belle avait passé la nuit à penser et à retourner toutes ses histoires dans sa tête, elle n’allait surement pas l’obliger à y revenir maintenant. Alors que le cours allait commencer d’une minute à l’autre. Elle lui parla donc du sujet du cours. Après sa question, les yeux dorés se tournèrent vers le tableau.

- Non lo so... Peut-être comme les fogl.. feuilles de thé ou je n'sais quoi..

Elle n’avait pas forcément l’air impliquée dans sa réponse, mais Marjory acquiesça d’un mouvement du menton. De toute façon, elles allaient bientôt le découvrir, ce que faisait un chamallow dans l’art de la divination, n’est-ce pas ? Puisqu’un regard à sa montre lui appris qu’il était l’heure. Le cours allait bientôt commencer. Lorsqu’elle releva les yeux vers le visage de sa voisine, elle suivit son regard, qui c’était fait presque inquiet. Celui-ci était dirigé vers une jeune fille qu’elle reconnaissait comme une de leurs homologues, sans jamais lui avoir parlé. Elle avait l’air de venir vers elles. Peut-être que Jade la connaissait personnellement ? Mais non. Elle venait en fait vers ELLE. Marjory. Mais son regard était étrange. Impossible à expliquer. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Elle lui faisait en fait un peu peur à l’instant. Surtout qu’elle s’approcha toujours plus jusqu’à poser presque son nez sur ses cheveux. Qui remuèrent doucement alors qu’elle fit un mouvement de recul.

- Que … ?

- Shela.. Tout va bien ?

Shela. C’était ça son nom, alors. Mais elle ne comprenait pas son comportement. Qu’est-ce qu’elle avait, avec ses cheveux ? Elles ne se connaissaient pas, ni d’Eve ni d’Adam. Ca, la blonde en était sure. Et puis même une amie, qui arriverait vers elle pour lui sentir les cheveux, la mettrait mal à l’aise. Alors là ?  Elle était vraiment perdue. Se reculant encore un, elle regarda la Serpentarde avec un mélange d’étonnement, de questionnement et de révulsion. Cette dernière qu’elle tentait de cacher, mais qui transparaissait malgré tout. Parce qu’elle ne comprenait pas son attitude. Est-ce qu’elle était tout le temps comme ça ? Etait-ce, peut-être, une façon de dire bonjour ? Surement pas, puisque Jade avait eu l’air aussi étonné qu’elle. Elle ne comprenait pas du tout. Ses yeux, toujours pleins de questions, se promenèrent entre Jade et la fameuse Shela. Est-ce que quelqu’un lui expliquerait ce qu’il se passait ?

Les jets brûlant lui mordirent la peau. La chaleur soudaine sur ses muscles endoloris se révéla, au premier abord, presque insoutenable. Sa peau finit néanmoins par s’accoutumer, et l’ensemble de son corps commença, tant bien que mal, à se détendre.
La nuit avait été des plus inconfortables. Il n’avait dû somnoler en tout et pour tout que deux petites heures. Tournant dans ses draps sans réussir à fermer les yeux, le Poufsouffle s’était finalement levé un bon moment avant le début du cours, et avait entrepris d’effectuer quelques exercices.

Il étendit ses bras, tous les os de son corps craquant à l’unisson. Cette berzingotte de nuit s’achevait, mais il n’aurait su dire s’il était, à proprement parlé, réellement éveillé, ou toujours dans un épais brouillard de torpeur. De lourds cernes marquaient son visage, plus blême encore qu’à l’accoutumée.

Laissant l’eau ruisseler quelques minutes encore le long de ses membres, il posa la tête contre la faïence humide. Quelle idée de placer un cours à cette heure. Déjà qu’il n’accordait qu’une confiance des plus relatives à cet art, s’il fallait en plus se présenter aux aurores cela promettait d’être grandiose.
Il n’avait pas la prétention de dire que cette matière ne servait à rien, sinon il ne se serait jamais inscrit. Néanmoins, il ne savait si la Divination avait réellement un côté véridique dans ce qu’elle montrait à ceux la pratiquant, ou s’il ne s’agissait que d’une vaste fumisterie. Au moins, aujourd’hui il en aurait le cœur net.

Sortant de sa douche, le corps fumant, il se prépara en vitesse et sortit. Il passa par la Grande Salle, déserte évidemment. Il se saisit de quelques fruits, avala d’une traite un verre de jus, et fila en direction de son cours.

Il n’était pas en avance. Longeant les murs des corridors, sur lesquels dansaient les ombres projetées par les flammes crépitantes des torches, il chercha un moment la salle en question. Evidemment, il était à la bourre, et évidemment il se pauma.
Retournant sur ses pas et empruntant de nouveaux escaliers, il déboucha finalement sur la bonne porte. Hourra ! Il passa l’entrée.

Tous les élèves se trouvaient déjà là, bien installés, et attendant les premiers mots du professeur. Celui-ci, attablé derrière un bureau en kit, sirotait tranquillement une brique. A bien y regarder, tout le mobilier de la classe semblait faire partie de ce même kit. Mais il ne s’attarda que brièvement sur l’espace. Il adressa un signe de tête confus au professeur.

- Bonjour professeur, je vous prie de m’excuser pour mon retard.

Se dirigeant vers les tables, il aperçut la préfète de sa maison, Jade, à qui il adressa un clin d’œil rapide avant de rejoindre une place vide.
S’installant au dernier rang à gauche à une table vide, il sortit un parchemin, sans savoir s’il en aurait l’utilité . Ne sachant si les autres élèves avaient déjà participé à l’un des cours de Divination, il patienta, sentant une pointe de stress le gagner peu à peu. Cela le gênait énormément de ne pas savoir à quoi s’attendre.

Se proposer comme oreille attentive ou exutoire. C'était la solution de facilité, celle qui n'était pas trop intrusive mais montrait bien ses intentions tout de même. Maligne la petite Poufsouffle, très maligne. Jade utilisait souvent cette carte pour éviter de trop s'immiscer dans la vie privée de ceux qu'elle.. de ceux dont elle voulait avoir des nouvelles et qui n'avaient pas l'air en grande forme. En tout depuis son arrivée à Poudlard.. trois ou quatre fois peut-être, bonne moyenne bien qu'en règle générale l'adolescente n'était pas sensée s'intéresser aux problèmes de qui que ce soit. Pourquoi était-ce si difficile de ne pas s'attacher aux autres dans cette fichue école ? C'était peut-être elle qui avait un problème après tout.

Quoi qu'il en soit, l'Italienne de répondit que d'un hochement de tête passif, faisant mine de s'intéresser au sujet du cours. Ce n'était pourtant pas tellement le cas, enfin si, bien sûr que ça l'intéressait mais Jade avait tant de choses dans la tête, de raisons de s'inquiéter, de matière à méditer que.. ben au final l'interrogation sur le cours lui-même passait un peu après. Du moins de base, puisqu'après avoir également réfléchit au fait de répondre, ou non, à Marjory, la blondinette s'était décidée à se concentrer correctement sur le titre affiché au tableau. Tableau qui dégageait d'ailleurs une odeur peu avenante de crayon Velleda. La craie était bien plus intéressante non ? Enfant, la Poufsouffle adorait s'amuser avec des craies, partout et tout le temps. Peut-être un peu trop d'ailleurs, quand elle avait fait un véritable oeuvre d'art sur une partie du trottoir de la maison familiale. Remarquez, c'était assez joli et brisait légèrement la monotonie d'un béton sans couleurs.

Oui mais voilà, l'arrivée de Shela entre temps avait coupé ses réflexions philosophiques sur les attraits de l'enfance et les bêtises qui l'accompagnaient. Elle avait une attitude étrange tout de même et bien sûr Marjory réagit du tac au tac, reculant pour éviter la préfère des verts et argent.

Pas de réponse immédiate de la part de cette dernière d'ailleurs, Jade était dans l'incompréhension totale. Pourquoi Shela avait-elle le bras dans le plâtre ? Et pourquoi agissait-elle de cette façon ? Beaucoup de questions qu'elle se retint de poser alors que son aînée, elle, posait les siennes à Marjory. Pourquoi ces questions d'ailleurs ? M'enfin, stop les pourquoi mentaux, autant poser la question. Sauf qu'elle n'en eut pas le temps.

- Tout ne va pas bien, non, c'est rare que tout aille bien en même temps. P't'être parce que j'ai un bras en moins.

Le temps sembla se figer. Du moins, dans la tête de Jade, il était figé. La surprise sans doute, mélangée à l'incompréhension, drôle de cocktail. Quoi qu'il en soit, la surprise passée et le temps revenu à la normale, Jade ressentit ces paroles comme une jolie baffe. Elle n'avait sans doute pas l'habitude qu'on lui parle comme ça et puis surtout que Shela, lui parle comme ça. Oui, c'était bien une baffe mentale, ou au coeur, dans tous les cas c'est son cerveau qui réagit. Ou son coeur. Elles venaient d'où les larmes ? Eh minute ! Refoulant les perles salées qui du coup, ne firent jamais leur apparition, Jade avala lentement sa salive. Ok. Elle était trop à fleur de peau bon sang, c'était pas possible ! Soupirant finalement, la Poufsouffle détourna tout simplement les yeux de sa camarade Serpentard.

- Ok.

Un mot, un seul, tranchant comme une lame. La fierté était une chose que Jade affectionnait sans le vouloir et là, elle se sentait blessée. Ouais, blessée. C'était peut-être pas grand chose pour la préfète des Serpentards, mais pour elle si. Alors ravaler sa fierté, et surtout, ne pas ajouter quoi que ce soit au risque de perdre patience. Seulement un léger hochement de tête à l'égard de Corwin lorsque celui-ci franchit la porte. Bon, au moins le cours ne tarderait plus à commencer, ce qui lui permettrait de penser à autre chose qu'à ce qu'elle ressentait.

Se questionnant toujours mentalement, et alors que le questionnement remontant dans ses yeux devait être plus que voyant, elle attendit un mot de la part de la verte. Une réponse à la question de Jade, peut-être. Mais non. Rien du tout, seulement un regard toujours perçant, comme si elle souhaitait lire en elle. Une espèce de frustration sur le visage, légère. Qu’elle ne comprit pas plus que le reste de son comportement. Mais qu’est-ce que c’était que cette fille, qui venait, lui reniflait les cheveux, et ignorait totalement son amie qui semblait pourtant la connaitre personnellement ? Et pourquoi donc pouvait-elle être frustrée par elle ? Elle ne l’avait jamais vue, sauf de loin, qu’est-ce qui pouvait la mettre dans cet état ? Et puis une question. Enfin un mot, tant attendu. Mais pourtant pas plus explicatif. Marjory fut presque surprise d’entendre le son de sa voix. Son attitude suscitait tellement de question dans son esprit qu’elle y avait pris une forme presque inhumaine. Presque animale. Ainsi donc, lorsqu’une voix pourtant si habituelle sortie de sa gorge, la blonde eut un sursaut imperceptible. Le temps qu’elle se reprenne pour lui répondre, et peut-être lui poser une question à son tour, celle-ci offrit enfin son regard à la Wilder.

- Tout ne va pas bien, non, c'est rare que tout aille bien en même temps. P't'être parce que j'ai un bras en moins.

Quel besoin y avait-il de parler de cette façon ? Du coin de l’œil, la Damian ne vit aucun mouvement de la part de Jade. Rien qui ne puisse lui indiquer comment elle avait pu prendre cette réponse. Tournant légèrement la tête vers elle, elle la vit alors tourner la tête en soupirant. Bon, ce n’était peut-être pas si grave alors. Elles n’entretenaient peut-être pas de relation particulièrement approfondie après tout. Un mot, seul, tranchant, s’échappa des lèvres de la belle. Rien de plus. Elle n’avait pas l’air de vouloir aller plus loin dans la conversation. Peut-être pour ne pas créer de conflit ? Ou bien est-ce que ça lui avait fait plus de mal qu’il ne semblait ? Elle s’inquiétait à présent pour son amie. Lui posant une main sur le bras, elle s’adressa à celle-ci d’une voix douce.

- Est-ce que ça va ?

Puis ses yeux bleus se reportèrent sur la Serpentarde. Ils s’étaient faits accusateurs. Elle faillit lui lancer une pique concernant ses précédents mots, mais la fille lui faisait presque peur. Alors non, elle ne dirait rien. Elle n’était pas des plus braves – Gryffondor ne lui aurait pas sied. Du moins pour le moment, puisque depuis l’attaque, elle ne pensait presque plus qu’à se renforcer. Gagner en courage, en puissance, pouvoir se défendre elle-même et défendre les autres. Et alors, à ce moment-là, peut-être qu’elle pourrait prendre un ton accusateur devant une fille qui venait dans son espace personnel puis parlait mal à son amie.

Mais voilà, lorsque la bouche s’ouvrit, se fut une voix hésitante qui s’en échappa. Foutue voix, foutue timidité, foutue faiblesse.

- Marjory. Mais … Pourquoi ?

Mais l’autre avait déjà fait un pas en arrière, avant même qu’elle n’ait parlé. Elle avait l’air prêt à repartir. Si elle avait été moins faible, si elle avait eu plus de présence, si elle avait été moins impressionnée par cette fille, elle lui aurait dit de rester ici. Elle l’aurait retenue pour qu’elle explique son attitude. Pourquoi elle lui avait collé son nez dessus, et parlé à Jade de cette manière. Mais non. Elle ne le fit pas. Si elle répondait, se serait parfait. Elle pourrait enfin comprendre. Sinon … Eh ben tant pis. Elle n’arrivait pas à la retenir, elle n’avait pas la force de la faire rester et s’expliquer. Alors elle se poserait des questions. Toute seule, dans son coin, tout le cours durant. Voir plus encore. Elle torturerait son esprit à essayer de comprendre. Elaborant des hypothèses. Toutes plus farfelues les unes que les autres. Surement aucune se rapprochant de la réalité. Mais c’était comme ça. C’était toujours à elle d’effectuer ce travail, puisqu’elle n’osait pas le demander des autres.

Il était difficile de décrire les sentiments de Jade à cet instant. S'enfermer dans une bulle studieuse était la manière la plus simple d'empêcher les trop fortes réflexions, mais ça s'avérait vraiment difficile pour le coup. Peut-être parce-que c'était Shela qui venait de lui foutre une baffe monumentale. Pourtant, elle n'avait rien fait qui pourrait braquer la Serpentard, si ? Pfiou elle n'en savait fichtre rien et c'était horriblement frustrant de ne pas comprendre. Il fallait relativiser. Se dire que Shela était simplement de mauvaise humeur, elle avait sans doute une raison de l'être. Et puis, forcément un bras dans le plâtre ça n'était pas agréable. Jade en savait quelque chose. Bon ce n'était pas la même blessure ni la même situation, mais elle s'était déjà retrouvée dans une situation physique amoindrie alors.. elle pouvait comprendre, peut-être.

Sauf qu'à l'époque, Jade n'avait pas rejeté Shela. Elle avait rejeté beaucoup de monde, mais pas Shela, jamais. Alors forcément, le goût amer dans la gorge de la Poufsouffle restait bel et bien présent. Il y a des limites à tout et visiblement, son aînée avait touché un point sensible. Fierté, ou.. non, impossible d'envisager ça. Pas le fait qu'elle puisse se sentir blessée parce-qu'une personne proche lui avait répondu de cette façon. C'était impossible puisque Shela n'était pas une personne proche. Jade ne voulait absolument pas accepter cette possibilité, pour des raisons qu'elle avait déjà tant de fois évoqué et dont elle essayait de se persuader chaque jour. C'était une course contre ses propres réflexes, sa manière ridicule de s'attacher aux autres trop facilement. Non, elle ne devait pas laisser cette part d'elle-même gagner, c'était impossible. Il fallait qu'elle passe à autre chose et évite de penser à Shela. Mais voilà, elle ressentait toujours ce côté amer. Bordel de conscience.

- Est-ce que ça va ?

Un soupir lui échappa alors que sa collègue Poufsouffle s'adressait à elle. Non Marjory, ne cherche pas à en savoir plus, c'était pas bon. Après ce genre de baffe, Jade avait pour habitude de se renfermer sur elle-même, dans une bulle différente de l'habituelle, une bulle de fierté. Bien plus inconfortable que la bulle normale d'ailleurs. M'enfin. Luttant pour ne pas exploser littéralement, Jade hocha la tête de manière positive. Oui, elle allait bien.

- Oui. Bene.

C'était bref, sec, trop sec. Marjory n'y était pour rien elle. Mais que voulez vous, Jade était têtue et préférait tout garder pour elle. Cela valait sans doute mieux d'ailleurs, au moins ce coup-ci. A voir si elle aurait la patience de continuer sur cette pente, surtout si Shela en rajoutait une couche. Il y a encore si peu de temps, Jade voulait parler à la préfète des verts. A présent, elle voulait tout simplement que celle-ci lui fiche la paix. Ouais, c'était une réaction égoïste, enfantine et irréfléchie. Mais l'Italienne avait également des limites et en étant autant à fleur de peau, avait du mal à digérer les paroles de sa camarade. Les larmes étaient trop proches, un mot et elles surgiraient comme un torrent. Surtout pas, pas ici, jamais. Elle avait suffisamment craqué comme ça ces derniers temps.