[RDC] Cuisine & Salle-à-Manger

Mon retour à Eagle Place s'était fait difficilement. Je ne cessais jamais de penser à cet acte que j'avais commis, à ce choix que j'avais fait. Sur le moment même, cela m'avait parut normale, j'étais persuadé qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Que le blondinet comprendrait. J'avais fait ça pour des raisons qui, maintenant, m'échappaient. Tout ce qui justifiait l'acte sur le moment même avait disparut. Il ne me restait que ma culpabilité. Je savais que j'allais subir le courroux d'Elenna. Elle serait peut-être la seule qui viendrait directement me le dire, qui ne passerait pas par quatre chemin pour m'expliquer que ce que j'avais fait n'était pas bien. Notre relation était particulière, elle était la personne qui comptait le plus pour moi. Avant Victoire, avant n'importe qui. Je savais qu'elle ne comprendrait pas les raisons de mon acte, elle était tellement pure.

Je sentais que nos façon de voir les choses n'étaient plus les mêmes. Elenna voulait éviter à tout prix de faire des morts, peu importe le camp. Son ambition était somme toute la plus raisonnable, mais je ne pouvais m'y résoudre. Je souhaitais répondre au mal par le mal. Je souhaitais détruire cette ordre noire, je souhaitais anéantir chaque personne ayant, un jour, porté un masque de mangemort. Lorsque je pensais à eux, je serrais les poings, mon regard devenait noir, mon instinct de loup reprenait le dessus. Si je pouvais, je lâcherais cette bête sur ces personnes. Pourquoi aurais-je la moindre pitié pour ces personnes ? Ces assassins, tueur d'enfants. Mes élèves. Ils s'attaquaient à mes élèves, ils les pervertissaient. Ils leur faisaient croire que leur vision était la bonne. Il était si facile de manipuler des enfants.

J'étais dans la cuisine du quartier général. J'avais faim, je ne savais pas quoi me faire alors je restais là, planté devant les armoires à nourritures. D'ici quelques minutes, une réunion débuterait avec les autres. Je ne savais pas si Noah allait me réprimander pour mon acte, elle allait certainement me dire quelque chose et sûrement pas que j'avais bien fait. J'avais cette sensation bizarre, d'une minute à l'autre mon avis se métamorphosait. Un coup je cautionnais mon acte, un autre je le regrettais.

Je stoppais ma réflexion, une odeur familière, Elenna. Elle venait d'arriver. Lâchement, je souhaitais éviter cette confrontation, je savais que ça tournerai mal. Tout comme moi, c'était une sanguine. Elle se contrôlait, certes, mieux, mais elle en restait néanmoins un loup-garou. Je faisais mine de chercher de la nourriture dans les armoires, puis arriva ce qui devait arriver. Sa main se posait sur mon épaule, je pivotais de par la pression mise par Elenna. Je ne répondais pas, je me laissais faire. Je méritais ce qui m'arrivait. Ou pas, j'avais fait ce que j'avais à faire. Tout comme Elenna le faisait en ce moment.

" Espèce de gros c*n, ça fait quoi de regarder la mort en face quand c’est un ami qui en est le principal acteur ? "

J'écoutais, mais je ne la regarderai pas. Mon regard était fixé sur le plafond, je ne le regardais pas vraiment. Lorsqu'elle était dans cet état là, il ne valait mieux pas que je la défie en la regardant droit dans les iris. Je sentais le froid du couteau érafler ma gorge. Même si je savais qu'elle ne le ferait pas, je respirais plus difficilement. Je déglutissais.

" Tu n’aurais pas dû faire ça, JAMAIS ! Comment as-tu pu oser lancer un sortilège impardonnable sur Liam ? Tu devrais avoir honte, tu aurais dû aller te cacher dans un terrier jusqu’à ce que le monde oublie ton acte immonde. Où est le frère que j’avais et qui n’aurait jamais levé la main sur un ami ?... "

Je baissais le regard l'espace de quelques secondes. Elle avait raison, je devrai peut-être m'en aller. Peut-être que ma place n'était plus ici. Peut-être que je n'étais pas ce qu'un bon phénix devait-être. Mais qu'étais-je alors ? J'étais un battant. Une personne prête à tout pour protéger ceux qu'il aime. Et ça, c'était les qualités d'un phénix. La seule différence avec les autres, c'est que tuer, blesser, torturer ne me dérangeait pas. J'accepterai de faire ce genre de tâche pour l'ordre, je me battais pour un monde meilleur. Et un monde meilleur est un monde sans mangemort.

J'ai fais ce que j'avais à faire Elenna. Elle ne parlait pas, nous n'étions pas pris au sérieux. Il fallait qu'elle ait peur. Pour elle, mais pour Liam aussi.

Je ne savais pas si les autres écoutaient notre conversation. S'ils étaient présent, ça ne faisait aucun doute. L'être humain était curieux de nature.

Le frère que tu avais ne vivait pas dans un monde comme celui-là. Nous devons nous en débarrasser, ils ne font que le mal. T'imagine qu'Elfast à de l'influence sur une maison entière à Poudlard ? Elle est directrice des Serpentard puta**. Elle peut les manipuler à son bon vouloir, ce ne sont que des enfants bordel. Ils.. Je n'avais pas pour habitude de pleurer, mais les larmes me montaient. Je les réprimais avec tout le mal du monde. Ils ont tué mes élèves Elenna. Jamais, je ne pardonnerai ça. Ils doivent mourir.

Je me dégageais doucement de son emprise. J'étais maintenant debout face à Elenna. Même si lors de l'attaque du Poudlard Express je n'étais pas encore Professeur, je considérai ces petits comme mes élèves. S'ils n'étaient pas mort, ils seraient venu dans ma salle de classe. Mais non. A la place, il se trouvait dans un monde inaccessible.

Je tuerai quiconque mettre en péril votre sécurité. Je criais et pointais du doigt le mur qui nous séparais du salon. Je sais que tu n'es pas d'accord avec ça, mais c'est comme ça.

Le cœur de la belle était tiraillé entre tristesse et colère, déception et haine profonde, amour et rancune, frère et abomination. Elle ne parvenait plus à réfléchir, les émotions prenant le dessus sur ses pensées et ses réflexions. Elle avait abandonné toute raison pour laisser libre cours à ses sentiments qui faisaient bondir son cœur, chauffer son cerveau, broyer ses tripes et lui donner des hauts le cœur. C’était comme si elle ne contrôlait plus rien, comme si c’était la bête en elle qui s’exprimait. Elenna avait toujours eu beaucoup de mal à gérer ses émotions et depuis qu’elle était loup-garou, cela n’avait fait qu’empirer bien qu’avec les années, les crises de colère n’étaient plus sujettes à une transformation…

Son frère, son petit frère. Ce visage qu’elle connaissait bien était pourtant si dur à l’heure actuelle. Elle n’avait pas l’impression de le reconnaitre. La scène repassait encore et encore dans sa tête, cette baguette pointée sur Liam, si meurtrière, si dangereuse. Le pire était qu’à l’autre bout se tenait Dwayne. Pas un Mage noir, pas un assassin ou un fou furieux, juste Dwayne. Et là, il était debout, sous cette lame, immobile et si fragile, en position de faiblesse. Il devait se douter que Noah le réprimanderait, qu’il y aurait certainement des répercussions sur l’Ordre et ses membres. Pourtant, il devait aussi savoir que ce n’était pas ça qu’il aurait à redouter mais bien la colère de sa sœur, cette petite boule d’énergie et de nerfs qui malgré sa petite taille pouvait être effrayante, surtout lorsque l’on savait que les soirs de pleine lune, elle prenait la forme d’un grand loup humanoïde.

Le beau brun fuyait lâchement cette conversation, détournant le regard et fixant le plafond comme s’il allait lui donner le courage de répondre. Ou alors il priait pour qu’il s’écroule sur eux et qu’ils aient d’autres préoccupations. Il ne disait rien, laissant la rage de la petite brune se déversait sur lui comme un coulis de framboise sur un gâteau au chocolat. Un court instant passa avant qu’il baisse le regard sur sa frangine. Une certaine tristesse brillait dans son regard mais ce n’était pas cela que nota la belle mais bien la détermination qui régnait dans ses iris.

" J'ai fais ce que j'avais à faire Elenna. Elle ne parlait pas, nous n'étions pas pris au sérieux. Il fallait qu'elle ait peur. Pour elle, mais pour Liam aussi. Le frère que tu avais ne vivait pas dans un monde comme celui-là. Nous devons nous en débarrasser, ils ne font que le mal. T'imagine qu'Elfast à de l'influence sur une maison entière à Poudlard ? Elle est directrice des Serpentard puta**. Elle peut les manipuler à son bon vouloir, ce ne sont que des enfants bordel. Ils.. Ils ont tué mes élèves Elenna. Jamais, je ne pardonnerai ça. Ils doivent mourir. "

Les muscles de la demoiselle se tendaient à chacun de ses mots. Ce qu’il avait à faire ? Pour Liam ? Il n’arrivait pas à mesurer la portée de ses actes, il essayait lui-même de se convaincre que ce qu’il avait fait était pour le bien de tous, mais à quel prix ? Liam n’était encore qu’un enfant, presque un adulte certes mais qui pouvait bien savoir quelles répercutions cela aurait sur lui. Avec délicatesse, il se dégagea de l’emprise de la jeune femme qui se recula d’un pas, une petite goutte de sang avait perlé sur le cou du Gryffondor, la lame du couteau ayant commencé son travail. Maintenant redressé, Dwayne était beaucoup plus grand qu’elle mais Elen ne s’en souciait pas, elle n’avait pas peur, de personne.

" Je tuerai quiconque mettre en péril votre sécurité. Je sais que tu n'es pas d'accord avec ça, mais c'est comme ça. "

Sa voix s’était faite puissante et ce fut un cri qui sortit de ses lèvres alors qu’il pointait du doigt les pièces qui se trouvaient dans le dos de la sorcière. Ses sourcils se froncèrent alors que sa main qui tenait l’arme venait de retomber le long de son corps, la lame appuyée contre sa cuisse. Fixant son frère, ce ne fut qu’un soufflement qui s’échappa de ses lèvres.

" Tu l’aurais fait si ça avait été moi ? Tu me tuerais si l’une de mes actions mettait en péril la sécurité des autres ? "

Décidemment, non, elle ne le reconnaissait pas, elle ne le reconnaissait plus. D’un geste vif, elle jeta le couteau sur le plan de travail et fit encore quelques pas en arrière, ne lâchant pas du regard cet homme qu’elle ne savait plus comment appeler. Sa mâchoire était serrée et son cœur aussi. Elle avait besoin d’aide, besoin d’une présence rassurante et Alexander était loin, trop loin à cet instant précis où elle avait l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Secrètement, elle priait pour qu’un des autres Phénix arrivent, qu’un des autres Phénix soit juste présent pour la soutenir, qu’elle ait l’épaule d’un de ses compères pour s’appuyer alors qu’elle flanchait.

" Crois-tu être supérieur aux autres ? Avoir le droit de vie et de mort sur ces gens ? Parce qu’eux agissent ainsi tu dois faire de même. Les lois n’existent pas pour rien, ils doivent être punis et envoyés à Azkaban. Nous sommes là pour remettre un brin de paix dans ce monde et tu crois qu’en tuant comme bon te semble cela réglera tout ? Je ne dis pas que nous devons nous laisser décimer, que nous ne devons tuer car cela arrivera certainement en combat mais nous ne sommes pas comme eux, nous sommes bons. On dit que le sang veut du sang, crois-tu que tu y échapperas si tu tâches tes mains et ton honneur ainsi ? La paix à n’importe quel prix, ce n’est plus la paix Dwayne… "

Un dernier pas en arrière, Elenna secoua doucement la tête comme pour chasser ce mauvais rêve, comme pour se réveiller d’un horrible cauchemar.

Je n'aimais pas du tout le "règlement de compte" qu'Elenna et moi avions en ce moment. D'habitude, je ne refusais jamais un conflit, un échange de position. Mais ici ce n'était pas pareil, Elenna n'était pas n'importe quelle personne. De tout ceux que je côtoyais, elle était la seule dont j'avais réellement besoin, la seule que je ne pouvais me permettre de perdre.

" Tu l’aurais fait si ça avait été moi ? Tu me tuerais si l’une de mes actions mettait en péril la sécurité des autres ? "

Je souriais pour démontrer ma frustration, ça n'avait strictement rien à voir. Je connaissais Elenna, je savais que jamais elle ne commettrait quelque chose de grave si elle n'y était pas contrainte. Je savais qu'Elenna était une bonne personne au fond d'elle. Contrairement aux mangemort, qui eux ne souhaitaient qu'une seule chose : la mort. Il tuait par plaisir et c'était ça que je condamnais. Ils s'étaient attaquées à mes élèves. Ils n'hésiteront certainement jamais à le refaire. C'est pourquoi je pensais qu'il fallait en finir avec eux. Si on ne les tuait pas, que ferait-on d'eux ? Azkaban ? Pourquoi faire ? Ils n'y resteront jamais jusqu'à leur mort, ils se feront libéré comme l'on été les disciples de Voldemort à leur époque. La seule chose que méritait ces personnes, c'était la mort.

" Crois-tu être supérieur aux autres ? Avoir le droit de vie et de mort sur ces gens ? Parce qu’eux agissent ainsi tu dois faire de même. Les lois n’existent pas pour rien, ils doivent être punis et envoyés à Azkaban. Nous sommes là pour remettre un brin de paix dans ce monde et tu crois qu’en tuant comme bon te semble cela réglera tout ? Je ne dis pas que nous devons nous laisser décimer, que nous ne devons tuer car cela arrivera certainement en combat mais nous ne sommes pas comme eux, nous sommes bons. On dit que le sang veut du sang, crois-tu que tu y échapperas si tu tâches tes mains et ton honneur ainsi ? La paix à n’importe quel prix, ce n’est plus la paix Dwayne… "

Je reconnaissais bien là Elenna. Pourtant, je n'adhérais en rien à ses propos. Il y a quelques années, j'aurais applaudi ce discours mais plus maintenant. Je me rendais compte de la dangerosité de ces gens, je n'osais même plus imaginé le nombre de personne qu'ils avaient tué jusqu'à maintenant ainsi que ceux qu'ils tueront probablement encore. Le chiffre serait bien trop élevé.

Non je ne te tuerai pas, parce que je sais que je pourrai te résonner. Je sais que tu n'es pas un monstre. Eux le sont. Je ne te ferai pas de mal parce que je te connais. Parce que je sais que jamais tu ne lèverai la baguette sur un enfant. Ce sont eux les lâches, pas moi. Je ne fais que rendre la monnaie de leur pièce. Tu pense sincèrement qu'ils finiront à Azkaban pour le reste de leur vie ? Arrête Elenna, tu sais tout comme moi qu'ils n'y resteront que quelques années, jusqu'à ce qu'on vienne les libérer comme ça avait été le cas à l'époque de Voldemort.

Je sentais comme un picotement au niveau de mon cou, j'y déposais un de mes doigts. Du sang, j'avais été coupé par le couteau de toute à l'heure. Je me stoppais quelques secondes, le temps de me rendre compte de la blessure, puis continuait.

Elfast par exemple. Elle tuera encore, certainement. Et maintenant, à chaque fois que je verrai un corps sans vie, je me demanderai une seule chose : Et si je l'avais tué ce soir-là ? Hein ! Cette personne ne serait sans doute jamais morte. Les laisser en vie c'est risqué qu'un autre meurtre soit commis. Je préfère me salir les mains, bafouer mon honneur comme tu le dis, mais ne pas me sentir coupable d'un autre meurtre. Nous savons ce qu'elle est, va t-elle pour autant aller à Azkaban ? Non. Quand bien même le ministère serait au courant, elle est métamorphomage, elle pourrait se cacher pendant des années sous une autre apparence. Elle sera toujours là, quelque part, en train de planifier des meurtres. Par contre, une chose est sûr : morte, elle ne peut plus tuer personne.

Je n'étais peut-être pas très claire dans mes mots, mais c'était à cause du contexte. Je n'avais pas l'habitude de me disputer avec la louve, des centaines de pensées me traversaient l'esprit en même temps, j'avais du mal à faire le tri.

Noah s'était rongé les ongles toute la journée, Merit la regardait bizarrement tant elle était nerveuse, gesticulant derrière le comptoir du Chaudron Baveur. Et pour cause, les phénix menaient une mission extrêmement importante pouvant permettre de soutirer des informations à une femme dont ils étaient presque certains de connaitre les orientations. Noah craignait pour la vie de ses frères d'armes tant la mission était risquée. Elle s'en voulait de ne pas être elle aussi sur le terrain. Si il arrivait quoi que ce soit à l'un d'entre eux, elle se reprocherait toute sa vie son absence à leur côtés... Mais ça avait été décidé ainsi en réunion, pas la peine d'envoyer tous les phénix au casse-pipe.

Enfin l'horloge du pub indiqua la fin de son service, Noah confia les clés de l'établissement à Hugh, et transplana à Eagle Place. Dans le hall, des éclats de voix la guidèrent vers la cuisine.
"Les laisser en vie c'est risqué qu'un autre meurtre soit commis. Je préfère me salir les mains, bafouer mon honneur comme tu le dis, mais ne pas me sentir coupable d'un autre meurtre." ... "Quand bien même le ministère serait au courant, elle est métamorphomage, elle pourrait se cacher pendant des années sous une autre apparence. Elle sera toujours là, quelque part, en train de planifier des meurtres. Par contre, une chose est sûr : morte, elle ne peut plus tuer personne."

Noah pressa le pas, le visage soucieux. Que s'était-il passé durant la mission? Où était Liam et Ailinn? Et April? Là elle reconnaissait seulement la voix de Dwayne, et vu la nature de ses paroles, tout laissait à penser qu'une dispute avait lieu, ce qui présageait que la mission ne s'était pas passée comme prévue...
Noah savait que si ils n'étaient pas soudés entre phénix, jamais ils ne pourraient vaincre l'ordre Noir. Poussant la porte de la cuisine d'un coup sec du pied, la jeune femme tomba nez à nez avec Elenna qui menaçait le professeur d'histoire de la magie avec un couteau. Noah s'interposa de suite, en criant :

-Et oooh! Il se passe quoi ? La mission a mal tournée? Elfast est où? Et les autres?

Ce qui désolait le plus la petite brune, c'était de voir les deux phénix les plus soudés de l'Ordre en raison de leur "similitudes nocturnes", se disputer ainsi.

HRP : je suis désolée pour la piètre qualité du rp, je voulais me dépêcher de poster avant de partir en weekend...

* J’avais le cœur qui saignait, j’avais mal. Mal comme je n’avais pas eu mal depuis bien longtemps. Je souffrais le martyr tout simplement car les actions qui étaient douloureuses n’étaient autres que les actes de l’homme qui m’était le plus cher au monde. A mes yeux, ce n’était même pas un homme, c’était encore un garçon, ce jeune homme que j’avais attaqué de nuit sous ma forme lupine, ce jeune homme que j’avais décidé de prendre sous mon aile pour le protéger de tout et de rien. A partir de cet instant, il était devenu un bout de ma chair, comme un fils, comme un frère. Nous avions toujours eu les mêmes valeurs, nous nous étions toujours battus pour la même chose, nous partagions les mêmes idéaux, nous agissions à deux en consultant l’autre. Et ce soir, j’avais l’impression d’avoir tout perdu. J’avais perdu mon frère, j’avais perdu mon âme, la canne qui me permettait de tenir droite dans ce monde qui était fait pour me faire des vacheries. Je flanchais, c’était comme si le monde s’écroulait sous mes pieds. D’ailleurs, je me sentais obligée de jeter un regard sous ceux-là pour être certaine d’être bien sur la même planète qui m’avait vu venir au monde… J’étais là, il était là mais ce n’était plus le même… *

Elenna savait que son visage devait se décomposer au fur et à mesure de cette discussion ou plutôt de cette dispute. C’était la première fois d’ailleurs que les deux jeunes gens entraient en conflit et elle aurait certainement préféré que cela n’arrive jamais. Dwayne avait tendu le bâton pour se faire battre et elle n’allait pas se gêner pour l’assommer avec générosité. Il n’avait pas le droit de vie et de mort sur les gens. Si certains s’adonnaient à pratiquer le meurtre en tout genre, ce n’était pas à lui de les punir par les mêmes méthodes. En agissant ainsi, il se condamnait seul, en suivant sa logique, il méritait la mort lui aussi. A croire qu’il ne pesait pas la portée de ses mots, que la rage le rendait fou, que la haine lui avait fait perdre toute raison. Il avait souri comme pour exprimer une chose que la demoiselle n’avait pas comprise mais cela la mettait encore plus en rogne. Le brun avait tort et finirait par le découvrir un jour ou autre, quand il serait derrière les barreaux d’Azkaban.

" Non je ne te tuerai pas, parce que je sais que je pourrai te résonner. Je sais que tu n'es pas un monstre. Eux le sont. Je ne te ferai pas de mal parce que je te connais. Parce que je sais que jamais tu ne lèverai la baguette sur un enfant. Ce sont eux les lâches, pas moi. Je ne fais que rendre la monnaie de leur pièce. Tu penses sincèrement qu'ils finiront à Azkaban pour le reste de leur vie ? Arrête Elenna, tu sais tout comme moi qu'ils n'y resteront que quelques années, jusqu'à ce qu'on vienne les libérer comme ça avait été le cas à l'époque de Voldemort. "

La résonner ? L’avait-il seulement vu déjà en colère ? Dans une colère noire, dans une colère monstre ? L’avait-il déjà vu sûre et certaine de ses choix ? Avait-il déjà essayé de calmer un loup-garou ? A croire que celui qui avait vécu auprès d’eux n’avait pas vraiment compris que face à elle, si elle le décidait là maintenant, il ne pourrait rien. Si demain elle venait à vouloir décimer toute une population, les doux mots et plaintes du Gryffondor n’y feraient rien et encore moins ses actes, il n’y pourrait tout simplement rien de sa petite personne, pas seul. Il dénigrait Azkaban comme si ce n’était qu’une vulgaire boutique du Chemin de Traverse. Ce n’était pas parce que Voldemort avait réussi à en faire s’en échapper des mages noirs que ce serait encore la même situation aujourd’hui. Bien au contraire.

" Elfast par exemple. Elle tuera encore, certainement. Et maintenant, à chaque fois que je verrai un corps sans vie, je me demanderai une seule chose : Et si je l'avais tué ce soir-là ? Hein ! Cette personne ne serait sans doute jamais morte. Les laisser en vie c'est risqué qu'un autre meurtre soit commis. Je préfère me salir les mains, bafouer mon honneur comme tu le dis, mais ne pas me sentir coupable d'un autre meurtre. Nous savons ce qu'elle est, va t-elle pour autant aller à Azkaban ? Non. Quand bien même le ministère serait au courant, elle est métamorphomage, elle pourrait se cacher pendant des années sous une autre apparence. Elle sera toujours là, quelque part, en train de planifier des meurtres. Par contre, une chose est sûr : morte, elle ne peut plus tuer personne. "

C’est ce moment-là que choisit Noah pour débouler dans la pièce telle une furie, prête à calmer le jeu ou à les tuer chacun leur tour, au choix. Elenna ferma la bouche, elle qui était déjà prête à riposter. Elle n’avait plus le couteau en main car elle l’avait jeté sur le plan de travail, lui qui avait laissé une légère traînée de sang dans son passage. D’ailleurs, l’odeur du fluide vital de Dwayne vint titiller les narines de la louve comme le soir où elle l’avait attaqué. Si c’était à refaire, sachant ce qui s’était déroulé ce soir, l’aurait-elle refait ? S’interposant entre les deux, la chef de l’Ordre du Phénix prit enfin la parole.

" Et oooh! Il se passe quoi ? La mission a mal tournée? Elfast est où? Et les autres? "

" Je ne sais pas où sont les autres, je devais me charger d’évacuer Elfast seule, ils sont certainement en train de dormir. Ils n’ont rien sur la conscience qui les empêcherait de dormir eux, hein Dwayne ? "

Elen savait que si le jeune homme ne dormait pas, c’était aussi parce qu’il pensait beaucoup trop, c’était malheureusement un de ses gros défauts. Plusieurs pas séparaient maintenant le frère et la sœur alors que l’autre brune se tenait entre les deux. Ce fut de nouveau une grimace de dégoût qui s’afficha sur le visage de la belle alors qu’elle repensait à la soirée.

" La mission s’est déroulée à merveille. Ils ont réussi à la capture avec Liam, quand ils sont arrivés, j’avais déjà lancé tous les sortilèges nécessaires, il n’en manquait qu’un ou deux que je ne pouvais pas lancer seule. Dwayne et Ailinn ont commencé les interrogatoires avant que je les rejoigne. Tu te doutes que nous avons dû faire preuve de violence pour lui soutirer des informations. Il en est même arrivé à lui lacérer le ventre, pointant du doigt son frère, et la vider de son sang, heureusement qu’Ailinn était là pour nous la garder avec nous. Mais ce n’était pas assez, il a commis l’erreur la plus grosse qu’il aurait pu faire : un sortilège impardonnable. Je n’exclus pas qu’un jour nous devions en arriver là mais de là à jeter le Sortilège Doloris à l’un d’entre nous ! "

La louve parlait à Noah, lui expliquant ce qui s’était passé en résumé mais elle ne put s’empêcher de reposer son regard de nouveau sur Dwayne, lui crachant presque ses derniers mots.

" Un Endoloris sur Liam ?! Il s’était proposé pour nous aider, pas pour payer les pots cassés ou souffrir à vouloir en mourir ! Tu me donnes envie de vomir Dwayne. J’espère qu’un jour, je serai à la place de Liam et que tu seras toi derrière la baguette. J’espère qu’un jour, tu auras le culot de me lancer un sortilège impardonnable et je ne me gênerai pas de t’en rendre un autre ! "

Ses mots dépassaient ses pensées au plus haut point. Tellement qu’elle affichait un rictus presque animal, un grondement résonnant dans sa gorge, l’odeur du sang de son frère lupin lui donnant encore plus envie de se laisser aller au moins pour ce soir. Sa respiration la faisait souffrir et s’accélérait par moment. A chaque battement de son cœur, Elenna avait l’impression qu’il lui faisait faux bond, qu’il l’abandonnait, qu’il allait arrêter de cogner comme pour manifester la peine qui lui mettait la boule au ventre. Car finalement c’était ça, c’était une souffrance sans nom dû à la tristesse qui lui dévorait les entrailles. Elle recula encore d’un pas, appuyant son dos contre un des murs froids de la cuisine, fermant les yeux pour se calmer. Il ne lui tardait qu’une chose, que tout cela soit finit et qu’elle puisse partager ses peines avec l’appel de la forêt…

J'étais tellement focalisé sur la dispute se déroulant entre Elenna et moi que je n'avais pas remarqué l'arrivée de la chef de l'Ordre du Phénix, Noah Alniott. Elle arrivait dans la pièce, le visage affublé d'une grimace soucieuse. Celle-ci allait très certainement s'aggraver lorsqu'elle s'aperçevrait qu'Elenna me menaçait avec un couteau. Nous savions tous ici qu'elle n'en ferait jamais usage, ou en tout cas pas contre moi. Même si ma petite égratignure laissait penser l'inverse.

-Et oooh! Il se passe quoi ? La mission a mal tournée? Elfast est où? Et les autres?

Je n'eut le temps de rien dire, Elenna avait été la plus rapide. Je ne l'interrompais donc pas, sachant que si je m'aventurais là-dedans la louve n'hésiterait plus et me sauterait à la gorge. C'était cool d'être loup-garou, mais nous avions du mal à gérer nos excès de colère. En ce qui me concernait, j'avais de temps à autre des pulsions particulièrement compliqué à maîtriser.

" Je ne sais pas où sont les autres, je devais me charger d’évacuer Elfast seule, ils sont certainement en train de dormir. Ils n’ont rien sur la conscience qui les empêcherait de dormir eux, hein Dwayne ? "

La petite pique lancée par Elenna me faisait sourire nerveusement. D'un geste inconscient, je me grattais l'arrière de la tête, signe de mon anxiété mais aussi de la gêne que je ressentais suite à mes actes. J'avais été trop loin, peut-être, mais je l'avais fait pour le bien de tous, en tout cas c'était ce que j'imaginais.

" La mission s’est déroulée à merveille. Ils ont réussi à la capture avec Liam, quand ils sont arrivés, j’avais déjà lancé tous les sortilèges nécessaires, il n’en manquait qu’un ou deux que je ne pouvais pas lancer seule. Dwayne et Ailinn ont commencé les interrogatoires avant que je les rejoigne. Tu te doutes que nous avons dû faire preuve de violence pour lui soutirer des informations. Il en est même arrivé à lui lacérer le ventre, et la vider de son sang, heureusement qu’Ailinn était là pour nous la garder avec nous. Mais ce n’était pas assez, il a commis l’erreur la plus grosse qu’il aurait pu faire : un sortilège impardonnable. Je n’exclus pas qu’un jour nous devions en arriver là mais de là à jeter le Sortilège Doloris à l’un d’entre nous ! "

Le contexte n'était pas entièrement placé, mais ce qu'Elenna venait de raconter était vrai. Pour ma défense, la lacération du ventre était pour prouver à la directrice que nous n'étions pas là pour jouer. Au final, si c'était à refaire je ferais exactement la même chose. Si elle était vraiment enceinte, perdre son enfant était la meilleure chose pour le petit. Et si c'était un mensonge, la lacération était complètement méritée.

" Un Endoloris sur Liam ?! Il s’était proposé pour nous aider, pas pour payer les pots cassés ou souffrir à vouloir en mourir ! Tu me donnes envie de vomir Dwayne. J’espère qu’un jour, je serai à la place de Liam et que tu seras toi derrière la baguette. J’espère qu’un jour, tu auras le culot de me lancer un sortilège impardonnable et je ne me gênerai pas de t’en rendre un autre !

Je n'osais pas regarder en direction de Noah. Je savais qu'elle n'accepterait pas mon geste et je ne voulais pas me confronter à deux personnes s'opposant à moi. C'est pourquoi je m'éloignais un peu plus, avec ce même sourire nerveux collé à mes lèvres. C'était à mon tour de m'expliquer.

« Si je n'avais pas fait ça, nous serions reparti bredouilles. Tu t'en es bien rendu compte, non ? Depuis le début, elle nous menait en bateau. " Non, je ne sais rien, laissez-moi ! " Elle résistait même à la torture physique à son encontre, j'étais sur le point de tuer son futur enfant qu'elle ne réagissait toujours pas. Alors j'ai du prendre une décision, la plupart des personnes peuvent résister à leur propre torture, mais ils ne peuvent pas voir les autres se faire torturer. J'ai donc torturé Liam et si je devais recommencer, je n'hésiterai pas une seule seconde. »

Tampi, elles pouvaient bien me prendre pour le dernier des imbéciles, je campais sur mes positions. Sans mon intervention, elle n'aurait jamais rien dit. Je ne voulais pas me vanter d'être celui qui lui avait sorti les verres du nez, je souhaitais simplement expliquer mon geste. Il n'était pas pardonnable, j'en étais conscient. Mais je ne voulais le pardon de personne. Il fallait quelqu'un pour faire le sale boulot, j'avais endossé ce rôle. Et j'étais prêt à le refaire.

« Je sais que je n'étais pas obligé de faire ça, mais je le devais pour avoir un résultat. Je n'attend pas de vous que vous compreniez mon acte ou encore que vous le pardonniez. Je sais très bien que Liam m'en voudra à vie pour ce que je fais : OK, je vivrai bien avec. Je fais ce qu'il faut pour avoir des résultats, point. »

HRP : Je suis désolée pour le temps de réponse !

Jamais Noah n'avait vu Elenna et Dwayne dans un tel état. C'était terrifiant, et en même temps ... Fascinant. Les deux phénix déballèrent tout, la voix tantôt tremblante de rage, tantôt d'un volume sonore surélevé. Et Noah était abasourdie par ce qu'elle entendait. Il avait torturé Liam. Le petit du groupe, l'innocent, le petit frère de tout le monde. C'était comme une chute dans le vide que d'entendre ça. Machinalement, Noah se rongeait les ongles en écoutant les justifications de Dwayne, qui n'osait la regarder dans les yeux. Une fureur froide montait en elle. Ce n'était pas contre Dwayne, c'était contre les Mangemorts, qui parvenaient à les diviser au sein de leur ordre, qui parvenaient à résister bien au delà que ce qu'elle n'aurait imaginé. Ils étaient forts, peut-être bien plus forts qu'eux, les phénix. Et Elfast aujourd'hui avait réussi à mener les phénix en mission hors d'eux même, aux tréfonds de leur capacités, leur faisant faire des choses qu'ils n'auraient jamais pensé pouvoir commettre. Et c'était ça qui rendait furieuse Noah. C'était de voir que, humainement, certains phénix avaient craqué. Elfast avait réussi à les faire craquer.

«Je sais très bien que Liam m'en voudra à vie pour ce que je fais : OK, je vivrai bien avec. Je fais ce qu'il faut pour avoir des résultats, point. »

-Et c'est quoi les résultats Dwayne Maddison ?

Noah se tourna désespérément vers Elenna et redemanda, la voix encore plus forte.

-Donnez moi un seul p*tain de résultat avant que j'aille voir Liam.

Si ils n'avaient pas d'informations suite à cette mission, Noah sentait qu'elle allait se mettre dans une colère terrible, elle aurait été capable de casser toute la vaisselle de la pièce à cet instant. Elle avait attendu des heures le retour de mission de ses frères et soeurs, elle avait eu peur qu'il y ai un imprévu, des Mangemorts qui débarquent à plusieurs... Elle avait gardé les yeux rivé sur son gallion. Mais non, elle n'avait pas imaginé qu'il y aurait des blessés à cause d'un phénix sur un autre phénix. Et elle n'arrivait pas à en vouloir à Dwayne. Parce qu'elle considérait qu'il avait pété les plombs, étaient entré dans un état d'inconscience. Peut-être aurait-elle fait la même chose elle aussi. A force de piétiner, de sentir une rage intense monter contre les Mangemorts, à force de ne plus dormir pour trouver des informations, pour "sauver" ce qu'il restait à sauver, elle comprenait qu'on puisse sortir de ses gonds, et faire des gestes impardonnables. Elle même se sentait comme sur un fil, capable de basculer à tout moment du mauvais côté. Noah avait peur de devenir une guerrière assoiffée, au lieu d'une phénix qui se battait pour des droits et une justice.

La vie avait le don de nous donner pour reprendre. Chaque petit moment de bonheur finissait noyé dans un évènement plus tragique. Valait-elle la peine d’être vécue lorsqu’on savait cela ? C’était l’essence même de la vie : naitre pour mourir, vivre pour faner, profiter pour être déçu. Finalement, peut-être que chaque instant de plaisir était seulement destiné à nous nuire par la suite. A ce moment précis, Elenna comprenait ceux qui refusaient toute forme de bonheur, qui le fuyaient comme la peste de peur de profiter de la vie un peu. Après tout, ils n’avaient pas tort. Cet idylle n’était qu’éphémère et ils se refusaient à perdre ce qui était fruit de leur plaisir : le sourire. Ils préféraient ne pas tomber amoureux, ne pas avoir de réels amis, ne pas faire ce dont ils avaient le plus envie car ils partaient du principe que tôt ou tard, cette ataraxie disparaitrait pour devenir un souvenir douloureux.

Le regard d’ordinaire gris qui avait viré au noir était toujours fixé sur Dwayne, alors que le visage de poupée avait abandonné ses traits de poupée pour ceux manifestant sa colère et son dégoût. Les yeux brumeux trahissaient la peine que ressentait la demoiselle mais elle ne se laisserait pas abattre devant son frère ou même sa chef. La seule chose qu’elle ferait à cet instant précis, serait de menacer le Gryffondor pour qu’il se rende enfin compte de ses erreurs. Plus les minutes passaient, plus Elen se sentait vider de toutes ses forces, comme si son énergie vitale s’évanouissait au fur et à mesure de cette discussion qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Ses poumons paraissaient avoir du mal à la faire respirer, ses muscles ne semblaient plus aptes à la porter debout, son cerveau n’arrivait plus à tourner dans le bon sens et son cœur saignait comme l’aurait fait une biche abattue après une chasse humaine. C’était un trou béant qui s’était ouvert dans sa poitrine, cette même blessure qu’elle avait eu plus petite, celle-là même qu’elle avait réussi à refermer en partie grâce au brun. Les sensations de son corps qui l’abandonnait la rendaient encore plus irritable et tout cela était certainement accentué par la fatigue accumulait dans la journée.

Les propos tenus par la belle manifestaient des sentiments qu’elle pouvait ressentir alors que devant elle, son frère affichait un air gêné, n’osant même pas poser son regard sur leur chef. Pourtant, il lui devrait des explications. Noah, elle, assistait au spectacle, posant son regard tantôt sur Elenna, tantôt sur Dwayne alors que son visage se figeait plusieurs fois sous l’effet de la surprise, sous l’effet de l’émotion. Elle se rongeait les ongles de façon nerveuse alors que les deux loups-garous pouvaient sentir la fureur qui montait en elle. Le parfum de sa colère empreignait peu à peu l’atmosphère, rejoignant certainement celle de la louve. Dwayne se défendait encore, argumentant en disant que la Mangemorte n’aurait certainement jamais rien dis, que même la vie de son propre enfant n’était pas assez importante pour qu’elle daigne leur donner des informations sur les mages noirs. Le pire fut quand il annonça qu’il le referait sans hésitation, déclenchant un frisson de colère de plus chez sa sœur.

" Je sais que je n'étais pas obligé de faire ça, mais je le devais pour avoir un résultat. Je n'attend pas de vous que vous compreniez mon acte ou encore que vous le pardonniez. Je sais très bien que Liam m'en voudra à vie pour ce que je fais : OK, je vivrai bien avec. Je fais ce qu'il faut pour avoir des résultats, point. "

" Et c'est quoi les résultats Dwayne Maddison ? "

Noah venait de se détourner du tortionnaire pour poser son regard sur Elenna dont le visage avait abandonné toute gentillesse, laissant place à un désarroi qu’elle-même ne se connaissait pas. Elle avait toujours fait preuve d’une grande force, cachant ses moindres faiblesses derrière une carapace d’acier et un caractère à toutes épreuves. Pourtant, en cette belle soirée, elle aurait souhaité pleurer toutes les larmes de son corps et se recroqueviller dans son lit pour oublier le monde qui l’entourait et ses soucis. Ce soir, elle voulait être faible.

" Donnez moi un seul p*tain de résultat avant que j'aille voir Liam. "

" Nous avons une de leur planque : l’Hill House. Raphaëlle aurait soi-disant entendu parler deux personnes bizarres lorsqu’elle travaillait à la Tête de Sanglier, deux sorciers encapuchonnés qui parlait de leur planque. Voilà ce que nous avons comme résultat. "

Elenna avait craché les derniers mots tout en regardant Dwayne. Passant une main dans ses cheveux, la jeune femme appuya son dos contre un mur et se laissa glisser au sol, ses genoux contre sa poitrine alors que ses bras enroulaient ses jambes et que les images affreuses de la torture repassaient en boucle dans son esprit. La vie de Liam venait certainement de changer du tout au tout mais quel choix ferait-il ? Accepterait-il de rester avec l’Ordre du Phénix après ça ? Pourrait-il rester dans la même pièce que son tortionnaire ? La belle posa un regard vide sur le carrelage des cuisines, attendant une quelconque manifestation de son « frère » et de sa chef.

Mon regard passait d'une personne à l'autre. Tout en parlant, je ne cessais de répéter la scène dans mon esprit. Avais-je bien fait ? Aurais-je du privilégier Liam plutôt que la mission ? Chaque seconde, je changeais de réponse. Passant du positif au négatif. Une fois, je m'en voulais et une autre j'étais persuadé que j'avais agis comme il le fallait, que j'avais pris la décision qui s'imposait bien que cette dernière soit difficile. Beaucoup auraient reculé, je ne pouvais pas le faire. Nous devions aller jusqu'au bout, être sûr qu'Elfast n'avait rien d'autres à nous offrir. Et elle l'avait avoué, elle nous avait craché le nom d'une planque des mangemorts. Prétextant les avoir entendu en parler, en plein bar. Bien entendu, c'était tout à fait le genre de personnage à faire une telle erreur. Nous prenait-elle pour des débiles ? Noah semblait être énervé, peut-être pas contre moi. Certainement. Je m'en voulais de l'avoir déçue, je l'avais fait sans aucun doute. J'appréciais quand une personne reconnaissait que j'avais fait la bonne chose, que j'avais pris la bonne décision. Ici, personne n'oserait l'avouer, jamais. Pourtant, tous savait que j'avais agis comme l'Ordre du Phénix le demandait. La chasse aux mages noirs avant tout le reste. Avant sa propre vie, avant sa propre famille. Pour l'Ordre, nous sacrifions tous. Des enfants ? Une faiblesse et rien d'autres. Une copine ? Même combat. Rien ne devait se mettre entre nous et les mangemorts, rien. Même pas Liam. En rejoignant l'Ordre, il savait dans quoi il s'engageait. En me recrutant, ils savaient qui j'étais.

" Et c'est quoi les résultats Dwayne Maddison ? "

Elle s'adressait à moi, mais je ne disais rien. Je voulais que ça soit Elenna qui le dise, que celle que je considérais comme ma soeur avoue que je n'avais pas agis en vain. Je voulais que les mots sortent de sa bouche, je voulais qu'elle annonce elle-même la bonne nouvelle. Car oui, de cette soirée ressortait une chose importante ; nous avions localisé une planque de mangemort. Bientôt, nous planifierons un plan d'attaque, je ne serais certainement pas de la partie, en guise de punition sûrement. Car je le savais, j'allais être réprimander pour mon acte. J'accepterai sans broncher, car je le méritais. Pour autant, cela ne signifiais pas que je regrettais mon acte. Peu importe la raison, s'en prendre à un camarade n'était pas une bonne chose. Mais pour arriver à ses fins, il ne faut pas faire que le bien. Noah insistait.

" Donnez moi un seul p*tain de résultat avant que j'aille voir Liam. "

Elle s'énervait encore. Réaction on-ne-peut-plus logique. Elle s'inquiétait pour Liam, ça ne faisait aucun doute. Ils se connaissaient depuis longtemps, Liam était un ancien de l'Ordre. Elenna et moi n'étions encore que des nouveaux. Je restais silencieux, je ne baissais pas le regard. Je ne le baisserai plus. Cette discution, censé me faire comprendre que j'avais commis un acte ignoble n'avait qu'amplifié ma pensée ; j'étais prêt à tout pour empêcher les mages noirs de frapper. Je n'avais plus honte. Je n'avais plus peur.

" Nous avons une de leur planque : l’Hill House. Raphaëlle aurait soi-disant entendu parler deux personnes bizarres lorsqu’elle travaillait à la Tête de Sanglier, deux sorciers encapuchonnés qui parlait de leur planque. Voilà ce que nous avons comme résultat. "

Je ne ressentais même plus la haine d'Elenna, j'y avais pris habitude. Souvent, elle parlait avec passion. Ce qui poussait l'être humain à dire des choses méchantes, parfois violentes. Pour autant, je ne lui en tiendrais pas rigueur. Tout comme elle oublierait bien vite mon acte, ou en tout cas oublierait son animosité envers moi. Nous étions comme ça. Je pensais à tout ce qu'on avait traversé, ce n'était pas ça qui allait séparer nos chemins. La louve se recroquevillait au sol. Peut-être pleurait-elle ? Moi, je ne le ferai pas. Je saignais encore, je me frottais à cet endroit. Puis, je décidais qu'il était temps pour moi de m'en aller. Devais-je tenter de réconcilier Elenna ? Non. Car pour ce faire, je devrai m'excuser. Hors, je n'en avais plus envie. Mon regard se posait sur Noah. Puis sur Elenna. Mon regard avait changé, il était devenu un peu plus froid. Je ne rigolais plus. Je n'avais plus envie de rire.

- Maintenant que le debriefing est terminé, je pense que je peux partir. Passez mon bon rétablissement à Liam, il a fait du bon boulot ce soir.

Je jetais une petite pique à Elenna. Puis, je ne disais pas faux. Liam n'était pas sorti de son rôle, il avait rendu mon intervention encore plus crédible aux yeux d'Elfast. Mon regard fixait maintenant le couloir, je m'en allais. Énervé de ne pas être compris, de ne pas être suivit. Peut-être que cette histoire allait me suivre tout au long de ma "carrière" de Phénix. Ce n'était pas un problème, je n'étais pas un lâche. Je partais. Loin d'ici. Je partais retrouver la personne qui, ce soir encore, me prendrait pour une bonne personne ; Victoire.

Assise sur le carrelage froid, perdue dans ses pensées, la jeune femme ne faisait que repasser en boucle les moments de la soirée qui torturaient son esprit. Elle ne comprenait pas, elle croyait encore en un mauvais rêve. Elle espérait de tout cœur se réveiller. Ça vous est déjà arrivé de faire un rêve qui avait l’air si réel quand vous réveillant vous ne saviez pas à quoi vous fiez ? Que feriez-vous si tout ce que vous croyiez vrai, était faux, et si tout ce que vous croyiez faux, était vrai ? Pourtant, ce n’était pas un cauchemar…

" Maintenant que le debriefing est terminé, je pense que je peux partir. Passez mon bon rétablissement à Liam, il a fait du bon boulot ce soir. "

La jeune femme relevait un regard plein de haine sur son frère. Comment pouvait-il ? Comment avait-il pu ? Lui qui était toujours souriant, toujours si attentionné. Lui qui avait su l’écouter, la réconforter, rire avec elle et bien d’autres choses. Lui qui avait su être si parfait, si fraternel. Il avait pourtant dit cela spécialement pour titiller le caractère à vif de sa sœur et elle le savait. Sans un mot de plus, Dwayne leva les yeux vers le couloir avant de s’y diriger, quittant la pièce et laissant derrière lui Elenna et Noah.

La belle fixa quelques secondes l’endroit où se tenait son frère quelques secondes auparavant, si droit, si fier, si inébranlable. Il était resté là, le couteau sous la gorge, la mort à quelques millimètres de sa vie, la fin à quelques mots de son existence. Le brun avait su dire juste, dire des mots qui avaient mis en colère la louve mais qui ne l’avaient pas motivé à mettre fin à la vie de son collègue… Avec beaucoup de mal, vidée de toute son énergie, de tout sentiment de bonheur ou de réussite, Elen se redressa, s’appuyant sur sa main droite. Elle jeta un regard à Noah comme pour la remercier d’être intervenue mais ne prononça pas un mot. D’ailleurs, elle ne laissa pas non plus le temps à la petite brune de répondre, quitta à son tour la cuisine du quartier général.

Ce soir, Elenna aurait besoin d’être seule, elle aurait besoin de redécouvrir la forêt interdite et de laisser la bête en elle tout détruire sur son passage. La demoiselle ne pouvait pas rentrer et raconter ses peines à son copain car il ne comprendrait pas, car il devrait après ça dénoncer sa fiancée aux Aurors, l’envoyer pour un aller simple à Azkaban. Ouvrant la porte et disparaissant dans la nuit noire, la fine silhouette transplana rapidement pour retrouver les bois qu’elle chérissait tant…

[ Rp terminé ]

PV Amnesius
Je t'emprunte ton LA.

Elle attendait. Tapie dans l'obscurité, infatigable et indomptable, elle cherchait un moyen, une faille, pour cueillir un nouveau trophée qui ne la rendrait que plus inquiétante. Tel un général de guerre, elle se pavanait entre l'ombre et la lumière et franchissait le royaume qu'elle avait bâti, accompagnée par les âmes qu'elle avait dérobées tout en laissant derrière elle les débris de l'existence humaine. Oh oui, elle attendait. Et elle se montrait patiente, à l'affût. Injuste et impartiale, ce prédateur savait sélectionner ses proies et ne leur accordait aucune seconde chance. C'étaient ses règles. Mais la Mort ne changeait jamais d'avis, et maintenant qu'Altaïr avait senti son souffle sur sa nuque, il la craignait plus que jamais. Si Amnesius n'était pas intervenu... mais il l'avait fait, et c'était probablement le plus important. Il savait que sa vie de Phénix occasionnerait encore une telle rencontre, mais jamais il ne s'était senti aussi vulnérable. Il devait encore mettre ceci sur le compte des masques, et déjà qu'ils hantaient la plupart de ses pensées, ils se mettaient maintenant à prendre le contrôle de ses rêves. Il avait peur, bien plus qu'il ne cherchait à l'admettre, et se sentait exposé aux serres de la Mort avec une insolente imprudence. Mais c'était son choix, et il se devait de vivre avec.

Depuis qu'il avait confronté les deux Mangemorts dans l'Allée des Embrumes, Altaïr passait beaucoup de temps au 21, Eagle Street puisqu'il s'y sentait en sécurité, et qu'il s'agissait de l'endroit qui s'apparentait le plus à un foyer dans son esprit. Mieux encore, il ne s'y sentait pas seul. Ses frères et sœurs d'arme passaient régulièrement même s'ils possédaient pour la plupart leur propre logement, mais leurs visites demeuraient un réel réconfort pour l'ancien Serdaigle qui évitait le studio de son cousin comme la peste. C'était surtout la solitude qu'il cherchait à chasser. Il avait besoin de quelqu'un pour occuper son esprit afin de ne pas sombrer dans la psychose ou l'inquiétude. Bien évidemment, personne ne semblait soupçonner son véritable état d'esprit, mais il ne pouvait se résoudre à affirmer qu'il se sentait faible. Sans doute une question de fierté. Quoiqu'il en soit, il n'était pas seul, même s'il n'avait toujours aucune nouvelle de son père, que sa mère était partie vivre sous le soleil andalou et que Théodore avait lui aussi décidé de quitter la monotonie anglaise.

Ce jour-là, il s'était réveillé dans l'une des chambres du quartier général avec l'estomac capricieux et avait passé la moitié de la journée à déambuler dans les rues de Londres, sans but apparent, mais la démarche assurée. Lorsqu'il était rentré au 21, Eagle Street sa condition ne semblait pas s'être améliorée, mais son appétit continuait à le tourmenter. Lorsqu'il franchit le seuil de la salle à manger, il s'aperçut qu'il n'était pas seul ; un jeune homme était assis face à la table et semblait ne pas avoir remarqué sa présence. Amnesius. Altaïr ignorait d'où lui venait un tel sentiment, mais il ressentit soudainement un certain malaise à l'idée de se retrouver en tête à tête avec celui qui lui avait sauvé la vie. Sans doute parce que la fameuse soirée finirait par surgir dans leur conversation et qu'il redoutait ce moment. Mais il lui devait des remerciements, même s'il avait toujours cherché des prétextes pour retarder ce moment. Refusant d'imposer à son esprit un duel impérieux entre ses principes et sa crainte, il pénétra avec assurance dans la salle et s'installa juste en face de l'Auror. D'un mouvement de baguette magique, il fit venir à lui un bol de céréales -comment ça, les jeunes ne savent pas manger sainement ?- puis plongea son regard dans celui de son interlocuteur. Il ignorait comment lancer la discussion, mais il en avait marre de réfléchir.

« Je ne t'ai jamais remercié pour... tu sais, l'autre soir. Sans toi je n'aurai pas fait long feu, je ne sais même pas si je serai là pour t'en parler donc... merci. »

C'était toute la contradiction de ce personnage. Il cherchait à éviter un sujet et finissait finalement par être celui à l'évoquer de but en blanc. C'était Altaïr, ni plus ni moins.

Elle attendait, oui. Elle attendait tapie dans l'obscurité gagnant les angles de cette cage qui lui faisait un monde. Guettant de ses yeux omniscients les prochaines proies que l'on déplorerait victimes de sa faim sans limite. Le piège était en place pour happer à leur tour les prochains rouages d'une macabre survie. Noire comme le Spectre de la Mort, mais silencieuse comme une ombre ; elle attendait patiemment car elle avait tout son temps. Elle attendait dans ce piège mortelle où les âmes damnées qu'elle avait déjà prise attendait avec elle un destin plus funeste. Ces âmes ligotées d'un filet transparent, oubliées à jamais de tout ce qui les reliait encore à la vie et promise à la pire des tortures. Elles semblaient moins patiente que le monstre qui les dévorait, se repliant dans la souffrance, se tordant de douleur et de rage et de peur, immondice aspect de la beauté de la mort qui les punit ainsi d'avoir profité d'elle. Quelle ironie pour ces insectes dévoreurs de cadavres de mourir à leur tour.

Amnesius regardait le plafond de la salle à manger du quartier général de l'ordre du phénix. Fixant obstinément cette araignée qui attendait tapie dans l'ombre. Mais d'un geste, il balaya cette pensée, la chassant de son esprit pour se consacrer à ses véritables problèmes. Il était dans cette maison qu'il considérait comme chez lui, à l'abri des regards et des menaces extérieures. Elenna était bonne âme de l'héberger sous son toit, sans quoi il se retrouvait en proie à tout ce qu'il chassait. Le jeune homme aurait tant voulu ne jamais sortir de cette bâtisse qui semblait le dernier refuge pour quiconque dans ce monde cherchait l'Art, la beauté, luxe calme et volupté. Mais il fallait bien vivre de quelque chose et la peur n'aurait su le nourrir. Car c'était bien la peur qui le prenait aux tripes chaque matin lorsqu'il se rendait au Ministère de la Magie. Une peur qui ne le quittait plus de toute la journée jusqu'à ce qu'il rentre à Eagle Street. Si autrefois il faisait des détour pour gagner un peu de temps avec lui-même dans les charmantes rues de la capitale, ce temps était bien révolu et il se le permettait de moins en moins : l'attaque de l'Allée des Embrumes restait dans son esprit comme un calvaire de forçat. Et elle semblait l'obstruer. Il avait fait des rêves, où il voyait ce visage familier retirer son masque et le narguer sans relâche avant de le faire tomber par terre. Le masque sonnait alors comme un glas mesquin et le Mangemort devenant androgyne explosait dans un rire diabolique. Puis reprenant son masque pour s'en revêtir, il venait toujours vers Amnesius qui reculait et le prenait dans ses bras. Le mage noir le prenait dans ses bras et le serrait si fort qu'il finissait par se réveiller en sursaut couvert de sueur.

C'était la raison pour laquelle il se trouvait à présent dans la salle à manger. Ne parvenant plus à trouver le sommeil et débordant d'une terreur cauchemardesque, il était allé prendre un verre de lait (puisqu'il ne boit pas), et s'était retrouvé, sans trop savoir comment, à roupiller au dessus d'un verre de cidre doux. Mais ce n'était pas le repos dont il avait besoin. C'était un sommeil sans songe et sans but qui le faisait légèrement voler au dessus de son corps. Les pensées d'Amnesius étaient à présent tourné vers la conférence de presse du Ministre de la Magie qui allait prendre la parole en public. Comment allait il faire pour assurer la sécurité de cet homme. Sudworth était fou, il commençait à le croire. Nier au public l'évidente vérité qu'il voyait tout les jours et assurer que rien ne pouvait empêcher les citoyens de vivre librement relevait de la pure folie. Amnesius voyait quotidiennement les raisons pour lesquelles il était impossible de vivre autrement que dans l'appréhension, et pourtant, il avait essayé. Mais il fallait à tout prix cacher ce sentiment de crainte pour continuer à sauver le plus de personne possible, la menace des Mangemorts était de plus en plus proche mais elle n'était clairement pas la seule. La pire menace était la division des sorciers dans ce carnages, comment continuer à penser à des problèmes d'ordre politiques lorsque les hommes tentent de mettre le cahot ? C'était bien le cahot qui avait été vu dans l'allée sombre.

Étrangement, lorsque l'on parle de l’Hippogriffe, on en voit le bec. Car c'est à présent Altaïr qui faisait son apparition dans cette salle, saluant au passage l'Auror d'un regard. Il s'installa juste en face de ce dernier et fit venir à lui un bol de céréales qui glissa sur la table en bois dans un bruissement grave.

Je ne t'ai jamais remercié pour... Tu sais, l'autre soir. Des images de son rêve accaparèrent son esprit un court instant. Sans toi je n'aurais pas fait long feu. Je ne sais même pas si je serais là pour t'en parler donc... Merci.

Amnesius considéra un instant son camarade avec un grand étonnement sans trop savoir quoi dire. En terme de feu, il avait failli brûler dans des buissons ardents et y avait laissé un pied. Puis il avait pris la fuite loin de la scène non sans y laisser un doigt. Il n'était revenu sur le champ de bataille que pour constater qu'il était trop tard pour Debrooks qui s'était fait mordre par un serpent. Il n'avait même pas eu la force de tuer celle qui...

Pas de quoi !

S'écria le jeune en se levant précipitamment avant de filer vers la chambre. Il resta un instant à l'abri du regard de son acolyte avant de redescendre en tenant dans sa main un objet de la taille d'une baguette magique enroulé dans un foulard. Je voulais te montrer ceci depuis quelques temps mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le faire, dit il en posant l'objet sur la table. Puis il commença à dérouler le foulard, dévoilant alors un poignard argenté d'une rare beauté aux finitions particulièrement travaillées. Les yeux du garçonnet ne quittaient l'arme des yeux, comme s'il avait été hypnotisé par le reflet qui émanait du métal. Il lui semblait ne le fixer que d'un œil.

Je l'ai dérobé à la Mangemort que nous avons affronté juste avant de prendre la fuite. J'ignore ce que nous pouvons en faire mais il doit bien y avoir un moyen de retrouver la personne à laquelle il appartenait. Ce genre d'objets doit avoir une mémoire tactile ou quelque chose. Après tout, nous savons tous que la magie laisse des traces.

Et il était évident que ce poignard recelait de la magie en son sein.

Cela faisait maintenant plus d'une année qu'Altaïr consacrait une part entière de sa vie aux valeurs que défendaient depuis de nombreuses décennies ses prédécesseurs au sein de l'Ordre du Phénix. Il se battait contre les ténèbres qui corrompaient le cœur de faibles sorciers et cherchait plus que tout à atteindre l'idéal qu'il s'était fixé dans un coin de son esprit et qui lui donnait chaque jour la force de quitter les bras de Morphée. Un El Dorado. Il avait l'ardent désir de pouvoir un jour se sentir fier de ce qu'il avait accompli en tant que Phénix, mais déjà fallait-il qu'il vive suffisamment pour avoir l'occasion de faire une rétrospective de sa vie. Il avait donné sa baguette pour soutenir une cause, mais jamais il n'avait réellement envisagé d'y sacrifier sa vie. L'ancien Serdaigle n'était pas un héros, il souhaiter juste oeuvre en faveur de ce qui lui semblait juste. Mais il se sentait encore trop jeune pour laisser échapper son dernier souffle, d'autant plus qu'il sentait désormais à quel point la vie pouvait être précieuse. Il avait encore tellement de choses à découvrir, tant de visages à rencontrer, tant de secrets à percer, qu'il ne pouvait prendre le risque d'écourter sa vie au nom de valeurs qui n'étaient même pas reconnues par le communauté magique. Il ne rendrait pas ce service aux Mangemorts.

Apparemment, Amnesius était tout aussi étonné par la prise parole soudaine d'Altaïr. Le jeune homme se souvint que son allié avait choisi de vouer sa personne à la lutte contre les forces du Mal en conjuguant son métier d'Auror à son allégeance aux Phénix. Sa vie était rythmée par de tels affronts aussi devait-il encaisser les chocs plus facilement qu'un sorcier tout juste sorti de Poudlard. Il ne s'agissait probablement de la première vie qu'il ait eu à sauver, mais Altaïr se sentait si reconnaissant -ou redevable- envers l'Auror qu'il trouvait assez absurde que son intervention le surprenne. À moins qu'il n'avait fini par croire qu'il ne prendrait jamais une telle initiative, ou alors songeait-il qu'il n'y avait rien de plus normal. C'était son quotidien. Son credo.

« Pas de quoi ! »

À ces mots, Amnesius se leva subitement et quitta la salle à manger sans demander son reste. Altaïr demeura un instant pantois, incapable d'interpréter l'attitude de son frère d'arme, mais il ne préféra pas insister et se tourna vers son bol de céréales. Il n'était pas le seul à ressentir un malaise, même s'il avait toutes les raisons d'être le seul à porter le fardeau de la honte. Il ne parvenait pas à comprendre. Les cicatrices qui maculaient le corps de l'Auror n'étaient donc qu'une usurpation, cachant une sensibilité qu'Altaïr lui-même n'aurait su soupçonner. Il était peut-être préférable d'enterrer définitivement cet événement et de quitter l'Allée des Embrumes une bonne fois pour toute. Néanmoins, son interlocuteur revint quelques minutes plus tard, encombré par un objet enroulé dans un foulard. Très difficile à cerner, cet homme-là.

« Je voulais te montrer ceci depuis quelques temps mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le faire. »

Il dévoila alors la nature de l'objet qu'il dissimulait derrière le foulard, et tout le corps d'Altaïr se raidit aussitôt. La lame cueillait quelques rayons fugitifs du soleil et vantait ses mérites en émettant mille éclats. Bien que n'importe qui puisse considérer le poignard comme un chef d'oeuvre d'une rare maîtrise, le Phénix ne pouvait s'empêcher d'en distinguer le poison. Derrière la beauté se cache toujours un venin. La cicatrice que le Serdaigle conservait au niveau des côtes le brûla, comme pour le mettre en garde contre le danger que représentait cette arme. Qui avait failli lui ôter la vie. Il ressentait encore la pointe de la larme parcourir sa poitrine, s'attarder au niveau de son corps et y faire jaillir une unique goutte de sang. Il ressentait encore la proximité terrifiante de l'ennemie, son souffle, son envie de tuer. Il ressentait encore le tiraillement qui avait retenu ses coups, qui lui avait sauvé la vie. Il était étonnant de s'apercevoir à quel point l'approche de la mort favorisait la mémoire de certains détails superflus. Mais il n'avait pu deviner ce qui importait le plus. L'identité de l'ombre. Elle avait eu son destin entre ses mains et n'avait pas eu le temps de prendre une décision. Le sang qu'elle avait versé continuerait de fluctuer dans les veines du Phénix jusqu'au jour où il lui viderait les siennes de sang-froid.

« Je l'ai dérobé à la Mangemort que nous avons affronté juste avant de prendre la fuite. J'ignore ce que nous pouvons en faire mais il doit bien y avoir un moyen de retrouver la personne à laquelle il appartenait. Ce genre d'objets doit avoir une mémoire tactile ou quelque chose. Après tout, nous savons tous que la magie laisse des traces. »

Altaïr s'extirpa de ses rêveries et considéra un instant Amnesius. Il n'y avait pas à dire, il avait bien plus de lucidité et de discernement que lui, même dans une situation où il aurait très bien pu y passer également. C'était assez remarquable mais également rassurant. Avoir l'esprit vif était une qualité enviable surtout pour ceux qui avaient passé leur scolarité dans la maison de Rowena Serdaigle.

« Tu dois avoir raison, c'est bien pensé en tout cas. Mais honnêtement je ne sais pas du tout comment ça fonctionne. Peut-être pourrions nous le confier à un spécialiste ? Ça pourrait concerner une affaire du ministère ou je ne sais pas quoi mais... Plus il se trouvera hors de portée, mieux je me porterai. Si ça ne tenait qu'à moi... Bref, peu importe. »

Sentir ce poignard si proche rendait son désir de revanche bien plus concret, mais cela ravivait également des souvenirs qu'il s'évertuait d'oublier. La gratitude qu'il avait éprouvée en sortant vivant de ce piège à rats avait peu à peu laissé place à de l'humiliation, sentiment bien plus difficilement surmontable que la peur. Puis il avait fini par la transformer en une rage, une haine incontrôlable contre les responsables de son échec, si bien que ça l'inquiétait lui-même. Jamais il n'avait ressenti ceci... Ce désir de vengeance. Toutefois, il savait que son jugement était encore trop obscurci par tous ces facteurs, aussi préférait-il confier la tâche à quelqu'un d'autre plutôt que de sombrer dans les profondeurs de la colère et d'y perdre pied, sans pouvoir remonter à la surface. Cette affaire le concernait trop.

« Si on les retrouve, Amnesius, je ne compte pas les laisser s'échapper aussi facilement. Ils paieront. »

Altaïr resta bouche bée un instant, exactement comme il était resté bouche bée en voyant le couteau déballée de son coffrage de velours. Amnesius quand à lui, voyait renaître en lui la flemme qu'il avait toujours aimé dans la profession d'Auror et que son appartenance au phénix ne cessait d'entretenir. C'était la braise incandescente d'une curiosité brûlante qui le chauffait comme un soleil émanant de son cœur. C'était le fil d'Ariane des énigmes, la force en lui qui lui permettait de ne jamais se retrouver dans une impasse, et la force en moi qui me permet de ne jamais me retrouver face à une page blanche. Cette voix dans sa tête qui le guidait sans nul besoin de chance liquide ou autres artifices tout aussi fallacieux. Cette sombre étincelle avait pourtant perdu de son éclat pendant quelques jours, au fond d'un être trop aveuglé par la peur pour la voir. Mais ce couteau qui avait fait naître en lui tant de crainte semblait aussi la solution pour sortir de l'étrange torpeur qui le gardait éveillé. Amnesius était attiré par l'énigme, la question. Il se demandait à qui pouvait bien appartenir l'arme qui se trouvait sur la table où il l'avait posé. Hélas, au bout de quelques seconde, il fallait se rendre à l'évidence, un couteau comme cela ne pouvait rien apporter. Il avait lu, plus jeune, des fictions policières sur les Moldus dans lesquelles on disait que le bout des doigts laissait des empruntes uniques qui permettait de retrouver quiconque avait été en contact avec un objet. Mais il fallait se montrer réaliste, et dans le monde réelle, les empruntes digitales n'existaient pas. Pourtant, il devait bien y avoir un moyen de faire quelque chose de ce couteau ! C'était à devenir fou !

Tu dois avoir raison, c'est bien pensé en tout cas. Répondit son alter. Mais honnêtement, je ne sais pas du tout comment ça fonctionne. Peut-être pourrions nous le montrer à un spécialiste ? Ca pourrait concerner une affaire du Ministère ou je ne sais pas quoi mais...

Je t'arrête tout de suite pour ne pas avoir à le faire plus tard. Le Ministère ne sait rien de ce qui s'est passé dans l'Allée des Embrumes cette nuit là. Je n'ai fait aucun rapport, il ne s'est rien passé. Dans le cas contraire tu devrais rendre des comptes et ils voudraient savoir pourquoi j'ai été prévenu sans qu'ils ne le soient. Pour éviter d'avoir à répondre à trop de questions gênantes, le Ministère restera en dehors de tout ça. Dans un regard furtif, Amnesius ajouta : Il y a quelques personnes qui seraient intéressée par mon emploi du temps en dehors de mon travail.

Plus il sera hors de porté, mieux je me porterai... Si ça ne tenait qu'à moi... Bref, peu importe.

Amnesius pris le couteau avec un sourire amusé. Le tenant dans sa main, il le désigna d'un signe de tête pour le montrer à Altaïr. C'est ça qui te fait peur ? Un vif regard vers la porte en bois de la salle à manger. Le couteau tournait déjà dans l'air, le fendant dans un bruit sec et vint se planter directement dans les planches avec un lourd bruitage. La lame dépassait de quelques centimètres. Ce sont eux, hurla le garçonnet, qui devraient avoir peur !

Si on les retrouves, Amnesius, je ne compte pas les laisser s'échapper aussi facilement. Ils paieront.

Amnesius était partagé entre la haine envers ses ennemis qui avaient fait coulé le sang de ses alliés et la crainte de ce qu'il risquait de découvrir sur ses amis lorsqu'ils découvriraient à qui appartient le poignard. Il y avait pourtant une infime possibilité pour découvrir l'origines de l'arme. Et si infime soit elle, il fallait tout mettre en œuvre pour la saisir car chaque Mangemort de moins en liberté représentait pour tous un pas de plus vers la victoire des forces bénéfiques sur les forces du mal. Et si la guerre allait dans leur sens, chaque pas en avant était un moyen d'écourter cette période de trouble et d'horreur que connaissait l'Angleterre.

Je n'ai aucun indice, aucune piste mais il y a peut-être un moyen d'en trouver une. Un point de départ, qui sait, nous ne devrions négliger aucune chance de retrouver le propriétaire de cette armes qui, pour l'instant, représente notre seule ombre d'espoir. Lorsque j'étais à Poudlard, j'adorais vraiment la Défense contre les Forces du Mal. Et je dois dire que j'aimerais bien y retourner. Tu crois qu'il nous serait possible de nous rendre là bas et de lui demander discrètement ce que le prof peut nous dire à propos de ce couteau ?

Amnesius se garda bien de dire qu'il ne connaissait pas du tout le nouvel enseignant de cette matière qu'il affectionnait tant. Le poste semblait toujours maudit depuis des décennies et le professeur McKinley n'était plus en fonction depuis que le jeune Auror avait quitté l'école. Le nouveau professeur de défense n'avait aucune raison de les aider mais il fallait bien commencer quelque part.

RP avec tous les Phénix disponibles. J'ai précisé que Morgan vous avait donné rendez-vous !

Il s'en était passé bien des choses en quelques semaines. Morgan avait perdu sa dignité, sa baguette et avait gagné un fils. Celui-ci d'ailleurs dormait paisiblement dans ses bras. Il tenait un panier garni de muffins au chocolat, au caramel et à la confiture de fraise. Lorsqu'il avait des annonces, le Blaireau aimait bien que cela se fasse dans la détente et la bonne humeur. Et quoi de mieux que de bons petits plats pour apaiser les esprits les plus torturés ? Après tout, il était connu pour sa bonne cuisine. C'était lui qui tenait les rennes des repas au Rainbow Troublemakers, malgré le fait qu'il n'y passait plus si souvent que ça. Les obligations du travail et de la ferme réduisait considérablement son emploi du temps. Encore que dans le second cas, il avait trouvé une grande aide auprès de Percy. Celui-ci devait d'ailleurs être occupé à nourrir les bêtes.

En cet après-midi de vacances, il avait demandé au maximum de membre de l'Ordre de le rejoindre dans la salle à manger où la table et les sièges étaient très confortables et adéquats. Il avait bien pris le soin de nourrir Hugo avant de venir, pour éviter tout problème. L'ancien jaune et noir savait très bien que certaines personnes n'appréciaient pas beaucoup les animaux, notamment une certaine verte et argent dont la chouette effraie était plus effrayante de sauvagerie qu'effraie. Au fond du panier se trouvait aussi des bracelets dont il ferait la distribution un peu plus tard. Pour le moment, il transplana depuis son chez lui jusqu'au quartier général de l'Ordre.

Hugo poussa un grognement mécontent lorsque le sorcier reprit pied. Aucun des deux n'aimaient cette sensation, bien qu'elle soit passagère. Néanmoins le Phénix calma sa descendance de quelques caresses sur la tête. Il prit alors la direction de l'entrée, passant le portail et la porte sans soucis et alla s'installer sur la table. Il y déposa le panier et à l'aide de sa baguette déposa joliment les muffins décorés de crème colorée pour former des dessins en tout genre. Ils trônaient maintenant au milieu de la table. Morgan s'installa sur une chaise, à une extrémité de la table avant de déposer Hugo devant lui. Il caressa l'animal qui roupillait tranquillement. Il ne manquait plus que la présence des autres.

Morgan nous avait toutes invités au QG, en mode réunion de famille. C’était vrai que l’Ordre était comme une seconde famille de cœur pour moi, surtout en pensant à Azénor, et qu’on ne se croisait que rarement à cause de nos boulots respectifs. Lui ça allait, je passais régulièrement à l’Occamy admirer les spectacles mais les autres voilà. Ces moments de complicité étaient bien trop rares, je pouvais rater une occasion pareille. Déjà car je comptais bien y croiser la brune et aussi pour souder l’équipe.

J’avais diné chez maman la veille, à chaque période de vacances je retournai la voir quelques jours sur Lyon. On papotait de tout et rien, de mes études, de nos jobs, parfois de nos vies amoureuses. Notre mini tradition était de venir avec un livre de ma part et en échange je repartais avec des spécialités locales. Je les connaissais par cœur mais je m’en lassais pas, cette fois-ci j’avais récupéré un énorme sac de pralines. Le truc qui devait me faire au moins une semaine pour une gourmande comme moi. Enfin il ne passera probablement pas le week-end vue que j’avais décidé de les offrir à mes collègues.

Je transplanai au QG en quittant mon appartement. L’endroit semblait bien calme, serais-je la première arrivée ? Je rentrai à l’intérieur et aperçus Morgan et… une boule de poil ?! Depuis quand on avait un chiot ici ? Enfin pourquoi pas en soi, tant qu’il ne venait pas me mordiller les chevilles. M’approchant pour les saluer, mon jugement s’affina, la bestiole ressemblait plutôt à un louveteau ! C’était d’un coup bien moins mignon ! Je balançai mes friandises sur la table et sortit Sérénité ! J’étais pas rassurée ! Surtout que la créature venait de se réveiller et m'observait d'un œil bizarre.

« Qu’est-ce que ce truc fout là Morgan ?! »