Action ou vérité, version Elius. Arthur fronça légèrement les sourcils face à cette réponse. Cela ne l’avançait absolument pas. Il ne connaissait pas assez la personnalité du directeur de Serpentard. Donc, c'était à lui de deviner le gage lancé à Lorelaï et dans son état actuel, il lui était impossible d’avoir une quelconque réflexion, même futile. Alors, le lion haussa les épaules nonchalamment. Oui, non. Peut-être. Il jouera que si le gage l’intéressait.  

Il observa alors la directrice de Serdaigle se déplacer à l’aveuglette parmi le groupe, désignant différents couples. C’est comme ça qu’il se retrouva séparé d’Aysha qu’il venait juste d’accoster. Elle se retrouva avec Elius et lui... Avec le propriétaire des lieux. Non pas qu’il ne l’aimait pas, mais le bouclé ne le connaissait pas, ne l’avait jamais vu avant aujourd’hui et ne savait toujours pas ce que les duos devaient faire.  

Jackson n’était apparemment pas enclin à lui expliquer le gage, puisqu’il s’éloigna d’Arthur sans mot, l’air profondément agacé. Le lion le regarda partir, un sourcil levé au ciel, se demandant qu’est-ce qu’il venait de lui arriver. Puis, soudain il comprit. Enfin pas tout, mais le principal. Entre eux, les duos étaient très tactiles, s’échangeaient des phrases légèrement ambiguës, puis s’éloignaient à l’abri des regards. Bien, finalement, ce n’était pas plus mal que le propriétaire de la maison ait laissé en plan Arthur. Ce dernier n’avait pas vraiment envie de partager de moment intime avec un homme plus vieux que lui.  

Alors, il jeta un œil aux alentours, cherchant une occupation quelconque, quelque chose n’importe quoi, qui le sortirait de l’ennui qui le guettait. Morgana était toujours avec Gabin, il se retenait d’ailleurs d’interrompre leur moment à deux, tandis que Hastur était avec Jennifer, pour le coup, il n’avait pas du tout envie de les déranger. Regardant son joint, il fit la moue en voyant qu’il était bientôt terminé. Il se resservit alors à boire et se dirigea vers une chaise longue, non loin de la piscine, pour s’y allonger. Les effets de l’herbe et de l’alcool commençaient à se faire sentir et il se connaissait, il savait que, couché ici avec les yeux rivés vers le ciel étoilé, il planerait complètement et passerait, en conséquence, un agréablement moment. Oh, il y avait bien la plage qui l’attirait, mais... Pas tout seul.

Peut-être plus tard quand ses trois amis et l’intru (toujours Gabin) auront terminé de faire ce qu’ils avaient à faire...

Que la vie paraisse fade n'avait aucune sorte d'importance si elle pouvait vivre un moment des plus inoubliables et si, par miracle, elle pouvait tout oublier par la même occasion, danser à en perdre la tête, s'envoler, si vide de tout, si pleine de tout à la fois, et se laisser porter par ces mains de marionnettiste qui avaient soudain un talent fou. Et tant pis si elle était perdue par ce visage qui n'était pas le sien, tant pis si elle ne savait plus avec qui elle dansait, et si la pièce autour tournait si vivement qu'elle n'en voyait plus un détail.

Jusqu'à ce que tout arrête de tourner, brusquement.

L'hôte était entré dans la pièce, d'un pas qui avait fait trembler le sol, et il avait arraché son danseur à la bleue, l'avait embrassé avec une brutalité excessive qui ôtait même le mot à la chose - embrasser, c'était trop beau - et voulait le punir, lui qui était redevenu lui même dans un hoquet. Aysha basculait en arrière, se consumant déjà sous le regard rose de son partenaire d'un instant, qui la fixait, les pupilles incandescentes, le sourire malsain, privé d'air pour une minute peut-être. Trop long. Et puis, sans prévenir et tout à coup, une gifle mêlée d'un rire dément résonna dans la pièce, sa main fouettant l'air avec force avant de venir s'écraser sur la joue de l'agresseur. Violent. Et le silence pour agrémenter le tout, juste une seconde, le temps que chacun prenne conscience de ce qu'il venait de se passer.

Aysha ne disait mot, presque effrayée, encore sur le fil, contemplant la scène sans vraiment comprendre qui jouait quel rôle, au juste. Et après tout, elle voulait tout voir, non ? disait-il. Peut-être oui, ou peut-être s'était-elle trompé sur le tout. Elle ne voulait pas voir ça. Elle ne voulait pas savoir ce que ça faisait quand Elius franchissait la ligne, peut-être même l'avait-il déjà franchie. Vous êtes fous, ils l'étaient non ? Et elle se demandait qui l'était le plus. Elle avait sa baguette encore, dans sa poche, brûlante, et elle songeait presque à la sortir pour mettre fin au spectacle, pour empêcher Elius de frapper l'autre encore - même s'il le méritait - pour empêcher l'autre de partir au quart de tour - même si finalement, elle aimait cette pointe d'adrénaline qu'elle sentait monter en elle. Un pas de travers et elle lançait un sort, Merlin seul savait lequel, sans pouvoir retenir sans doute un sourire de s'étirer sur ses lèvres. Ça bouge.

Il ne doit pas y avoir plus étrange qu’une fête en Italie réunissant plus de membres de Poudlard que de personnes extérieures à cette école en Écosse. Pauvre professeur de Sortilèges et Directrice des Serdaigles qui se trouvent entourés d’élèves souvent croisés dans les couloirs… J’imagine qu’ils ne s’attendaient pas à ça, en même temps qui s’y attendrait ? Ça ne doit tout de même pas trop les déranger, sinon ils seraient déjà partis non ? Moi, je dirais que oui mais bon parfois, ma logique n’est pas celle des autres. Quoi qu’il en soit, ils sont là et il y a aussi beaucoup d’autres élèves, dont Morgana qui a amené son chiot. Si ce n’est pas être comme à l’école, je ne sais pas ce que c’est. Quoique, au moins ici on n’a pas d’uniforme !

Évidemment, la grande Gryffondor dit qu’elle ne s’attendait pas à me voir ici, et ça je peux le comprendre. Le hasard fait d’étranges choses, mais pour une fois je ne vais pas me plaindre. Parce qu’ici, il fait bien meilleur qu’en Écosse et en plus il y a plein d’animaux. Alors même si on est à une fête, je crois que ça valait le coup de venir. Il y a juste le repas qui sera embêtant car monsieur Jackson m’a demandé de manger avec eux, mais tant pis. D’ailleurs, quand est-ce qu’on mange ? Je n’en sais rien, mais en attendant je peux jouer avec Iris et peut-être même les deux chiots du propriétaire de la maison s’ils en ont envie. Les chiots, c’est comme ces enfants qu’il y avait à l’école : surexcités tant qu’ils ne dorment pas, toujours prêts à s’amuser. Et comme ce sont des animaux, ça ne me dérange pas.

Sauf que d’abord, il faut être polie et faire un effort pour tenir une conversation correcte alors je présente mon grand-frère. Et j’ai vraiment bien fait car c’est à lui que Morgana s’adresse en lui serrant la main. Quel geste inutile… Bref. Elle lui pose une question, drôle de question qui me fait un peu rire – et Mark aussi rit un peu. Sommes-nous ici grâce à lui ? Mais voyons, c’est une fête de Sorciers et mon grand-frère est un Moldu ! «Non, je dirais même que c’est l’inverse ! C’est Elida qui est Sorcière, pas moi. Mais il fallait bien que quelqu’un l’accompagne ici, alors c’est moi qui suis venu. C’est vraiment un endroit extraordinaire !». Je hoche la tête sans rien ajouter, occupée à caresser Iris qui semble curieuse de tout ici. Je ne suis pas sûre que tous les Sorciers possèdent une telle maison. D’ailleurs, monsieur Jackson en a même une deuxième, à Londres. Je le sais parce que j’y suis déjà allée. Il doit être sacrément riche… ça change de la maison.

J’entends Jennifer et Morgana bavarder un peu, mais mon attention est rapidement détournée lorsque je pose les yeux sur le groupe d’adultes réunis, même s’il semble aussi y avoir des grands élèves, je ne vais pas tout détailler non plus. Ils sont nombreux là-bas, et comme ils semblent occupés j’en profite pour récupérer mon carnet, l’ouvrant sur une nouvelle page. Je vais pouvoir bien m’entraîner à dessiner des portraits et des Humains… Il y a tant de monde que j’hésite, pour finalement occuper mon crayon avec la silhouette de la directrice et d’un inconnu qui dansent étrangement. Ce n’est pas forcément une bonne idée de dessiner des gens en mouvements, surtout quand ça ne dure pas trop longtemps, mais qu’importe ? Il faut bien que je m’entraîne ! Alors je trace les traits, les images s’affichent lentement et je ne m’arrête que quelques secondes, le temps d’adresser un liminal «Je le pense aussi !» à Morgana qui me parle d’Iris. Oui, le chiot va bien s’amuser, d’ailleurs elle est en train de découvrir tranquillement le monde qui nous entoure pendant que je m’occupe.

Un hochement de tête plus tard pour la grande qui nous demande de l’excuser, l’excuser de quoi je n’en sais rien mais ça ne m’intéresse pas tant que ça, et je change de personnages. Les deux premiers ne sont pas parfait, mais c’est toujours un bon début. Parce qu’après tout, le but n’est pas que ce soit parfait, simplement reconnaissable – réaliste. Même si on ne voit pas les visages, ils bougeaient trop pour ça, on peut reconnaître pour ce soir l’étrange robe de ma Directrice et la tenue bien plus étrange encore du bonhomme inconnu. Et bientôt, c’est un monsieur blanc jusqu’aux cheveux – sans exagérer ! – qui se dessine sur ma feuille. C’est bien, lui au moins ne bouge pas trop. Il est là, telle une bonzesse ou autre prêtresse et prêtre, à observer la scène avec seulement deux trois mouvements. J’ai le temps de m’appliquer à faire les traits du visage, même s’il est un peu loin, voici qui fait un bon entraînement. Mais soudainement, tout ce petit monde s’agite et le groupe est disloqué. Je soupire, un peu exaspérée. Les gens n’ont-ils donc que ça à faire que se mettre sans cesse en mouvement ? Ils ne font vraiment pas d’efforts… Tant pis pour eux, ils ne seront pas dessinés.

Et derrière moi se fait entendre la voix d’un Mark en déréliction. C’est vrai qu’il est là mon grand-frère, je l’avais un peu oublié. Mais bon, je dessine moi, je ne peux pas tout faire ! Et il est adulte, il pourrait les rejoindre s’il en a envie. Je me demande si des Sorciers trouveraient bizarre qu’un Moldu se joigne à eux. Ça reste un adulte, qui plus est un adulte Moldu qui a déjà entendu parler de magie, je ne vois pas où serait le problème. «Ohé tu m’entends ?» Je tourne la tête vers Mark, étonnée par cette simple phrase phatique. J’ai entendu mais je n’ai pas écouté… Je lui adresse un sourire d’excuse en montrant la feuille, «Je dessine moi.», autrement dit : t’as qu’à faire comme moi. Logiquement, c’est lui qui doit s’occuper de moi et non l’inverse. Mais non, c’est moi qui doit le pousser à s’occuper, à changer, comme Rome lors de son hellénisation. Ça ne donne pas envie de grandir, croyez-moi. Je préférais le grand-frère enfant/adolescent bien plus intéressant. Quoique, le voici en train de me proposer d’aller à la plage qui n’est pas trop loin. C’est tentant, surtout maintenant le groupe s’est éparpillé. Plus de possibilité de dessiner… Mais, «J’ai promis de rester pour manger.», et en me tournant un peu je vois le grand Serdaigle historien rigolo et un peu embêtant en compagnie de Morgana, dont le chiot s’amuse en ce moment-même avec les deux chiots de monsieur Jackson. «Après on ira, c’est chouette la plage.» Et le grand-frère acquiesce, remarquez il n'a pas vraiment le choix s'il veut absolument rester avec moi, tandis que je commence un troisième dessin. Ce soir, c’est jour de fête – jour d’entraînement.

Aysha contemplait la scène comme de l'extérieur. Elle avait l'impression d'assister à un spectacle de marionnettes, à une tragédie grecque, à un opéra dramatique. Elle voyait se jouer entre les deux hommes une sorte d'attraction fascinante, le genre de relations sur laquelle elle ne pouvait pas mettre de mots, entre extatique et malsain. Leur hôte s'accrochait à Elius comme si sa vie en dépendait, griffait presque son visage de ses mains, et bientôt, sous le regard figé d'Aysha qui ne savait quelle était sa position dans cette scène, descendait jusqu'au bas de son torse, parcourant sa peau derrière le peignoir qui la cachait à peine. La bleue détourna le regard, s'arrachant à sa contemplation.

Elius repoussa l'hôte. C'était lui qui guidait leur relation en cet instant, elle le voyait. C'était lui qui guidait tout, d'ailleurs. Il exerçait cette sorte de pression sur le monde qui lui conférait le droit de tout mener à la baguette. Et l'on avait presque envie de se laisser mener. L'hôte, quand à lui, l'effrayait presque. Aysha ne pouvait détacher son regard de ses mains, du sang qui les recouvrait, et se demandait déjà quelle tournure prenait la soirée, du genre irréaliste. Elle s'était retrouvée au mauvais endroit. De toute évidence, Elius avait une emprise sur l'homme qui se soumettait à ses moindres désirs. Et il pouvait l'abandonner le temps de se tourner vers elle.

Quatre minutes au Paradis - en Enfer ? Tout cela y ressemblait. Elle ne pouvait qu'acquiescer pourtant. Acquiescer avant de fuir la pièce à l'atmosphère lourde où se jouaient des jeux de pouvoirs qui la dépassaient un peu. Un bras s'offrait à elle, un sourire, et elle avait la sensation qu'elle aurait pu fixer ses yeux dessus pour oublier que leur hôte était à genou, tremblant, et que du sang maculait le sol par endroits, comme des vestiges de leurs baisers malsains. Aysha posa sa main sur ce bras et eut presque envie de fermer les yeux pour oublier la pièce et se laisser porter dans une danse.

- Quatre minutes et je m'envole.

Certes, Jackson Emerenziana est un homme charmant et plutôt sympathique, mais cela n'a rien à voir avec son frère. Le second est plus charismatique, plus élégant et qui plus est, d'une beauté sans pareil. Par chance, il s'approche de la directrice des bleus ainsi que de sa binôme. Pour le malheur de la première, mais pour le plus grand plaisir de la seconde.
Je pourrai presque dire qu'Awanne boit les paroles du jeune homme, mais en réalité elle n'écoute pas réellement le sens des phrases, elle est simplement concentrée sur le timbre de voix qu'elle entend. Un ton posé et rassurant, un ton agréable en soit, mais un ton qui fut rapidement interrompu par une voix beaucoup moins sympathique.

Pour un serdaigle qui ne souhaite pas changer les règles, il semble bien partie pour ! Pas que l'idée déplaise à la blondinette, car elle reste persuadé que les règles sont fêtent pour être contournées, mais on ne peut pas prétendre ou exiger des autres de respecter les données établies tout en les piétinant soit même !
Et par-dessus le marché, il parle comme si les demoiselles n'avaient pas leur mot à dire sur le jeune homme qui les accompagnerait respectivement. Bon, il y a de grandes chances pour que leur choix soit identique, mais c'est une question de principes !

Finissant d'une traite l'un des verres posé sur la table, la jeune serpent ne prit pas le temps de répondre pour exprimer le fond de ses pensées au risque de paraître méchante. Pas que l'idée lui déplaise encore une fois, mais elle a pour principe de ne jamais se battre en société et encore mois avec un inconnu. Elle espère peut-être que ce soit uniquement pour les beaux yeux de mademoiselle Peony, mais si cela vient à se reproduire, il risque d'y avoir une légère altercation. Le vin tendu par Lucianno dans sa main gauche, la demoiselle passa son autre bras autour du jeune homme tout en initiant un départ. Il était pour elle hors de question de rester en compagnie de cet inconnu.

Un rapide coup d’œil vers Gabin, mais il semble déjà bien occupé alors aucun problème pour s’éclipser en compagnie du bel italien.