Cours n°1 - Histoire et légendes

Le couloir que Silas empruntait était presque vide, et bien trop silencieux. Le son de ses talons frappant contre le sol semblait ricocher contre les murs, il appréciait cette sensation de solitude que la grandeur du château de Poudlard offrait régulièrement. Les doigts du Serdaigle étaient refermés sur ses affaires d'une telle force qu'on put penser que quelqu'un dissimulé sous une cape d'invisibilité tentait de les lui subtiliser — mais il n'en fut rien, Widdicombe n'était pas non plus là pour lui déchirer ses parchemins, c'était comme une habitude qu'il avait prise après les inombrables mauvaises expériences qu'il avait connues à Poudlard. Le château de magie était bien différent de l'école primaire qu'un moldu pouvait fréquenter ; c'était un univers qu'on aurait pu croire sorti de livres, avec des tas de choses farfelues qu'un moldu ne pouvait pas imaginer exister. Le quotidien d'un né-moldu à Poudlard était rempli de découverteset le Serdaigle ne put imaginer un instant que quelqu'un s'y ennuie.
Les cours n'étaient peut-être pas tous des plus intéressantes, mais aujourd'hui c'était tout autre chose. Silas se dirigeait vers un cours d'Histoire de la magie, il n'était pas certain du thème du cours mais il n'y avait pas de doute sur le fait que le cours serait plus intéressant qu'un cours de sortilèges.

Quand le Serdaigle entra dans la pièce, il y avait déjà un bon nombre d'élèves et il fut presque honteux de ne pas arriver dans les premiers. Mais il n'était pas en retard pour autant, ce qui le rassura. Il ne connaissait pas grand monde —si ce n'était leur visage, ou parfois seulement leur nom— mais il remarqua que Charlie était présent. Il avait pris le Poudlard Express dans le même compartiment que lui, mais leur relation n'avait pourtant pas encore bien débutée : c'était en jouant les justiciers inutiles qu'il s'était rendu compte que Charlie était peut-être de ceux qui ne voulaient pas être sauvés. Fallait-il encore qu'il comprenne qu'on essaya de le sauver.
— Bonjour.
Sa voix n'était pas sortie et ses salutations avait pris la forme d'un souffle presque muet, mais son regard et le mouvement de sa tête laissait comprendre qu'il avait tenté d'être poli. Son regard se posa de nouveau sur la salle, planté à l'entrée, avant qu'il se mette finalement à avancer pour s'installer au rang derrière Charlie, près de la fenêtre. Comme tout bon élève, il sortit un carnet, sa plume et son encrier, déjà prêt à prendre des notes. Les jambes croisées, reculées sous sa chaise, seules les pointes de ses pieds touchaient le sol tandis que ses talons étaient en l'air, et ses deux coudes avaient été posés sur la surface de la table alors qu'il posait son regard sr le tableau. Légendes. Voilà qui promettait d'être intéressant.

Saison 30
Hiver

Ses camarades avaient, comme d'habitude, cédé à l'obsession de la ponctualité. Si personne ne l'avait attendu, Joe Widdicombe n'attendrait pas l'autorisation de qui que ce soit pour s'installer à la place qu'il avait choisie. Roxburgh avait fait l'ultime erreur de laisser des places libres autour de lui, alors que la simple entrave d'un sac ou d'un vêtement disposé sur une chaise était un élément dissuasif pour se débarrasser d'un Widdicombe qui ne recherchait que la plus simple des facilités. Le garçon interprétait cette erreur comme une invitation.

En moins de deux secondes, il était déjà assis à côté du Serdaigle. Il le défia du regard de lui faire une seule réflexion, mais il décida d'anticiper quand même une possible réaction en lui coupant l'herbe sous le pied.
« - Au fond de toi, tu sais que tu vas passer une superbe heure à mes côtés. » C'était tendu entre eux, il le savait, depuis qu'il avait fait l'erreur de remuer une potion avec la baguette magique de Silas. Mais ce qui était fait était du passé, et ce dernier avait même eu le droit à une baguette magique améliorée, qui pouvait se vanter d'avoir une plume d'Augurey dans sa baguette ? Probablement une longue liste de clients d'Ollivanders, à travers les âges, mais c'était quand même plutôt classe à dire. Son sac posé sur ses genoux, Joe ne savait pas vraiment ce qu'il fallait sortir comme fournitures : partisan du moindre effort, il attendait que la professeur d'Histoire de la Magie leur annonce ce qu'il fallait faire.

Joe observa quand même l'installation prévoyante de Silas et ne put s'empêcher de la commenter d'une façon outrageusement exagérée au point que l'imitation n'avait rien à voir avec le modèle imité : « Oh regardez-moi je suis Silas Roxburgh et je suis déjà prêt depuis deux heures. » S'il avait pris le temps de lire le tableau au lieu de railler son camarade, il aurait vu que le sujet du cours porterait sur des légendes. Pour Joe, les légendes représentaient surtout des histoires que l'on racontait aux personnes qui avaient du mal à s'endormir, ce qui était loin d'être son cas. Cela dit, c'était une matière qui l'intéressait beaucoup parce qu'elle changeait un peu de la pratique constante de la magie tout en restant utile à la compréhension du monde magique tel qu'il était à présent - et elle restait accessible si l'on faisait juste l'effort d'écouter. Pour la prise de notes, Joe comptait déjà sur ses amis.

Les élèves finissent par arriver. Au compte goutte, évidemment. Il y a les pressés, ceux qui arrivent en avance, qui ont dû se lever tôt, chronométrer leur temps de petit déjeuner. Puis ceux qui traîneront un peu plus la patte -en même temps, rester encore un peu plus au chaud sous la couette, c'est parfois chouette, et très souvent, on est tenté de le faire un jour de cours.
Les premiers visages qui se pointent ne me disent rien. A croire que, finalement, malgré les rencontres aux 3B, dans les rues de Pré-au-lard et aux abords du château, je me suis bien plus éloignée de Poudlard que je ne le pensais.
Une Serdaigle ouvre le bal. Une petite, sans doute en première ou deuxième année. Autant dire, toute nouvelle. Je lui rends son salut lorsqu'elle me dit unSalut Madamde. Je la suis du regard un court instant, la vois déballer ses affaires et, surtout, sortir un carnet à dessins. Ca me rappelle quand il m'arrivait de griffonner, parfois, étant élève. Après tout, crayonner sur un bout de feuille est aussi un moyen de se concentrer.
Le reste de la clique ne tarde pas. Un grand Gryffon, arborant ses belles couleurs rouge-et-or. Ah, que de souvenirs, les Lions ! Même si, à bien y repenser, je ne côtoyais pas tant la salle commune ni les Gryffondors. Néanmoins je garde ces couleurs au chaud dans mon coeur, c'est indéniable.
Le grand lionceau me salue et, bientôt, une sinople fait son apparition. Pas de mots, elle s'installe, défend même son territoire à l'aide de son sac qu'elle dispose en guise de message : c'est chez moi ici. Tu viens pas à côté.
Amusant, observer les placements des élèves pour essayer de deviner qui ils sont.
Une nouvelle gamme de couleurs arrive avec une Poufsouffle -bébé Blaireau- qui salue, part en quête d'une place. Ce ne sont pas les bancs qui manquent, ici. Comme elle fait partie des premiers arrivés, elle a l'embarras du choix. Je constate vaguement qu'elle cherche à s'installer près de la Serdaigle dont je n'ai pas le nom.
Mais mon attention se reporte bien vite sur la nouvelle arrivée. Nouveau sinople ; un salut ; un petit sourire aux lèvres. Son visage à lui aussi m'est inconnu. Je réponds à son salut d'un sourire à mon tour.
Les élèves de cette classe n'ont pas l'air de se connaître. Car comme sa congénère Serpentard, celui-ci se place également dans un coin tout seul. En fond. Après tout, je me dis, ce n'est que le début de l'année. A vivre un an dans le même château, arpentant les mêmes couloirs, partageant les mêmes repas et parfois les mêmes dortoirs, ils finiront par se connaître.
Du jaune-et-noir vient à nouveau éclairer la salle, par une Poufsouffle qui me semble discrète et s'installe seule -elle aussi- bien au milieu. La meilleure place, sans doute. Voir le tableau mais ne pas être trop devant. Toute une stratégie. Remarquez, j'affectionnais plutôt les places derrière, quand j'étais élève. Pour pouvoir rattraper un peu les heures de sommeil que je perdais la nuit.
L'Aiglon qui arrive vient directement me voir et m'apostrophe :

-La vie vous sourit, la journée est belle ? Oui, je suis bête, puisque je suis là, votre journée ne peut qu'être belle, excusez-moi !

Je regarde ce drôle d'énergumène avec un sourire amusé. Et il continue, après avoir vu le mot tracé en grand et gros sur le tableau. Je me tourne vers ledit tableau, comme pour en relire ce qui est écrit et reporte à nouveau mon attention sur l'élève :

-Oh, eh bien, tu nous raconteras tout ça.

Coudes posés sur le bureau, je croise mes mains et viens poser mon menton dessus, un sourire aux lèvres.

-Ne t'en fais pas pour le discours, je ne te noterai pas dessus. Nous ne sommes pas en rhétorique, je préfère le fond à la forme. Enfin, tu es doué en impro, apparemment. Ca devrait bien se passer, alors.

Il faut bien quelques élèves comme ça pour se distraire. J'ai toujours aimé les éclats détonants. Décalés. Perchés. Qui peigne le monde d'arc-en-ciel.
Alors que je termine de répondre au jeune Serdaigle je remarque qu'une autre de ses camarades est arrivée. Pour une fois, un visage connu sur lequel je parviens à poser un nom. Jennifer. Une rencontre qui remonte à il y a quelques temps déjà, aux 3B. Puis quelques autres fois, notamment au château lorsque j'y suis revenue une première fois pour l'Etude des Moldus.
Polie, elle dit bonjour -et c'est un bon point. Elle paraît connaître le Gryffon puisqu'elle va lui parler. Mais bientôt, je ne m'intéresse plus à savoir si elle a trouvé sa place car une voix me parvient :

-Bonjour j'ai failli être en retard parce que je n'arrivais pas à enlever un tire-bouchon coincé dans mes bouclettes mais tout ira bien je suis à l'heure je vais aller m'installer.

Oh, diantre.
Voilà un autre énergumène.
C'est un Poufsouffle, jamais vu jusque là.
Je n'ai pas le temps de répondre que le jeune élève va s'installer, tout comme il a dit. Au premier rang, contre le mur. Je l'observe depuis mon bureau. Son tire-bouchon dans les bouclettes. Il déballe ses affaires. Intrigant garçon. Je regard l'heure. Pas encore tout à fait l'heure. Alors.
Je me lève, vais vers le Poufsouffle. Je penche un peu ma tête sur le côté, pour essayer de le voir sous un autre angle. Comme j'aime le faire, quand je repère quelqu'un de potentiellement intéressant. Ca donne une autre vision des choses, voyez.
Reprenant ma stature normale, je désigne d'un doigt le tire-bouchon dans les bouclettes :

-Ca fait boucler encore plus les bouclettes ?

Les pas qui arrivent me font me retourner vers la porte, sans attendre la réponse du garçon. Je reste toujours près de sa table mais salue néanmoins les nouveaux arrivants -parce que, oui, je suis polie, quand même.
Un autre Lion pour un peu plus de rouge dans cette salle. Un peu de couleurs chaudes, ça fait du bien.
Puis un Serpent pas bavard dont le visage ne m'est pas totalement inconnu sans trop arriver à trouver où je l'ai vu. J'avoue, je n'y mets pas non plus trop d'efforts. Flemme de faire des efforts.
Un Serdaigle poli qui dit bonjour et un Blaireau qui semble bien connaître l'Aigle évoqué juste avant.
Je ne cherche pas trop à écouter le brouhaha des petites conversations qui commencent à s'installer entre certains élèves. J'attends juste les derniers élèves qui doivent arriver -presque tout le monde est là. Et de savoir si les tire-bouchons c'est utiles pour les bouclettes. Existentielle question.

Attendre. Attendre le début des hostilités. Et pendant ce temps, le défilé incessant de nouveaux arrivants. Le Deliers levait la tête à chaque nouvelle entrée pour observer le balai. Différentes entrées en matière. D'abord arriva une fille de la maison Verte {Riley} - inscrite en option Arithmancie avec lui, sa tête lui revenait vaguement. Elle alla se poser dans un coin avec la ferme intention visible d'envoyer brosser un hippogriffe quiconque oserait s'approcher trop près d'elle ou de sa place. Vint ensuite une autre petite tête de première année {Lilith. Matt ne l'avait jamais croisé, du moins sa bouille d'ange ne lui disait rien. Il la vit s'approcher, parler à la rouquine, pointer la place voisine ; échanges de bons procédés pour une amitié bien acquise. Entra dans la classe - juste quelques instants plus tard - un autre gamin {Adam}, avec la même coupe de cheveux approximative que le Deliers. Ce dernier ne put s'empêcher d'avoir un sourire compatissant à l'encontre du Serpent avant qu'il ne disparaisse dans le fond de la salle.

Une autre Poufsouffle fit son apparition {Amy}. Sans rien de particulier elle salua également la prof et jeta un œil au reste de la classe avant de se poser non loin de lui pour déballer ses affaires. A ce moment précis entra le Bleu dont il avait entendu parler récemment {Benedict} ; entre garçons Gryffondor ils parlaient beaucoup dans les dortoirs. De filles essentiellement, les pensées se dérobèrent vers l'Azur - et d'autres sujets parfois. D'après les Lions le Serdaigle était réputé pour être « Mister-Je-Suis-Parfait » et toujours là pour le rappeler ; un égo surdimensionné sûrement trop enflé par un coup de cognard bien placé. Le Gryffondor l'écouta lâcher son baratin tout en levant un sourcil interrogateur. Le type ne se prenait pas pour un poil de Boursouf. L'envie qu'un Vert prenne la tronche de l'insolent pour lui racler contre le tableau permettrait très certainement au Bleu de « rentrer dans la Légende ». Lui qui visiblement aspirer à faire parler de lui.

* * * * * * *

Le regard se baissa à nouveau pour se relever instantanément au « Bonjour » suivant. Il reconnut directement la voix et le palpitant s'emballa la microseconde suivante. Levant les yeux pour confirmer, il observa la Serdaigle. Le reste se mit à disparaître étrangement autour de lui ; il s'en foutait. Il oublia instantanément toute notion quant à pourquoi il était là et maintenant. Elle, était là et maintenant ! Adieu le cours, le sujet, l'enseignante, les Autres et en premier lieu surtout l'Aiglon précédent tombé un peu trop à côté de son nid.

Ses prunelles de félin ne dévièrent aucunement, elles étaient focalisées sur Jennifer. Matt vit l'hésitation de la Bleue ; un soulèvement du « Boum Boum » s’enchaîna alors dans la poitrine du Deliers en réaction. Pourquoi hésitait-elle ? Il la vit finalement s'avancer vers lui, renforçant inévitablement encore plus la pulsation cardiaque du Rouge, pour que cette dernière flirte dangereusement avec celle d'un nageur olympien juste après un dix kilomètres crawlé en moins d'une heure.

Elle engagea. Quelques secondes d'attente avant de répondre, surtout ne pas trop montrer son impatience sur le fait qu'il mourrait d'envie qu'elle s’assoit à côté de lui. Et puis un sourire entendu, un signe de tête affirmatif, des mots qui se propagent doucement. Hello, bien sûr que tu peux. Il détourna le regard un instant toujours en altération de ses moyens devant la Serdaigle tandis que cette dernière prenait place.

A ce moment en profita pour arriver un autre gamin chelou {Charlie}. Sa réputation et sa passion bizarre faisaient couler beaucoup d'encres dans Poudlard et susciter pas mal d'interrogations, dont certaines partagées par le Gryffondor. Un passionné, de toute évidence. Et avec, toutes les bizarreries que cela entraînait aux yeux des Autres incapables de comprendre car extérieurs. Il reconnut finalement Tobias quand il arriva dans la classe. Un troisième année et surtout, un camarade de Maison ; légèrement rassuré sur le fait qu'il ne soit pas le seul Rouge & Or dans la classe.

Vinrent à quelques minutes d'intervalle le géant Fañch déjà croisé quelques fois et un gamin de Serdaigle {Silas} qui alla se positionner derrière les bouclettes blondes du blaireau fan de tire-bouchons. Compléta ce coin de classe un autre Poufsouffle {Joe} dont l'entrée fut spectaculairement rapide. En moins de deux le gars était déjà assis à côté du dernier Serdaigle qui venait de rentrer.

Sinon le demi-géant Vert avait reçu une pxtain de flèche en cours d'astronomie. Matt aimait bien Ulysse mais il fallait avouer qu'à chaque cours qu'ils avaient eu ensemble ou simplement illustré par la présence du désormais Directeur des Rouges ; la Catastrophe semblait inévitable. Alors certes, il en fallait pour tuer un gaillard aussi solide que le celte mais Matt se mit à penser que si n'importe qui d'autre dans la pièce avait reçu le projectile à la place, ce n'importe qui d'autre n'aurait très certainement pas eu la même chance que Fañch.

Matt reposa son regard sur Jennifer. Le Deliers était alors à la fois tellement gêné et pourtant tellement heureux d'une telle proximité. Prenant son courage en main {Gryffondor après tout, mxrde !}, et un rapide regard en arrière pour vérifier la distance vis-à-vis du géant, il s'approcha lentement de Jennifer pour lui parler à voix basse non loin de l'oreille.
J'ai entendu dire que Fañch a pris une flèche en plein cours d'Astronomie, c'est complètement dingue. Parait que tu y étais, j'espère que tu vas bien.
Autant le géant l'importait guère, il s'en remettrait. Autant la flèche aurait touché « Mister-Je-Me-La-Raconte » il aurait très certainement pleuré avant de retourner à son bol de lait. Autant l'idée que Jennifer soit blessée ou mal en point ne lui convenait aucunement.

Numéro vingt-deux est placé à exactement trois centimètres du bord de la table et cinq de l'encrier et de sa plume. C'est exactement ainsi qu'il doit être, alors je suis content. Tellement que je frappe un peu dans mes mains en faisant de même avec mes pieds. En plus, j'adore le bruit de mes petites talonnettes sur le sol de cette salle. C'est bien plus agréable que le brouhaha qui me parvient depuis mon côté exposé à la foule, et derrière moi.

Je relève légèrement la tête en entendant des pas dans ma direction. La professeure. On dirait qu'elle me regarde. Pourquoi est-elle en face de moi alors que sa place est normalement devant le tableau ? Attend-elle que j'engage la conversation ? Mais je lui ai déjà dit bonjour : je ne sais que rajouter. Je n'ai pas besoin d'échanger davantage avec elle tant que le cours n'est pas débuté. Mais soit. Je m'apprête à lui dire combien le temps est merveilleux aujourd'hui (je n'ai même pas regardé ce qu'il en était réellement) et à lui demander si elle a passé un bon week-end mais elle tend un doigt vers moi et me pose une question.

Au début, je ne comprends pas. La nervosité, peut-être : cela me rend moins réactif. Je commence par loucher sur son doigt, puis je me retourne pour voir si elle désigne quelque chose devant moi. Mon geste est un peu brusque : numéro seize vient heurter ma joue. Ah. Elle demande si numéro seize fait boucler mes cheveux.

Je n'avais pas anticipé pareille question. Je prends donc quelques secondes avant de répondre.

« De ce que je sais, et j'ai effectué beaucoup de recherches sur les tire-bouchons, personne n'a jamais tenté de boucler davantage ses bouclettes à l'aide de tire-bouchons. Ou si c'est le cas, ces personnes n'ont pas jugé utile d'écrire un rapport à ce sujet et de le rendre publique, ce que je trouve fort dommage. J'imagine que je pourrai répondre à votre question après avoir réussi à ôter numéro seize de ma chevelure -après quoi, je pourrai comparer mes boucles entre elles. Mais il me faudrait alors réitérer l'expérience plusieurs fois pour que les résultats soient significatifs -et tester sur d'autres individus. En attendant, je peux juste vous dire que c'est assez désagréable, que ça tire un peu et que ça attire bien trop l'attention. »

J'ai essayé de dire l'essentiel. D'être synthétique mais complet. Peut-être que j'ai trop parlé. En tout cas, la conversation est, je pense, parfaitement close car je n'ai rien à ajouter. Je me désintéresse de la professeure -que je n'avais de toute façon même pas regardé dans les yeux, et je retourne dans la contemplation de numéro vingt-deux.

Cours d'Histoire de la Magie nᵒ1: Histoire et légendes

Comme chaque jour de la semaine, tu te demandes pour quelle raison absurde on vous enferme dans des salles de classe alors que l'automne est magnifique cette année. Tu aurais préféré profiter du changement de couleur de la nature, qui se prépare avant le froid de l'hiver, des tons chauds et harmonieux qu'elle avait revêtu. Malheureusement, ton avis n'a pas d'importance, alors tu te contentes de te marcher dans les couloirs, un air bougon à peine dissimulé.
Il était presque l'heure, et tu étais de nature ponctuelle – ta mère insistait vraiment sur ça, mais il n'était pas question d'arriver en avance non plus. Juste à l'heure, juste à temps, c'était parfait. Tu préfères profiter de ta matinée autrement qu'assise à un bureau à attendre le début du cours.

L'air frais de ce matin te caresse le visage, tu sens le froid du sol des couloirs à travers tes chaussures, l'été est déjà loin, faisant oublier qu'il n'y a pas si longtemps, l'air était encore lourd. Mais ça n'a pas d'importance, tu aimes savourer les changements de température qui te font sentir chaque centimètre de peau découverte. C'est vivifiant. Et tu vas avoir besoin d'être vivifiée avec le cours qui t'attend. L'histoire de la magie, c'était une matière contradictoire, peut être autant que toi. C'était génial, super intéressant … Ou ennuyeux à mourir. Et tu ne savais pas quelle allait être la leçon d'aujourd'hui, alors tu préfères partir du principe que ça allait être soporifique. Au moins, tu ne seras pas déçue.

Lorsque tu arrives et que tu passes le pas de la porte ouverte, tu aperçois qu'une bonne partie des élèves est déjà présente. De dos, tu reconnais Elida assise devant, mais elle ne regarde pas dans ta direction, alors tu lui diras bonjour plus tard. Tu avances dans la salle, et croises le regard de la professeur. Tu la salues d'un « Bonjour madame » accompagné d'un sourire poli, sans plus d'entrain, jusqu'à ce que tu lises l'intitulé du cours : Légende. Un sourire plus franc s'affiche sur ton visage, accompagné d'un « chouette » qui passe la barrière de tes lèvres. Ça ne s'annonce pas aussi dramatique que tu ne le pensais !

Au fur et à mesure que tu t'étais avancée, tu avais repéré une place. Tu continues donc sur ta lancée et t'installes à côté d'un Poufsouffle, un peu plus vieux que toi (Charlie Primrose). Tellement blond. Ouah, et il a de ses boucles ! Tu attrapes une de tes mèches de cheveux, la fixant, te disant que peut-être tu devrais faire un effort capillaire. Tu la relâche négligemment pour qu'elle rejoigne les autres, oubliant cette idée aussi vite qu'elle était venue.

« Salut, ça va ? » Tu lances la conversation, surtout pour te montrer polie, discuter avec lui n'est pas obligatoire. Et tu remarques son bureau, rangé au millimètre. Il a l'air assez spécial, ce garçon. Dans un total esprit de contradiction, tu sors de quoi écrire et tu les poses en vrac devant toi …

…

C'est quoi ce truc sur sa table ? Il en a aussi un dans ses cheveux ?

Les yeux ronds, tu tournes la tête, te demandant s'il avait été judicieux de t'asseoir ici.

Orwell ne quittait pas les semelles de son protecteur. Benedict, comme à son habitude, faisait tout le travail pour lui : se frayer un chemin dans les couloirs, se présenter devant ses connaissances, lui trouver une place en cours, saluer la professeure de ce jour. Le Serpentard remarqua d'ailleurs en entrant la bande de naze qu'il s'était coltiné dans le train. Réhaussant le menton et carrant ses épaules, il leur glissa à tous un sourire narquois. Lui, traînait avec les mecs les plus respectés de tout Poudlard. Et si Eden était en ce moment moins présent, Orwell s'affichait d'autant plus avec le Serdaigle à la grande gueule. On pouvait dire que le jeune Serpentard avait su se faire les bons amis, les amis bien placés, les connaissances nécéssaires pour dominer plutôt que de se faire manger. Il se sentait d'autant plus confiant, même si ses travaux d'homme de main le mettait parfoit à rude épreuve. Humilier ce jeune Poufsouffle, tabasser cette pauvre Gryffondor, voler ce sac, sacager ce cachot ou encore empêcher le ravitaillement des cuisines. Tant de missions qui lui avait été confiées dans la plus grande des discretions et qui n'étaient pas censées s'ébruiter. Et, au pire, il avait ses protecteurs qui lui sauveraient peut-être bien la peau une nouvelle fois. Ca ne serait pas nouveau.

Orwell entra donc dans la salle de classe, fier comme un paon, pendant qu'il voyait les autres comme d'immondes petits insectes, insignifiants et inoffensifs. Il se cala à côté de Benedict et sorti un cahier pour prendre quelques notes. Depuis trois années, il ne savait que penser des cours d'Histoire de la Magie. Il n'y était pas mauvais, il suffisait de connaître le passé, mais on ne pouvait pas dire qu'il s'y intéressait plus que cela. Que pouvait bien intéresser un adolescent condescendant comme lui ? Seules ses bêtises lui importaient.

Il réajusta sa posture et mâchouilla le bout de sa plume alors que les derniers élèves arrivaient en cours. Il en profita pour adresser un sourire mauvais aux compagnons de train, cette bande de nazes. Ils n'étaient que des cloportes. Bien fier de lui, il se tourna face à la professeure et buvait les paroles de son mentor.

Histoire de la magie
Saison 30 * Hiver
Mercredi matin

Comme hypnotisée, dépeinte de la réalité, mon regard a bien du mal à se défaire de celui du lion. Je ne me serai presque plus rappelée être en cours si d'autres élèves ne continuaient pas à faire leur entrée laissant échapper des bonjours par ci par là. Puis, soudain la réponse tant attendue vient enfin ! Si je l'ai bien entendue du moins. Mais non je ne peux pas m'être trompée ni avoir rêvé ! Il a bien clairement dit "bien sur que tu peux". Oh là là, je peux alors sentir clairement les battements rapides de mon cœur dans ma poitrine quand par un sourire timide, je finis par m'asseoir n'oubliant pas de le remercier en même temps. La moindre des choses... Si j'étais toute seule, je laisserai échapper ma joie mais il faut bien se rendre à l'évidence, je suis en cours et ce n'est clairement pas le lieu pour mais dans mon esprit, c'est presque la fête.

Ce sentiment devient double une fois à ses côtés. Respire Jennifer respire ! . Heureusement, cette sensation se calme peu à peu alors que je vois le Gryffondor tourner légèrement la tête pour ensuite venir me parler pratiquement à mon oreille. Je hausse les sourcils à propos de la flèche durant le cours d'Astronomie. Fanch devait sûrement être arrivé pour qu'il en vienne à ce sujet. Je ne peux m'empêcher de le regarder un peu surprise. Il est déjà au courant ? Mais au final après réflexion ce n'étaient pas vraiment surprenant que les nouvelles aillent vite surtout dans une école comme Poudlard. A sa question, je hoche la tête essayant de parler bas même si le cours n'avait pas encore commencé. C'était quand même une sérieuse énigme cette affaire.

« Oui, on a rien vu venir et c'était plutôt le chaos ensuite en fait. Fanch a été pris en charge rapidement heureusement et en ce qui me concerne, je vais bien, je t'en remercie. J'ai pu mettre aussi à l'abri une petite de ma maison (Elida). »

D'un geste aussi discret que possible, je tourne la tête en direction de la concernée afin de lui montrer. Puis me détourne, reprenant la conversation là ou elle était laissée.

« J'espère juste que le Professeur n'aura pas trop d'ennui. Ce n'était pas sa faute bien qu'on ai fait le cours à l'extérieur. Le cours touchait pratiquement à sa fin quand ça s'est produit mais perso je ne comprends pas trop comment le possesseur de cette flèche a pu entrer au sein de Poudlard. C'est censé être un endroit protégé. »

Evidemment, rien n'était infaillible mais quand même ! Poudlard quoi... et à mon avis cette affaire n'avait pas finie de faire parler d'elle. J'étais en tout cas plutôt curieuse d'entendre l'avis de Matt n'oubliant tout de même pas de sortir de quoi écrire si jamais, on était en cours après tout.

Le petit Poufsouffle me donne une réponse assez complète à ma question. Il n'a pas tort : il faudrait pouvoir réellement faire une expérience tire-bouchon pour voir ses résultats concrets dans les cheveux. Si Pius avait été toujours là, je lui aurais proposé. Lui qui aimait tant prendre soin de tout ce qui touchait aux apparences. Puis il avait des tites bouclettes, lui aussi. Pour sûr, ça l'aurait intéressé cette histoire.
Finalement, explication faite, nous n'avons plus grand chose à nous dire. Et je reviens à mon bureau. Je regarde les derniers arrivés. Une Gryffondor qui va s'installer à côté de garçon-tire-bouchon. Et je remarque le Serpentard installé à côté de monsieur-je-suis-une-légende. Je compte mentalement le nombre d'élèves. Je ne sais plus combien ils sont sur la liste d'appel. Mais je pense qu'on est à peu près le bon compte.
Je passe alors devant mon bureau, prenant appui ce celui-ci et faisant face aux élèves. M'éclaircissant la gorge, je prononce un rapide salut collectif :

-Bonjour à tous et toutes. Je suis heureuse de vous voir en ce petit matin automnal. Je suis Kohane Werner-Underlinden et je suppose que vous êtes bien au fait de la matière que nous allons étudier ensemble. Je sais, l'Histoire de la Magie peut sembler rébarbative comme ça. C'est beaucoup de théorie et de blabla. Pas de baguette ni de potions. Mais l'Histoire c'est aussi une manière de comprendre notre monde actuel. Et de savoir d'où l'ont vient. C'est du moins comme ça que j'aborde cette matière.

Je frappe dans mes mains, enthousiaste. J'ai hâte de voir qui sont ces petits élèves qui se tiennent devant moi ce matin.
Je me tourne de trois quarts, pour voir le tableau sans trop leur tourner le dos. D'un geste, je désigne les lettres de craie :

-Je pense que vous avez tous vu ce qui était écrit ici. Avez-vous commencé à songer à ce mot ? Qu'est-ce que c'est une légende pour vous ? A quoi peut-elle servir ? Et connaissez-vous quelques grandes légendes de notre monde sorcier ?
Ah et je n'ai pas encore le plaisir de vous connaître. Donc si vous pouviez me dire votre nom lorsque vous prenez la parole pour la première fois, ça sera chouette !

Précisions:

...

Vous n'aviez pas l'air très nombreux aujourd'hui, mais la professeur décide de lancer le cours. Il est l'heure après tout. Tu la vois se déplacer, se présenter elle et sa matière. Elle a l'air de vouloir rendre le cours intéressant, malgré le côté soporifique qu'un cours entièrement théorique peut avoir. Tu as hâte de voir. Tu te demandes toujours pourquoi les professeurs se présentent. Enfin, si, bien sûr, dans l'absolu, tu comprends. Ça brise la glace, ça instaure un sentiment de confiance. Mais tu ne l’appelleras jamais par son prénom, par exemple, alors c'est assez inutile. Tu ne le retiendras sûrement pas, de toute façon. D'ailleurs, son nom est un peu compliqué, est-ce que tu dois tout dire, ou est-ce que tu peux le raccourcir ? Au pire, tu diras Madame, c'est bien plus facile. Du coup, tu as peur d'oublier aussi son nom de famille.

Elle frappe des mains, tu sursautes un peu. Ça a le mérite de bien te réveiller. Tellement, que tu te sens prête à parler la première. Tu lèves la main, et attends qu'elle t'invite à commencer.

« Je m'appelle Rose Artis. Pour ce qui est du mot légende … Pour moi, ce sont des histoires que l'on raconte, sans savoir si elles sont réelles ou non. Contrairement au conte, où on sait que c'est imaginaire, il y a un doute pour les légendes. »

Tu ne sais pas trop si tu as bien expliqué ce que tu voulais dire. Et tu n'es pas vraiment sûre de ta réponse non plus, mais tu aimes quand les cours sont interactifs, et tu es contente de pouvoir participer. Tu n'as pas pensé à un exemple avant de prendre la parole, alors tu la laisses aux autres. Ton père te raconte beaucoup d'histoires et de légendes, surtout celles qui parlent d'aventures, c'est ce que tu préfères. Tu espères que Madame Underlinden en racontera quelques unes, tu as hâte, alors pour patienter, tu attends avec enthousiasme les exemples des autres. Peut-être que tu en apprendras qui te plairont, et pour une fois, c'est toi qui les raconteras à ton père.

◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►

Table en bois et objets utilitaires. Voilà ce qui traînait, bien rangé, sur la planche servant de bureau en face de toi. Le parchemin était près avec, écrit d'une jolie écriture "Légendes" comme titre. L'encre noire brillait encore, pas totalement sèche, sur la peau de veau. Des brouhahas traînaient ici et là, autour de toi. Mais, tu ne fis rien. La professeure rétorqua au Serdaigle qui se prenait pour Odin, alors qu'il n'était peut-être qu'un bambin engendré par Loki. Une autre entrée, celle d'un poufsouffle, le Charlie-aux-tire-bouchons, était remarquée elle aussi. Au point où tu te demandais si tu n'avais pas loupé un écriteau stipulant qu'on gagnerait des points en fonction de sa meilleure entrée. Tombant dans l'panneau indicateur, la jeune professeur aida le jeune Primrose avec bonne volonté. Il avait du charme le bambin aux belles bouclettes dorées. Tu l'affectionnais secrètement. Un respect peut être mélangé à de la jalousie. Lui aussi avait une sagesse que peu d'entre les personnes présentes dans la salle possédaient. Une certaine sagesse qui te rappelait Monsieur Hugh, le Caméléon. La sagesse du premier degré. La sagesse du vrai dans la subtilité mensongère. Tout le contraire du Légendaire aiglon, qui lui, avait la sagesse d'un... farceur. Mensonge et anguille sous roche. Les armures faites de serpents ce n'était pas ton truc. Tu préférais le vrai, le face à face, la confrontation et la colère plutôt que la subtile apparition. Ceux-là, tu n'arrivais pas assez à les jauger, à les comprendre ou même à les cerner.

◄►☼◄►☼◄►☼◄►

Le son du silence décida enfin d'apparaître. Les plumes grattèrent aux mots de la professeure Underlinden. "Tiens... il y a beaucoup de noms étrangers parmi les membres du professorat". Ce n'était pas un jugement de ta part, ni une forme de patriotisme mal placé. Mais ta curiosité était piquée. C'était des originaires du Royaume-Uni où venaient-ils d'un autre pays ? Était-ce des professeurs émérites recrutés ou il n'y avait pas assez de spécialistes en Grande-Bretagne ? Ce questionnement était important pour ton futur. Il fallait s'ouvrir des portes, découvrir le monde magique. Au vu du nombre d'élèves dans le château, cela signifiait aussi qu'il y avait une plus grande minorité de personnes aux vertus magiques qu'il n'existaient de "moldus". Peut-être que ça expliquait également la venue de professorats étrangers. "... beaucoup de théorie et de blabla. Pas de baguette ni de potions..." . Tu te reconcentras sur le cours. Évidemment que Furcifer n'avait pas sa place dans un cours sur l'Histoire. Mais est-ce que les Légendes en avaient une également ? Comprendre notre monde, connaître nos origines... Adoptive, tu n'avais pas songé faire des recherches sur les traces de ton passé. Ta vie était auprès des Strix. Au nombre d'un seul couple qui ne pouvait avoir d'enfants mais qui t'avaient chéri jusqu'à aujourd'hui. Cependant, découvrir ce monde t'intéressait plus encore.

◄►☼◄►☼◄►☼◄►

Qu'est-ce qu'une légende ? À quoi peut-elle bien servir ? Toi, petite, tu en avais une idée, bien fermée, peut-être, pour ton âge. Mais c'était tout de même une idée. Ton bras puis ta main se levèrent une par une. Un peu hésitantes ma foi. Mais c'était trop tard, tu avais levé ta réponse et ton questionnement en même temps. Une première personne répondit. Des histoires racontées, des rumeurs ? Les légendes étaient donc des rumeurs pour elle ? Qu'est-ce que feraient des Légendes fictives dans l'Histoire ? - Professeur Underlinden ? Lilith Strix. Certaines "Légendes" peuvent être des figures historiques ayant existé. Des figures ayant souvent un passé de militant... politique ou idéologique. C'est des personnes qui ont été porté par un groupe ou plusieurs individus comme un symbole. Ces mêmes groupuscules ou individus portent une croyance, un espoir auprès de cette figure symbolique. À quoi pouvaient-elles bien servira ? À rassembler les foules ? Sûrement. Tu n'aimais pas trop les figures légendaires. C'était une instrumentalisation totale qui insultait parfois l'intelligence. Les légendes servaient généralement à ça, tout comme les militants. Poser des questions sur des chiffres, sur une idée et reconstruire tout cela, sans mentir parfois, mais en l'instrumentalisant pour parler à un ou plusieurs public. Ce qui marchait, tu l'avais souvent vu, c'était ces mêmes figures symboliques qui portaient un discours alarmiste sur le monde, sans équilibrer les mots, appuyant sur inacceptable sans proposer de solutions... ou en proposer, mais sans parler des conséquences indirectes de ces solutions, souvent plus fatales que les problèmes déjà existants. "Peut-être que je devrais faire de la politique en fin de compte...".

◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►☼◄►

LA Kohane

Fañch Guivarch rp numéro 451 :

Tout le monde devait être arrivé ou bien la professeure décidait de démarrer le cours sans les retardataires, présentation rapide de la miss Werner-Underlinden. Ce nom n'était pas étranger au celte qui se rappelait d'un enseignant en potion qui partageait le même nom de famille. Quelqu'un de strict mais de très pédagogue.

Les premiers élèves donnaient leurs réponses et le celte écoutait distraitement, le marbre de son visage camouflait ses émotions, comme à son habitude.

On se fait déja ch*er, il y a aucun intérêt dans ce cours.

Au contraire, c'est très instructif de débattre sur la signification du mot aussi important.

Ca parle de "légende", mais "les gens de" c'est pas complet comme phrase.

A son tour le Serpentard leva la main puis attendit que l’enseignante lui fasse un signe pour lui donner la parole, il répondit alors sobrement à la question.

Je m'appelle Fañch Guivarch. Une légende peut être un qualificatif pour désigner quelqu’un d'extraordinaire qui a laissé une grande marque dans l'histoire, comme Salazar Serpentard.

J'aime beaucoup la réponse de la Professeur à mon petit discours sur le thème de son cours. Je hoche donc vivement la tête lorsqu'elle m'annonce que je ne devrais pas avoir trop de soucis si je suis doué en improvisation. C'est qu'elle n'a pas tort, alors je lui dis, et je vais m'asseoir avec un immense sourire. Orwell me rejoint. C'est un Serpentard, il est plutôt sympa. En tous cas, il m'admire, alors je le trouve cool. Il sourit à d'autres élèves, mais pas d'un air super sympa. Alors je les observe à mon tour.

- Tu les connais ? C'est qui ces types ?

Parce que moi je ne les connais pas. Enfin, si, je connais le blondinet devant, celui avec ses bouclettes et ses tire-bouchons. D'ailleurs, il en a un dans les cheveux, il est toujours aussi chelou. J'espère qu'il va pas se mettre à chialer en plein milieu du cours, ce serait vraiment embêtant. Mais ça a l'air d'aller pour l'instant, vu qu'il discute avec la prof. Bref, les gens continuent d'arriver, et bientôt le cours peut commencer. Beaucoup de blabla, aucune pratique, on le savait déjà. L'histoire de la magie, c'est ch*ant, pas besoin d'être prof de la matière pour le savoir.

J'en ai déjà assez d'être assis sur ma chaise sans bouger. En plus, les réponses des autres sur les légendes sont vraiment nulles. Ils sont donc aveugles à ce point, qu'ils ne sont pas fichus de voir qu'une légende vivante assiste à ce cours ? Je fais un clin d'oeil à Orwell, pour lui faire comprendre de bien observer la suite des événements parce que le véritable cours va commencer. Ni une ni deux, je grimpe sur ma chaise pour me retrouver debout sur ma table, marchant sur mon rouleau de parchemin au passage.

- Mais voyons, chers camarades, vous ratez le plus important ici ! Vous avez une légende devant les yeux, et une légende vivante : moi ! Et oui, ma beauté et ma perfection sont telles que je ne pourrais qu'entrer dans l'histoire, et d'ici quelques années, à votre place, les élèves de cette école auront mon visage dans tous leurs manuels afin d'expliquer à quel point j'ai bouleversé la face du monde ! C'est ça, une légende ! Quelqu'un qui vit, encore et toujours au fil du temps et des années, et dont le nom n'est jamais oublié ! Quelqu'un comme moi !

Mais comme je suis quand même quelqu'un de très modeste, je préfère m'arrêter là. Je fais une courbette pour saluer la foule après mon discours éclairé, et je saute au sol avant de me laisser tomber sur ma chaise. Je me penche vers Orwell pour lui chuchoter quelques mots.

- Et maintenant, observe, on va pouvoir repérer directement les jaloux et les envieux.

Ce sont ces gens qui soupirent, qui parlent sur mon dos, qui pensent que je me la pète alors que je me contente d'être réaliste. Ceux qui sont incapables d'accepter qu'il y a des êtres en ce monde qui leur seront toujours supérieurs et qui préfèrent les descendre plutôt que de travailler sur eux-mêmes pour s'améliorer. Et me rendant compte que je ne m'étais pas présenté, j'ajoute quand même quelques mots, tout haut.

- Au fait, moi c'est Nolan Adams, mais je suppose que vous le saviez déjà tous.

Oui, j'ai encore changé de prénom. Un problème ?

Après quelques minutes de gribouillage, le cours commença, Amy se désintéressa de son carnet et leva la tête en direction du tableau. La nouvelle professeur avait l'air sympathique, son enthousiasme était contagieux et le sujet du cours plaisait vraiment à la jeune fille. Étrangement elle avait pourtant un peu de mal à répondre aux questions. Le mot légende était tellement vague, tellement vaste qu'elle avait un peu de mal à choisir la définition qui lui convenait le plus. Son enfance avait été bercée par les contes et les légendes mais puisqu'ils étaient en cours d'histoire de la magie elle se doutait que la réponse attendue se devait d'être un peu plus historique.

Des légendes, l'histoire, Amy laissa les deux mots s'entrechoquer dans son esprit à la recherche d'une idée ou d'un nom qui les relieraient. Elle avait beau de pas être très douée en histoire de la magie elle connaissait le nom de quelques légendes du monde sorcier. Pendant qu'elle réfléchissait, elle écouta les réponses de ses camarades d'une oreille afin de ne pas formuler une réponse trop redondante.

*Redondant c'est marrant comme mot quand même, ça rebondit un peu sur la langue... rah concentre toi*

Parvenue à une réponses satisfaisante ou du moins cohérente, la jeune fille leva la main pour prendre la parole à son tour.

-Bonjour, je m'appelle Amy Jackson. En histoire les légendes sont des personnes qui ont accomplit de grandes choses. Ils sont des symboles pour les gens de leur époque et pour leur peuple plus tard, leur exploits servent d'exemple de bravoure ou d'ingéniosité. Je dirais qu'Harry Potter est considéré comme une légende dans le monde magique après ses accomplissements. Avoir des légendes c'est un peu comme avoir des guides.

L'espoir d'être seul à ma table aura perduré un bon moment avant d'être réduit en bouillie. J'observe pendant un moment la nouvelle venue à ma table et me crispe à la question qu'elle m'adresse. Papa et maman m'ont appris qu'il fallait toujours répondre "je vais bien" à la question "ça va ?" car les gens ne font que semblant de s'inquiéter de la santé de leur interlocuteur et en réalité, ils se fichent totalement de la réponse. C'est un concept que je n'ai jamais compris. Actuellement, je ne vais pas bien car j'ai un tire-bouchon coincé dans mes bouclettes et j'ai de la compagnie alors que je souhaitais être seul à ma table. Mais je me sens incapable de mentir, alors après avoir longuement fixé la jeune fille, je m'en désintéresse sans prendre le temps de lui répondre.

Le cours débute enfin. Je reporte aussitôt mon attention sur la professeure. L'histoire de la magie compte parmi mes matières préférées, avec les potions et l'astronomie. Je suis donc plutôt content d'être là, même si j'ai un tire-bouchon dans mes cheveux et une voisine de table qui fait semblant de s'intéresser à mon état de santé sans que ce soit le cas. J'ai bien évidemment lu le mot inscrit sur le tableau, qui m'évoque tout plein de choses différentes. Une légende, ça peut être tout et n'importe quoi : un récit inventé et populaire, des événements ou exploits qui suscitent des émotions particulières comme l'admiration. Ou la légende d'une carte ou d'un graphique.

Les élèves lèvent la main avant de prendre la parole. J'aime cette façon de fonctionner : même s'il n'y a pas de tour de parole clairement défini, cela évite que des personnes prennent la parole sans crier gare (littéralement ou non. Je pouffe de rire en imaginant quelqu'un qui se lève pour dire "GARE"). Et donc, cela me permettra probablement de parler si je le veux. Si je le peux. Cette éventualité me rend nerveux. Je prends numéro vingt-deux dans mes mains et je le manipule, le caressant de mes doigts, ôtant et remettant son étui. Cela m'apaise et me permet de me recentrer sur moi-même.

Les explications avancées par mes camarades sont diverses. Ah, il y en a un qui prend la parole sans demander. Et il est bruyant, un peu trop bruyant. Il prétend être une légende, mais cela me perturbe car je n'ai jamais entendu parler de lui et il me semble parfaitement quelconque. Après lui, une autre personne prend la parole. Quelqu'un de ma maison, et de plus discret. J'ai l'impression qu'il manque quelque chose à leurs tentatives de définition. J'hésite, puis finalement je lève tout de même la main.

« Primrose. Une légende, c'est aussi ce qui peut accompagner une carte, un graphique, un schéma, un dessin ou autre pour en clarifier le contenu et l'expliquer ; sous la forme d'un petit texte ou de codes couleurs, de signes. »

J'hésite. Suis-je à côté de la plaque ? Oh non, probablement pas : la professeure a demandé ce qu'était une légende. J'ai juste donné une définition différente des autres mais correspondant aussi à ce mot pour compléter les explications de mes camarades. Tout va bien.

La tête du garçon qui prétend être une légende me dit quelque chose. Je crois que je l'ai déjà croisé quelque part. Peut-être en cours, ou dans un couloir. Sa réponse me perturbe, mais j'ai bien compris qu'il voulait être une légende. J'ignore si c'est approprié, si c'est le bon moment pour soumettre mon idée : je suis incapable de déterminer ce genre de chose. Mais je reprends la parole -de toute façon je n'ai aperçu aucun signe indiquant que je ne l'avais peut-être déjà plus.

« Adams. C'est bien à ce type bizarre que je m'adresse. Si tu veux être une légende, peut-être qu'on pourra dessiner un graphique ou une carte sur le tableau, on te donne une pancarte avec les principales caractéristiques notables et les codes couleurs et tu seras, d'une certaine façon, un élément de légende. » lui proposé-je d'une voix calme. C'est de la simple logique et si j'ai pu aider un camarade de classe, alors je suis content.

La fille au joli prénom est enchantée, et je souris, amusée, en me demandant de quel genre d’enchantement elle parle. Magie, ou une sorte de joie de connaître mon prénom ? Il peut y avoir pleins d’autres idées si je prends le temps de réfléchir, mais je ne le prends pas car elle s’installe et d’autres personnes font leur arrivée. Une Jaune, Grande, le Bleu qui veut être une étoile parmi celles du ciel et qui se prend pour une personne extraordinaire, mais qui n’est rien d’autre qu’extraordinairement exaspérant, même égoïste et pas très gentil au final, ensuite c’est la Grande Bleue que je connais un peu, puis vient un nouveau Jaune, qui d’ailleurs est… Étrange ? Original. Un garçon plus vieux que moi qui joue avec des tires-bouchons, c’est lui qui le dit. Drôle de jeu, jeu qui suscite la curiosité de la professeure semblant intéressée par l’idée de se faire elle aussi des bouclettes. Est-ce pour ça que le jaune a les cheveux aussi bouclés ? Dans les livres, les grandes dames utilisent des bigoudis pour boucler leurs cheveux, mais pourquoi pas un tire-bouchon ? L’idée est amusante alors j’attends moi aussi la réponse du garçon tandis que d’autres arrivent. Un Rouge, un Vert, un autre Bleu, un autre Jaune. Et la réponse arrive, intéressante il faut bien dire, le propriétaire de ce tire-bouchon se révèle donc être un chercheur qui se renseigne bien. Étonnant. Amusant. Même si je n’essaierai pas.

Une autre voix se fait entendre, une voix contente du sujet d’aujourd’hui, une voix que je connais, c’est une Rouge intéressée par les étoiles. Derrière moi des voix se font entendre, une petite discussion en attendant le début du cours qui ne tarde pas à commencer. La professeure se présente, et je sais vite que je ne prononcerais jamais son nom de famille. Oh non, jamais ! Bien trop compliqué, Madame suffira, si j’ai besoin de parler. Elle a l’air d’essayer de rendre son cours intéressant en parlant de comprendre le monde actuel et de savoir d’où l’on vient. Ces deux idées sont particulièrement étranges puisque de mon point de vue on sait tous d’où on vient, on l’a appris à l’école, je l’ai lu dans des livres. Et pour comprendre le monde actuel… Évidemment qu’elle parle de celui de la magie, vu le nom du cours, donc si elle a une explication logique sur pourquoi on écrit avec des plumes au lieu d’utiliser un stylo, je veux bien. Mais déjà, elle gagne en intérêt avec ce qui est écrit sur le tableau, Légende, ça me plaît bien ça.

Et elle enchaîne avec le sujet du cours, les questions auxquelles il faut répondre parce que c’est ainsi que l’on fait avancer le cours. Il y a une question compliquée, des légendes de sorciers j’en connais pas, puisque les licornes et autres créatures magiques existent réellement. Mais j’aime bien les deux premières questions, des questions intéressantes et originales puisque je ne me les suis jamais posées. Et si je ne parle pas, j’écoute avec attention les réponses des autres, dont la première est celle de Rose, celle qui aime bien les étoiles, je me souviens d’elle. Opposition de légende et conte, c’est une bonne idée. Puis c’est au tour de la Jaune à côté de moi, qui parle de la légende en tant qu’Être Humain important, idée appuyée par une autre personne qui prononce un drôle de nom déjà entendu. Serpentard, c’est pas le nom d’une des "maisons" ? Si, même que c’est la verte et argent je crois. Bref, c’est pas important, il faut écouter la suite. Le Bleu se met à parler, toujours aussi bruyant, se qualifiant lui-même de légende. Il exagère quand même un peu, beaucoup aussi non ? À l’école, on ne peut pas déjà être une légende. Et souvent, les gens deviennent des légendes une fois mortes. Ah, c’est une bonne chose à retenir, voir même à dire ! Il termine par se présenter, le nom de famille est toujours le même mais j’ai l’impression que pour le prénom ce n’est pas le cas. Je me demande bien combien de prénoms il a… C’est ensuite une fille qui vient, qui appuie à son tour sur ces légendes autrefois vivantes, les histoires contées aux enfants disparaissant du sujet du cours. C’est triste, car elles sont nombreuses. Il faut absolument que j’en parle. Mais d’abord, c’est le garçon des tires-bouchons qui parle, ajoute à la liste de légendes une forme à laquelle je n’avais jamais pensé. Mais qui est tout à fait logique, évidente, existante ! Et puis il ajoute quelque chose de vraiment drôle, ce qui s’apparente à un conseil mais qui n’en n’est certainement pas un pour le Bleu, dont l’envie ne doit pas être une légende comme celle décrite par le Jaune. Au moins il a tenté de l’aider, et le garçon-aux-plusieurs-noms devrait être un content.

À mon tour je lève la main pour rappeler l’existence des légendes racontées, mais lorsque la professeure me donne la parole je reste un instant muette, hésitante. C’est bien beau de lever la main, mais ça ne suffit pas, il faut aussi parler, remettre dans les mémoires des plus Grands ces belles histoires moldues. D’ailleurs… Les légendes "moldues" sont-elles vraiment des légendes ? Les "moldus" pensent avoir imaginé la licorne, mais en réalité elles existent. Alors, légendes ou pas légendes ? «Les légendes, c’est beaucoup de choses différentes en fait. Mais il ne faut pas oublier celles qui ont été créées pour raconter des histoires. Chez les gens sans magie, il y a pleins de légendes avec des créatures imaginaires ! Et on fait des histoires avec, on créé un personnage ou on en prend un qui a vraiment existé, pour enjoliver son histoire.» Je me retourne légèrement vers le Grand Bleu pour lui dire «D’ailleurs, il va falloir que tu meures si tu veux être une légende. On dit d’une personne que c’est une légende parce que, dans son vivant, elle a fait des choses très importantes. Alors tu dois faire des choses très importante puis mourir, et là peut-être tu seras une légende.» Et en regardant à nouveau la professeure, je lui demande avec curiosité «Oh madame, j’ai une question justement, les moldus pensent que les licornes et autres créatures magiques n’existent pas et donc ces créatures sont devenues des légendes chez eux. Mais pour les sorciers, ce ne sont pas des légendes. Alors on fait comment dans ce cas pour décider de si ce sont des légendes ou non ?»