Avec le LA des membres de mon groupe ! Post unique.


Je n’aime pas les travaux de groupe. C’est fatigant, il y a plusieurs personnes qui parlent et il faut écouter tout le monde, se mettre d’accord, réfléchir ensemble et se partager les tâches pour un travail commun. Dans un groupe, il y a ceux qui y mettent beaucoup d’enthousiasme et d’énergie et qui parlent fort : beaucoup trop fort pour moi. Ceux qui suivent et qui font ce qu’on leur demande. Et enfin, ceux qui roupillent sur leur table en attendant que ce soit terminé. Cette fois-ci, j’ai fait partie de la dernière catégorie : je n’avais tout simplement pas l’énergie de me concentrer sur les réflexions de Tobias et Elida, membres de mon groupe, et l’idée d’inventer des faits imaginaires me perturbait bien trop pour que je puisse me mettre efficacement au travail. De toute façon, j’avais apporté ma contribution. D’une certaine façon.

Quand vient notre tour de présenter notre exposé, nous nous rendons tous les trois près du tableau. Conformément à ce que nous (plutôt eux, car moi j’étais occupé à faire Tchou tchou avec mon tire-bouchon) avions prévu, Elida se charge des dessins. Tobias s’avance en premier et prend la parole.

« Merlin est un sorcier connu de tous, sorciers comme moldus. Relégué au rang de légende et de mythe chez les moldus, nous sorciers savons toutefois qu'il a réellement existé.

Dit très intelligent, Merlin possédait un grand savoir sans limites : capable de se métamorphoser sous plusieurs formes, notamment en êtres humains d’âges différents, mais aussi en oiseau, forme sous laquelle il garde ses pouvoirs et ses mots d’Hommes, il pouvait aussi transformer les autres. Le sorcier était également un grand connaisseur du ciel et de ses étoiles, fort en Astronomie mais également en Astrologie. »

Caché derrière Elida, j’observe le Gryffondor qui parle avec assurance. Ses propos sont ponctués de quelques vifs gestes.

« Malgré toutes nos connaissances sur ce célèbre sorcier, il y a certaines choses que la plupart des gens ignorent. Que sait-on de la disparition de Merlin ? Certains disent que son amour pour la fée Viviane l’a amené à quitter notre monde. D’autres racontent qu’il a été enfermé par cette même fée dans une grotte. Enfin, il est selon certains enterré dans la forêt de Brocéliande.
Mais Merlin plus que quiconque redoutait la mort. Effrayé par l’éventualité de mourir, il a cherché maints procédés pour prolonger sa vie. Au cours de ses recherches et de ses nombreux voyages, Merlin a beaucoup observé le ciel et les étoiles. On le dit parfois prophète, parfois voyant. En réalité, il était surtout un excellent astrologue.  Un jour, il o...

- Un jour, les étoiles lui apprirent quelque chose d’absolument extraordinaire ! m’exlamé-je d’une voix aussi forte que possible, car toute la classe devait m’entendre. J’ai crié, je crois.
- Eh, j’étais en train de parler, me chuchote Tobias.
- Mais on avait dit que je parlais après « astrologue » ? m’étonné-je.
- Non, c’était le « astrologue » d’après.
- Ah, mais de toute façon il faut partir sur la légende, là c’est une biographie, on risque de faire un hors sujet.
- Tu te tais et tu le laisses parler s'il a envie » intervient Elida à l’attention –je crois, de Tobias.

Je pousse un léger soupir, contrarié. Parler devant un groupe de personnes, c’est épuisant. Et il y a tous les regards braqués sur nous et cela m’angoisse. Si cela avait été pour parler de tire-bouchons, j’aurais été plus à l’aise. Aborder un sujet connu est toujours plus aisé. Je prends une grande inspiration. Mes mains tremblantes froissent et défroissent le parchemin couvert de notes. Je me balance d’un pied sur l’autre, penaud, puis je reprends à haute voix après... avoir lâché mes notes.

«  Merlin apprit quelque chose extraordinaire grâce aux étoiles ! Il entrevit les prémices de la création des tire-bouchons. Fasciné par cet extraordinaire objet, il développa un grand intérêt pour celui-ci et l’étudia pendant de longues années. La position des étoiles dans le ciel et leur interprétation lui apprirent l’existence prochaine de la vrille à tonneau. D’autres observations lui montrèrent des Anglais qui tenaient un étrange objet entre leurs mains. Le tire-bouchon. Samuel Henshall apparut dans les rêves de Merlin, il le vit obtenir un premier brevet pour son invention d’une version de tire-bouchon, précisément en 1795. »

Totalement plongé dans mon histoire, je n’entends pas les chuchotements étonnés d’un de mes camarades. Il y a peut-être quelque chose comme « Mais il nous fait quoi là, le Primrose ? Ce n’était pas ce qu’on avait prévu ! » ou encore « Il est vraiment à fond dans son truc. » Vous les entendez ? Moi non. De toute façon, on m’a dit qu’il fallait inventer. J’invente. Je fais ce qu’on me demande, toujours.

« Il aperçut aussi dans les étoiles le brevet britannique n°2950 obtenu par William Burton Baker pour un tire-bouchon à double levier ! Et il vit même l’italien Domenick Rosati ! Et du vin, qui coulait à flot, ouvert par des tire-bouchons de toutes formes,  des plus simples aux plus originaux ! De merveilleux tire-bouchons ! »

Transporté par mon fabuleux récit, je sautille sur place en agitant mes mains. Mon tire-bouchon coincé dans ma bouclette blonde se balance au même rythme que ma tête, elle-même habillée d’un très large sourire. Derrière moi, mes deux camarades ont entrepris le dessin d’une constellation tire-bouchon sur le tableau.


« Mais Merlin n’était pas immortel et un jour fut venu pour lui l’heure de disparaître... Mais la mort lui faisait peur, et il refusait de simplement cesser d’exister. Il avait besoin de VIVRE pour voir les tire-bouchons naître un jour –bien des siècles après son époque ! Il voulait les voir naître, grandir, connaître leur épogée, voir de jeunes sorciers et sorcières, des moldus en faire la collection ! Alors Merlin, grand amoureux des étoiles, parvint à trouver une formule magique pour le transformer en constellation. On raconte que le rituel de transformation –situé au lieu appelé Tombeau de Merlin par les moldus, fut long et douloureux. Son âme fut fragmentée en plusieurs parties et chacune se logea dans une étoile spécialement conçue pour lui. Transformé en étoiles, il forma la Constellation de Merlin-Tire-Bouchon, visible seulement des helixophiles les soirs de pleine lune des années bissextiles. Ainsi, il put garder un oeil sur nous, pauvres mortels, et observer par lui-même la création et l’évolution des tire-bouchons. »

Mon discours est terminé : j’en ai la gorge sèche après avoir tant parlé. J’exécute une légère révérence pour clôturer le tout –inspirée de celle d’Adams mais avec la grâce en moins, puis je retourne m’asseoir à ma place, satisfait de ma performance.

Après quelques essais sur les morceaux de papiers et quelques tâtonnements, l'histoire du petit groupe d'élève prit enfin forme. Les rôles furent distribués assez facilement, Ben et Riley en acteur, Orwell à la mise en scène et Amy à la narration,  et il ne restait plus qu'à attendre leur tour. "Le meilleur pour la fin "pensa Amy contaminée par son camarade  de Serdaigle. Quand ce fut enfin à eux, les quatre élèves prirent place sur scène. Le décor était posé, le public prêt, l'histoire pouvait commencer.

 "Aujourd'hui, nous allons vous conter l’histoire, de la naissance des aurores boréales. Tout commence à l’aube de l’humanité avec deux sorciers, Perceval et Hildegarde, ils étaient la Lune et le Soleil, l’eau et feu, deux rivaux parfaitement opposés. En effet, si Perceval était, selon les descriptions, « magnifiquement parfait », sa grâce et sa beauté ne connaissant pas d’égal et le monde entier se pâmant à ses pieds, Hildegarde elle, serait à l’origine de l’image de la sorcière qu’ont les Moldus, laide, bossue avec une énorme verrue sur le nez et l’air vielle comme le monde alors qu’elle avait le même âge que son rival.

  D’après la légende ils seraient les deux plus grands sorciers que la Terre ait portés, certains vont même jusqu’à dire qu’ils étaient les premiers. Ils avaient beau être immensément puissants et sages, ils étaient aussi très compétitifs et par bien des égards aussi immatures que des enfants de huit ans. Dès qu’Hildegarde faisait une découverte, Perceval en faisant une autre plus intéressante, aussitôt qu’il mettait au point un sort, elle le perfectionnait. Alors bien sûr quand Hildegarde décida de capturer un dragon, Perceval lui proposa de faire de cette expérience une compétition. Ils avaient une semaine pour capturer chacun un dragon, le plus beau possible. Le vainqueur pourrait alors imposer sa volonté au perdant pendant un cycle lunaire entier. Les grandes plaines neigeuses du grand Nord furent choisies comme théâtre de la rencontre et la chasse fut lancée

  Une semaine plus tard ils se présentèrent au rendez-vous, chacun persuadé de sa victoire imminente. Mais alors qu’ils s’approchaient l’un de l’autre, ils furent saisis de stupeur. Perceval et Hildegarde avaient tous les deux capturé un Opaloeil !

  Les deux dragons étant presque similaires il fut impossible d’en déclarer un objectivement plus beau que l’autre. Le ton monta vite entre les deux sorciers, chacun défendant les caractéristiques sa monture et l’air se chargea d’électricité alors que les arguments se transformaient en insultes. La remarque qu’Hildegarde fit sur le physique de Perceval, remettant en cause sa perfection fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et les deux rivaux se lancèrent dans un combat sans merci ! "



C’est à son tour. Orwell a un tour à jouer dans cette restitution à l’oral de son groupe d’histoire de la magie. Alors que l’introduction est gérée par Amy et que le reste de la production sera menée par les deux autres membres du groupe, il ne reste qu’une petite place pour le petit Orwell dans cette mise en scène. Il se place de manière à ne pas attirer l’attention et sort sa baguette magique afin de mener à bien sa mission. Ce qu’il a a faire n’est pas bien compliqué, enfin, pour le commun des sorciers. Mais le Serpentard n’est décidément pas bien doué. Surtout en matière de métamorphose… en même temps, il n’allait pas chipper le rôle du narrateur ou des acteurs, il aurait été bien trop mauvais. Donc le voilà là, à devoir agiter de la meilleure manière possible sa baguette pour donner vie à l’expression de son groupe.

Les morceaux de papiers sont posés sur la table, Orwell les dévisage, reprend sa respiration, calme sa peur et se concentre, espérant de tout son être parvenir à les plier tel l’Opaloeil rêvé. Il plisse les yeux, tend son esprit en espérant voir se former la bonne bestiole. C’est difficilement que le papier prend timidement vie, il se chiffonne, se plie, se déchire un peu. L’ardeur d’Orwell lui fait couler quelques sueurs dans son dos. Le papier est réticent, Orwell ne lâche pas. Il finit par se plier d’une manière à peu près correcte et le sorcier se permet enfin de souffler un instant.

Les deux Opaloeil monté de leurs deux cavaliers sont prêts à en découdre. Mais pour combien de temps ? Quelqu’un d’attentif aura forcément remarqué le frétillement des ailes, les imperfections visibles dans tous les coins, bref, la faiblesse générale du sortilège utilisé et la nullité totale de son lanceur.



Ben' s'avance devant tout le monde, face à Riley, et prend un air des plus supérieurs et méprisant pour commencer à déclamer d'une voix forte

- Mon Dragon est comme moi, absolument parfait, fort et beau ! Jamais toi et ton horreur n'allez pouvoir rivaliser avec ça ! Ouvre les yeux, face à moi tu n'es rien, j'ai gagné cet ultime défi, rentre chez toi avant de ne te ridiculiser davantage !

- Ta vision est altérée par ton égocentrisme permanent ! Regarde ma bête, regarde ses belles cuisses galbées, son museau grâcieux.

Riley porte ses mains coupes, désignant le dragon miniature placé devant Perceval.

- On ne donne pas de perles aux cochons, on te l’a jamais dit ? Le tien est tout juste bon à exposer dans un cirque. Une vraie bête de foire ton dragon ! Une volaille de pacotille, ah ça oui !

Riley mime un crachât au-dessus de son épaule

- La seule chose altérant ma vision actuellement est ta laideur, seule et unique chose légendaire à ton propos ! Les cuisses de ton dragon sont trop fines, son museau ne cache qu'une mâchoire dénuée de force et des dents pourries !

Ben' désigne le pauvre petit dragon origami incomplet servant de représentation à l'Opaloeil de Riley-Hildegarde

- Il est tout aussi difforme que toi ! Aussi inutile que toutes tes inventions et tes trouvailles ! Mais puisque tu refuses de voir la réalité en face, réglons tout cela une bonne fois pour toute, en un duel aérien à mort !

Riley plaque ses mains sur ses joues dans une expression horrifiée

- Oh oh oh !! Maman, j’ai peur !

Un rictus mauvais fend les lèvres de Riley

- Je n’oublierai pas de souiller ton corps avec mon beau dragon, quand tu auras mordu la poussière. Tu auras toute l’éternité en enfer pour regretter de m’avoir défié, moi. MOI, l’illustre dresseuse de dragon, MOI la meilleure des sorcières !



  "Échaudés par cette joute verbale, les deux rivaux sautèrent sur le dos de leur dragon sans perdre un instant, d’un mouvement gracieux et maîtrisé pour Perceval et confus et désordonné pour Hildegarde. Aussitôt qu’ils furent installés sur leurs montures, les deux sorciers s’élancèrent en direction du ciel, bouillonnant de rage et prêts à en découdre l’un avec l’autre. Leur animosité se communiqua aux dragons qui commencèrent à cracher d’impressionnants jets de flamme. Si Perceval et Hildegarde n’avaient pas été aussi occupées à s’entretuer ils en auraient sûrement profité pour lancer une énième compétition concernant la longueur des flammes.

  Le combat qui se déroula dans le ciel ce jour-là est certainement le plus grand combat magique que le monde ait jamais connu. Rien ne fut épargné, dans ce balais aérien mortel et majestueux, où jets de feu et de magie s’entrelaçaient et se repoussaient avec violence, créant un spectacle pyrotechnique impressionnant dans le ciel du Nord. Le combat dura des heures, sans jamais perdre en intensité, les deux rivaux étant d’un niveau égal et les dragons animés par l’énergie vengeresse de leur maître. Cependant, alors que la nuit noire recouvrait le paysage glacial et désertique, Hildegarde fut violemment éblouie par le reflet d’un sortilège sur les écailles du dragon adverse. Désorientée, elle ne put éviter le sortilège lancé par Perceval et, dans un dernier éclat, son dragon et elle explosèrent en plein ciel.

  La puissance de l’explosion fut telle que des morceaux de poussières colorée, vestige de la sorcière et de sa monture commencèrent à pleuvoir sur la neige, alors que Perceval, victorieux, faisait atterrir son dragon. L’ardeur du combat ne rendait sa victoire que plus impressionnante mais reconnaissant le mérite de sa défunte rivale il décida d’honorer cet affrontement légendaire pour que le monde s’en souvienne. D’un coup de baguette il rassembla toute la poussière colorée issue de l’explosion et la fixa dans le ciel, donnant ainsi naissance à ce que nous connaissons sous le nom d'aurore boréale."

On parle. Un peu, beaucoup, énormément. C’est trop, trop pour moi, mais on m’a appris à ne pas pénaliser les autres et je sais faire des efforts, alors je participe. On s’organise, même si le Poufsouffle s’est mis à jouer au petit train avec ses bouchons. Joli jeu qui aurait pu s’avérer intéressant ni nous n’avions pas été en cours ni en travail de groupe, mais soit, je le laisse faire, on est trois dans le groupe et si deux personnes s’organisent c’est déjà pas mal. Et puis au moins, il a fait notre constellation… On peut donc dire qu’il a participé. Puis de toute façon, il faudra qu’il parle, parce que moi, je ne parlerais pas. Je n’ai pas envie, je ne vois pas l’utilité de raconter une légende qui sera écouté par pas grand monde si on se dit que les élèves n’en ont certainement rien à faire, et puis de toute façon ma voix ne sortira pas devant la classe.

Car oui, il faut passer. La professeure finit par se lever en annonçant le début des récits. Qui veut passer en premier ? Pas nous n’est-ce pas ? Ne passons pas du tout, ça m’arrangerait bien, mais nous verrons ça plus tard. Car c’est Rose, la fille aux étoiles, et Automn, la fille au joli prénom, qui prennent la place de l’adulte. C’est de la poésie de ce qu’ils ont écrit tous les trois, car il y a aussi un garçon inconnu dans leur groupe, un écrit poétique. Une Œuvre réelle, un travail impressionnant. Ce sont des Artistes ! Et si conter une légende bien construire devant toute une classe est compliquée, la chanter comme le fait la Poufsouffle l’est certainement encore plus. Et quand j’entends la professeure applaudir, je fais pareil, mais sans bruit. Non parce que ça fait mal aux oreilles d’applaudir… Mais je fais le geste, ce qui est déjà bien, comme j’ai beaucoup aimé elles ont le mérite d’être applaudies. Des Artistes de l’écriture et du récit, surtout du récit je dirais car c’est un grand exercice compliqué.

Et puis… Les deux filles ont finit, elles vont se rasseoir, et apparemment c’est à nous. Moi, je ne me lève que pour les dessins, enfin le dessin. La constellation, le tire-bouchon proposé par Charlie. Devant tout le monde, je ne suis pas à l’aise, pas du tout. Debout, mais en recul, c’est Tobias qui s’avance, qui commence par parler. Il suit bien le plan, c’est correct. Et le Poufsouffle là, il semble trouver que c’est une bonne idée de se cacher derrière moi. Idée complètement idiote si on se dit que je suis bien plus petite que lui… Et puis, j’ai pas envie qu’il se cache derrière moi ! Ça fonctionnerait bien mieux si on faisait l’inverse. Mais bon, je le laisse faire. Parce qu’il ne faut pas déranger Tobias qui raconte le début de notre légende. Sauf que tout ne se passe pas bien, en plus de s’être caché derrière moi, Charlie interrompt le discours du Gryffondor… Il s’est trompé de moment, évidemment il fallait bien que ça arrive à force jouer au petit train avec des bouchons ! En soit, ça aurait pu aller si Tobias ne s’était pas mis à râler, coupant ainsi totalement notre légende. Et on ne peut pas se permettre d’obtenir une mauvaise note à cause d’une mauvaise compréhension ! Et comme on est trois, c’est moi qui intervient «Tu te tais et tu le laisses parler s'il a envie.» je murmure à notre premier conteur. Après tout, c’est monsieur tire-bouchon veut parler, autant le laisser faire ! Pourtant, il n’a pas l’air très à l’aise. La seule chose qu’il trouve à faire pour être à l’aise, c’est de détruire presque toutes nos inventions pour refaire tout le boulot en improvisation totale. Sérieusement quoi, pourquoi on a fait tout ça ? J’entends le Gryffondor faire quelque remarques, mais je ne dis rien, repérant approximativement le moment où je dois dessiner. Et je trace la constellation, je m’applique bien, je reproduis ce qu’avait proposé notre second conteur. Je fais le dessin bien grand, pour que tout le monde puisse voir ! Et Charlie continue, il parle de la transformation douloureuse de Merlin, de la date de son observation possible. C’est vrai que ça doit faire super mal de se transformer en étoile !

La présentation terminés, Charlie salue les autres, étonnée par ce geste je reste là debout sans savoir quoi dire, et comme il n’y a rien à dire je pars à ma place à mon tour. Enfin, c’est pas vraiment ma place mais bon… Ça ira. Puis après nous, c’est un Gryffondor déjà vu dans plusieurs cours qui passe, avec le grand géant et la bleue que je connais aussi un peu. C’est le rouge et or qui parle, la légende de leur groupe porte sur un drôle de bonhomme qui fait des potions pour l’amour et une guerre gagnée grâce à ces potions. Ça devait être drôle à voir, des gens amoureux de leurs ennemis ! Enfin, il ne faut pas oublier non plus que c’est une légende, que c’est faux. Je crois que ça l’est en tout cas. À la fin du récit, les potions sont proposées en dégustation, mais personne ne dit oui. Normal, qui en aurait envie ? En tout cas moi, non, désolée pour leur travail. Mais l’histoire était bien, amusante, alors j’applaudis aussi, comme la professeure, en silence évidemment.

Le groupe suivant propose une scène de théâtre, à quoi s’attendre d’autre de la part du Serdaigle au multiples noms ? Il faut bien dire, c’est une belle histoire encore. Je crois qu’il y a beaucoup d’Artistes dans la classe, même si ça dépend de qui a réellement travaillé dans le groupe. Nous ne somme pas là pour juger quoi que ce soit, mais pour écouter les légendes. Alors je reste concentrée et j’écoute bien, puis j’applaudis à la fin. Je crois qu’il faudrait faire des cours comme ça plus souvent ! Créer des histoire, même si ça serait mieux seul, et faire des dessins aussi. Ce sont des bons moments quand on écoute… Mais si j’avais été seule, j’aurais dû passer seule devant classe. Sauf que j’aurais fait des dessins, pas besoin de parler.

Le cours se termine donc sur ce dernier groupe, la professeure semble très contente de ce qu’on a fait. Je crois que je l’aime bien cette dame au nom de famille compliqué, elle a l’air de bien aimer les histoires. Qu’est-ce qu’elle aurait fait, elle, comme légende ? Ça, je me le demande bien. D’ailleurs quand elle demande si on a des questions ou des remarques, je suis bien tentée de lever la main pour lui demander ce qu’elle aurait créé. Parce que moi aussi, j’aime bien les histoires. Et je trouve souvent les adultes très sérieux, trop sérieux, alors je me demande vraiment ce qu’elle aurait pu écrire. Pourtant je n’ose pas, il y a trop de monde. Alors quand la fin du cours est annoncé, je me lève pour rejoindre ma vraie place, et je range lentement mes affaires en réfléchissant. Comment je vais faire pour connaître son imagination ? Sa légende ? Encore dans ma réflexion, je mets le sac sur le dos, jette un coup d’oeil à la professeur. Pour finalement décider d’aller, peut-être un jour, lui poser cette question quand je serais seule. Alors je lui dis «Au revoir» avec un sourire puis je sors de la salle. Ce cours était fatigant mine de rien, j’ai beau ne pas avoir parlé pendant la représentation j’ai beaucoup parlé avant !

On a quand même bien travaillé, même si je n'aime pas beaucoup Callaghan, le fait d'avoir pu la vaindre en duel à dos de dragon, même si ce n'est qu'une fiction, ça me plaît beaucoup. Alors je suis très content de la façon dont se termine ce cours, d'autant plus qu'Amy s'est montrée vraiment bonne conteuse ! Quant aux dragons en papier d'Orwell... Boarf, l'important c'est de participer, pas vrai ? De toute façon, les yeux étaient rivés sur moi, grande star de la légende, alors à quoi bon s'attarder sur les autres ? J'ai été parfait, et c'est tout ce qui compte.

D'ailleurs, la prof semble ravie de la tournure du cours. Tous les passages lui ont plu, et je dois vouer que, pour un cours normalement théorique et rasoir, elle a réussi le tour de main de rendre tout ça absolument formidable. Avec mon aide, c'est vrai, mais quand même, je lui tire mon chapeau ! Elle annonce alors la fin du cours, et je ne perds pas de temps pour rassembler toutes mes affaires avec soin, les rangeant comme il le faut dans mon sac avant de me diriger vers la sortie. Quoi que... Avant toute chose, je dois remercier la professeure comme il se doit d'avoir accepté de laisser ma créativité s'exprimer.

Alors sans me soucier du fait qu'une élève soit déjà avec elle, probablement pour lui poser une question, je m'approche avec mon sourire habituel.

- Merci pour ce cours, Professeure, c'était vraiment super. Bon, la prochaine fois que vous basez votre cours sur moi, n'hésitez pas à me le dire, que je prépare les choses, vous verrez, ce sera encore mieux que mes improvisations ! Au revoir !

Et sur ce, je lui claque un bisou sur la joue, sans même lui laisser le temps de répondre parce que je disparais déjà dans un coup de vent. J'ai encore trop d'énergie à revendre, il faut absolument que j'aille m'entraîner un peu histoire de faire redescendre tout ça. J'adore cette journée !