La fille au joli prénom est enchantée, et je souris, amusée, en me demandant de quel genre d’enchantement elle parle. Magie, ou une sorte de joie de connaître mon prénom ? Il peut y avoir pleins d’autres idées si je prends le temps de réfléchir, mais je ne le prends pas car elle s’installe et d’autres personnes font leur arrivée. Une Jaune, Grande, le Bleu qui veut être une étoile parmi celles du ciel et qui se prend pour une personne extraordinaire, mais qui n’est rien d’autre qu’extraordinairement exaspérant, même égoïste et pas très gentil au final, ensuite c’est la Grande Bleue que je connais un peu, puis vient un nouveau Jaune, qui d’ailleurs est… Étrange ? Original. Un garçon plus vieux que moi qui joue avec des tires-bouchons, c’est lui qui le dit. Drôle de jeu, jeu qui suscite la curiosité de la professeure semblant intéressée par l’idée de se faire elle aussi des bouclettes. Est-ce pour ça que le jaune a les cheveux aussi bouclés ? Dans les livres, les grandes dames utilisent des bigoudis pour boucler leurs cheveux, mais pourquoi pas un tire-bouchon ? L’idée est amusante alors j’attends moi aussi la réponse du garçon tandis que d’autres arrivent. Un Rouge, un Vert, un autre Bleu, un autre Jaune. Et la réponse arrive, intéressante il faut bien dire, le propriétaire de ce tire-bouchon se révèle donc être un chercheur qui se renseigne bien. Étonnant. Amusant. Même si je n’essaierai pas.

Une autre voix se fait entendre, une voix contente du sujet d’aujourd’hui, une voix que je connais, c’est une Rouge intéressée par les étoiles. Derrière moi des voix se font entendre, une petite discussion en attendant le début du cours qui ne tarde pas à commencer. La professeure se présente, et je sais vite que je ne prononcerais jamais son nom de famille. Oh non, jamais ! Bien trop compliqué, Madame suffira, si j’ai besoin de parler. Elle a l’air d’essayer de rendre son cours intéressant en parlant de comprendre le monde actuel et de savoir d’où l’on vient. Ces deux idées sont particulièrement étranges puisque de mon point de vue on sait tous d’où on vient, on l’a appris à l’école, je l’ai lu dans des livres. Et pour comprendre le monde actuel… Évidemment qu’elle parle de celui de la magie, vu le nom du cours, donc si elle a une explication logique sur pourquoi on écrit avec des plumes au lieu d’utiliser un stylo, je veux bien. Mais déjà, elle gagne en intérêt avec ce qui est écrit sur le tableau, Légende, ça me plaît bien ça.

Et elle enchaîne avec le sujet du cours, les questions auxquelles il faut répondre parce que c’est ainsi que l’on fait avancer le cours. Il y a une question compliquée, des légendes de sorciers j’en connais pas, puisque les licornes et autres créatures magiques existent réellement. Mais j’aime bien les deux premières questions, des questions intéressantes et originales puisque je ne me les suis jamais posées. Et si je ne parle pas, j’écoute avec attention les réponses des autres, dont la première est celle de Rose, celle qui aime bien les étoiles, je me souviens d’elle. Opposition de légende et conte, c’est une bonne idée. Puis c’est au tour de la Jaune à côté de moi, qui parle de la légende en tant qu’Être Humain important, idée appuyée par une autre personne qui prononce un drôle de nom déjà entendu. Serpentard, c’est pas le nom d’une des "maisons" ? Si, même que c’est la verte et argent je crois. Bref, c’est pas important, il faut écouter la suite. Le Bleu se met à parler, toujours aussi bruyant, se qualifiant lui-même de légende. Il exagère quand même un peu, beaucoup aussi non ? À l’école, on ne peut pas déjà être une légende. Et souvent, les gens deviennent des légendes une fois mortes. Ah, c’est une bonne chose à retenir, voir même à dire ! Il termine par se présenter, le nom de famille est toujours le même mais j’ai l’impression que pour le prénom ce n’est pas le cas. Je me demande bien combien de prénoms il a… C’est ensuite une fille qui vient, qui appuie à son tour sur ces légendes autrefois vivantes, les histoires contées aux enfants disparaissant du sujet du cours. C’est triste, car elles sont nombreuses. Il faut absolument que j’en parle. Mais d’abord, c’est le garçon des tires-bouchons qui parle, ajoute à la liste de légendes une forme à laquelle je n’avais jamais pensé. Mais qui est tout à fait logique, évidente, existante ! Et puis il ajoute quelque chose de vraiment drôle, ce qui s’apparente à un conseil mais qui n’en n’est certainement pas un pour le Bleu, dont l’envie ne doit pas être une légende comme celle décrite par le Jaune. Au moins il a tenté de l’aider, et le garçon-aux-plusieurs-noms devrait être un content.

À mon tour je lève la main pour rappeler l’existence des légendes racontées, mais lorsque la professeure me donne la parole je reste un instant muette, hésitante. C’est bien beau de lever la main, mais ça ne suffit pas, il faut aussi parler, remettre dans les mémoires des plus Grands ces belles histoires moldues. D’ailleurs… Les légendes "moldues" sont-elles vraiment des légendes ? Les "moldus" pensent avoir imaginé la licorne, mais en réalité elles existent. Alors, légendes ou pas légendes ? «Les légendes, c’est beaucoup de choses différentes en fait. Mais il ne faut pas oublier celles qui ont été créées pour raconter des histoires. Chez les gens sans magie, il y a pleins de légendes avec des créatures imaginaires ! Et on fait des histoires avec, on créé un personnage ou on en prend un qui a vraiment existé, pour enjoliver son histoire.» Je me retourne légèrement vers le Grand Bleu pour lui dire «D’ailleurs, il va falloir que tu meures si tu veux être une légende. On dit d’une personne que c’est une légende parce que, dans son vivant, elle a fait des choses très importantes. Alors tu dois faire des choses très importante puis mourir, et là peut-être tu seras une légende.» Et en regardant à nouveau la professeure, je lui demande avec curiosité «Oh madame, j’ai une question justement, les moldus pensent que les licornes et autres créatures magiques n’existent pas et donc ces créatures sont devenues des légendes chez eux. Mais pour les sorciers, ce ne sont pas des légendes. Alors on fait comment dans ce cas pour décider de si ce sont des légendes ou non ?»

Les arrivées furent aussi rapides que les réponses aux questions qui étaient posées. Pas de doute le bleu se prenait vraiment pour une légende. Pas de doute il m'agacait profondément mais je devais faire profil bas. Inutile de faire une esclandre en lui rentrant dedans. Je regardais tour à tour c ux qui répondaient en essayant de retenir leur prénoms. Il fut bien aisé de retenir celui de mon compagnon de maison, mais les autres n'était pas si évident.

Toute ces réponses qui fusaient étaient aussi complète et définissait bien le mot légende. Pas de doute il fallait que je m'y mette à fond dans ces cours pour qu'on ne me prenne pas pour un idiot infini.

"Bonjour Adam Berkano, pour moi le mot légende pourrait se définir comme un mix entre le réel et l'imaginaire."

Voilà j'avais participé au cours. C'était pas évident pour moi de prendre la parole et j'avais toujours les mots creux d'Adams qui résonnait. Ça m'agacait mais deux trois élèves,, ont essayé de le remettre à sa place, mais à son niveau d'orgueil c'était peine perdu.

La petite bleue avait donné une réponse super claire. Elle avait envoyé valser son homologue de couleur, et avait posé une question plus que pertinente. Elle était doué. J'attendais qu'elle me regarde avant de lui faire un signe avec mon pouce en l'air pour montrer que sa réponse était vraiment top!

Orwell est assis bien droit à côté du Serdaigle qui le domine bien d'une tête, privilège de l'âge. La classe se remplit, le jeune Serpentard assiste à une scène ubuesque du Poufsouffle chelou du train, Charlie, face à la professeure qui tente de comprendre comment un tire-bouchon a pu se coincer dans les cheveux du gamin. Ridicule. Primrose est dans le top du classement d'Orwell dans les gens chelous de ce wagon. Il jeta un coup d’œil derrière lui, pas de trace du Serdaigle, Cashel, qui convoite peut-être la première place aux côtés de cet idiot de Poufsouffle. Orwell se détendit au fond de sa chaise, attendant que le cours commence. Ce fut Benedict qui le sortit de sa rêverie en lui demandant qui étaient les personnes à qui j'avais peut-être accordé trop d'attention. Orwell remarqua à ce moment l'arrivée de l'autre Poufsouffle, la grande tige, là. Le demeuré qui s'était rangé comme une valise. Il n'arrivait pas à comprendre comment Roxburgh pouvait bien le supporter. Roxburgh, il avait au moins un peu d'honneur, un peu de hargne, il faisait naître l'étincelle dans les yeux d'Orwell quand l'un ou l'autre se provoquait. Voilà un élève qui avait du mordant, le seul, d'ailleurs, que le Serpentard avait rencontré dans le train. Orwell soupira avant de faire face à son voisin.

« _ Des nazes. On s'est retrouvé dans le même wagon du Poudlard Express à la rentrée. Ç'a été le trajet le plus long de toute ma vie. J'ai failli tous les cogner. Trop relous. Orwell agrémenta la fin de sa phrase par un nouveau soupire, profitant de chahut général de la classe pour passer inaperçu. »

Finalement, le cours débuta, la professeure donna plus d'explications et c'était parti pour immédiatement interroger la classe sur ce que pouvait être une légende. Évidement, les intellos se précipitèrent pour répondre. Gnah.gnah.Gnah. Moi je sais tout, je suis trop fooorte. Ca avait le don d'énerver Orwell en plus de lui rappeler à quel point les Conte et Légende ne faisaient pas partie de son quotidien. Il les regarda s'exprimer et ne retint finalement que l'intervention d'un autre Serpentard, un géant, il paraît. En même temps, il avait tout d'un géant. Orwell l'a déjà croisé en salle commune, difficile de lui arracher un mot, voire plusieurs. Ce gars l'intriguait.

Évidement, l'intervention la plus palpitante fut celle du nouvellement dénommé Nolan, qui arracha un franc rire de surprise et d'admiration à Orwell. Benedict était vraiment tout ce qu'il rêvait d'être, mystérieux, joueur, capable de tout et sachant attirer l'attention quand il le fallait. Orwell ne se sentait pas l'âme d'un meneur mais était parfois envieux de ce type de personnage. Un sourire aux lèvres, il écouta attentivement les paroles du Serdaigle lorsqu'il se rassit et zieuta immédiatement la salle de classe lorsqu'il l'invita à le faire. Des jaloux et des envieux, mais pas comme lui, parce que lui, il avait la confiance et la chance d'être au moins un peu l'ami de cette légende.

Une fois les diverses réactions passées au crible, le Serpentard se rendit compte qu'il n'avait rien envie d'ajouter au cours, qu'il n'avait rien à dire et qu'il avait encore moins envie de parler. Être là à regarder les conneries amusantes de Benedict lui suffisait amplement. Bien sûr, l'intervention de Primrose au sujet des légendes était à nouveau à côté de la plaque et Orwell n'hésita pas à se moquer de lui en pouffant dans sa robe et en chuchotant à son voisin.

« _ 'tain mais c'ui là c'est vraiment un cas... »

À chaque réponse, la professeure écrit des mots au tableau, comme pour faire un brouillon de ce qui ce dit, pour ne rien oublier des choses importantes. C’est une bonne idée je trouve. Elle est gentille l’adulte, parce qu’avec ma question j’interromps un peu le flot de réponses qui arrivait petit à petit, mais elle me répond quand même, une réponse un peu compliqué malgré le fait que je reste concentrée de mon mieux. Ce qu’elle veut dire, c’est que le fait qu’une légende soit appelée légende dépend des gens ? Des peuples, voir même des croyances et habitudes ? Elle a raison, je vais pouvoir réfléchir dessus. Et pendant qu’elle interroge un autre élève, je commence à écrire ce qu’elle vient de dire sur l’appellation de légendes. C’est un point important, mais il faudra y réfléchir plus tard puisque là on est en cours. Lorsque tout le monde semble avoir donné son avis et ses réponses, ou du moins tous ceux qui voulaient participer, la professeure reprend la parole en lisant les mots du tableaux pour faire une sorte de résumé. C’est qu’il y a eu tant de choses dites que tout retenir est compliqué ! Alors j’écris aussi les mots du tableaux sur un parchemin tandis que l’adulte les réunit dans des phrases pour ensuite dire que c’est très intéressant. Bonne nouvelle, ça serait un peu inquiétant si nos interventions n’avaient pas été intéressantes, à quoi ça aurait servis ? Je n’aurai pas aimé l’idée d’avoir parlé pour rien. Mais ce n’est pas le cas, et elle enchaîne sur une multitude de questions qui méritent toutes qu’on s’y arrête et réfléchisse sérieusement là-dessus. Les questions sont surtout sur le sujet de la légende humaine, comme ce que le Serdaigle-étoile veut être. Enfin, pense être. Et sur un monsieur avec un nom étrange que j’ai déjà lu dans un livre une fois à la bibliothèque. Un méchant, mais c’est à peu près tout ce que je sais.

Mais je ne sais pas quoi dire ni quoi répondre, y a trop de questions pour que j’arrive à réfléchir sur toutes en même temps ou même sur l’une d’entre elle sachant que des élèves se mettent à parler. Alors je préfère me concentrer sur les réponses données, ça commence par Rose que je connais et qui résume un peu ce que j’avais dit plutôt à Plusieurs-prénoms pour lui expliquer comment être une légende, mais peut-être en mieux expliqué je trouve. D’après moi c’est tout à fait ça, faire un truc super connu et important, que ce soit une chose bien ou mal d’ailleurs, puis d’être super connu, ensuite mourir et là, être appelé légende parce que tout le monde, ou presque, connaît cette personne. Et pourtant la Poufsouffle à côté de moi ne semble pas du même avis, parlant d’être une légende avant même d’exister dans le monde. C’est étrange, et pourtant les arguments ne sont ni brouillons ni idiots, donc j’écoute sérieusement. Je connais l’exemple qu’elle donne, on l’a un peu étudié à l’école, et elle le connaît bien. En fait, légende est un mot compliqué, car le définir est compliqué. Être une légende est donc encore plus compliqué puisque l’Humain est compliqué, bien évidemment. Incompréhensible, impossible, étrange, tout ce que vous voulez. Et tout ça, ça décourage de parler, il y a trop de possibilités de dire des bêtises, de faire des bêtises, trop de choses à réfléchir en même temps. Donner son avis sur une question compliquée est compliqué. Puis j’ai déjà beaucoup parlé, n’allez pas dire le contraire, donc plus besoin de parler, juste écouter. Et après c’est la Serdaigle d’un cours de vol qui parle, elle semble savoir qui c’est Voldemort, même si je trouve ça étrange de le comparer à Barbe Bleue. Imaginer cet homme avec une baguette magique et une robe de sorcier me fait sourire. La Grande poursuit avec l’origine réelle d’une légende, qui serait par la suite… Rendue magique ? Enjolivée ? C’est intéressant comme réponse ! Et après elle c’est un Gryffondor qui pense aussi qu’il faut être mort pour être une légende. Et si c’était comme la définition de légende… Que ça dépendait des gens et des croyances ? Ça rendrait tout ça bien plus simple.

Orwell a pas l'air de beaucoup aimé les gens qu'il regardait. J'ai du mal à comprendre pourquoi il regarde des gens qu'il aime pas alors qu'il a la perfection à ses côtés, mais chacun voit midi à sa porte. Je me contente d'une claque amicale sur son épaule pour lui donner tout mon soutien. Le cours continue. Il y a le Poufsouffle bizarre qui parle. Il parle d'une légende de carte, comme si ça avait sa place en cours d'histoire de la magie. Et après, il me dit que je pourrais me transformer en légende avec une pancarte et un code couleur devant le tableau. Je le regarde un instant, vraiment surpris de sa réponse, avant d'éclater de rire. Ce type est vraiment à l'ouest. Et ça ne semble pas plaire à mon voisin. Je hausse les épaules pour lui répondre en chuchotant.

- Il est bizarre ouais... Mais je crois qu'il est juste attardé, avec ses tire-bouchons et tout. La dernière fois je suis tombé sur lui dans le couloir, on aurait dit que j'avais tué l'entièreté de sa famille.

Oui, je suis hyper ouvert d'esprit. Primrose n'a pas l'air d'être un mauvais gars, juste... Je comprends rien à ce qui se passe dans sa tête. Je me demande même s'il s'y passe quelque chose dès lors que ça n'a aucun rapport avec les tire-bouchons... Après, c'est la gamine de ma maison qui dessine des dragons qui ne font pas peur et qui ne sait pas chanter qui parle. Et elle dit que je dois mourir pour devenir une légende. Je crois qu'elle a pas compris le principe de légende vivante. Je me contente de lui lancer un sourire amusé et supérieur. Elle est trop jeune pour comprendre quoi que ce soit la pauvre.

Finalement, j'arrête d'écouter. Il y a la prof qui parle, qui parle beaucoup, mais ça ne m'intéresse pas. Parce que ça ne parle pas de moi. Quel intérêt a ce cours s'il ne porte pas exclusivement sur ma personne ? Je pousse un soupir. Poudlard n'est pas l'école élitiste que je mérite. Je devrais en parler à Velina et aux parents d'Angela, qu'ils m'envoient ailleurs. Quelque part où mon potentiel pourrait réellement s'exprimer. Parce qu'ici, à part avoir un public plutôt naze, je ne peux pas me donner à fond. Et c'est bien dommage.

Plein de gens parlent, ils disent des trucs nuls, et moi je tapote sur ma table avec mes doigts. On parle à présent du conte sur les frères Peverell. Ou de la légende, peu importe. Un type de Gryffondor répond, c'est à mon tour de me lever pour prendre la parole.

- Si certains ici ne connaissent pas l'histoire des Reliques de la Mort et des trois frères Peverell, je me ferai un plaisir de la raconter !

Oui, ça n'apporte rien au cours. Mais faut penser aux pauvres petits enfants qui ont grandi parmi les moldus et qui n'ont pas eu accès à ce savoir. En plus, je suis un orateur de grand talent. Je me rassois, parce qu'il me faut tout de même l'autorisation de la prof pour ça. Et je me penche à nouveau vers Orwell.

- Si on me dit non, va falloir qu'on trouve quelque chose pour rendre ce cours plus intéressant, je vais mourir d'ennui si ça continue.

Tous les élèves semblent avoir parlé, enfin tous ceux qui le veulent, moi je n’ai pas parlé puisque je n’en n’avais pas envie. Car après le dernier blablatage, c’est la professeure qui reprend la parole. Et elle revient rapidement sur le conte dont a parlé la Grande Bleue, donnant un second exemple, elle a l’air de penser que certains élèves ne connaissent pas bien ce genre de contes. Pourtant, c’est la base des lectures des enfants ça ! Mais c’est vrai que c’est moldus. Les Sorciers se pensent-ils donc si différents au point de ne pas connaître les contes des Moldus ? Ce n’est pourtant pas si difficile de lire des livres des gens qui n’ont pas de magie ! C’est bien triste pour ces Sorciers, car ce sont des beaux contes. En plus, ces personnes-là n’ont aucune excuse valable puisqu’ils connaissent l’existence des Moldus, contrairement aux Moldus qui ne connaissent pas l’existence réelle de la magie. Enfin bref, il faut écouter la professeure qui ne semble pas trouver ça anormal de ne pas connaître des histoires pourtant si connues chez les moldus. Me reconcentrant donc sur les paroles de l’adulte, elle parle de fonctions de ces légendes et contes, essayant ainsi de différencier les deux. La définition de légende est compliquée, très compliquée, trop compliquée. L’adulte écrit des phrases au tableau, c’est plus simple comme ça alors j’écris la même chose sur mon parchemin, elle est belle la deuxième phrase. Flou, c’est flou, c’est exactement ça. C’est comme un mystère que l’on cherche en ce moment même à élucider, sans pourtant réellement y arriver. En même temps que j’écris, la professeure explique son dernier mot, Construction. Toute histoire est une construction, pour moi c’est évident.

Mais la dame ne semble pas s’intéresser tant que ça aux contes des Moldus, et en même temps ça se comprend. Dans Histoire de la Magie, il y a Magie, et Magie n’est pas Moldue. Alors forcément, elle veut des trucs magiques, des histoires de Sorciers. Ce qu’elle veut maintenant, c’est l’histoire de deux frères, deux personnes qui certainement doivent êtres importantes sinon ça ne serait pas intéressant. Mais ces Peverell, je ne les connais pas. Ils ont un nom de famille étrange, c’est même pas très joli, mais c’est pas fait pour être joli. Et forcément, vu que je ne connais pas ces gens, je ne peux répondre à rien. C’est pas très pratique. Un élève parle, un Lion Rouge, il parle de trucs bizarres, Les Reliques de la Mort, ça me dit rien et ça n’a pas l’air trop super joyeux histoire. Pourtant il donne le nom de trois objets qui n’ont pas l’air très effrayants, contrairement à ce que laisse entendre ce truc de Reliques de la Mort. Une baguette, une cape magique, et une pierre. Le garçon ajoute une question, mais moi j’aurais préféré qu’il nous raconte l’histoire. J’aime bien les histoires ! Puis ça a l’air intéressant, et je connais pas, c’est triste. Alors quand le garçon qui se pense une légende propose de raconter cette histoire des frères Peverell, apparemment au nombre de trois, j’espère grandement que la professeure va dire oui. Ou alors va la raconter elle-même, je m’en fiche un peu de qui raconte, j’aimerais juste qu’elle soit racontée. Après tout, c’est compliqué de réfléchir sur un truc qu’on ne connaît pas !

Saison 30
Automne

Le cours d’Histoire de la Magie suivait son rythme, oscillant entre interventions sensées et remarques superficielles. Dans tout ce mélange, ce méli-mélo de conversation, je me débrouillai pour prendre des notes correctes. C’était chose ardue, compte tenu du débit de parole qui ne ralentissait pas. Mais je m’en satisfaisais, la professeure savait où elle mettait les pieds et synthétisait l’essentiel des informations données.

Je profitais d’une soudaine pause de parlote pour observer les étudiants présents dans la salle. Ils étaient intéressés, pour la plupart, signe que le cours d’Histoire de la Magie n’était en fait pas si barbant qu’il en avait l’air. Évidemment, je l’avais toujours su, mais c’était agréable d’en voir ouvrir leur esprit à des aspects plus théoriques de leur quotidien. Bien sûr, d’autres signalaient ouvertement leur ennui. Grand bien leur fasse. S’ils pouvaient s’ennuyer en silence, ça arrangerait les affaires de tout le monde.

Les légendes, j’y croyais moyennement. Petite, jamais personne n’avait pris la peine de m’en apprendre. Mes légendes c’était le Père-Noël de Coca-Cola, la petite souris qui ramassait les dents et... Et c’est tout. Ce n’est que bien plus tard, à Poudlard, que l’ennuie me poussa à feuilleter des pages racornies, à lire des écritures anciennes et à vraiment me pencher sur les contes moldus et sorciers. Les Peverell étaient très connus, leur histoire faisait partie - entre autre - d’un recueil de conte de Beedle le Barde. Édité et réédité. Presque tous les sorciers en avaient entendus parler, aussi je préférais les laisser intervenir. Ils sauraient sans doute mieux l’expliquer.

À l’orphelinat, les livres étaient utilisés pour caler des meubles bancals ou faisaient office de projectiles. Donc des histoires, à part réelles, je n’en connaissais pas vraiment. Deliers apporta quelques éclaircissements que je griffonnai en hâte sur mon parchemin. Il semblait intelligent, en tous cas j’avais eu l’occasion de l’observer dans différents cours et il faisait régulièrement des interventions intéressantes. Un Serdaigle (Benedict) celui qui me rendait folle avec sa suffisance, fit un autre éclat. Tout dans le baratin, rien dans le caleçon. Si seulement il pouvait s’étouffer avec ses propres mots.

- Moi je ne la connais pas, mentis-je.

Sourire hypocrite de circonstance. Il serait certainement trop imbu de lui-même pour descendre de ses grands chevaux, mais si ça pouvait faire avancer le cours plus vite, c’était déjà mieux que de rester à se regarder dans le blanc des yeux. En réalité, sa réponse m’intriguait, peut-être pouvait-il m’en apprendre davantage ? J’en doutais, mais sait-on jamais. Et puis, avec un peu de chance, il pourrait mourrir en oubliant de respirer.

- Je t’en prie, fais-nous profiter de ton incroyable connaissance du sujet, dis-je sarcastique.