Cours n°1 - Histoire et légendes

On a quand même bien travaillé, même si je n'aime pas beaucoup Callaghan, le fait d'avoir pu la vaindre en duel à dos de dragon, même si ce n'est qu'une fiction, ça me plaît beaucoup. Alors je suis très content de la façon dont se termine ce cours, d'autant plus qu'Amy s'est montrée vraiment bonne conteuse ! Quant aux dragons en papier d'Orwell... Boarf, l'important c'est de participer, pas vrai ? De toute façon, les yeux étaient rivés sur moi, grande star de la légende, alors à quoi bon s'attarder sur les autres ? J'ai été parfait, et c'est tout ce qui compte.

D'ailleurs, la prof semble ravie de la tournure du cours. Tous les passages lui ont plu, et je dois vouer que, pour un cours normalement théorique et rasoir, elle a réussi le tour de main de rendre tout ça absolument formidable. Avec mon aide, c'est vrai, mais quand même, je lui tire mon chapeau ! Elle annonce alors la fin du cours, et je ne perds pas de temps pour rassembler toutes mes affaires avec soin, les rangeant comme il le faut dans mon sac avant de me diriger vers la sortie. Quoi que... Avant toute chose, je dois remercier la professeure comme il se doit d'avoir accepté de laisser ma créativité s'exprimer.

Alors sans me soucier du fait qu'une élève soit déjà avec elle, probablement pour lui poser une question, je m'approche avec mon sourire habituel.

- Merci pour ce cours, Professeure, c'était vraiment super. Bon, la prochaine fois que vous basez votre cours sur moi, n'hésitez pas à me le dire, que je prépare les choses, vous verrez, ce sera encore mieux que mes improvisations ! Au revoir !

Et sur ce, je lui claque un bisou sur la joue, sans même lui laisser le temps de répondre parce que je disparais déjà dans un coup de vent. J'ai encore trop d'énergie à revendre, il faut absolument que j'aille m'entraîner un peu histoire de faire redescendre tout ça. J'adore cette journée !

...

Ça n'a été qu'une présentation, mais tu te sens fatiguée. Peut-être parce que ça fait longtemps que tu n'as pas autant réfléchi dans un cours ou donné de ta personne, peut-être aussi que le soulagement d'après présentation ajoute à ta sensation d'être vidée. Si bien que les présentations suivantes, tu ne les écoutes qu'à moitié, les yeux dans le vide, pas vraiment ailleurs, pas vraiment là non plus.

Le groupe passé directement après vous te laisse un temps perplexe, quand tu tentes de t'y intéresser : une histoire de constellation -tu reconnais la patte d'Elida - sur les tires-bouchons. Ça aurait pu te surprendre, mais on parlait du blond bruyant avec un tire-bouchon coincé dans les cheveux, alors ça te paraît presque normal au final. Tu aurais bien applaudi, juste pour la petite Serdaigle, pour lui montrer que tu l'avais trouvé bien, mais personne n'avait pris l'initiative de le faire, alors tu ne bouges pas de ta position, la joue écrasée sur le poing.

Puis, dans un instant d'égarement plus intense devant la présentation qui suit, tes yeux passent sur la brune à côté de toi. Tu te demandes si tu la reverras dans un autre cours, si vous vous croiserez au détour d'un couloir. Si tu peux lui envoyer un hibou, un jour où tu penseras à elle. Ou si votre rencontre n'aura d'impact que dans sa fugacité. Tu lèves un sourcil, étonnée de la profondeur de tes réflexions. Peut-être que c'est un peu trop profond pour toi, ou alors est-ce le bruit de la nouvelle présentation qui attire ton attention, tu quittes tes pensées et fixes tes yeux sur le bleu qui parle. C'est celui qui avait pris la parole sans y être invité. Il a un joli visage, lisse, les traits fins, et ça te fait penser que toi, à côté, tu n'es pas exceptionnelle. Merci à tes parents, tu n'es pas "l'aide", c'est évident, mais personne ne penserait à toi en se disant que tu es "cette fille magnifique". Ça te donne à réfléchir. Tu fronces tes sourcils maintenant. Heureusement que tu n'es pas comme ça. Tu regardes de nouveau la Poufsouffle à côté : elle non plus n'est pas "la plus belle". Un coin de tes lèvres se soulève dans un demi sourire. Elle n'en a pas besoin, elle reste jolie, et son charme fait le reste. Tu préfères être comme elle, t'imposer pour autre chose que ton visage, pour des choses plus profondes qu'une beauté futile et extérieur. Rassurée, tu considères le garçon, et te dis qu'effectivement, il est beau, mais que finalement, il est bien trop énervant pour te plaire. Il semble moins inaccessible, presque humain. Ça ne doit pas être facile pour lui non plus. Peut-être même qu'être beau lui rend la vie encore plus dure qu'elle ne l'est pour les autres. Qui sait. Tu n'es pas assez superficielle pour être attirée par quelqu'un seulement pour son visage. Et Automn ne le semble pas non plus.

Après un combat de dragons en papier plus intéressant que le reste, la professeur prend la parole, tu n'avais pas réalisé que tout le monde était passé. Elle semble contente, tu te sens encore un peu plus fière, tu offres même un sourire à ton groupe pour partager ta bonne humeur. Et puis, sauf pour les remarques que certains pourraient avoir, le cours prend fin. C'est passé vite ! Tu te tends, bras en l'air, une grande inspiration pour te dégourdir, et tu te tournes vers tes compagnons :

« Une bonne chose de faite ! Merci pour ce travail de groupe, c'était génial. »

Tu attends un peu, soudain intimidée. Ce n'est pas vraiment elle qui t'intimide, ou peut-être que si, mais la perspective de ne jamais se recroiser fait se tendre les muscles de tes épaules. Tu t'adresses à Automn :

« Si tu n'as rien de prévu, on pourrait manger ensemble ? On a encore du temps avant les cours de l'après-midi. »

Tu ne sais pas avec quel cours la jaune enchaînera sa journée, mais tu lui demanderas volontiers si elle t'accorde encore un peu de temps.

La première qui s'approche est Jennifer. Je lui souris en finissant de ranger mes parchemins. Et j'écoute sa question. Je délaisse mon sac pour me redresser et la regarder :

-Ta question est-elle sur pourquoi inventer des légendes ? Ou sur pourquoi des légendes sur des faits réels ? Dans le premier cas, en effet, je trouvais intéressant de booster votre imagination et vous impliquer davantage qu'en vous demandant de recracher une légende déjà bien établie, que vous auriez apprise ou lue dans un manuel. Quant aux faits réels, c'est pour vous faire toucher du doigt le processus de création d'une légende. Même si, dans la réalité, la légende se construit sur des années et des années. Ce n'était, ici, qu'une version ultra courte et expérimentale.

J'espère que ma réponse lui convient.
Je salue d'un signe de main Elida, qui s'en va. Puis c'est Benedict qui fait un petit détour par le bureau.

-L'impro te va pourtant très bien, je réponds. La spontanéité, ça c'est un truc vrai.

Bon, on souffle, maintenant. Un premier cours pas si catastrophique ! Qui aurait crû qu'un jour, je me retrouverais à enseigner à Poudlard ? En quittant le château après mes Aspic, je pensais ne plus jamais y revenir. Et pourtant... voilà que le destin fait bizarrement les choses.

La fin de la présentation terminée, tu ne faisais que trembler. Ce n'était pas un tremblement de peur non, contrairement au tremblement que tu avais lors de l'Edda, mais un tremblement d'après acte. Le tremblement après le pic d'adrénaline, après le pic de stress. Ces tremblements laissèrent bientôt place à une grande fatigue. Tu te sentais soulagée presque. Et tu souriais. Tu souriais parce que tu avais accompli aujourd'hui quelque chose dont tu ne te pensais pas capable. Quelque chose qui t'avait, jusqu'alors, semblé impossible. Et tu en riais presque. Et pendant que les autres parlaient, tu te concentrais sur les tremblements de tes membres, en essayant de les calmer, doucement. En respirant tran-quil-le-ment. Rose à tes côtés. Tu entendais de vagues histoires de dragons, de constellations, de tire-bouchons sponsorisés par Charlie, jeune garçon aux cheveux d'or et de boucles. Qu'il était étrange ce petit bonhomme. D'ailleurs, tu n'avais malheureusement pas pu retrouver son tire-bouchon dans la salle commune. Tu y avais passé un temps fou sans réussir à mettre la main dessus. Soit c'était un camarade qui lui avait fait une mauvaise farce, soit c'était un hibou qui l'a pris comme jouet. Tes pensées s'arrêtèrent net. La volière. Tu n'as pas pensé à regarder dans la volière. Tu allais devoir t'en occuper rapidement !

Tes réflexions sur Charlie et sa collection firent bientôt place à ce sentiment étrange d'être observée. Un petit coup d’œil vers ta gauche confirmait tes soupçons. C'était Rose. Tu sursautas intérieurement. Ton regard se détacha très rapidement pour revenir sur la "scène" de présentation. Tu n'entendais plus que de très loin les voix, et les images qui défilaient devant tes yeux devinrent rapidement très floues. Les applaudissements se firent sourds. Elle t'observait. Pourquoi ? Tu sentais la chaleur monter jusqu'aux pointes de tes oreilles, un peu plus petites que la normale. Tes joues, et ton nez prirent à nouveau cette petite teinte de couleur chaude. Tu n'aimais pas trop ça car tu savais que ça faisait ressortir les quelques taches de rousseur qui couvraient ton visage, mais tu ne bougèrent pas d'un poil. Figée, comme une statue d'une femme grecque qui avait croisé le regard foudroyant de la magnifique Méduse. Tu risquas un autre petit regard. Te regardait-elle toujours ? Oui. "Elle... sourit... Raaaaah". Si tu n'étais pas figé dans tes mouvements, tendue comme un piquet, tu aurais pris ton visage entre tes doigts pour camoufler cette expression beaucoup trop voyante. Tu lui rendis son sourire, non pas parce que c'était poli, mais parce que c'était automatique. Tu ne pouvais pas ne pas lui sourire. Le tableau représentant le coin de ses lèvres se relever était beaucoup trop... impressionnant. Beau. Craquant.

Et le cours continua comme ça, jusqu'aux mots de la professeure. C'était fini. Tu soupiras. Tu aurais voulu que le temps de travail dure plus longtemps. Que le temps de présentation soit plus court. Et maintenant ? Tu n'osais pas vraiment faire le premier pas. C'était plus fort que toi, faire semblant, faire comme si tu n'avais rien remarquer, tout garder pour toi. Ce n'était pas bon, tu allais le regretter. Mais tu ne pouvais pas faire autrement, aller vers les autres, ce n'était pas vraiment toi. Sa voix mélodieuse et satisfaite rompit le brouhaha qui envahissait l'espace pour la fin du cours. « Une bonne chose de faite ! Merci pour ce travail de groupe, c'était génial». Un remerciement. Ton cœur plongea dans la poitrine. Sa phrase sonnait un peu comme un adieu. Un peu comme un "On a passé un bon moment, maintenant on retourne chacun à nos vies !" pas très agréable. Tu répondis donc par un sourire, parce qu'il fallait quand même que tu gardes cette impression pour toi, et commenças à ranger tes affaires. Il fallait que tu t'y fasses. Ce maudit château ne t'avait laissé qu'un petit temps de répit avant de redonner le goût de ce froid humide qu'il t'avait chargé de réchauffer un peu. Au moment où tu allais te lever de ta chaise et lui dire, à ton tour, c'est au revoir dont tu ne voulais pas, elle se tourna vers toi. Un peu intimidé ? Ton sac en bandoulière sur l'épaule, tu attendis ces mots, avec espoir.

« Si tu n'as rien de prévu, on pourrait manger ensemble ? On a encore du temps avant les cours de l'après-midi. »

Et là. Explosions, feux d'artifice dans ta petite tête de Strix, le cœur énorme s'ouvrant à tout type de divertissements, même les plus folles. Ton sourire se fit grand. tes yeux pétillants... mais seulement une seconde. Parce qu'il fallait que tu gardes ton sang-froid. Pour ne pas faire ou dire de bêtises. Tu repensas à la volière, mais l'écartas rapidement. Cela pouvait attendre. Si un oiseau avait pris le tire-bouchon comme jouet, cela voulait dire qu'il était en sécurité. Et puis, passer du temps avec Rose était beaucoup plus intéressant et stimulant. Il ne pouvait y avoir comparaison.

- Tu veux dire comme un ren... "Ressaisis-toi, c'est juste histoire de vous connaître un peu mieux !". Euh non. Je veux dire, que non j'ai rien de prévu. Je.. oui, j'accepte. Volontiers.

Une petite baffe mentale. Mais une couverture chaude sur le cœur. Tes lèvres se retroussèrent en un mince sourire affectueux, heureux. Tu étais sure que Rose était quelqu'un de très intéressante. Vous alliez pouvoir vous connaître un peu mieux, et dans un moment plus calme, plus intimiste qu'un cours, ou pendant un travail de groupe. Tu étais persuadé qu'elle connaissait beaucoup de choses et que vous alliez partager un très bon moment.

Le Professeure ne se refuse pas et répond hâtivement à ma question. Je l'écoute attentivement tandis qu'un élève de ma maison, celui que je surnomme désormais l'acteur vient pour saluer Kohane. Pas tout à fait en fait car ce dernier va même jusqu'à carrément lui faire la bise ! Le fixant d'un regard qui exprime sans doute ma désapprobation, au fond je trouve ce geste plutôt touchant, à voire après ce qu'en pense la professeure... Quelques questions me viennent à l'esprit durant cet échange. Sont-ils tous les deux assez proches pour qu'il se permette une telle marque d'affection envers un Professeur ? Ils n'avaient pourtant pas l'air si intimes mais je pouvais me tromper et le geste n'avait pas eu l'air de la déranger. Cependant, il aurait pu au moins attendre son tour et même si mon échange avec Kohane avait duré plus longtemps, il aurait pu au moins s'excuser mais le bleu n'a pas l'air de connaître les règles de politesse, enfin passons....

Revenant à la question que je lui avais posée, je hoche finalement la tête comprenant enfin tout l'enjeu de ce cours. Et quel cours !

« Je comprends mieux, merci pour la réponse. Très intéressant, original ! Mon imagination me fait en plus parfois défaut pour ce genre d'exercice, je dois avouer que pour le coup j'ai trouvé quelques idées, ce qui m'a bien plu ! J'espère que vous avez aimé notre histoire sur Rogue en mode Cupidon. Matt a été un très bon conteur... bien meilleur que moi pour le coup. Je vous souhaite une bonne journée Professeure. A bientôt. »

Bon, je m'étais peut-être un peu emportée, c'était parfois ainsi quand je parlais et que j'étais enjouée par quelque chose mais je tenais vraiment qu'elle sache que son cours avait été des plus intéressants. Le sourire aux lèvres et ma réponse obtenue, je file alors à mon tour non sans jeter un regard pour voir où était le jeune lion, peut-être attendait il à la porte, une part de moi l'espérait mais son emploi du temps l'avait peut-être également obligé à quitter le cours plus vite que moi. Un cours qui nous avait fait malgré tout bien creuser les méninges...

Départ de Jennifer

Merci pour ce cours très chouette !! Wink