Le Deliers venait de se faire masser le dos par le Digler. Oui. Oui. C'est bien ce qui venait de passer. Son meilleure pote avait autant de douceur dans les gestes qu'un troisième ligne irlandais caressant de manière douteuse le cuir du ballon ovale. Jamais Matt n'avouerait au Arthur qu'un massage devait être exécuté avec finesse, tact et... douceur. A choisir, sûrement qu'un Cognard bien envoyé entre les deux omoplates ou même un Magicobus lancé à pleine vitesse dans la tronche d'une vieille voûtée traversant la route à deux à l'heure aurait été moins brutal. Non. En vrai. C'était pas si mal. Même que le Deliers appréciait plutôt beaucoup au final.

« J'vais bien. J'vais bien. » Voix de grand blessé aux combats. La réponse s'adressait au Baxter qui s'interrogeait sur comment allait la Vie. Très bonne question philosophique au final. Sacré Elias avec ses punchlines dévastatrices de forain. La patronne, Koko, vint vers eux pour s'enquérir elle aussi de l'état physique et mental du Deliers après une telle séance de chiropraxie. « J'vais bien. J'vais bien. » Autant répéter. Il reprit volontairement sa voix de soldat de guerre revenant du front après deux mois de combats intenses en première ligne. Le petit Lion se voyait soulagé voire détendu. C'est donc que l'objectif du massage avait été atteint pour le coup. Le voisin de chambrée voulait une crêpe en guise de remerciement. Pxtain. Mais où est-ce qu'il stockait tout cela le Digler ? Zieutage rapide du corps d'Arthur en train de s'enfuir. Il était pas gros le machin pourtant. Et dire qu'il venait de s'engloutir une gaufre en moins de temps qu'il n'en fallait pour prononcer « Wingardium Leviosa » à l'envers. Et bien sûr que le Deliers était le meilleur. Se le faire rappeler régulièrement était une bonne chose et le confortait dans la vision de son Excellence irréprochable.

Koko partit tirer les numéros tandis que le Deliers s'occupa de préparer la crêpe de son pote. Le boss piocha à son tour. La fin était proche. Pas celle du Monde, connue également sous le nom de Apocalypse « Dernier Jour Pour Boire du Lait ». Celle du Bingo! duquel sortirait très bientôt un gagnant. Obviously. La pâte à crêpe étant déjà prête, préparer l'en-cas n'était plus qu'une simple formalité.
Trois minutes plus tard, Matt finissait de déposer une généreuse dose de sucre sur la crêpe brûlante avant de la replier avec style. Tant pis, rien à fxutre du diabète potentiel du Digler. Le Rouge déposa la sucrée sur une assiette accompagnée d'une serviette (connaissant les prouesses techniques du Digler pour manger proprement sans s'en foutre partout). Vu comment il s'était renversé un cocktail sur lui un peu plus tôt dans la soirée, mieux valait être prévoyant.

Prenant l'assiette le Deliers retourna vers la table de son pote où étaient assises également Aysha et Daisy. « Tiens Arthur, voilà ta crêpe ! » Sourire radieux avant de s'éclipser pour aller piocher les numéros puisque c'était à son tour de le faire.

A peine la tornade Jaune demandait une crêpe à son tour que le Baxter s'empressa de s'enquérir de sa commande. C'est donc un Deliers intrigué qui laissa place au boss derrière les fourneaux. Hâte de voir si le patron, forain, chauffeur de salle, metteur d'ambiance, barman du Dimanche (et du reste de la semaine), tireur de numéros avait aussi des talents de chef-cuistot pour sortir une crêpe aussi stylée que celle que le petit Lion venait de sortir au Digler. Curieux il resta à côté du boss pour le voir à l'action. Le Rouge acquiesçait de la tête sur des détails qui feraient, très certainement, toute la différence : du beurre, de la graisse, de la dextérité. Après tout, il était là pour apprendre. Il ne perdait pas une miette de la préparation pour être capable de la reproduire ensuite.

Même dans le dosage et la dépose du sucre, le style était présent. Tout impressionné qu'il était, le Deliers regarda le boss partir vers Daisy pour lui déposer sa sucrerie avant d'aller piocher les numéros suivants. Le Baxter précisait qu'ils arrivaient sur la fin que dans la seconde suivante le bouclé leva la main avant de gueuler « Bingo ! ». Son pote venait de finir en premier sa grille. La Poufsouffle félicita d'abord le patron pour la crêpe qu'il venait de lui faire avant de féliciter le binôme pour avoir remporté la première place. Tandis que la blonde partait faire sa Vie, le Deliers partit vers le bocal en passant à côté de son voisin de dortoir. « Bien joué mon vieux ! » Il lui tapota l'épaule comme les Vrais le faisaient avant de s'enfuir vers le lieu de tirage.

Sur son chemin il croisa Koko à qui il adressa un large sourire satisfait. La boss gérait parfaitement, il devait faire de même ! Arrivé à hauteur du lieu de l'action, la voix forte et assurée, Matt hurla aux Autres. « C'est pas finiiiiiii ! Hé non. Il nous faut un deuxième et un troisième gagnants ! » Voyons voir.. La main ferme et déterminée plongea. Six numéros qui changeraient potentiellement le cours de la soirée pour quelques uns.