Passer les portes du château avait ramené une centaine de souvenirs en quelques secondes. Huit ans s'étaient écoulés depuis ses ASPICs, pourtant bien peu de choses avait changées. C'était rassurant : dans cinq siècles, le château de pierres noires seraient toujours le même. Immuable.

En passant devant l'escalier qui menait vers l'étage inférieur, Izsa sourit à Amy :

- Un petit tourd dans nos anciennes maisons ? proposa-t-elle en blaguant.

La salle commune des Serpentards lui avait rarement autant manqué que maintenant qu'elle n'était qu'à quelques centaines de mètre d'elle. Le feu qui brûlait dans l’âtre, le calmar géant qui agitait ses tentacules dans l'eau verdâtre du Lac Noir... Oui, elle avait vécu de nombreuses choses, ici. L'odeur qui montait des cuisines était une vraie madeleine de Proust.

Mais elles n'étaient pas là pour visiter. Elles étaient là pour aider les cerveaux de demain à devenir encore plus intelligents qu'aujourd'hui. Et, accessoirement, Izsa comptait bien repérer les élèves les plus prometteurs afin de garder un œil sur eux. Non, en fait. Pas accessoirement. C'était là tout le but de sa mission, telle qu'elle se l'était attribuée. Cela avait été compliqué d'obtenir l'accord du Ministère et de Poudlard, mais heureusement son travail de Langue-de-Plomb lui avait fournit la couverture parfaite pour le premier, et avec un coup de pouce de l'ancienne Phénix qu'était Azénor, elle obtenu le second. Izsa se félicita intérieurement. Personne ne pouvait suspecter quoi que se soit, puisque chaque maillon de la chaîne avait été parfaitement ciselé dans le suivant. Aux yeux de tous, elle était juste une chercheuse douée en duels, qui venait ici donner un stage avec la bénédiction du Ministère. Oui, on la sous-estimait toujours. C'était bien pour cela qu'elle avait gagné la Coupe de Duel à trois reprises. On la sous-estimait et parfois - souvent - les gens qui commettaient cette faute s'en mordraient les doigts.

Elle arriva donc dans la Grande Salle, qui avait été débarrassé de toutes les longues tables des maisons sauf d'une. Celle de Serpentard, tout à gauche. Les élèves pourraient donc s’asseoir là, mais le but de la leçon n'était clairement pas qu'ils prennent des notes. Plutôt l'inverse ; Izsa avait toujours détesté la longue partie théorique qui précédaient les leçons les plus exaltantes de sortilèges ou de défense contre les forces du mal. Il était hors de question d'ennuyer les élèves.

Ulysse et Mr Montgomery étaient déjà là, installés devant la table des professeurs. Elle offrit un sourire chaleureux à l'Animagus, qu'elle connaissait à bien connaitre. L'autre professeur, par contre, elle ne l'avait jamais rencontré. Normalement elle ne se serait pas inquiété de son niveau de compétence, mais elle ne put s'empêcher d'en douter. Après tout, n'avait-il pas remplacé un autre professeur qui avait laissé sa place vacante durant des mois ? La nécessité de retrouver un enseignant au plus vite avait pu relâcher les critères requis pour une matière d'une telle importance... Enfin, dans le doute, elle le supposa tout à fait apte à l'enseignement.

- Mr Montgomery. Ravie de vous rencontrer, et merci d'être là aujourd'hui.

Elle lui tendit la main, et il la serra. Si seulement elle aurait pu voir sa baguette, elle se serait vite fait un avis... Le chemin le plus court vers le cœur d'un sorcier, c'était sa baguette. Enfin, de son point de vue. D'autres n'y voyaient qu'un bout de bois avec des pouvoirs, pour elle s'était comme recevoir le signe astral de quelqu'un, mais en bien mieux. D'ailleurs, elle comptait bien ce servir de ces compétences pour juger les élèves et deviner leur potentiel.

Elle regarda sa montre, une vieille montre mécanique qui avait appartenu à son grand-père.

- Il reste encore quelques minutes avant le début du cours, quelques conseils à me donner ?

Indications et consignes:

Élèves attendus:

Un stage d'apprentissage de sortilèges. Mais quelle idée il avait eu? Il était à Poudlard depuis quelques semaines seulement, et voilà qu'il lui prenait la folie des grandeurs? Il s'était inscrit sur la liste sans trop y penser, pensant qu'il serait sans doutes recalé du fait qu'il n'était qu'en première année, mais à sa grande surprise, il avait été retenu. Depuis, il n'avait fait que stresser. Il allait surement côtoyer des élèves bien plus chevronnés que lui. Il allait sans aucun doutes se ridiculiser devant toute l'école. Soit on se moquerait de lui parce qu'il avait été prétentieux, soit parce qu'il se ferait écraser s'il fallait faire des démonstrations de sortilège. Dans un cas comme dans l'autre, les sept prochaines années allaient être un cauchemars. Il se demandait si sa mère accepterait s'il demandait finalement à aller à Uagadou. Il n'était pas dans son habitude de broyer du noir, mais il fallait se rendre à l'évidence. Il connaissait une poignée de sortilèges seulement. Quelle audace.

Le jour J, il retarda au maximum le moment où il devrait descendre dans la grande salle. On lui avait dit que c'était là que se déroulerait le stage. Il avait soigneusement ciré et nettoyé sa baguette. Au moins il ne passerait pas pour un enfant négligeant avec ses affaires. Autant que le paraître soit impeccable. Il resta pas moins d'une demi heure devant le miroir pour faire le parfait nœud de cravate. Un double windsor, comme lui avait montré sa mère. Sa chemise et sa robe étaient impeccable, sans le moindre pli. Il détestait encore porter ce genre de vêtements, leur préférant de fines tuniques de lin, ou même parfois quand le temps était clément de simple pagnes comme en portaient les Pharaons de l'ancien empire. Il mit bien plus de temps qu'il ne lui en fallait réellement pour parfaire le maquillage de ses yeux. Aujourd'hui il dessina un œil d'Horus complet autours de son œil gauche. Tout était bon pour éviter de descendre.

Il fallait faire preuve de bravoure. Il rassembla tout son courage se se décida a descendre de la tour de Serdaigle. Les escaliers furent plutôt sage. Il avait secrètement espéré qu'ils lui fassent encore perdre du temps et qu'il arrive en retard. Mais ce n'était qu'une folle pensée. Plutôt le déshonneur que d'arriver en retard. Il était d'une ponctualité maladive. Son père disait toujours "Être à l'heure, c'est déjà être en retard". Il lui avait tellement répété que c'était devenu un automatisme chez le jeune garçon. Arrivé devant les portes de la grande salle, il prit une grande inspiration et entra. Il vit que toutes les tables avaient disparu à l'exception de celle de Serpentards. Il n'y avait pas d'autres élèves pour le moment, seulement quelques adultes au fond, autours de la table des professeurs. Il s'approcha d'eux, l'air gaillard malgré ses jambes qui menaçaient de le trahir a tout instant, mais sa voix fut malgré lui chevrotante.

- Bonjour, je suis Merenseth... Je suis la pour le stage. Heu le stage de sortilèges je veux dire...

Aysha ajusta sa cravate devant le miroir du dortoir quasiment désert. Elle s'apprêtait à descendre dans la Grande Salle pour le premier jour du stage de sortilèges et de duel, et elle se sentait dans un entre-deux qui la questionnait. Ce genre d'événements avaient la mauvaise conséquence de lui rappeler que Poudlard était indiciblement lié au Ministère. Elle aimait Poudlard. Elle aimait le château, les cours, les couloirs de pierre, son dortoir, ses amis, sa maison. Elle aimait apprendre, elle aimait découvrir de nouvelles choses. Mais elle ne pouvait oublier que Poudlard était avant tout une école, et que par là, elle était sous la coupe de Ministère. Et par extension, Aysha l'y était aussi. Ses efforts pour se défaire de l'emprise de l'institution sur elle ne pouvaient aller jusqu'au bout. Le Ministère contrôlait le monde sorcier. Il la contrôlait elle, et elle ne pouvait faire autrement. La seule chose qui parvenait à apaiser quelque peu la colère d'Aysha était qu'elle s'apprêtait à apprendre des sortilèges et des techniques de duel qui se retourneraient probablement un jour contre les Aurors et toute leur suite. Elle était plutôt satisfaite à l'idée qu'on allait lui enseigner des choses qui leur feraient du tort par la suite. Finalement, elle pouvait voir tout cela comme une opportunité de renforcer encore ses atouts et sa résistance face à la propagande ministérielle.

La préfète descendit la tour de Serdaigle et traversa les couloirs jusqu'à l'entrée de la Grande Salle. Lorsqu'elle arriva, elle vit que plusieurs élèves étaient déjà sur place et attendaient le début du stage. Comme cela arrivait rarement, la Grande Salle avait été débarrassée de trois de ses tables pour laisser de l'espace disponible. Seule la table des Serpentard trônait à sa place, offrant aux élèves un banc sur lequel se reposer entre deux sortilèges. Aysha contempla l'endroit en entrant à pas tranquille. Elle reconnut plusieurs visages, remarqua sa collègue préfete, Sue, assise à la table des verts. Il y avait également Jennifer, mais Aysha vit qu'elle discutait avec un Serpentard qu'elle ne connaissait pas et songea qu'elle aurait bien une occasion de saluer sa camarade à un autre moment du stage. La bleue savait que ledit stage était animé par Mr.Daiklan et Mr.Montgomery, ce qui rendait cette perspective plus agréable puisqu'il s'agissait de professeurs qu'elle estimait. Un ou plusieurs agents du Ministère devaient animer le cours avec eux. Aysha ne savait pas vraiment de qu'il s'agissait, mais elle remarqua deux femmes aux côtés des professeurs et comprit rapidement que ce devaient être les agents en question. En contournant un duo d'élèves, la bleue eut une vue plus dégagée sur les visages des deux femmes et reconnut presque aussitôt Eileen. Aysha ne savait vraiment quoi penser, chaque fois qu'elle la croisait. Elle l'appréciait depuis qu'elle avait travaillé pendant près d'un an à Ollivanders. Elle avait été une collègue agréable, et elle s'était toujours bien entendue avec elle. Néanmoins, elle ne pouvait oublier qu'elle aussi travaillait au Ministère. Elle n'était pas Auror, certes. Mais comment savoir si son travail à elle ne s'attachait pas également à poursuivre les Mangemorts et à embrigader la jeunesse ? Elle était à Poudlard après tout. Pour quoi d'autre, si ce n'était pour profiter de la naïveté des élèves et les rallier à la cause de l'institution ? La bleue tenta d'évacuer ses questions. Ce n'était pas le moment. Et elle savait qu'il eût été sage de faire la part des choses entre le Ministère en lui-même et l'infinité de sorciers qui y travaillaient. Son père lui même en avait été un employé. Son beau-père y travaillait toujours. Il fallait qu'elle nuance ses pensées.

Consciente qu'il leur faudrait attendre un moment avant que le cours ne commence - Aysha était arrivée en avance, comme à son habitude - la bleue se dirigea vers la table des Serpentard et s'approcha de Sue avec un sourire. Elles n'avaient pas mille occasions de discuter, mais leur fonction commune de préfètes les conduisait inévitablement à partager du temps ensemble, et la bleue appréciait sa camarade. Si elles n'étaient pas proches, sa compagnie lui était toujours agréable, en tout cas davantage que les autres élèves présents dans la salle en ce instant.

- Prête ? dit-elle en s'asseyant à côté d'elle.

Saison 31
Printemps



Des boules de gommes et de vieux flacons d’encre presque vides. Voilà ce qu’il restait aux tréfonds de mon plumier, entre deux boulettes de papier et un tas de mines de crayon écrasées. Il devenait compliqué de se fournir en produits neufs - et nous n’étions encore qu’au printemps, en milieu d’année ! Bientôt, je n’aurai plus d’autres choix que d’adopter la tactique de tout étudiant en décrochage : faire le pique-assiette dans les affaires des autres. Ce ne sera que la septième fois. Avec un soupir, j’empaquète les babioles qui traînent encore sur la vieille table en bois, toute craquante, de la bibliothèque. Mes temps libres se résumaient à ça : se réveiller, étudier toute la matinée quand cela était possible, puis pester contre mes conditions misérables avant de finalement prendre le chemin des cours ou des dortoirs pour y passer le reste de la journée. Les Aspics arrivaient à grands pas et j’avais l’impression d’être en retard partout. Mes pensées étaient sans cesse parasitées, entrecoupées, si bien que le travail de relecture et de mémorisation se faisaient en deux temps. Ou souvent trois temps. Bon, peut-être quatre, si on veut être honnête...

Je quitte grognon - pour pas changer - l’espace rigide et oppressant de la bibliothèque pour filer vers la Grande Salle où, je le sais, je passerai le reste de la journée. Ça, au moins, c’est nouveau. De quoi casser le rythme monotone de ces dernières semaines, et surtout, à en croire l’annonce, pratiquer la magie ! Incliner la baguette, peut-être faire s’échapper quelques jets de cordes d’#Incarcerem - qui sait ? - et pourquoi pas se mesurer à certains camarades ? Le déjeuner ne m’a d’ailleurs jamais paru aussi long qu’aujourd’hui, toute impatiente que j’étais de dérouiller mes articulations et ma langue, raidies par des heures de silence et prosternation.

La Grande Salle est ensuite débarrassée de la plupart de ses meubles, sauf la table des professeurs et celle de Serpentard - évidemment. Ce qui est plutôt pratique car je n’avais qu’à laisser mes affaires sur un banc, proche de l’entrée. J’ignore combien d’autres élèves étaient attendus, combien auraient vu en ce stage un moyen d’élargir leur approche du monde magique. Car tout de même, y’avait tout le gratin de Poudlard et même du Ministère ; des as de la baguette et des grosses têtes, pour nous diriger. En tous cas, moi je le savais pour avoir eu la chance de croiser la route d’une des intervenantes. La plus brillante sorcière à mes yeux. Une femme ingénieuse, en avance sur son temps, très impliquée, mais surtout très pointilleuse. Je lui devais énormément de choses, un retour sur service que je n’avais encore jamais pu lui rendre... Autant dire que je ne voulais surtout pas la décevoir, encore plus ici, à Poudlard, mon berceau.

Installée à califourchon sur un banc, près de mes affaires, je croque à pleines dents une pomme rouge, bien juteuse. Le seul fruit qui puisse à ce jour intégrer le circuit de mon estomac noué par le stress quotidien. J’essaie de me dire que je ne suis pas la seule, à ressentir la pression de la fin d’année, et pourtant, chacun des septièmes années sur lequel mon regard se porte, semble être aussi apaisé qu’un bébé repu. Je prends toutefois sur moi pour ne dégager aucun signe d’angoisse en voyant le premier élève de la maison Serpentard poindre le bout de son nez. Hastur. J’avais fini par apprendre la liste et les têtes des élèves de ma maison par coeur - devoir de préfète oblige. Un cinquième année, je crois, pas grand chose d’intéressant jusque-là sur lui. Mes yeux le suivirent alors scrupuleusement jusqu’à sa chute, plus loin, sur le banc. Des petits groupes se formaient, ici et là, et moi, de mon poste d’observation, je croquais toujours solitairement dans ma pomme à chacune de leur entrée. Un salut incisif, semblait-il. Pour ce qui était des encadrants, je me réservais de les saluer avant que le cours ne commence vraiment, histoire de ne pas attirer l’attention au cas où les choses tournaient mal... À Poudlard, on pouvait s’attendre à tout, malheureusement.

Finalement, ce n’était pas une idée extraordinaire que de s’inscrire à ce stage de magie. C’est vrai que sur le moment, j’ai trouvé ça forcément intéressant de pouvoir s’entraîner avec la baguette et peut-être même, sûrement d’ailleurs, apprendre des nouveaux sorts. Je trouve toujours ça intéressant, mais maintenant que l’heure est venue d’y aller, c’est comme si mon cerveau réfléchissait un peu plus sérieusement à cette histoire. S’il y avait des inscriptions, ça veut dire qu’il y aura du monde, obligé. De toute façon à partir de trois inconnus, ça fait du monde. Beaucoup de gens avec qui faire de la magie en sachant que ma baguette semble bouder presque tout le temps, c’est vraiment pas une bonne idée. J’espère au moins qu’il y aura quelques personnes connues, sinon ça va être compliqué. Mais bon, une inscription : il faut y aller. Ce serait bien plus honteux d’être absente que de tout rater devant des gens. Et puis, il faut être optimiste dans la vie.

Avant de partir, je vérifie plusieurs fois que je n’ai rien oublié, ce serait bête et embêtant d’arriver dans une sorte de cours de magie sans baguette ni matériel d’écriture. Le tout dans le sac à dos, l’uniforme parfaitement ajusté, le carnet à dessin laissé sous le lit pour plus de sûreté – qui sait le genre de sorts que nous allons utiliser ? Je me mets en route dans un dernier soupir, descendant les escaliers vivants sans oublier de faire un petit signe à un des tableaux réveillés. Il faut aller dans la Grande Salle, là où on mange habituellement. Ce n’est pas trop le lieu le mieux adapté, avec les tables géantes, mais nous n’avons rien à dire. Peut-être qu’on va apprendre à faire voler des meubles ? Ça risque d’être aussi compliqué que ce que je m’imaginais…

Mais non, quand j’entre dans la salle il n’y a plus toutes ces tables qui prennent la place : il n’en reste qu’une seule, celle des Serpentards je crois. Ça aurait pu paraître tout vide si mon attention n’avait pas été focalisée sur les personnes déjà présentes. Il faut croire que l’inquiétude ne m’a pas permis d’être aussi en avance que d’habitude, ou alors ce sont les autres qui étaient pressés. Il y en a plusieurs, je reconnais rapidement les deux préfètes de ma maison ainsi que Jennifer. Elle est gentille, la grande, mais elle est occupée. Oh, et il y a aussi un autre élève de ma maison, de mon année. Et une Poufsouffle que j’ai déjà vu en cours. C’est déjà pas mal, n’est-ce pas ? Ce qui serait pas mal aussi, c’est d’avancer. Ce serait très embêtant que quelqu’un se cogne en entrant dans la salle. Alors je fais quelques pas avant d’observer rapidement les adultes. Deux inconnues, un professeur d’une matière que j’aime pas trop et… Oh ! Le professeur d’Astronomie. C’est rassurant, je sais qu’il est gentil lui. Alors je sourie toute seule avant de m’installer par terre en attendant que le début soit annoncé – c’est confortable ici vous savez.

Pendant que le Mr Montgomery lui répondait, Izsa avait à peine remarqué le jeune Serdaigle qui s'approchait d'eux. Il fallait dire que l'homme avait fait remarquer que le plus important était la capacité de chacun à s'adapter à une situation comme celle-ci, hors c'était justement la philosophie d'Izsa. Adaptation. Alors il avait directement marqué plusieurs points avec elle. On ne gagnait pas un duel en étant fort ou puissant, on gagnait en s'adaptant.

De plus, l'élève avait l'air jeune, très jeune, si bien qu'il n'était pas exactement un gros point dans son chant de vision. Mais le plus bizarre, c'est qu'il s'approcha d'eux. L'ex-Serpentard avait beau n'avoir jamais vraiment manqué de confiance en elle, en première année elle ne serait jamais allé voir des adultes qui discutaient entre eux. Complètement fou. Elle se serait assise et aurait fait semblant de faire partie du mobilier, au moins jusqu'à ce que d'autres élèves arrivent. Il lui dit :

- Bonjour, je suis Merenseth... Je suis la pour le stage. Heu le stage de sortilèges je veux dire...

Il y avait une théorie dans son esprit qui développait que plus on passait de temps à Ollivander's, moins on avait de patience pour les remarques aussi évidentes. Mais cette fois-ci, Izsa n'en dit rien, bien qu'elle eu envie de lui faire remarquer que oui, il était là pour ça, enfin à moins qu'il se soit perdu dans les couloirs, bien sûr. Ce fut à ce moment que le professeur Montgomery lui retira une belle épine du pied en lui répondant le premier.

- Bonjour Merenseth, relâche les épaules, tout va bien se passer !

Izsa se contenta donc de sourire en hochant la tête, dans ce qu'elle espérait être une expression rassurante. Cela faisait un bail qu'elle n'avait pas pratiqué en la matière - depuis qu'elle en vendait plus de baguettes aux premières années - du coup elle était peut-être un peu raide dans les muscles faciaux. Enfin bon. Elle jeta un coup d’œil vers les autres élèves, qui étaient en train d'arriver.

Un jeune Serpentard était là, ainsi qu'une Serdaigle qu'elle n'avait pas vu entrer. Elle n'en connaissait aucun des deux, ce qui n'était en soi pas du tout étonnant. Deux Serdaigle, un Serpentard. Izsa fit le calcul intérieur, pondérant par l'intérêt que chacune des maisons avaient pour les sortilèges de duel et par la propension de chacune à être ponctuelle. Elle expliqua l'absence des Poufsouffles par cette première, et celle des Gryffondors par la seconde. Les Serdaigles ne manquaient jamais une occasion d'en apprendre plus -même si là c'était autre chose que de se plonger dans un vieux grimoire - et en plus ils étaient bien trop sérieux pour traîner dans les couloirs.

D'ailleurs l'élève suivante ne la fit pas mentir. Jennifer ! Izsa lui fit un grand sourire, ravie de voir une tête connue. En plus d'être une employée modèle, la jeune femme avait montré son intérêt pour l'Ordre. Elle espérait que ce stage serait l'occasion de voir ce dont elle était capable. Elle se mit à parler avec le Serpentard qui avait l'air de son âge, alors Izsa ne s'approcha pas.

Puis se fut le tour de la première Poufsouffle du lot. Izsa remarqua en premier son uniforme, certes, mais elle y passa à peine une seconde. Son visage était bien plus intéressant. Plus elle s'approchait pour les saluer, plus elle se dit qu'il y avait quelque chose de terriblement familier chez elle. Terriblement... Mais elle ne parvenait pas à remettre le doigt dessus. Vu son âge, elle devait connaître une grande sœur, ou bien une cousine. Ou carrément sa mère au Ministère ? Peut-être... Elle resta ainsi à la détailler pendant plusieurs secondes, pendant que la série d'élève ne s'achevait pas. D'où ? D'où pouvait-elle la reconnaître ? Pour rappel, la fabricante de baguettes magiques n'en vendait plus guère, se contentant de quelques clients spéciaux de ci de là. Ça ne pouvait donc pas être de là... Mais si elle voyait sa baguette, par contre, peut-être trouverait-elle un lien qui lui ferait retrouver la mémoire ? Il arrivait souvent que des personnes de la même famille aient des baguettes similaires...

Et ainsi, elle releva la tête et remarquant d'autres têtes - véritablement connues cette fois-ci. Aysha, son ancienne collègue d'Ollivander's, qui avait probablement plus d'un tour dans sa baguette. Elle n'avait jamais semblé très sensible aux principes des Phénix, mais peut-être n'avait-elle pas assez creusé. Et puis Riley. Riley s'était une toute autre histoire. La Serpentard était dans une quête pour retrouver ses parents biologiques, et Izsa faisait de son mieux pour lui apporter son aide. Elle lui avait paru dégourdie, aussi elle espérait voir des étincelles de son côté.

Sinon, il y avait une Serdaigle qui avait l'air bien jeune, une Gryffondor -la première de sa maison mais Izsa pensait bien en voir d'autres montrer les bouts de leur nez vu qu'il s'agissait de duel- et puis...

- Miss Hilswood ? C'est un honneur de vous rencontrer. Votre ouvrage était particulièrement inspirant.

Ah ? Une élève de Serpentard s'était approchée de leur table, s'adressant à elle avec une confiance encore plus impressionnante que le premier. Cette fois-ci, le sourire d'Izsa ne fut pas rassurant. Il fut franc, dévoilant toutes ses dents. Elle avait lu son livre ! Ah ! Voilà quelqu'un qui se tenait bien au courant de l'actualité de la communauté magique.

- Ravie également de vous rencontrer. J'espère que la pratique vous plaira autant que la théorie.

Il manquait encore un peu de monde. A tout les coups, les retardataires seraient parmi les rouges et les verts...