Arthur en déduisit qu’amener Matt vers Gisèle était un mauvais choix puisqu’il n’ouvrit toujours pas la bouche. A moins qu’il n’y eût en réalité aucun bon choix depuis le début ? Au moins, la jeune femme lui répondit et il fit de même avec un bref “Très bien”. Il lui sourit rapidement, avant de détourner le regard vers la grande salle. Quelque chose allait peut-être le divertir. Lui aussi jetait souvent un œil vers Jennifer et le Serpentard, trop curieux et prenant peut-être trop au sérieux les histoires d'amour de son pote. Coupé dans son observation par une voix, ses yeux se posèrent cette fois vers Lïnwe. Il avait beau être un Gryffondor aussi, Arthur n’avait jamais eu de réelles conversations avec lui et ne savait pas trop quoi penser du septième année. Le bouclé hocha la tête de haut en bas pour répondre à sa question et sourit mi-gêné, mi-désespéré par la situation lorsqu’il fit une remarque à Matt.

Rapide regard vers sa montre... Arthur avait changé d’avis. Il avait hâte que la journée se termine pour passer du temps qu’avec Aliocha. Cette tension commençait à le fatiguer. Il se retourna pour écouter les instructions, lorsque enfin, l’employée du Ministère se présenta et donna les indications. Les quatre lions allaient devoir se séparer. Bonne ou mauvaise idée, encore une fois, le bouclé n’en savait rien, mais il était ravi de rester avec son pote, malgré sa mauvaise humeur générale.  

— Bon... Commença-t-il sans vraiment quoi dire. L’ambiance n’aidait pas. Bonne chance.  

C’était suffisant. D’un signe de tête, il incita Matt à le suivre et sans plus attendre, il s’éloigna de Gisèle et Lïnwe pour rejoindre la table où ils allaient pouvoir s’asseoir. Et que de décisions pour Arthur aujourd’hui ! Le voilà face à un nouveau choix. Ils devaient s’installer selon leur année. Il savait que Jennifer était en cinquième année. Cependant, la Serpentard (Elisa), Arthur ne la connaissait pas. Elle pouvait très bien marquer la limite des cinquièmes années en étant, elle, en sixième année. Dans la logique, ils ne devraient pas se mettre après elle. Il n’était pas certain que laisser son pote à côté de la Serdaigle était une bonne idée... Alors, finalement, c’est lui qui prit place non loin d’elle. Il laissa tout de même un espace entre eux, assez grand pour qu’un cinquième année vienne s’asseoir. A côté de Matt aussi il y avait un espace. C’était les places parfaites, donc la solution la plus simple et la moins hasardeuse. Au moins, Arthur faisait office de barrière entre le “couple”. Et comme Le Deliers n’avait pas l’air de vouloir contredire cette décision, le bouclé lui sourit.   Dans un autre contexte, il se serait assis là où il aurait trouvé de la place puisqu'il n'aimait pas perdre du temps à réfléchir... Mais il pouvait bien faire des exceptions parfois. C’était les places parfaites.

Ça s’agite, partout, des bruits de pas chaussés et de voix murmurées. C’est qu’il faut s’asseoir, se ranger par année comme on alignerait des objets par taille. Du plus petit au plus grand, même si là on compterait plus par âge que par taille. Y a des grands petits et des petits grands. Et puis il y a des petits petits et des grands grands, ça dépend de tout et de rien en même temps. Moi, je suis petite petite et puis c’est comme ça. C’est peut-être pour ça que ma baguette ne m’aime pas ? Pourtant, ce n’est qu’un objet qui va devoir se montrer coopérante aujourd’hui. Je lui dirais s’il te plaît s’il le faut, je serais polie, je ferais tout plein d’effort. Peut-être qu’elle entend mes pensées ma baguette ? Mais voyons, c’est un objet, quelle idée. En tout cas ici, il y a beaucoup de monde donc il faut réussir on n’a pas d’autre choix ! Même si on est là pour s’entraîner, c’est important de s’entraîner et d’apprendre. C’est pour ça que je me suis inscrite.

Et puis il y a une voix qui s’élève juste à côté de moi, pas fort, juste un murmure. Une salutation polie, une hésitation, mon prénom. Mon prénom ? Ah tient, c’est à moi qu’on parle. Alors je lève la tête, curieuse pour voir qui c’est. Un élève, un Serdaigle que j’ai déjà vu, un premier année lui aussi. Je ne lui ai jamais parlé, enfin je ne crois pas, ma mémoire ne me rappelle pas une possible discussion avec lui. En même temps, pourquoi l’aurais-je fait ? J’aime pas parler. Pourtant, il y a des élèves gentils, je l’ai bien remarqué lorsque j’ai été obligé de parler. Sauf qu’il y a des élèves méchants aussi, alors il faut faire attention, ne parler que lorsque c’est intéressant. Là ça l’est, juste pour être polie et connaître son prénom à lui. Comment ça se fait qu’il connaisse le mien ? Peut-être qu’il fait plus attention pendant les cours. Alors je murmure un «Bonjour» moi aussi avant d’ajouter «Désolée, je ne me souviens pas de ton prénom.» L’ai-je su un jour ? Et suis-je vraiment désolée ? Non, je crois pas. Sauf s’il se vexe parce que j’ai dit ça, là ça va être un peu plus embêtant.

Les prénoms, quelle invention utile mais complexe à retenir ! Chaque personne en a un, et il y en a des rikikis, des immenses, des simples et des compliqués. Moi, je préfère les surnoms parce que c’est moi qui les invente donc ça reste dans ma tête. Et puis parfois, je garde en mémoire les prénoms. Oui, il y a des prénoms que je sais retenir et j’imagine que je vais faire un effort pour retenir celui de mon voisin avec qui je partage l’année et la maison. Je crois que c’est un peu malpoli de faire aussi peu attention aux autres. Enfin bon, c’est comme ça. Et puis au moins, je lui ai demandé, si ça c’est pas poli je sais pas ce que c’est ! Alors il me répond, il a un drôle de prénom très original que je n’avais jamais entendu, donc promis je ferais un effort et je vais le retenir. Je secoue la tête lorsqu’il me propose une espèce de surnom, à moins que ce soit ça qu’on appelle diminutif, en disant que c’est plus simple. Pas question ! La difficulté, c’est bien aussi. Et ce n’est pas si compliqué que ça. «Non ça ira, je devrais pouvoir retenir Merenseth.» Oui je devrais pouvoir, si j’en ai envie. Tout n’est qu’une question d’envie et d’efforts de toute façon.

Je pensais qu’il y avait tout le monde dans la salle. Quatre adultes et je-ne-sais combien d’élèves, ça m’avait l’air pas mal à moi. J’aurais préféré qu’il y ait un peu moins d’élèves, mais je ne m’attendais pas à ça. La professeure de Botanique ! Cette adulte qui nous laisse nous brûler les mains dans un buisson ardent ! Pourquoi une professeure de Botanique ? Pourquoi un professeur d’Astronomie me direz-vous. Et pourquoi pas ? C’est vrai que la dame a un autre emploi dans l’école. Directrice mais pas tout à fait je crois. Génial. J’espère que le stage sera principalement donné par les deux inconnues aux métiers étranges, j’ai pas trop envie de finir tout feu tout flammes moi. Mais j’écoute l’adulte effrayante faire son discours, je suis polie. Elle veut qu’on fasse honneur à l’école, à sa réputation qui m’est inconnue, et qu’on se comporte comme il faut. Rien de très compliqué ! C’est rassurant. Et elle demande si on a des questions mais en même temps ne laisse pas le temps d’en poser. Alors elle nous dit de continuer et part s’asseoir bien sagement. Mon voisin, lui, prend le "continuez" pour une possibilité de bavarder. Bon, tant qu’aucun adulte ne parle on peut, non ?

Je tourne la tête vers lui pour l’observer un instant en entendant sa question. Est-ce que je connais beaucoup de trucs en sortilèges ? Non, évidemment que non. Les Moldus n’ont pas accès à la magie, donc les élèves nés-moldus ont moins de connaissances que ceux qui voient la magie depuis toujours. Et j’ajouterais à ça que ma baguette magique ne semble pas trop m’aimer, en plus du fait que je préfère les livres sur les créatures magiques à ceux sur les différents sortilèges. Alors non, je ne connais pas grand-chose. On ne va pas dire que je ne connais rien, ce serait mentir car j’ai eu des cours comme tous les élèves de cette école, et que j’ai suivi ces cours avec sérieux ! La théorie abordée lors des heures de classes, je connais. La pratique ne dépend que de ma baguette. Et bon, plus on s’entraîne mieux c’est, non ? En attendant, je vérifie que le Serdaigle n’ait pas l’air du genre à se moquer si je dis non. Je ne le connais pas vraiment vous voyez, alors on ne sait jamais. Et s’il ne faut pas se fier aux apparences, je peux tout de même me fier à ce que j’ai entendu. C’est-à-dire rien. Je ne l’ai jamais entendu se moquer, alors je secoue un peu la tête. «Non, je ne connais pas grand-chose. Juste ce qu’on a vu en cours. Et toi ?» Ben oui, il faut bien retourner la question. La politesse tout ça.

La réponse au salut de la serpentard ne se fit pas attendre. La jeune préfète semblait assez enthousiaste, mais impossible de savoir si c'était dû au stage ou simplement à l'arrivée de la blonde. Awanne n'étant pas particulièrement heureuse d'être ici, votait clairement pour la seconde option. Les rouges étaient en force aujourd'hui, pas qu'ils soient vraiment désagréables, mais soyons honnête, les voir tous de bonne humeur avec tous leurs copains est assez affligeant.

L'une des rouges finit alors par s'approcher. Miss de st-Anthost l'avait déjà vu en cours, c'était un cours de métamorphose si ses souvenir son bon, celui avec l'autre fille légèrement étrange. Enfin dans son monde quoi.

- Salut vous deux ! Prêtes pour la baston ?

Le langage était assez franc, mais pourquoi pas après tout. Riley répondit directement toujours avec enthousiasme. Elle devait réellement être intéressé par la stage alors.

- Et comment que je suis prête ! J’attends que ça d’ailleurs... C’est le moment pour régler ses comptes, je crois. Et cette fois on aura droit d’utiliser nos baguettes, n’est-ce pas Meredith ?

Visiblement, la préfète en voulait à quelqu'un et il ne fallut pas longtemps à Awanne pour se rendre compte qu'il s'agissait de Lïnwe, mais pourquoi ?

- Disons que je n'aime pas trop me battre si je ne suis pas sûr de gagner, mais bon si je n'ai pas le choix... (puis s'adressant à Riley) Tu as un problème avec Lïnwe ? Pourquoi ?

La question semblait surement légèrement intrusive mais qui ne tente rien n'a rien.
Le stage commença rapidement par la présentation des intervenants apparemment, Miss Hilswood et Shields. A la demande de l'une d'entre elle, les élèves commençaient à s'installer. Seul problème pour la jolie blonde, elle n'avait aucune idée de la classe de la grande majorité des élèves. C'est après quelque secondes de réflexion qu'elle vit le président de LEGIT s'installer à la dernière place. Après tout il était en septième année. Le calcul était rapide, le griffon puis la seul autre septième année connue d'Awanne. Elle partie alors dans la direction de se dernier et le salua tout en s'asseyant.

- Bonjour, tu vas bien ?

Une autre jeune serpent était à côté de Miss de st-Anthost. Toujours pour paraître polie, elle s'adressa à elle.

- Bonjour, enchantée.

Awanne est à la place n°14

Saison 31
Printemps

La tête s’incline sur le côté, amusée et pensive. Il faut dire qu’il est des sujets plus intéressants que d’autres, et ma délicate aversion envers le Gryffon en était un authentique spécimen... Les problèmes, ils dégoulinaient par tous les bords dès que l’on touchait d’un peu trop près la sphère du Lion. Crasseux sous ses boucles immaculées, comme la terre humide sous les pieds, il y avait tant de raison à lui vouer une inimitié éternelle que je n’aurais même pas su par laquelle commencer. Si tu as une journée entière devant toi, je pourrai peut-être te l’expliquer, je lui réponds, sans réellement la regarder.

Sacrée Awanne. T’as le don de mettre les pieds dans le plat. C’est qu’elle était perspicace, sous sa ribambelle de cheveux blonds. Peut-être un peu trop. Bon, c’est l’moment de se bouger, je poursuis en pointant du doigt Miss Hilswood, qui s’était mise à donner des instructions pour la suite des événements, à tout à l’heure ! D’un hochement de tête, je quitte les deux blondes pour me diriger vers la file qui se formait déjà près du banc. Dernière année, dernières places... Je ne suis pas surprise alors de découvrir Lïnwe déjà installé à son poste d’observation. Évidemment je me place devant lui. Par principe. Pour être la première des dernières - ou au moins ne pas lui laisser ce privilège. Et j’attends. Sans piper mot. Je lève bien sûr la main pour signifier que les sorts de la Langue-de-Plomb me sont connus. Mais c’est tout.

C’est qu’il me fallait de la concentration, quoi que les intervenants nous aient préparés, je ne voulais pas dévier de mes objectifs - à savoir prouver que j’étais la meilleure. Je croise alors les bras sur ma poitrine, comme j’en ai l’habitude en pareille situation et attends patiemment d’entrer dans le vif du sujet. J’ai la nuque certes raide, crispée par l’anticipation, mais je sais qu’une fois les festivités lancées, elle, comme ma baguette, se feront une joie de se délier pour montrer toute leur souplesse.

La salle s'était remplie peu à peu et des élèves de tout âge pullulaient désormais au quatre coin de la pièce comme des gnomes dans un jardin. Aysha restait en retrait, pensive, légèrement plongée dans les tréfonds de son esprit tandis qu'elle parcourait les visages du regard, navrée de ne pas en reconnaître beaucoup. Les Serdaigle étaient au rendez-vous cependant. Elle contemplait leurs intervenants en se demandant ce que pouvait lui apporter une telle équipe. Elle estimait les talents professoraux de Mr.Daiklan et de Mr.Montgomery, mais elle venait de voir surgir entre les rangs la silhouette gracieuse de Miss De Lanxorre et connaissait déjà la tournure que pourrait prendre l'intervention si elle était auréolée de sa présence. Au bout de quelques instants, Eileen déclama quelque salut poli et se lança dans l'énonciation des consignes. Aysha tressaillit lorsqu'elle fit les présentations : la femme qui l'accompagnait était une Auror. Elle toisa son visage en sentant un vague sentiment de mépris glisser en elle. Elle ne la connaissait pas - sans doute était-elle nommée depuis peu- mais tout dans son allure et sa façon de se mouvoir lui rappelait à quel point elle méprisait les Aurors désormais. Parfois, la silhouette de Kalèn allait même jusqu'à se superposer à la sienne, bien qu'elles fussent toutes deux très différentes. Aysha pinça les lèvres. Ce n'était pas le moment. La salle s'était mise en mouvement, son ancienne collègue avait demandé aux élèves de se placer selon leur année. La préfète se leva lentement, laissant les plus jeunes prendre place pour aller occuper les dernières places restantes, au fond, dans l'espace réservé aux élèves de septième année. Elle abandonna Sue - sachant qu'elle la retrouverait vite puisqu'elles avaient le même âge - et se fraya un chemin parmi les élèves qui s'asseyaient déjà dans un grincement de bois.

A son plus grand désespoir, les visages déjà présents dans les dernières places ne lui étaient pas vraiment familiers. Il y avait une élève de Serpentard à qui elle n'avait jamais parlé et dont elle ne connaissait même pas le prénom, Riley, qu'elle connaissait surtout pour être la préfète des Serpentard, ainsi que Lïnwe, qu'elle ne connaissait que de nom et de réputation, mais avec qui elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de discuter. Peut-être que c'était l'occasion, peut-être pas, toujours était-il qu'elle avait perdu Sue de vue dans le mouvement des élèves et qu'elle n'avait pas vraiment l'intention de rester debout. Elle s'approcha des deux autres et prit place à leurs côtés avec un sourire poli, tandis que Miss De Lanxorre leur parlait d'honneur et... Et c'était le seul mot qu'elle avait retenu tant il était incongru dans sa bouche. Peu importait, elle n'avait jamais été très à l'aise en présence de la professeure et cela n'allait pas en s'arrangeant. Elle espérait avoir davantage affaire à Eileen avec qui, au moins, elle s'entendait bien. Elle jeta un coup d'oeil à sa collègue, prête à lancer la conversation, mais elle remarqua vite qu'elle se tenait droite comme un I, raide, le visage fermé, les bras croisés sur la poitrine. Ce n'était pas vraiment le genre d'attitude qu'elle aurait pu qualifier d'avenante, aussi se contenta-t-elle de fixer son regard devant elle en attendant que tous les élèves aient pris place.

Aysha est à la place 15.