Le jeune homme venait d'entrer dans la salle commune de Serpentard. Dès qu'il est rentré, il s'est dirigé vers les les canapés pour s'asseoir et profiter de ce moment. Il s'est assis sur une place libre et s'est mis a observer la salle commune.

Dans la salle, la couleur verte était très présente. Enormément de choses étaient vertes. Apres tout, le garçon n'était pas étonné puisqu'il savait que s'était la couleur de Serpentard. Il 'était pas seul dans la salle commune, il y'avait d'autres étudiants: certains étaient en train de lire des livres, d'autres apprenaient leur cours ou parlaient avec leur amis. Le jeune homme n'avait pas eu le temps de faire connaissance avec d'autres élèves, donc il était seul, en train d'observer la salle commune ainsi que les étudiants qui étaient dedans.

Il a alors sorti un livre qu'il a commencé a lire en attendant que quelqu'un l'aborde. Il était très timide et il n'osait pas aller voir les autres étudiants pour engager une conversation. Il était la, assis, et il espérait que quelqu'un vienne le voir. Il se disait a ce moment que si jamais personne viendrait le voir, il passerait une année très ennuyante et triste. Mais il s'est dit que s'était impossible. Il attendait donc patiemment.

Pour certains, les journées répétitives, construites selon le schéma bien cadré de la routine, étaient pénibles. Voire insupportables. Mais d'autres n'avaient pas besoin de perpétuel changements dans leurs vies. D'autres trouvaient plutôt leur confort dans le bête train-train de leur vie insignifiante. C'était le cas de la brune, qui n'aimait pas du tout les changements, même mineurs. Le changement, ça faisait peur, car c'était inconnu. C'était donc une chose normale de ne pas vouloir y faire face, non ?

Ainsi, même si ces dernières journées de cours avaient été imbuvables pour pas mal d'élèves, la Serpentard ne partageait pas leur point de vue. Certes, les cours et les devoirs qu'il fallait faire derrière l'embêtaient, pour ne pas employer de plus vulgaire mot, mais c'était une étape à passer. Et puis, ce serait fini sous peu. Il fallait qu'elle persévère dans ses efforts pour s'offrir un avenir brillant. Ainsi, en rentrant de classe, elle s'était avachie sur son lit, commençant ses devoirs. La position inconfortable lui imposait une écriture très peu soignée, mais ce n'était pas elle qui allait corriger.

Elle se rendit compte un peu trop tard qu'elle était en retard pour le dîner. Si elle se dépêchait, cela pouvait encore passer inaperçu. Ni d'une ni deux, elle plia bagage et débarqua en trombe dans la salle commune, avant de faire un bond en arrière en manquant de rentrer dans une grande silhouette, posée sur un canapé comme une âme solitaire. « Par la barbe de...! », s'exclama-t-elle. « Vous m'avez fait peur ! On n'a pas souvent de la visite par ici. » De visite adulte, professorale, elle insinuait. D'ailleurs, elle se demandait bien ce qu'il pouvait faire là, au milieu d'une montagne de livres. « Vous... euh... comptez lire tout ça ce soir ? »

LA de Keira qui a le mien.

J'étais entrain de feuilleter mon ouvrage tranquillement. Les pages s'enchainaient sans que je ne vois le temps passer. J'étais posément ancré dans ma petite bulle. Tantôt je décrochais, laissant mes pensées repartir dans des souvenirs. Alhena ou mes enfants presque omniprésent dans chacune d'entre elle. Je souriais. J'avais l'impression qu'elle me rendrait meilleur. Où peut-être était-ce qu'elle me donnait simplement l'envie de changer, d'essayer d'être quelqu'un de bien. Pour nos enfants, comme pour elle.

« Par la barbe de...!  Vous m'avez fait peur ! On n'a pas souvent de la visite par ici. »

Je me retournais surpris, sortant de mes pensées. Près de moi se tenait Keira, préfète de ma maison et ancienne élève de mon cours, brillante de surcroît. Je lui envoyais d'abord un regarde étonné, puis je le tournais en jovial avec un sourire après avoir découvert que je la connaissais. Même si c'était un bien grand mot. Je vois son regard qui heurte tous les livres que j'avais amenés.

« Vous... euh... comptez lire tout ça ce soir ? »

- Non ! répondis-je chaleureusement. A vrai dire, je ne sais pas pourquoi je les ais tous amenés avec moi. Je ne savais pas lequel m'intéresserait le plus ! Assis-toi si tu veux ! finis-je en l'invitant à prendre place près de moi. Ce qu'elle ne tarda pas à faire. J'écartais légèrement mon livre de la main pour lui faire face.

- Et toi que fais-tu ou comptais-tu faire ce soir ? Il y a des sujets qui t'intéressent plus que d'autres dans les livres ?

Je lui souriais, comme content de voir un peu de monde et de pouvoir m'extirper de cet océan de mots. Puis même si je l'avais eue à un cours et que je savais la place qu'elle occupait au sein de ma maison, je voyais là une bonne occasion de la découvrir un peu plus.

Lorsqu’il baissa son livre, la brune eut bien la certitude d’avoir affaire à son professeur de métamorphose. Celui-ci avait effectué sa scolarité dans les rangs de Serpentard. Etait-ce là un élan de nostalgie ? Quoi qu’il en était, elle répondit positivement à l’invitation que l’homme lui tendait et s’assit à côté, au lieu d’aller dîner, pour les bons vouloirs du scénario. De toute manière, elle ne ressentait pas réellement le besoin de manger, ce soir.

« Oh, je faisais mes devoirs de la semaine, là-haut. Et puis je me suis rendue compte que j’étais en retard pour le dîner, alors voilà, » avoua-t-elle. « Vous savez ce que c’est, quand on est trop concentrée ! » C’était d’ailleurs chose étrange, qu’elle s’investisse autant dans ses devoirs. Elle avait longtemps eu pour politique d’en faire le strict minimum ; pourtant, elle ressentait le besoin irrépressible d’être productive. Il ne fallait pas s’en plaindre, non ? Ses résultats n’en seraient que meilleurs.

« Les livres, hein… ? », s’interrogea-t-elle en fronçant les sourcils, perdant son regard sur la pile qu’avait amenée avec lui son interlocuteur. Un sourire satisfait se traça subitement sur son visage ovale lorsqu’elle trouva sa réponse. « Les sujets intrigants, bien sûr ! C’est un peu le principe de la boîte de Pandore. Certains préfèrent s’en tenir à distance ; moi, je préfère l’ouvrir. » Elle manqua de se frapper le front avec sa paume en réalisant ce qu’elle venait de dire. Si on savait lire entre les lignes, cela pouvait en avouer long. Sinon, elle aurait peut-être juste l’air d’une fille décalée qui donnait des bribes de paroles incohérentes. En soi, les mots lui avaient échappés. Le tout avait allègrement coulé hors de sa bouche. Ce n’était pas nouveau qu’elle parlait parfois beaucoup – mais jamais en ce sens-là. Cet excès de mots prendra sens plus tard, si sens il y avait, mais chaque chose en son temps. Elle guetta alors la réaction du professeur, pour voir dans quelle catégorie de personnes elle allait le situer.

Elle s'était assise près de moi et j'écoutais attentivement sa réponse. Elle me parle de faire ses devoirs, on avait un point commun, même si moi je les faisaient pour mes élèves et inversement. Elle me dit aussi qu'elle comptait initialement aller dîner, et j'eus un léger pincement au cœur en me disant que c'était moi qui l'en avait empêché.

Elle se questionne sur ma question. Avant de m'offrir en réponse, un visage qui ressemblait à une route obscure, qui éveilla immédiatement mon intérêt. Elle me dit qu'elle préfère braver les dangers que de faire demi tour, je lui envoie alors un regard  avec un sourire satisfait.

- Là-dessus je te rejoins ! Je n'aime pas les mystères ! Enfin, j'aime faire en sorte qu'ils ne le restent pas ! Comme tu le dis toi-même, il y a deux catégories de sorciers, ceux qui suivent les règles, et ceux qui sont prêts à les outrepasser.

Je laissais un bref silence prendre possession de l'ambiance entre nous. Je ne savais pas si ce qu'elle m'avait dit révélait réellement d'un soupçon d'attirance vers l'obscur, où si ça avait été pour elle une façon de me dire simplement qu'elle s'intéressait à tout. Aussi je repris, mesuré.

- La métamorphose par exemple ! Il y a des gens qui se contenteront de la voir par les livres, tandis que d'autres l'exploreront ! Je pense aux animagus, c'est à la portée de tous, cependant beaucoup ne s'y risqueront pas !

Je lui souriais. J'observais les réactions de son visage. Essayant de voir un peu plus à qui j'avais affaire. Une élève sérieuse ou juste une qui lançait tout et rien à tord et à travers ?

- C'est un peu comme la magie ! repris-je. D'un côté il y a tout ce qu'on nous enseigne à Poudlard, de l'autre il y a des voies et des livres qui ne sont pas à mettre entre toutes les mains ! C'est une question de point de vue et de choix ! La magie t'intéresse-t-elle sous toutes ses formes alors ?

Question avec un but précis. Sonder plus loin encore. Entrevoir ce qui se cachait derrière son visage et ses sourires.

Il se contenta de sourire, et sembla relever ses paroles au tout premier degré. Ça l'arrangeait bien, même si la jeune fille avait visé plusieurs domaines de par sa réponse volontairement floue. Ce n'était pas forcément problématique. D'ailleurs, s'intéresser à la noirceur n'était pas nécessairement le signe qu'une personne était douteuse ou dangereuse, non ? Il mentionna des sorciers qui suivaient les règles et ceux qui étaient prêts à les transgresser. La brune s'interrogea pendant le bref silence. Faisait-elle vraiment partie d'une telle catégorie ? D'un côté, si les règles étaient là, ce n'était pas sans raison. Elle était déjà mal à l'aise à l'idée d'outrepasser les règles de l'école, bien que cela lui arrivait. Alors des lois ? Elle n'était pour le moment pas capable d'affirmer qu'elle pourrait ou non s'en disposer.

La préfète sourit à la mention de métamorphose. La plupart des sorciers avaient le choix, en effet, de l'explorer plus ou moins. D'autres y étaient forcés. « L'animagie relève du choix, je suppose que ça n’intéresse pas tout le monde, » mais la métamorphomagie, elle, ne laissait pas ce bénéfice à son hôte. La sorcière commençait à s'en amuser et à trouver ce don bien pratique, mais elle l'avait longtemps détesté.

Il mentionna cette fois-ci les formes de magie. La Serpentard hésita un instant avant de répondre, ne sachant pas si elle devait être honnête ou pas. De son point de vue, ses attirances ne posaient pas problème. Elle opta donc pour la première option. « Bien sûr ! Toute forme de magie peut être utile. Aucune n'est à idolâtrer ou diaboliser plus qu'une autre, de mon avis. On peut commettre des actes horribles, même en ne faisant usage que de magie totalement blanche. »

Attentif je suis, à ses mots à venir. J'écoute son point de vue sur l'animagie. Il était vrai qu'il était propre à chacun, et qu'on ne naissait pas forcément avec l'envie d'en devenir un. Contrairement à la métamorphomagie qui, elle, était innée. J'imaginais bien que Hugh avait dû en voir des choses, depuis ses premiers jours. J'assignais ce don au fourchelang et à la lycanthropie. Les années passant et l'expérience, faisaient qu'on en venait à découvrir de nouvelles possibilités. Et, surtout, acquéraient de la maitrise et de l'assurance.

Enthousiasme para sa seconde opinion. Je l'appréciais d'ailleurs. Un point de vue bien réaliste qui ne prenait pas de parti pris, la magie blanche pouvant commettre autant d'atrocité que la noire. Il n'y avait pas besoin d'être un mangemort pour supprimer une vie, il suffisait juste d'en avoir l'intention. Bien que les sortilèges interdits gardaient une part d'excitation bien à eux de mon propre avis. Je souriais à Keira après sa phrase.

- Tu as tout à fit raison ! L'orientation magique ne fait pas le sorcier ! Et inversement ! Avec de mauvaises intentions, n'importe qui peut semer le chaos avec sa baguette. Du coup, aucune magie ne devrait être attachée à un préjugé. Dans les faits en tout cas !

Je laissais un silence de quelques secondes. J'aimais les personnes qui avaient un jugement résonné, bien que ce n'était pas toujours mon cas en combat. Mais au moins, j'étais rassuré quant à l'idée de pouvoir discuter librement avec elle, qu'elle ne me cataloguerait pas comme pourraient le faire certains. Je repris.

- Il y a des embranchements de la magie que tu aimerais connaître davantage de ton côté ? Des questions que tu aimerais éclairer ?

Pour la jeune sorcière, les termes de magie blanche ou de magie noire étaient surfaits. Au lieu de seulement référer à la noirceur ou la soit-disant pureté du sort, ils auraient éventuellement du permettre de catégoriser l'usage que les sorciers en faisaient. Le noir et le blanc auraient du étiqueter la couleur des actions d'un individu, et non la moralité (ou plutôt son absence) dont étaient dotés les sortilèges. Le professeur semblait de son avis, et elle se sentait étrangement en confiance. Un peu comme s'il comprenait parfaitement là où elle voulait en venir et qu'il partageait ces idées.

Elle profita du silence pour réfléchir à la nouvelle question qui lui était posée. Elle ne savait pas exactement ce que ça visait. Si la question était tout à fait innocente ou non. La préfète avait longtemps délaissé presque toutes les branches de la magie aux dépends de la métamorphose, ou plutôt des vaines tentatives d'apprendre à contrôler un temps soit peu son don. Elle s'était pas mal penchée sur les potions également, car elle avait toujours eu des affinités avec cet embranchement. « Je ne me suis tenue qu'aux devoirs qu'on nous donne, pour la plupart des branches de la magie. A part une ou deux, par passion ou bien par la force, mais... » passons là dessus, « il y a trop de choses qu'on ne nous apprend pas à l'école. C'est dommage, et ça donne envie de les découvrir. Je pense qu'il faut se préparer à tout ! » Les temps n'étaient pas chaotiques mais des dangers rodaient là-dehors, Keira le savait. Malgré cela, elle n'avait pas toujours l'impression d'apprendre assez efficacement à s'en défaire.

Je voyais à sa mine qu'on s'entendait. Une définition semblable des rives de Mère magie. J'écoute son parcours, son choix, principalement ancré dans l'éducation de tous les jours qu'elle suivait à l'école. Elle finit en me disant qu'elle regrettait le fait que tout ne soit pas disponible dans l'enseignement, laissant un côté en elle toujours assoiffé de savoir ce qui pourrait lui être utile.  

Je souris, ne comprenant que trop bien là encore, son point de vue. J'avais été bercé dans la magie noire dès ma tendre enfance, avant même ma scolarité. J'avais déjà vu ou entendu bien des choses que Poudlard ne mentionnait pas. Ou alors cela dormait bien profondément dans les livres inatteignables de la bibliothèque, sous des appellations confuses.

- Tu as raison oui ! C'est dommage que l'enseignement soit limité ! Quelque part, on nous prépare à l'âge adulte ! Mais les barrières oublient de nous parler de tout ce qui peut arriver une fois au dehors ! C'est comme si on nous couvrait d'un pull pour affronter l'automne, et que l'on se retrouvait en hiver ou le froid s'immiscerait à travers les mailles sans que l'on puisse rien faire ! Un entrainement avec un goût d'inachevé en somme !

La situation était étrange. J'étais bien. Je la sentais bien. L'impression que l'on partageait une vision assez similaire des possibilités de la magie, et du fait qu'il fallait parfois savoir sortir des sentiers battus pour trouver réponses à ses questions.

- L'expérience de la vie nous apprend ce que l'école ne nous enseigne pas ! Si jamais tu veux explorer un chemin quelconque, tu peux m'en parler ou venir me voir ! Ça sera avec plaisir ! Il n'y a pas que la Métamorphose que j'ai étudié en profondeur ! Les potions et les créatures magiques ont également peu de secrets pour moi ! Tout comme un grand éventail de sorts !

Jamais elle n'avait goûté au réel danger. Une colonie de botrucs enragés dans la forêt, soit. Sa cousine en était ressortie avec un sourcil en moins à cause d'un mauvais incendio, mais rien de catastrophique. On ne pouvait pas qualifier les petites brindilles vertes de créatures mortelles. Elle se souvint également de cette fois où elle avait eu la (mal)chance d'être bousculée par Raphaëlle dans une boutique douteuse bien connue, et qu'elle était trop effrontée pour laisser passer sans répondre. Elle ne savait pas à qui elle s'était frottée, mais, heureusement pour elle, la suite s'était bien passée... si on oubliait ces quelques sortilèges interdits à visée purement éducative. En soi, c'était la manière forte, mais sans doute la plus efficace. Comment voulez-vous apprendre à résister un Impero si vous ne savez même pas ce que cela vous fait, ce que vous sentez à l'intérieur ? Bon, la préfète n'était pas tout à fait au point, mais un petit entraînement était déjà ça de prit.

Keira aimait bien l'image du pull. C'était parlant, et très exact. Le professeur semblait étrangement ouvert sur le sujet, sans pour autant prononcer les mots qui fâchaient. Un pèle-mêle de pensées dans sa tête confuse ; peut-être que c'était pour piéger, et la miss ne souhaitait pas être surveillée de plus près - peut-être qu'elle se faisait des idées et qu'ils n'avaient pas du tout la même chose en tête. Elle se devait d'éclaircir tout ça. Il était temps d'être un peu plus directe. « Vraiment quelconque ? Il n'y a aucun sujet avec lequel vous êtes fâché ? », interrogea-t-elle en douceur. Une autre question lui venait d'ailleurs désormais à l'esprit. « Pourquoi avoir, au final, choisi la métamorphose ? »

Dans notre tac o tac, qui n'avait pour réelle règle, que notre faculté à s'ouvrir à l'autre, nous échangions nos images de la magie avec une mesure légèrement dévoilée. Bien que des zones d'ombres demeuraient, les éclats que nous nous offrions semblaient nous satisfaire l'un l'autre. Je vis de la surprise suite à ma phrase. Et j'écoutais ses questions.

Je pris le temps de réfléchir à sa première,  j'étais du genre à pouvoir parler de tout librement, et il n'y avait pas vraiment d'aspects de la magie qui me rebutaient. Même si en pratique j'étais loin d'être un expert dans tous les domaines, en théorique, je pouvais me vanter de connaître pas mal de choses, mes nombreuses années de professorat m'ayant bien aidé à diversifier mes recherches. Et mes années cagoulés aussi, m'ayant permis d'embrasser l'art des potions dans sa globalité.

- Oui, quelconque ! J'ai pas mal d'années derrière moi, et mes expériences ont fait que je me suis intéressé à presque tous les sujets touchant de près ou de loin à la magie ! Et, même si dans les faits, je ne pourrais pas exercer avec maitrise tous les sortilèges qui existent, en terme technique, je pense pouvoir te conseiller ou t'orienter si jamais tu en as besoin ! Et si mes connaissances peuvent me permettre de répondre à certaines de tes questions, je serais ravi de pouvoir t'aider !

Je marquais une pause par un sourire sincère. Puis je me mis à réfléchir à sa dernière question. La vérité était que j'avais cherché un point d'ancrage à Poudlard, au cas où j'aurais pu de nouveau rejoindre les Mangemorts, histoire d'avoir cette possibilité non négligeable d'infiltration. Cela avait donc été un choix par défaut, car, réellement, j'étais une quiche (#PanpanEstUneQuiche) en cette matière avant d'avoir obtenu le poste !

- En fait, je me suis dit pourquoi pas ! Crois le ou non, la métamorphose était une des matières où j'étais le plus mauvais, si ce n'est même le plus mauvais, avant de prendre mes fonctions ! J'avais quelques années de professorat derrière moi, et je pense que ceci à jouer en ma faveur ! Du coup, la matière était un choix par défaut, j'avais prévu de postuler au premier poste de prof' que je verrais à mon retour en Angleterre. Et c'est ce que j'ai fais ! Dès lors, j'ai lu et expérimenté tout ce que j'ai pu sur le sujet, si bien que c'en est devenu un domaine qui n'a plus que peu de secrets pour moi ! Comme quoi, avec de la volonté, aucune porte ne nous est fermée !

De nouveau, je lui lançais un sourire. Peut-être aurait-elle des questions. Je l'espérais. Bien que je n'allais pas lui dire ouvertement que j'étais un artisan de la magie noire. Je ne l'avais eu qu'à un seul cours, aussi je ne pouvais prétendre l'avoir réellement observé et par conséquent, la connaître un peu. Cette soirée était une bonne occasion pour que ça devienne le cas.

Ce que dit ensuite le professeur dévoila un peu plus d'éléments à la brune. S'il s'était intéressé relativement à tous les domaines de la magie, il avait du explorer des coins sombres. Cela ne l'empêchait pas d'être respectable, constata Keira, confortant les idées qu'elle se faisait déjà. La puissance l'attirait, et étudier un peu les sorts si mal jugés lui permettrait d'augmenter son pouvoir et son contrôle, sans pour autant en faire un usage terroriste. Elle se voyait très mal encapuchonnée, à prôner la pureté de son sang ou d'elle ne savait quoi. Le pouvoir pourrait lui permettre de servir quelque chose de plus noble, ou seulement son propre intérêt. Elle était assez individualiste.

S'il y avait bien quelque chose que la préfète enviait aux adultes, c'était d'avoir - au moins en apparences - trouvé leur voie, parmi cette multitude de routes toutes aussi bien sinueuses que grimpantes qui s'était offertes à eux. Elle trouvait donc d'autant plus amusant qu'Evan ait été si mauvais en métamorphose, et qu'il exerçait désormais son métier avec brio. Son chemin, il l'avait choisi un peu à la roulette russe, mais ça avait payé. Coup de chance et bonnes augures ou réel travail sur soi, les deux étaient admirables aux yeux de la perdue. Oui, car elle faisait partie des égarés, de ces élèves de dernière année qui n'avaient pas la malheureuse idée de ce qu'ils feraient après Poudlard. Tout ce à quoi elle pensait fuyait son esprit aussitôt. Elle essayait de ne pas raisonner sur ce qu'elle savait faire, puisqu'elle était relativement douée partout, à quelques exceptions choisies. Il fallait plutôt qu'elle pense à ce qu'elle aimait. Elle aimait les potions ; mais souhaitait-elle réellement faire un métier là-dedans ? Pourrait-elle, elle aussi, se tourner vers la métamorphose ? Après tout, elle y avait des prédispositions. Et puis il y avait son stage chez Ollivander's. Se sentait-elle d'y rester, et de vendre des baguettes toute sa vie ? Le social, ce n'était pas forcément le mieux pour elle, au premier abord. « Je comprends, » annonça-t-elle, amusée. « Qu'est-ce que vous enseignez, à la base ? » Elle était désormais curieuse. « Je ne sais pas ce que je veux, mais je ne veut pas être mauvaise » dans les deux sens possibles du terme. « Je veux juste être Grande ! », une confession qui avait l'air étrange dite ainsi, mais c'était un beau résumé. Elle voulait être puissante et savante. Et reconnue.

J'apprécie notre discussion. Bien que quelque peu mesurée elle nous permet de nous découvrir quelques points communs. Ses mots respirent en ce sens. Elle me questionne, veut savoir ce que j'ai exploré avant la métamorphose. Puis elle me parle de son envie de grandeur. J'aime cette vision. De vouloir devenir quelqu'un, sans forcément inspiré la crainte. Je commençais en parlant de mon passé à Poudlard.

- Mon premier poste à l'école fut celui de Professeur de Poésie ! Oui, cela a réellement existé ! ajoutais-je comme pour parer un éventuel questionnement. Je venais juste de sortir de ma scolarité et ce cours n'a pas duré longtemps, dans le sens où il a été supprimé peu de temps après. En partie du fait qu'il ne touchait pas réellement la communauté magique, mais relevait davantage d'un art.

Je lui souriais, laissant un bref silence entre nous, repensant à cette lointaine période avant de reprendre.

- Par la suite j'ai été professeur de soins aux créatures magiques ! Je n'y suis pas resté longtemps, mais j'ai toujours été un grand amoureux de la nature, faune et flore confondu ! Dans un autre registre, j'ai aussi été Garde-chasse de l'école pendant un temps ! Au final, peu importe les choix que j'ai fait dans ma vie, ils m'ont toujours ramener vers cette école ! J'aime bien l'idée d'enseigner, d'apprendre, de façonner des regards, des vocations, bien que ce n'est pas toujours de tout repos !

Nouvelle pause. Je dévisage l'élève. Je ne doutais pas un instant qu'elle pourrait devenir une grande sorcière. Même si elle ne savait pas précisément où ses pas l'emmènerait, elle semblait être bien posée sur comment elle se voyait. Cela démontrait une certaine assurance.

- Je crois comprendre ce que tu veux dire. L'envie d'être importante, d'une façon comme une autre. Bien des choix peuvent y conduire. Je pense que tu as le potentiel pour. Déjà rien que de le vouloir est un bon départ de mon avis. Je fais partie de ceux animés de convictions. J'ai toujours cru en moi, en toutes situations. Je pense que c'est ce qui peut faire la différence. Alors si tu as dans l'idée de devenir professeure, travailler au ministère ou que sais-je, chercheuse dans un ou plusieurs domaines, si tu crois en toi, je ne doute pas un instant que tu y arriveras !

Je laissais ma réflexion mijoter pendant que j'observais la pièce. Je n'y étais pas venu souvent. Tout au mieux j'y venais pour laisser un mot sur le panneau d'affichage.  Les deux dernières fois que j'avais réellement foulé une salle commune, c'était celle des Gryffondor et celle des Poufsouffle. Dans les deux cas, la cheminée y avait joué un rôle prépondérant, et les fauteuils aussi. Deux aventures complètement différente entre la connerie et la passion.

- Je pense aussi que beaucoup de livres peuvent t'aider dans cette quête. Et, si tu en as la chance, voyager pourrait également t'apporter beaucoup ! Je ne parle pas là d'explorer le monde moldu, mais bien les différentes cultures magiques, découvrir ce qui existe au delà de nos murs. Car c'est bien là une chose qu'il faut retenir, c'est que le monde magique regorge de secrets, et que beaucoup sont en dehors de nos frontières. Et en parcourant une partie du monde, tu apprendrais à mieux te connaître également. Et peut-être y trouveras-tu ce que tu souhaites faire...

La jeune sorcière haussa doucement un sourcil à la mention du poste de professeur de poésie. Elle crut en premier lieu à une plaisanterie, ayant quelque peu connaissance des aptitudes du professeur en question, mais ce dernier dissipa ses doutes à la vitesse ou l'on chassait une mouche de sa main. Il ne semblait pas si âgé, et pourtant : la façon dont il en parlait, de ce passé à l'école, laissait entrevoir la sagesse gagnée dans la fleur de l'âge, cinquante ans en arrière.

D'un côté, une matière qui touchait à l'une des subtilités de l'art aurait tout eu pour lui plaire, même sans magie : depuis toute petite, elle avait été sensibilisée à l'éveil artistique et l'importance du lâcher prise sur une toile. Depuis, elle était encore accrochée à ses précieux pinceaux, qui lui tenaient toujours compagnie dans les moments où elle se sentait la plus seule, au manoir Sanders. Un club d'art, ça lui manquait un peu, par ici. Cependant, la poésie, c'était une autre chose, un autre art, un autre savoir-faire qui semblait en rien se rapprocher de celui de la peinture. Le dernier consistait plus en une danse des couleurs, d'intimes caresses des poils sur les fibres de la toile, la mutilation artistique de ce pur blanc neutre, et un imaginaire flou vrai ou délirant mis en image - immortalisé et entreposé dans une pièce pour orner ses murs, ou calé dans un grenier avec pour seule compagnie la poussière. La poésie, elle l'associait plutôt à un noble maos perché art d'aligner des mots en cherchant la musicalité de son texte, transmettre le Beau enchaîner les idées les métaphores et les sens cachés. La préfète n'avait pas trait à cela. Le visuel lui parlait mieux depuis toujours ; il était saisissable, si on savait le repérer. Le visuel des yeux, des expressions, et des sentiments qui passaient par les cheveux.

Elle écoutait avec fascination les tribulations du sorcier. Tout l'avait en effet accroché à Poudlard. Il restait à voir si l'on croyait ou non aux coïncidences. « Je trouve cela rassurant, que vos choix vous accrochent ici, » car cela suggérait que peut-être même si on était perdu, on était rattrapé par une certaine destinée. Elle pouvait donc ainsi se permettre de se perdre. C'était tout comme le principe du faux libre-arbitre, selon lequel tous nos choix seraient vains et mèneraient de toute manière au même résultat.

Il ne se trompait pas sur le sort de la brune : elle souhaitait être reconnue. Avoir une importance. Changer quelque chose, ou laisser une empreinte - peu importait. Les paroles de l'homme étaient douces et rassurantes. Croire en elle, c'était déjà une case de cochée sur la liste fastidieuse de la réussite. Ce qu'il lui manquait, c'était de mettre en ordre et en idées ses ambitions. « Avant de voyager, je sais qu'il me reste quelques zones d'ombre par ici même à explorer... »

J'observais la brune qui resta pensive un instant. J'imaginais que mon parcours devait susciter quelques interrogations. Après tout, je devais avoir près du double de son âge, aussi il était vident que j'avais connu des choses qu'elle ne connaitrait jamais, si ce n'est dans des pages de livres destinés à être poussiéreux.

Elle vit un côté rassurant quant au fait que je sois toujours attaché à Poudlard. Elle aurait certainement eu un tout autre avis si elle avait su les vraies raisons de mon poste à l'école. Mais je continuais de lui sourire en maintenant cette apparence qui avait toute sa place. Elle me dit ensuite qu'il lui restait quelques zones d'ombres à explorer, du coup j'orientais la suite dans cette direction.

- Et quelles zones d'ombres aimerais-tu explorer ? Peut-être que je pourrais t'aider !

L'obscurité était un domaine que je connaissais bien. J'avais dû franchir bien des barrières pour en arriver là où j'étais aujourd'hui. Je savais que rien n'était insurmontable dès lors qu'on se donnait les moyens de ses ambitions ! Si je pouvais lui insuffler cela, ça l'aiderait peut-être dans sa quête personnelle. J'avais appris à tomber et à me relever, et à faire en sorte d'atteindre mes objectifs. Même si certains ne s'atteignent pas sans douleurs. Sans laisser des cicatrices au corps et à l'âme.

- Ou... Si tu veux t'exercer dans des domaines particuliers, je suis là également !

Je continuais d'observer la brune, me demandant à quoi elle faisait allusion. J'espérais que ce que je lui avais dit plus tôt allait l'encourager à se livrer un peu plus. Qu'elle m'ouvre la porte de qui elle était derrière l'apparence, quitte à ce que j'y vois ses craintes ou ambitions. Ainsi entrevoir son monde sans la juger, pour du mieux possible l'aiguiller.